Ligue 1

Léo Lacroix : «le retour des clubs c’est que j’ai un bon CV mais que je n’ai pas joué depuis plus d’un an»

Arrivé à Saint-Étienne à l'été 2016, Léo Lacroix a vécu des débuts en dent de scie avec les Verts avant de connaître des prêts au FC Bâle et à Hambourg. Deux expériences positives pour le défenseur central suisse de 28 ans qui est néanmoins resté au sein du club du Forez. Pas dans les plans de Ghislain Printant et Claude Puel la saison dernière, il se retrouve désormais libre de tout contrat. Le natif de Lausanne est revenu pour Foot Mercato sur ces deux dernières années riches en émotions.

Par Aurélien Macedo
10 min.
Léo Lacroix sous le maillot d'Hambourg @Maxppp

Foot Mercato : on t'avait quitté en Ligue 1 sur une expérience compliquée à Saint-Étienne, mais tu as ensuite rejoint Bâle en prêt lors de l'hiver 2018. Tout de suite, les choses se sont bien passées ...

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Léo Lacroix : L'année où Galtier est parti, il y a eu un changement total. L'après-Galtier a été compliqué lors des premiers mois. Quand Gasset est arrivé, il a été nommé à un moment entraîneur principal et des choses se sont mises en place. À partir du mois de janvier, il a fait venir des joueurs d'expérience et j'avais cette proposition du FC Bâle sachant qu'ils allaient jouer la Ligue des Champions. Akanji partait de Bâle à Dortmund, Saint-Étienne a acheté Subotic et moi je partais à Bâle ça a fait un transfert en trois bandes. J'ai pris ça comme une bonne expérience, on a joué la Ligue des Champions et on a essayé de gagner le Championnat et la Coupe de Suisse. Malheureusement ça ne s'est pas fait. Mais la Ligue des Champions reste une belle expérience malgré la défaite à domicile contre Manchester City (4-0), mais on a gagné à l'extérieur (2-1).

FM : cette expérience à Bâle, tu n'en tires que du positif ?

LL : oui j'en tire du positif, après c'est sûr qu'au mois d'avril ils sont venus me voir afin de décider s'ils allaient me garder ou non. Ils ont vu qu'ils n'allaient pas être champions. La Suisse avait perdu des points au coefficient UEFA. Le premier et le deuxième n'étaient pas qualifiés directement pour la phase de poules de la Ligue des Champions donc il y avait moins de rentrées d'argent. Et puis le prix qu'avait fixé Saint-Étienne n'a pas été levé. Du coup le dernier mois à Bâle a été plus compliqué, car le coach avait décidé de faire jouer les joueurs qui allaient être là l'année suivante.

FM : du coup tu es rentré à Saint-Étienne et c'est là que se présente l'opportunité Hambourg ?

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LL : oui je suis rentré à Saint-Étienne et au mois d'août, il y a eu des contacts avec des clubs turcs et ce challenge d'Hambourg, un grand club allemand qui évoluait pour la toute première fois en seconde division. Il y avait ce défi de faire remonter le club en première division. La saison a bien débuté, on a fait 40 points sur la première partie de saison, on était sur une bonne dynamique. Après la trêve, on a péché un peu dans les matches clefs et on a vu les autres nous rattraper sur la fin. Je garde néanmoins un bon souvenir, notamment d'avoir joué la demi-finale de Coupe d'Allemagne contre Leipzig (défaite 3-1). C'était un bon match à domicile.

«Les derbys contre Sankt Pauli ? C'était une expérience unique !»

FM : l'un des gros avantages d'évoluer en 2.Bundesliga, c'est de voir tribunes remplies chaque week-end. Même si la situation a bien changé avec cette pandémie de Covid-19 ...

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LL : c'est sûr, à Hambourg le stade était toujours rempli. On était à 50 000, même 60 000 lors des gros matches. Quand on jouait à l'extérieur, les supporters se déplaçaient. On a l'impression qu'on jouait à domicile à chaque match, car les fans d'Hambourg étaient là. Et même les supporters adverses remplissaient leurs stades. Il y avait aussi une belle ambiance quand on avait joué le Dynamo Dresde, c'était incroyable (rires). C'est le top de jouer dans ces ambiances.

