Ateef Konaté : « je ne me fixe absolument aucune limite ! »

Par Josué Cassé
16 min.
Ateef Konaté sous les couleurs de Nottingham Forest. @Maxppp

Formé au Havre aux côtés de Pape Gueye ou encore Loïc Badé après un passage à l'INF Clairefontaine, Ateef Konaté (20 ans) poursuit aujourd'hui sa progression, outre-Manche, du côté de Nottingham Forest. Un nouveau cadre de vie pour un milieu de terrain polyvalent, à l'aube de sa carrière, qui retrouvera dans quelques heures Liverpool, en quarts de finale de la FA Cup. De son acclimatation dans le pays du football à ses progrès effectués en passant par ses plus folles ambitions, le franco-malien des Reds s'est ainsi confié. Entretien.

Foot Mercato : bonjour Ateef, avant de revenir sur votre actualité, j’aimerais évoquer vos premiers pas dans le monde du football. Natif d’Aubervilliers, vous êtes formé au Havre, comment arrivez-vous là-bas ?

La suite après cette publicité

Ateef Konaté : je suis originaire de la ville de Bondy, donc mes premiers pas dans le monde du football se sont fait à l’AS Bondy. Après ça, j’ai eu la chance d’intégrer l’INF Clairefontaine et quand je suis à l’INF, le HAC me repère et c’est ce qui lance véritablement ma carrière.

À lire PSG : Luis Enrique toujours conquis par Beraldo

FM : pouvez-vous me parler justement de vos débuts en Normandie jusqu’à cette signature de votre premier contrat professionnel ?

La suite après cette publicité

AK : au Havre, ça s’est tout de suite très bien passé, j’étais tout le temps avec la génération au-dessus de moi. Au départ, les U17 Nationaux et puis, après, les U19 Nationaux. J’ai joué ensuite très tôt avec l’équipe réserve et c’est ce qui m’a donné la chance de signer un premier contrat professionnel. C’était une fierté cette signature, c’était mon objectif depuis enfant, je voulais signer mon premier contrat professionnel pour vraiment intégrer ce monde et ça me tenait aussi à cœur de pouvoir le faire avec mon club formateur.

FM : avec la réserve du HAC vous côtoyez une génération plus que prometteuse (Pape Gueye, Loïc Badé notamment), êtes-vous toujours en contact avec eux et pouvez-vous nous raconter cette époque ?

La suite après cette publicité

AK : oui bien sûr, on est toujours en contact, ce sont pas que des collègues, ce sont des amis, on se parle très souvent et je suis vraiment content que pour eux ça se passe bien. Aujourd’hui, Pape (Gueye) est à Marseille, ça se passe plutôt très bien pour lui. Il a gagné la CAN il y a quelques mois, quelques semaines et Loïc (Badé), ça se passe un peu moins bien mais c’est le début, il a eu son transfert à Rennes et je suis très content pour lui.

«Pape Gueye ? C'est plus un grand frère pour moi !»

FM : justement, je pense à Pape Gueye qui évolue donc à l’OM, vous évoluez tous les deux dans l’entrejeu, certes à des postes légèrement différents. Qu’est ce qu’il vous a apporté ? Vous sentiez déjà un joueur au-dessus de la moyenne lorsque vous étiez au HAC ?

La suite après cette publicité

AK : Pape (Gueye) il a deux ans de plus que moi, donc c’était plus un grand frère pour moi, dès le départ il m’a donné beaucoup de conseils pour que je progresse, il est très mature, il est en avance sur son âge mentalement je pense donc forcément j’étais très à l’écoute. Après Loïc (Badé), c’était différent, car on a qu’un an d’écart, du coup, je pouvais lui donner des conseils comme lui pouvait m’en donner. C’était plus une relation amicale avec Loïc. Après, sur le jeu en tant que tel, Pape il a beaucoup insisté avec moi sur le côté défensif, parce qu’il sait que j’aime pas trop les tâches défensives, mais, dès le début, il savait qu’on allait, plus haut, me demander beaucoup d’efforts à ce niveau-là, du coup, il m’embêtait un peu avec ça (rires).

