Fermeture du mercato : quelles conséquences pour les clubs français ?

Par Cédric Rablat
5 min.
Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG @Maxppp

En exigeant la clôture du mercato en France du 10 juillet jusqu'au 10 août, la FIFA a souhaité que le règlement soit respecté à la lettre. Mais cette décision pourrait provoquer des dommages collatéraux auprès des clubs qui n'ont rien vu venir.

La FIFA n'apprécie pas que les règles qui régissent le football soient bafouées. Son courrier du 30 juin dernier à la Ligue de Football Professionnel met en exergue une volonté de rétablir l'ordre à sa manière. Objet du courroux de l'instance internationale ? La France ne respecterait pas cette année les délais légaux en matière de mercato. En ouvrant le 8 juin dernier un mercato franco-français, la LFP ne se doutait alors pas qu'elle se ferait rattraper par la patrouille. Malheureusement pour elle, la FIFA ne l'a pas entendu de cette oreille. Cette dernière refuse que les transferts nationaux en France excèdent les douze semaines requises par les différents statuts. « Malgré nos explications, la pratique couramment admise dans d'autres pays et même en France depuis de nombreuses années, la FIFA nous reproche d'avoir ouvert les transferts nationaux le 8 juin 2020 et que les finales (de Coupes) soient programmées fin juillet », précisait alors Didier Quillot, directeur exécutif de la Ligue, lors du Conseil d'administration du 30 juin dernier.

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Résultat, la Ligue de Football Professionnel a dû scinder en deux périodes le mercato. Une première période du 30 juin au 9 juillet 23h59 et une deuxième à partir du 10 août qui devrait s'étirer jusqu'en octobre. Cas particuliers, le PSG, l'OL et l'AS Saint-Etienne pourront aligner leurs nouvelles recrues pour les finales nationales si les contrats de celles-ci ont été homologués avant le 9 juillet... Et pour les autres clubs ? Ceux-ci pourront négocier et faire signer des joueurs malgré la fermeture temporaire du marché. Rassurant pour les joueurs qui, pour certains, imaginaient ne pas pouvoir être transférés durant cette période. Cependant les contrats ne pourront être homologués auprès de la LFP avant le 10 août, et ces derniers ne disputeront pas de match officiel. Ce qui ne posera aucun problème pour la majeure partie des clubs... Mais alors, la décision prise par la FIFA va-t-elle provoquer des dommages collatéraux pour les clubs français ? Ces derniers vont-ils modifier leur stratégie estivale ? Contacté par nos soins, le directeur général de l'AS Saint-Etienne Xavier Thuilot nous explique comment les clubs s'apprêtent à appréhender cette période si particulière.

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Xavier Thuilot pointe des difficultés sur l'homologation des contrats

« Nous sommes obligés de faire beaucoup de choses dans la précipitation. Nous sommes un cas particulier avec Paris et Lyon puisque si les contrats des joueurs ne sont pas homologués avant le 9 juillet, ils ne peuvent pas participer aux matchs officiels. Pour les autres clubs, le problème est différent, ils peuvent différer la signature de nouveaux joueurs et ils ne disputeront pas de match officiel. Mais pour nous, c'est un gros changement car au départ, on nous avait dit que les contrats des joueurs pourraient être homologués deux jours avant la finale de Coupe de France et là c'est le 9 juillet », peste Thuilot. Mais fermeture temporaire du mercato ne rime pas avec arrêt des prospections, au contraire. L'ASSE et les autres clubs vont poursuivre leur recrutement en effectuant quelques ajustements administratifs.

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« On va continuer à travailler mais on va devoir différer les homologations et il pourra y avoir des pré-enregistrements de contrats. Mais on ajoute de l'instabilité à l'incertitude qui règne depuis plusieurs mois. On va s'adapter même si cela met tout le monde sur les nerfs. Je ne suis pas tellement inquiet, les transferts se feront au final », révèle ainsi le dirigeant stéphanois. Un son de cloche partagé par Yvan Le Mée, agent chez Sport Profile. Si cette pause momentanée a entraîné une certaine cacophonie au sein des clubs mais aussi et surtout chez les joueurs, l'agent estime que la difficulté se situera surtout pour le marché étranger. « Le vrai problème concerne les transferts internationaux, puisque c'est la FIFA qui interdit les transferts. Un joueur qui joue à Strasbourg et part à Bordeaux par exemple, il n'y aura pas de souci, il pourra avoir le contrat enregistré, homologué de ce qu'on nous dit en tout cas. Le vrai problème concerne les joueurs qui veulent partir à l'étranger. Dans ce cas, tu n'auras pas le CIT (certificat international de transfert) et le joueur ne sera pas qualifié, il n'aura pas la licence. Mais il n'y a pas de match officiel pendant la période. C'est un vrai et un faux problème », décrypte Le Mée.

Un cadre à définir en cas de blessures des joueurs aux contrats non-homologués

Outre ce flou artistique autour des homologations de contrats, les clubs français pourraient affronter un autre écueil : les blessures. Si un joueur débarque dans un nouveau club entre le 10 juillet et le 10 août, et que son contrat n'était au final pas homologué par la LFP, rien ne pourra l'empêcher cependant d'être aligné en match amical par son nouvel entraîneur. Le risque d'un pépin physique à l'entraînement ou en match existe. On se dirigerait alors vers un véritable casse-tête au niveau des assurances... « Les clubs devront assumer. Le droit français s'en fiche de l'homologation du contrat. Si le joueur se blesse, on devra assumer les risques », estime ainsi Xavier Thuilot.

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Si le directeur général des Verts se montre catégorique sur le sujet, la gestion de ce cas précis demande néanmoins quelques éclaircissements pour les différents acteurs. Sur ce point, l'incertitude règne à tous les étages. « En ce qui concerne les assurances, il y a un problème, pour le moment on ne sait pas comment cela va se passer. Il y aura des discussions, des couvertures supplémentaires à avoir, parce que si tu es transféré et que tu n'as pas de licence et de contrat homologué, est-ce que tu peux t'entraîner normalement, existe-t-il un risque de blessure ? Est-ce que c'est l'assurance du club qui prend en charge ? Est-ce que c'est l'assurance individuelle du joueur qui prend en charge ? Est-ce que ça sera les deux ? C'est aspect là n'est pas clair », précise Yvan Le Mée. En clair, cette pause d'un mois va offrir quelques maux de tête aux différents acteurs sur le plan administratif, mais ne devrait pas chambouler pour autant le recrutement des clubs...

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