FM : Hambourg a une rivalité forte avec le club de Sankt-Pauli qui est aussi en seconde division allemande. Qu'est-ce qui t'a marqué lors de ces derbys ?

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LL : le premier derby c'était à domicile et on fait match nul alors qu'il y a une grosse ambiance. Mais le retour où on gagne 4-0 c'était la fête totale. On les a enterrés chez eux donc c'était parfait. Sankt Pauli est très connu pour ses têtes de morts et je me souviens quand on sortait des vestiaires, on passait dans un tunnel où il fait tout noir. On croirait vraiment que c'est la fin (rires). Quand on arrive sur le terrain, c'est une musique d'enterrement où on a l'impression qu'on va se faire défoncer et c'était une expérience unique. C'est mythique quand même.

FM : même si cette expérience en Allemagne a été enrichissante, ça se termine mal. Le club ne remonte pas et finalement tu ne restes pas à Hambourg, tu repars à Saint-Étienne ...

LL : oui c'est dommage, car j'avais fait des gros matches, notamment contre Cologne et l'Union Berlin, les grosses équipes. Dans les journaux, on disait que c'était positif pour que je signe définitivement là-bas. Après l'entraîneur a été licencié comme le directeur sportif. Ils ont voulu reconstruire tout donc voilà j'ai dû repartir à Saint-Étienne.

FM : Saint-Étienne a ensuite vécu une saison compliquée avec le départ de Gasset et la promotion de Printant. Est-ce que tu sentais que la saison allait mal se passer ou pas ?

LL : j'avais été averti par le président. Pour eux c'était clair, il fallait que je trouve une solution. Je n'allais pas intégrer la préparation avec le groupe professionnel et j'allais me retrouver en réserve. J'ai fait ma préparation. Il y a des contacts, j'attendais de partir. Il y a eu des discussions, mais les opportunités que j'ai eues ne me convenaient pas. Il y a même eu un prêt en Ligue 2 sur la table. Après, je ne me voyais pas y aller, car je pensais avoir un meilleur club pour qu'il me serve de vitrine afin de revenir en équipe nationale et jouer l'Euro. Tout du moins lutter pour y parvenir. Mais j'ai attendu et l'opportunité n'est pas venue, mais on n'a pas trouvé la solution. Après le mercato, ils ont dû me réintégrer dans le groupe. Printant a été licencié et avec Puel j'ai été intégré sans jouer. Je savais que ça allait être compliqué.

«Puel avait un discours qui faisait que tout le monde pouvait se sentir concerné»

FM : avec l'arrivée de Claude Puel, est-ce que tu as eu l'espoir de rejouer avec Saint-Étienne ?

LL : Puel avait un discours qui faisait que tout le monde pouvait se sentir concerné. Il n'a pas dit qu'il ne comptait pas sur moi. Ce discours-là m'a donné parfois de l'espoir de pouvoir changer les choses. Je me suis beaucoup entraîné pour essayer d'inverser les choses, mais j'ai vu que ça n'allait pas le faire. J'ai accepté la situation, je me suis entraîné jusqu'à l'arrivée du Covid-19.

FM : ce Covid-19 est arrivé au meilleur moment pour Saint-Étienne qui jouait le maintien, mais sûrement au pire des moments pour toi puisque tu arrivais en fin de contrat ...

LL : ça a été peut-être bien pour le club, car la situation n'était pas en notre faveur. Même si je ne jouais pas, je participais aux entraînements avec les gars et je participais au jeu. Je travaillais, il y a eu le confinement, je travaillais seul avec un coach. Ça ne remplaçait pas l'entraînement collectif. Je savais que c'était mes derniers mois à Saint-Étienne et que j'allais peut-être jouer un match à fond et j'aider les gars. Même eux saluaient mon état d'esprit. Je les remercie, car malgré ces moments difficiles pour moi, ils ont toujours eu la bonne phrase, la bonne blague pour me donner le sourire. Aussi les coachs, Laurent Huard notamment. Ils ont été là pour me motiver comme le préparateur physique. Malgré la situation, j'ai pris ça avec positivité.

FM : pendant le confinement, est-ce que tu as eu un suivi du club où est-ce que tu étais plus dans la logique de chercher un nouveau club ?