FM : vous faîtes votre première apparition avec l’équipe première le 15 novembre 2019 lors d’un match de Coupe de France face à Dunkerque ? Que retenez-vous de ce match ? Qu’est ce que ça fait de faire ses débuts avec le groupe pro, dans quel état d’esprit est-on ?

AK : je m’en rappelle encore, d’une part, j’étais très content, mais j’étais aussi un peu impressionné parce que j’avais pas l’habitude de jouer sous le regard d’autant de monde, ça fait bizarre au début, il faut gérer les tribunes, mais, après, j’ai commencé à prendre plus de plaisir, à me libérer, j’avais la chance d’être entouré d’un groupe que je connaissais bien, avec qui je m’entraînais, donc forcément ça m’a facilité la tâche.

FM : dans quel état d’esprit quand on voit son nom figurer sur le groupe convoqué ?

AK : j’étais un peu étonné pour être honnête, parce que je m’entraînais avec eux, mais ils ne me prenaient pas souvent, mais globalement ça reste une expérience géniale où j’ai vraiment pris du plaisir.

FM : plus globalement, qu’est ce que vous retenez de ces débuts au Havre ? Comment ce centre de formation vous a fait progresser ?

AK : je pense que j’ai beaucoup progressé de mes débuts jusqu’à mon départ, je ne regrette pas du tout ce choix d’avoir fait ma formation au Havre, c’est un très bon centre de formation. J’ai grandi aussi en tant que footballeur parce qu’étant jeune, à Bondy, je n’évoluais que sur un côté et à l’INF on a commencé à m’apprendre à joueur au milieu de terrain que ce soit en 10 ou en 8 et c’est un positionnement que j’ai continué de travailler après au Havre. Et sur ça, je pense que là où je suis le plus à l’aise, c’est en 10. Sur le côté, j’ai toujours eu l’habitude mais j’ai du coup aussi appris à jouer ailleurs, en 8 aussi mais c’est important d’acquérir cette polyvalence à l’aube d’une carrière.

«Nottingham, ça ressemble un peu au Havre avec pas mal de pluie quand même !»

FM : en septembre 2020, vous faîtes finalement le choix de partir outre-Manche pour rejoindre Nottingham. Pourquoi ce choix et quel est le style de vie à Nottingham ?

AK : je pense que c’était le moment sincèrement. Comme je l’ai dit auparavant, quand j’ai signé mon premier contrat professionnel au Havre, j’avais d’autres offres mais moi je pensais qu’il était intéressant de faire ces premiers pas avec son club formateur et après les avoir fait, il me fallait un nouveau défi. Du coup, quand Nottingham est arrivé sur la table des discussions, je ne me suis pas posé de questions. Après, sur le style de vie, Nottingham, ça ressemble un peu au Havre (rires) avec pas mal de pluie quand même, donc ça m’a pas dépaysé sur ça, c’est pareil.

FM : c’est un football différent, une culture différente et un gros cap de passé alors que vous êtes, à cette époque, âgé de 19 ans seulement. Comment vit on ce changement ?

AK : c’est sûr, c’est un changement à digérer après il faut savoir une chose, c’est qu’ici c’est le pays du football, les supporters sont incroyables. Réellement, je suis content de ce choix, c’est un choix positif, ça m’a fait grandir de venir ici.

FM : pouvez-vous nous parler de votre adaptation à l’Angleterre que ce soit sur le terrain ou dans votre vie quotidienne ? Les présences de Brice Samba et Loïc Mbe Soh (qui est arrivé du PSG en même temps que vous) ont facilité votre intégration ?

AK : oui c’est sûr, la présence des Français dans le club m’ont beaucoup aidé, Brice Samba lui était déjà là depuis un moment, il m’a très bien accueilli, il connaissait les lieux et depuis il me donne beaucoup de conseils. Loïc, c’est un ami, on est souvent ensemble, ça m’aide beaucoup donc oui ce sont des facteurs importants qui me permettent de bien me sentir à Nottingham.

FM : vous qui avez connu les deux styles de football, pouvez-vous nous parler des différences existantes entre la France et l’Angleterre ?

AK : la principale différence pour moi, c’est qu’ici c’est peut être un football moins technique mais avec beaucoup plus d’intensité et de courses. C’est un style qui me demande forcément un travail, notamment sur le plan défensif mais avec mes qualités balle au pied, ça me va très bien.

