LA FIFPro, syndicat des joueurs professionnels, a décidé de porter plainte auprès de la Cour européenne pour dénoncer les manquements et les irrégularités de l'actuel système des transferts, jugé nuisible pour les joueurs. Explications.

La FIFPro n’est pas contente. Le syndicat international des joueurs est bien décidé à faire entendre sa voix et à bousculer le système actuel des transferts. Pourquoi ? Il pense que la règlementation actuelle n’est tout simplement pas respectée par les clubs sur des points précis. Selon lui, la réforme adoptée en 2001 instaurant une clause de stabilité de 3 ans n’est pas du tout utilisée comme il se doit. Cette clause est censée permettre à un joueur de négocier son départ d’un club après 3 ans de présence, en rachetant les salaires dus jusqu’au terme du contrat. Sauf que cela ne se passe jamais comme ça et les joueurs dans cette situation se voient présenter une addition bien plus salée par les clubs. Du coup, Phlippe Piat, président de la FIFPro Europe, a décidé de porter plainte auprès de la Cour européenne de justice !
« Les velléités de la FIFA de rectifier les abus se heurtent au refus systématique des clubs et des ligues professionnelles, dont l’unique souci est de maintenir coûte que coûte le statu quo. Ils n’acceptent pas la réciprocité des droits entre les clubs et les joueurs. La coupe est pleine. C’est pourquoi nous allons déposer cette plainte dans laquelle nous demanderons tout simplement que les joueurs soient considérés comme des salariés ordinaires employés en CDD (contrat à durée déterminée). Nous contestons cette période protégée de trois ans. Si nos arguments sont entendus par la Cour européenne de justice, il n’y aura bientôt plus le système des transferts que l’on connaît aujourd’hui », explique Piat dans les colonnes de L’Équipe. Équilibrer les pouvoirs entre clubs et joueurs, voilà l’objectif du syndicat des joueurs. Un club a beaucoup de possibilités lorsqu’il souhaite se débarrasser de l’un de ses éléments. Les joueurs, eux, n’ont pas autant de cartes en main et c’est bien cela que la FIFPro entend changer, quitte à rendre caduc l’actuel système des transferts.
« Le système des transferts est considéré comme illégal par de nombreux juristes européens », poursuit Philippe Piat. « Et il faut se souvenir de l’arrêt Bosman… Au départ, personne n’y croyait, ou presque, mais il a révolutionné le monde du football en instaurant la libre circulation des joueurs. La plainte que nous allons déposer peut provoquer un nouveau séisme », prévient-il. La plainte sera ainsi déposée en fin de saison. Piat a averti la FIFA de cette initiative en adressant un courrier à Sepp Blatter. Comment sera accueillie cette nouvelle charge par les clubs ? Les présidents des formations françaises risquent en tout cas de ne pas voir cela d’un bon œil, alors qu’ils sont déjà empêtrés avec la taxe des 75 %, la polémique sur l’AS Monaco et les réductions de la masse salariale. Pour Piat, le système des transferts actuels a contribué à creuser les déficits. « Pour que les joueurs ne soient jamais libres, les clubs désireux de les vendre les prolongent en augmentant leur salaire. Cela fait enfler les masses salariales et concourt au déficit des clubs. » Alors, la FIFPro va-t-elle réussir à bouleverser le paysage footballistique ?
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