OL : Aulas fend l’armure et décortique son étonnante personnalité
Jean-Michel Aulas est un personnage unique, souvent critiqué hors de Lyon, mais souvent porté aux nues dans la capitale des Gaules. Un personnage qui fend l'armure, et se livre à quelques confidences.

C'est depuis 1987 que Jean-Michel Aulas fait le bonheur de l'Olympique Lyonnais. Ayant à l'époque repris en main un club végétant en Ligue 2, l'homme fort de la capitale des Gaules a fait de son écurie une référence dans tout l'Hexagone, fort de sept titres de champion de France de rang au cœur des années 2000. Et s'il est désormais âgé de 64 ans, le président rhodanien n'a strictement rien perdu de sa verve, toujours présent quand il faut hausser le ton, taper du poing sur la table, et asséner quelques piques à la concurrence. Mais alors, comment le dirigeant voit le milieu du foot ?
Il se confie sans détour pour L’Équipe : « Quand je suis arrivé dans le monde du foot, je n'aurais eu aucune chance d'arriver là où je suis arrivé et là où on va bientôt arriver si j'avais appliqué les mêmes méthodes que celles qui étaient en place. Ce n'est pas la volonté d'être le premier qui me pousse, c'est celle de concurrencer les meilleurs. Ce qui compte, par exemple, c'est que l'OL, sans être premier partout, les hommes, les féminines, l'académie, soit dans la pérennité parmi les meilleurs. Quand je lutte contre le Barça, c'est comme quand je lutte contre Microsoft. Je peux leur piquer des marchés, plus difficilement les dépasser. Être toujours à portée des premiers est plus important que d'être une fois premier ».
Et pour cela, JMA n'hésite pas à employer tous les moyens, quitte à ce qu'on lui colle une étiquette d'homme antipathique sur le dos. Chose qu'il a de plus en plus de mal à supporter : « De plus en plus difficilement, avec l'expérience et avec l'âge, mais c'est nécessaire. Apparaître sympathique, ça n'a pas d'intérêt dans ma vision des choses, qui est, au travers des valeurs exposées, d'apparaître pertinent et performant. (...) D'une part, il y a de la pudeur. D'autre part, je sais que le foot sacrifie toujours ceux qui apparaissent en première ligne. Donc il y a à la fois de la pudeur et de l'expérience. Je n'ai pas besoin de la lumière. Mais créer un business model qui permet d'être le premier oui, cela m'intéresse ».
Le président lyonnais sait de quoi il parle lorsqu'il évoque le fait d'être premier, Lyon étant septuple champion de France. De quoi lui permettre d'avoir un regard plein de lucidité sur le foot actuel, et de s'offrir une sortie en forme de prophétie : « Dans dix ou vingt ans, vous aurez deux catégories de clubs : ceux qui auront anticipé et ceux qui se seront laissés porter. À moins d'une nationalisation du football, ceux qui ont choisi le partenariat public-privé auront du mal à être performants, et le fair-play financier aura éliminé les anomalies de l'histoire ». Tremblez anomalies, tremblez !