FM : aujourd’hui vous évoluez donc avec la réserve de Nottingham sous les ordres d’Andy Reid, comment ça se passe pour vous ? Quelles sont les attentes de votre coach ?

AK : avec les U23 ça se passe très bien, le coach me fait confiance, je vais pas parler d’attentes mais il me donne les clés du jeu et j’aime bien avoir des responsabilités donc ça me va très bien cette façon de gérer les choses avec moi.

FM : 4 buts et 6 passes décisives en 17 matches de championnat, Nottingham est 9ème de Premier League 2. Comment jugez-vous cette saison sur le plan personnel et collectif ?

AK : à titre personnel, ça se passe très bien après je sais que je peux mieux faire encore mais globalement je suis très content de ce que j’arrive à produire sur le terrain et le club est aussi très satisfait de mon rendement donc pour l’instant tout est positif. Sur le plan collectif, bah déjà en coupe, on a un gros match à jouer qui arrive (Liverpool en quarts de finale de la FA Cup dimanche 20 mars, ndlr) et, en championnat, l’objectif va être d’accrocher les play-offs pour se battre en fin de saison.

FM : vous, à titre personnel, vous semblez avoir passé un cap, notamment si on se fie à vos statistiques, comment analysez-vous votre progression ? Où avez-vous le plus progressé ?

AK : sincèrement, c’est difficile pour moi de mettre en avant un point précis parce que je pense que j’ai progressé sur tout depuis que je suis à Nottingham. Après, sur mon volume de jeu, sur la répétition des efforts, oui j’ai énormément progressé.

FM : en tant que milieu offensif ou milieu gauche, vous êtes très bien installé dans ce onze de Nottingham U23 (14 titularisations en 21 journées), comment vous sentez-vous dans cet effectif ?

AK : en arrivant, c’était... en fait je suis un joueur assez réservé et forcément ça se ressentait en dehors mais aussi sur le terrain, mais maintenant je pense que la donne a changé, je prends plus le jeu à mon compte et ça se ressent, ça se voit.

FM : justement sur votre profil, pouvez-vous nous en dire plus ? Comment vous définiriez-vous ? Ce qui fait aujourd’hui vos forces et là où vous pensez pouvoir encore progresser ?

AK : je pense être un joueur au-dessus de la moyenne techniquement, j’aime beaucoup le un contre un. J’aime être décisif que ce soit faire marquer ou moi-même marquer des buts. Ces derniers mois, j’ai développé mon volume de jeu donc non je suis très satisfait. Après, mon travail défensif reste un domaine sur lequel je dois progresser mais avec le coach des professionnels (Steve Cooper, nldr), on travaille dessus. Il me fait travailler défensivement et aussi mon jeu de tête.

«Ici, c’est vraiment fou les supporters... Ça m’a impressionné !»

FM : le 25 janvier dernier, Steve Cooper a d’ailleurs fait appel à vous pour disputer une rencontre de Championship face à Barnsley (victoire 3-0) ? Comment avez-vous vécu ce moment ? Une vraie différence de niveau avec la PL 2 ?

AK : j’étais tellement impressionné. Surtout par les supporters, comme j’ai déjà dit, ici, c’est le pays du football, il y a une ferveur qui se dégage, il y avait beaucoup de supporters pour ce match. Ce n’est pas comme en France où, en Ligue 2, je n’avais pas forcément beaucoup de monde en tribunes. Ici, c’est vraiment fou les supporters... Ça m’a impressionné. Très souvent, ça fait des 29 000 supporters... c’est dingue.

FM : vous avez également pris part à deux rencontres d’EFL Cup avec l’équipe première en août dernier (Bradford puis Wolverhampton). Qu’est ce que ça fait de se retrouver face à des top joueurs comme Adama Traoré ? On ressent la différence ?