LL : j'étais dans l'optique de chercher un nouveau club. Après malgré ma fin de contrat à Saint-Étienne les coachs tournaient et appelaient les joueurs individuellement. J'étais en contact avec le préparateur physique jusqu'au jour où il a envoyé le plan de préparation pour le début de la préparation en vue de la Coupe de France. Je lui ai dit : «écoute Thierry (Cotte ndlr), mais je ne serais pas là à la reprise. Je te remercie, c'était un plaisir et bonne chance pour la suite.» Ils ont été professionnels jusqu'à la fin avec moi et m'ont contacté, il n'y a eu aucun problème.

FM : comment as-tu géré les derniers mois ou tu cherchais un nouveau défi et finalement on est en octobre et tu es toujours sans club ?

LL : c'est pas facile, tu te dis que tu es libre et que tu vas pouvoir trouver quelque chose de bien, mais derrière il y a le virus qui arrive et les clubs ne prennent plus de risques. Le mercato a été repoussé. Tu te dis il va jusqu'à octobre, mais dans deux mois il y a un autre mercato donc il peut faire des rectifications. Donc tu espères, tu continues, tu as des opportunités hors Europe, mais ce n'est pas facile à choisir., peut-être en Amérique du Sud ou en Asie, donc ça te manque. Parfois le retour des clubs c'est que j'ai un bon CV, j'ai joué des matches de Ligue des Champions, d'Europa League, je suis international suisse, mais je n'ai pas joué depuis plus d'un an. Donc derrière ils ne savent pas si je cache une blessure, si ça s'est mal passé. Ils se posent beaucoup plus de questions qu'auparavant. C'est normal et c'est parfois difficile à entendre. J'ai joué à Saint-Étienne, j'ai ce CV, un club va cependant préférer prendre un joueur de clubs moins réputés, mais avec 15/20 matches dans les jambes. Souvent c'est ça les retours que j'ai et je comprends tout à fait. Ce n'est cependant pas ça qui me fait désespérer.

«La priorité ce serait de retrouver un club en Europe»

FM : tu es actuellement en discussion avec des clubs (son nom a été cité à Toulouse et à l'AC Milan notamment durant le mercato ndlr), tu penses que ça peut vite évoluer ou cela se matérialisera plus au mercato d'hiver ?

LL : il y a des discussions actuellement avec un club, mais c'est à un endroit où je dois réfléchir avec ma famille afin de me projeter. Mais voilà il faut aussi se dire que parfois pour avoir quelque chose de meilleur il faut peut-être que je me lance pour être sur le devant de la scène et ne pas rester en retrait.

FM : tu es ouvert à tout type de championnat ou non ?

LL : la priorité ce serait l'Europe. Trouver un bon projet en Europe. Je suis ouvert à tout ainsi que mon avocat. C'est sûr qu'il faudra trouver le club qui dira : «oui bon Léo Lacroix n'a pas joué, mais je sais ce qu'il peut faire, il peut nous aider donc on le fait venir et c'est parti.» Je suis à coût zéro, je suis disponible. Comme je l'ai dit, je suis ouvert à toute offre et après je vais discuter. Ma motivation en tout cas dépasse les 100%.

FM : un retour en France est envisageable ?

LL : oui j'ai beaucoup aimé le pays, mes deux enfants sont nés là-bas donc bien sûr.

FM : comment gardes-tu la forme en attendant ?

LL : je m'entraîne avec un préparateur physique. C'est un coach de troisième division suisse. Pendant le confinement on s'est entraîné ensemble après ils ont repris donc on était moins ensemble, mais on le faisait toujours quand il était libre. On a un suivi, c'était mon coach depuis que j'ai joué à Sion et il a toutes mes données. On a fait les tests physiques et il m'a dit : «bon écoute on est deux donc on va faire le maximum ensemble. Après ce qu'il te manque c'est un club, de travailler la tactique, le petit jeu et c'est là que tu retrouveras tous tes moyens physiques.» Je vais aussi à la salle de sport. Je cherche en moi cette motivation sinon ça aurait été compliqué. Compétitif à 100% ce sera difficile, mais je fais tout pour m'en rapprocher et être tout de suite pour l'équipe. Mentalement j'ai faim et quoiqu'il arrive cela l'emportera sur le physique.

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