Yoanna Dallier : « plus il y aura d’influenceurs freestylers, plus la discipline aura de la visibilité » @Maxppp

Yoanna Dallier : « plus il y aura d’influenceurs freestylers, plus la discipline aura de la visibilité »

Par ThomasCvrK - 24/03/2021 - 14:25

Double championne de France de football freestyle, Yoanna Dallier nous parle de sa passion pour cette discipline en plein essor et tout ce qu'elle implique dans son mode de vie.

Foot Mercato : bonjour Yoanna, vous pratiquez le football freestyle depuis maintenant de nombreuses années et on sait que beaucoup de freestylers débutent par un cursus footballistique classique avant de se lancer dans cette discipline assez récente. De votre côté, comment vous est venue cette passion et quel est votre parcours ?

Yoanna Dallier : c'est vrai que certains freestylers débutent grâce au football et c'est un peu mon cas indirectement. Pour résumer, j'ai fait du foot de 4 à 11 ans et à l'âge de 15 ans, j'ai voulu reprendre après 4 ans d'arrêt total. On m'a directement envoyé faire des tests de recrutement sur Toulouse et durant ces tests, on nous demandait à toutes de réaliser 50 jongles du droit, du gauche et de la tête. J'avais été très mauvaise sur ces exercices donc en rentrant chez moi, vexée, je m'étais entraînée à jongler dans mon jardin jusqu'à maîtriser totalement les jongles des 2 pieds. Quelques jours plus tard, j'ai voulu apprendre le tour du monde. J'avais donc tapé sur Youtube « comment apprendre le tour du monde » et j'étais tombée sur des vidéos de foot freestyle. Une vidéo en particulier m'a profondément donné envie de commencer et je n'ai plus jamais lâché.

FM : qu’est-ce qui vous a particulièrement plu dans cette discipline ?

YD : ma première impression, c’est que je trouvais ça hyper esthétique. Ensuite, ce qui m'a vraiment fait vibrer dans cette discipline, c’est le sentiment qu'on éprouve lorsqu'on réussit un geste sur lequel on travaille depuis plusieurs heures voire plusieurs jours. Le dépassement de soi m’a beaucoup plu aussi.

FM : avez-vous été influencée par la première génération de freestyleurs qui postaient leurs exploits sur internet ?

YD : oui, je regardais beaucoup Footstyle sur YouTube à mes débuts.

FM : vous êtes double-championne de France. Pour être à ce niveau de compétition, combien de temps consacrez vous à vos entraînements et en quoi consistent-ils ?

YD : je m'entraîne environ 2 à 4h par jour en ce moment et mes entraînements sont divisés en 2 parties: apprentissage de nouveaux gestes et répétitions de gestes déjà acquis afin de les maîtriser à 100%.

« C'est une discipline qui vient de la rue »

FM : la culture urbaine est particulièrement ancrée dans le football français, où beaucoup de grands talents sont issus de milieux urbains. Pensez-vous qu’elle a également joué un rôle important dans le développement du freestyle en France ?

YD : oui, je pense que la culture urbaine a un impact sur le freestyle foot car c'est une discipline qui vient de la rue et qui a été inspirée par d'autres disciplines également issues des cultures urbaines comme le breakdance par exemple.

FM : en plus de la compétition, vous êtes à fond lifestyle avec notamment une chaîne YouTube. Ce n’est pas compliqué d’allier les deux ?

YD : c'est le grand problème de ma vie, je fais énormément de choses en parallèle, ce qui me ralentit souvent dans mes objectifs principaux comme être championne du monde. YouTube en fait partie, mais j'aime ça donc même si c'est compliqué de tout gérer, et que par moment je me sens un peu dépassée, je suis contente de faire tout ça.

FM : finalement, on pourrait presque dire que vous avez deux métiers, avez-vous l’impression d’avoir une « double-casquette » ou tout s’assemble naturellement ?

YD : c'est vrai ! Même si pour être honnête, au début tout se faisait totalement naturellement pour moi et je faisais les deux sans forcément m'en rendre compte car la création de contenu me passionne presque autant que le freestyle. Par contre, depuis que ça prend un peu d'ampleur, c'est vrai que par moment j'ai l'impression d'avoir deux jobs en même temps, si ce n’est pas plus. Même si ça me passionne toujours autant, j'ai des objectifs de plus en plus grands et je m'inflige donc une pression supplémentaire.

« Pour certaines personnes, c'est vraiment un mode de vie et c'est mon cas »

FM : est-ce que le freestyle ne serait pas plus un mode de vie qu’un sport à part entière vu tout ce que vous faites à partir de votre passion ?

YD : c’est tout à fait juste. Pour certaines personnes, c'est vraiment un mode de vie et c'est mon cas.

FM : pensez-vous que le freestyle peut se démocratiser et devenir un sport que les jeunes ont envie de pratiquer avant même le football alors que de nombreux freestylers professionnels ont débuté sur le gazon avant de dériver vers le bitume ?

YD : le football a effectivement poussé énormément de freestylers à se lancer mais ce n'est pas le cas de tous, donc je dirais que c'est déjà un sport à part entière que les jeunes mais aussi les moins jeunes veulent pratiquer directement.

FM : la pandémie de Covid-19 a-t-elle impacté votre discipline ? Si oui, comment avez-vous fait pour vous adapter ?

YD : la pandémie mondiale a effectivement impacté ma discipline puisqu’il n’y a plus de compétitions et de meetings alors que, personnellement, il faut savoir que ma source de revenus principale venait des shows et et initiations. Cependant, ayant des réseaux sociaux suffisamment développés pour réussir à avoir des revenus, l'adaptation n'a pas été trop compliquée.

« Le freestyle, c'est une grande famille, mais pas seulement en France »

FM : Dans ce petit milieu qu’est encore le freestyle, on imagine que tout le monde se connaît. Quel type de relation avez-vous avec les autres freestylers français ?

YD : effectivement, tout le monde se connaît. Comme je le dis très souvent, le freestyle, c'est une grande famille, mais pas seulement en France. J'ai vraiment hâte de pouvoir revoir tout le monde lors des compétitions car j'ai lié de sacrées amitiés grâce à cette discipline !

FM : jusque-là, quel est votre plus beau souvenir en compétition ?

YD : mon plus beau souvenir, c'est ma première victoire aux championnats de France de freestyle en 2019 forcément. À la fin de la finale, quand mon bras se lève... Sacré sentiment de fierté !

FM : et quel est votre plus beau souvenir lifestyle ?

YD : j’ai énormément de bons souvenirs lifestyle pour être honnête... Je pense que je peux déjà y mettre tous mes voyages mais en numéro 1 je mettrais sans doute mon premier voyage en Afrique du Sud... Ou peut-être le second, je ne sais pas trop. Ce pays me plaît énormément.

« J'espère que le freestyle va continuer de grandir »

FM : quel avenir pour le freestyle foot français ? Est-ce que l'on tend vers une compétition de plus en plus relevée ou plutôt vers une discipline plus axée lifestyle avec des influenceurs voulant gagner leur vie à partir du freestyle ?

YD : pour commencer, j'espère que le freestyle va continuer de grandir. Ensuite, non je ne pense pas que le niveau en compétition pourrait être impacté par des freestylers qui voudraient en vivre, selon moi il y a de la place pour tout le monde et justement, plus il y aura d'influenceurs freestylers, plus la discipline aura de la visibilité et ça ne peut qu'être bénéfique selon moi.

FM : que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

YD : vous pouvez me souhaiter d'atteindre mon objectif d'être championne du monde déjà pour commencer puis d'atteindre tous les autres en continuant de m'épanouir et de faire ce que j'aime. Et je souhaite sincèrement la même chose à tout le monde !

Rendez-vous aux prochains championnats du monde pour Yoanna Dallier qui tentera de réaliser son rêve en montant sur la plus haute marche du podium alors que le vivier français est rempli de talents qui tenteront eux aussi de représenter leur pays de la meilleure des manières !

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité

Nos rubriques