Que faut-il savoir de la deuxième saison de l’Indian Super League ?

Par Dahbia Hattabi
7 min.
Qui va succéder à l'Atlético de Kolkalta, premier champion de l'ISL? @Maxppp

Samedi 3 octobre marque le grand retour de l'Indian Super League. Aux côtés de joueurs locaux et étrangers, de nombreuses stars de la planète football seront au rendez-vous de cette deuxième édition. Foot Mercato vous propose de plonger au cœur de ce championnat visant à promouvoir le football dans cette région du monde.

20 décembre 2014. L'Atlético de Kolkata entre dans l'histoire en remportant la première édition de l'Indian Super League. Une ligue dont les objectifs vont bien au-delà du simple rectangle vert. Développer le football et le rendre plus professionnel au sein d'une région où le cricket est le sport national, voici les objectifs de l'ISL. Si le chemin est long, l'Indian Super League s'est appuyée sur de grands noms de la planète football pour mener cette initiative à bien. Les huit franchises comptent au maximum dans leurs rangs onze joueurs étrangers dont un joueur star. Pirès, Del Piero, Trézéguet, Luis Garcia, Capdevilla, Anelka ou encore Ljunberg ont été les pionniers l'an passé. Pour cette édition 2015, les organisateurs ont prévu un casting cinq étoiles. Lucio (FC Goa), Adrian Mutu (Pune City), Florent Malouda (Delhi Dynamos), Simão (North East United), Hélder Postiga (Atlético de Kolkata) sont les têtes de gondoles de cette nouvelle saison. Au niveau des coaches aussi on a sorti le grand jeu. Marco Materazzi et Zico officient respectivement au Chennaiyin FC et au FC Goa. Roberto Carlos lui est entraîneur-joueur au Delhi Dynamos. Une double casquette que porte Nicolas Anelka à Mumbai, club où il évoluait l'an dernier.

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Ces stars sont épaulées par des footballeurs locaux et des joueurs étrangers. Certains noms bien connus dans l'Hexagone seront d'ailleurs présents comme Cédric Hengbart (NorthEast United FC), Bernard Mendy et Apoula Edel (Chennaiyin FC), déjà en Inde l'an dernier. Ils sont rejoints cette année par Elinton Andrade (FC Goa), Didier Zokora (Pune City), Frédéric Piquionne et Selim Benachour (Mumbai City). L'ancien joueur du PSG nous explique son choix: «Une fois mon contrat à l'Apoel Nicosie terminé, je suis resté un an sans jouer. Au mois de juin, Nicolas Anelka, qui est un bon ami, m'a appelé. Il m'a demandé si cela m'intéressait de venir jouer à Mumbai où il devrait être entraîneur-joueur. J'ai répondu oui. La présence de Nico a joué. J'ai aimé sa façon de me parler de ce projet. L'opportunité de découvrir un nouveau pays m'a intéressé. Tout était réuni, j'ai foncé». Passé par Levante et Malaga, Valmiro Lopes Rocha dit "Valdo" a lui rejoint le champion en titre. «On m'a proposé de venir à l'Atlético de Kolkata. J'en ai parlé avec Borja Fernandez qui avait joué là-bas la saison dernière. Il ne m'a dit que du bien de l'ISL, du club et de son expérience en Inde. Cela m'a convaincu. Le fait qu'il y ait aussi pas mal de joueurs espagnols dans l'équipe et que j'en connaisse beaucoup, a été important tout comme le fait que l'Atlético Madrid soit impliqué dans ce club».

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La nouvelle saison

Comme l'an dernier, huit franchises s'affronteront durant la saison régulière avant de se retrouver pour les phases finales. Un final basé sur le sur le système des playoffs de la Major League Soccer. Un format original auquel il faut s'adapter peu importe son statut. Après une préparation de trois semaines à Dubaï, Selim Benachour et ses coéquipiers de Mumbai ont regagné l'Inde il y a deux semaines. Une préparation importante vu le rythme et les contraintes imposées par ce championnat : «C'est un championnat avec un système spécial. Il dure deux mois et demi et il finit vite. On joue tous les 4-5 jours. C'est un peu compliqué. Nico m'a dit qu'on voyageait beaucoup. C'est pour cela qu'il a voulu renforcer l'équipe cette année. On a un bon groupe, un noyau solide avec 20 joueurs capables de jouer. Ce sera important pour aller loin. Les conditions climatiques sont aussi à prendre en compte. Il fait chaud ici. Notre préparation va nous aider. Notre premier match est le 5 octobre. J'ai envie de rentrer dans le vif du sujet». Si les grands noms de l'ISL sont fortement médiatisés, ils sont aussi et surtout là pour aider les footballeurs indiens à progresser. Des joueurs qui ont des niveaux disparates nous explique Valdo : «Il y a une différence de niveaux avec l'Europe ou l'Amérique du Sud. La différence la plus notable se fait au niveau tactique. Mais j'ai déjà vu de bons joueurs. Je pense que créer une ligue comme l'ISL est très bien pour eux. Ils peuvent apprendre beaucoup des joueurs et entraîneurs qui viennent des meilleures ligues du monde. Cela les aide à évoluer et à s'améliorer d'année en année».

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Un avis que partage Selim Benachour qui a à coeur de leur transmettre son expérience : «Il y a un peu de tout. Par exemple, je prends le cas de mon équipe de Mumbai, il y a de très bons jeunes indiens. Certains pourraient même jouer en Europe. Il y a aussi certains éléments de qualité moindre. Nous sommes onze étrangers dans le groupe. On leur parle beaucoup, on les place... Ils sont à notre écoute. Au début, ils avaient du mal tactiquement, à coulisser, à bien se placer, etc... Mais petit à petit, ça va mieux. Quand on joue ou on s'entraîne, je sens une vraie différence. Là, j'ai un rôle différent. Je les conseille, je suis derrière eux». Parmi les joueurs indiens qui profitent de ses conseils, on retrouve Shirodkar Pratesh. Ce milieu relayeur est ravi d'évoluer aux côtés de stars en ISL : «Les méthodes et les entraînements de Nicolas Anelka sont très bons. Je suis vraiment excité de jouer sous ses ordres. J'apprends des tas de choses. Des joueurs avec une bonne expérience du haut niveau viennent ici. C'est super de jouer et d'apprendre avec eux. C'est aussi bien pour les joueurs indiens et moi de pouvoir nous tester, nous mesurer à eux et de savoir quel niveau nous avons».

Quel impact pour l'Inde ?

Si l'ISL a pour but d'aider au développement du football en Inde, elle a eu aussi quelques répercussions négatives sur l'I-League, le championnat national qui a lieu le reste de l'année. Patrick Esteves, agent qui a travaillé avec des clubs indiens, nous explique : « ll y a eu un impact sur le football. Mais selon moi, le plus gros défaut est que l'ISL est un championnat privé, à l'image de la MLS. Il a eu un effet néfaste sur le championnat indien de 1ère division qui appartient à la Fédération. L'impact a été hyper négatif. Avec tout ce que l'ISL a ramassé en droits télé, les clubs d'I-League ne reçoivent plus rien. J'ai échangé avec des dirigeants de clubs d'Indian League, ils sont dégoûtés. L'effet immédiat sur le football indien a été négatif sauf pour les meilleurs joueurs d'I-League qui sont recrutés par les clubs d'ISL». C'est le cas de Pratesh. Le joueur de 25 ans évoluait en Indian League, au Sporting Clube de Goa. Pour lui, il n'y a pas photo entre les deux championnats. «L'ISL est plus grande que l'I-League en Inde. En ISL, il y a plus de joueurs étrangers et c'est plus professionnel. On apprend beaucoup plus en ISL».

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La compétition devait aussi permettre pas ricochet à l'équipe nationale indienne de progresser. Mais si l'on regarde le classement FIFA, l'an dernier, au moment de débuter l'Indian Super League, l'Inde pointait à la 154e place du classement. Un an plus tard, les Bhangra Boys occupent la 155e position. Malgré tout, l'Indian Super League a rencontré un beau succès. Elle a permis à l'Inde de moderniser ses enceintes. La première saison d'ISL a réuni en moyenne 24357 spectateurs d'après les organisateurs. Une affluence plus qu'honorable, bien que le pays compte actuellement plus d'1,2 milliards d'habitants. Au niveau des audiences télévisées, là encore jackpot. Plus de 170 millions de téléspectateurs ont suivi la première semaine de l'épreuve. Ils étaient d'ailleurs 74,7 millions lors du match d'ouverture opposant l'Atlético de Kolkata à Mumbai City. Cette compétition a suscité un engouement populaire important.

Il faut dire que tout est fait pour faire de ce championnat un véritable spectacle au sens propre du terme. «Tout tourne autour du show, confie Patrick Esteves. En arrivant à l'aéroport, il y a des pancartes énormes avec les stars du championnat. Il y a une énorme communication faite autour de l'ISL. A la mi-temps d'un match, j'ai vu le président de Mumbai City, qui est une star de Bollywood, descendre sur le terrain et participer à un jeu pour arrêter un tir d'un supporter. Lors des matches, à chaque but il y a un feu d'artifice». L'Indian Super League a également du succès auprès des investisseurs. Certaines stars de Bollywood sont propriétaires de franchises. Les marques elles aussi en profitent d'après The Economic Times. Dirigeant au sein du club de NorthEast United, Rahul Patik explique : «Malgré le fait que nous ayons terminé en bas de tableau de la ligue l'an dernier, entre 50 et 60% de nos partenaires ont renouvelé leur contrat cette année. Ils ont compris que le football est le futur». Le football a donc de l'avenir en Inde !

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