AK : vraiment, c’est impressionnant, j’étais content et ce sont des joueurs contre qui on rêve de jouer un jour, c’est aussi pour ça qu’on veut faire ce métier, c’est pour vivre ce genre de moments. Quand ça se réalise c’est beau et il faut vivre le moment, il faut prendre du plaisir. Après, il y a ce professionnalisme qui fait que quand on est sur le terrain, on y pense pas trop mais c’est sûr que c’est impressionnant. Sur la différence avec la Premier League 2 ? Bien sûr (rires) ! On touche moins de ballon, on voit que quand on presse, on arrive moins à récupérer le ballon, la différence est énorme…

FM : à ce titre, Nottingham est 9ème en Championship et réalise un parcours exceptionnel en FA Cup (élimination de Leicester, Arsenal, Huddersfield). Vous allez affronter Liverpool le 20 mars en quarts de finale (19 heures)... Pouvez-vous nous parler de cette incroyable épopée ? Comment vit on ça en interne ?

AK : on a un super groupe, tout le monde est ensemble, c’est évident que c’est surprenant je ne vais pas dire le contraire, notre présence en quarts de finale n’est pas quelque chose qu’on pouvait prédire. Pour les gens de l’extérieur, c’est très inattendu mais pour moi qui m’entraîne avec eux au quotidien, ça me surprend pas plus que ça, ici il y a une superbe ambiance, un groupe qui vit bien et surtout beaucoup de qualités. Donc oui, ça fait beaucoup d’ingrédients pour justifier le fait que ça se passe bien après sur le terrain. En interne, après ce gros rendez-vous face à Liverpool, on en parle pas trop, mais c’est évident qu’on a tous ce match dans un coin de la tête.

FM : une chance de vous voir sur le terrain face à Mohamed Salah, Sadio Mané et consorts (Ateef Konaté est bien présent dans le groupe convoqué pour cette rencontre, ndlr) ?

AK : bien sûr qu’il y a une chance (rires). J’espère vraiment être là.

FM : comment on prépare ce genre de rendez-vous et dans quel état d’esprit sont vos coéquipiers avant de défier toutes ces immenses stars ? Est-ce que le fait de recevoir est un avantage pour ce genre de match ?

AK : on le prépare comme toujours, la réponse est attendue mais c’est vrai, on travaille dur. On prend du plaisir le week-end et on travaille dur pour bien figurer sur ce genre de match. C’est un match de football, évidemment qu’il y a ce petit truc en plus mais ça reste un match de football et tout est possible. Déjà on a battu Arsenal et Leicester à la maison donc le fait d’accueillir une nouvelle fois ça peut faire la différence, les supporters ici c’est vraiment le douzième homme, ils le jouent parfaitement donc pour nous ce sera un soutien de taille, c’est évident.

FM : un pronostic ?

AK : (rires) Un pronostic ? Allez… 2-1. 2-1 pour nous !

FM : vous n’avez que 20 ans et tout l’avenir devant vous, quelles sont vos ambitions dans les mois à venir ? Continuer l’aventure avec Forest où vous êtes lié jusqu’en juin prochain ? Continuer votre progression dans un autre championnat ?

AK : je me sens bien ici, très bien honnêtement, après, il faudra voir ce que le club me propose et les ambitions qu’ils ont pour moi et ce sera à moi ensuite de prendre une décision. On a commencé à discuter sur cet avenir.

FM : il y a-t-il un championnat qui vous attire particulièrement en ce sens ? Un retour en France est-il envisageable ?

AK : la Premier League, la Premier League reste l’endroit idéal pour moi où j’aimerais performer à l’avenir.

FM : vous n’avez pas encore goûté aux joutes de la sélection, vous êtes franco-malien, avez-vous un objectif à ce niveau là ? Avez-vous déjà une idée pour quel pays vous aimeriez jouer ?

AK : j’avoue que pour l’instant je suis beaucoup plus concentré sur mon club et après j’espère que la sélection ça viendra naturellement. Je me poserai ces questions à ce moment-là, il faudra faire un choix et c’est tout.

FM : que peut-on vous souhaiter pour les mois à venir ?

AK : qu’est-ce qu’on peut me souhaiter ? La santé (rires), après, pour le reste, je vais aller travailler pour aller chercher ce que je veux, mes rêves et tout (rires)

FM : quelles sont vos rêves ?

AK : mes rêves ? J’ai beaucoup de rêves (rires). Mes rêves, c’est un jour jouer la Coupe du Monde, un jour gagner la Ligue des Champions. Je ne me fixe absolument aucune limite !

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité