Exclu FM Ligue 1

Mory Diaw : « Le Havre ? C’était une évidence et j’ai découvert une famille »

Formé au Paris Saint-Germain avant de connaître diverses expériences au Portugal, en Bulgarie et en Suisse, Mory Diaw (32 ans) - prêté à Rodez en fin de saison dernière - a finalement résilié son contrat à Clermont pour rejoindre les rangs du Havre. Visage bien connu du championnat de France, l’international sénégalais (3 sélections), désormais lié aux Ciel et Marine jusqu’en juin 2027, s’apprête à faire son retour en Ligue 1. De ses ambitions à la sélection en passant par sa relation avec Nicolas Douchez ou encore la concurrence avec Lionel Mpasi, le nouveau numéro 99 havrais n’a éludé aucun sujet. Entretien.

Par Josué Cassé
13 min.
Mory Diaw sous les couleurs du HAC. @Maxppp

Foot Mercato : bonjour Mory, avant de revenir sur votre parcours, restons sur l’actualité. Vous venez de rejoindre Le Havre pour deux saisons. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

La suite après cette publicité

Mory Diaw : ce choix s’est fait simplement. On était en discussion déjà en décembre pour une potentielle arrivée ici en décembre, ça ne s’est pas fait. Du coup, j’ai été du côté de Rodez. À la fin de mon aventure à Rodez, directement, j’étais en contact avec Nicolas Douchez, avec qui j’ai joué et qui a toujours suivi mes performances, et Mathieu Bodmer, que je connais aussi et ça s’est fait naturellement.

«Le Havre ? C’était un choix naturel !»

FM : comment se sont déroulées les discussions avec Mathieu Bodmer et ses équipes ? Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce nouveau projet ?

La suite après cette publicité

MD : dans ce cas de figure, les discussions sont fluides, tout s’est déroulé simplement. C’est un très bon projet, un collectif soudé, un club qui a montré de très belles valeurs ces dernières saisons. Après, je pense que je peux apporter mon expérience à cette équipe-là, et faire ce que je sais faire de mieux, ça veut dire aider l’équipe en étant décisif.

FM : vous sortez d’une expérience à Clermont avec un prêt à Rodez en fin de saison dernière. Pouvez-vous nous parler de ces deux récentes aventures ?

La suite après cette publicité

MD : j’avais un bon de sortie à Clermont après la deuxième saison. On a fait une très bonne première saison. Le club me faisait confiance, du coup j’ai prolongé, avec un bon de sortie à la fin de la deuxième saison. Après ça, je pensais découvrir autre chose, j’ai eu plusieurs opportunités, mais, au final, ça ne s’est pas fait pour X raisons. Le club, lui, avait déjà recruté ses gardiens. C’était leur choix de partir en Ligue 2 avec d’autres gardiens, même si je pense que j’aurais pu aider. Après, j’ai entendu certaines choses qui sont fausses, comme le fait que je ne voulais plus jouer pour le club, etc. Ce n’est pas moi, ce n’est pas ma personne. Maintenant, ça ne s’est pas fait. J’ai eu six mois où je n’ai pas joué. C’était compliqué, c’est sûr que ce n’était pas facile. Mais avec les prépas qui m’ont aidé à tenir le coup mentalement et physiquement, on a bien bossé. On n’a pas perdu de temps. Ça veut dire que j’en ai profité pour bosser sur les choses où je ne bossais pas forcément quand je jouais tous les week-ends. J’ai maintenu ma condition physique. Je me suis affûté pour, au final, le dernier jour du mercato en janvier, pouvoir aller à Rodez et jouer.

FM : et cette expérience à Rodez ?

MD : j’ai joué 12 matchs. L’objectif était clair, c’était le maintien. Je suis arrivé et l’équipe n’allait pas très bien. Au final, sur les 12 matchs, on en a perdu deux. On avait une très bonne solidité défensive et l’objectif a été atteint. C’est sûr que c’est positif. Il y avait un groupe qui allait déjà très bien, qui vivait très bien, mais il manquait de résultats. Quand je suis arrivé, ça s’est bien passé, le groupe a continué de bien aller et j’ai amené mon assise défensive. Je remercie tout le monde d’ailleurs à Rodez encore maintenant pour la confiance qu’ils m’ont donnée et le respect qu’ils m’ont donné.

«Jouer avec Mike Maignan, Nicolas Douchez, Salvatore Sirigu, ça t’apprend que le football, ce n’est pas seulement le week-end»

FM : avant cela, vous avez pas mal voyagé. Au Portugal, en Suisse, en Bulgarie. À 32 ans, quel regard portez-vous sur votre carrière et qu’est-ce que ces expériences vous ont apporté ?

La suite après cette publicité

MD : il s’avère que moi, je suis une personne qui n’a jamais eu peur de voyager pour jouer. C’est-à-dire que si j’estime que je devais jouer, quitte à aller à l’autre bout du monde, je serais parti à l’autre bout du monde pour jouer. J’étais jeune, j’étais dans le groupe pro à Paris, j’ai vu comment ça se passait et j’avais une seule envie, c’était de jouer. Après le Paris Saint-Germain, la seule opportunité concrète que j’avais, c’était le Portugal en Ligue 2 donc j’ai franchi le cap. J’ai été partout pour jouer. Je ne voulais que jouer, prendre du plaisir sur les terrains. Ça ne me disait rien d’être assis sur le banc.

FM : vous êtes, en effet, formé au PSG, l’histoire là-bas ne s’est pas forcément très bien terminée pour des raisons que tout le monde connaît aujourd’hui (Mory Diaw a quitté le club à l’été 2015 après une polémique liée à des anciens tweets pour le moins embarrassants, ndlr), qu’avez-vous appris dans la capitale ?

MD : ça t’apprend que le football, ce n’est pas seulement le week-end, je veux dire, sur un match, c’est tout au long de la semaine. C’est avant les séances, après les séances, la récup. Quand tu es entouré de Mike Maignan, Nicolas Douchez, Salvatore Sirigu, tu t’entraînes avec des grands joueurs et tu vois que rien n’arrive au hasard. S’ils sont performants pendant autant d’années, c’est qu’il y a un vrai travail derrière. J’ai pris exemple sur cette rigueur et c’est ce que j’ai mis en place tout au long de ma carrière jusqu’à aujourd’hui. Je prends plus soin de mon corps, je fais attention aux détails.

«Nicolas Douchez ? Je le considère comme mon grand frère»

FM : au Havre, vous allez donc retrouver un visage bien connu avec Nicolas Douchez, passé par le PSG et aujourd’hui entraîneur des gardiens, pouvez-vous nous parler de votre relation ?

MD : franchement on a continué d’entretenir une bonne relation, même après le PSG. On s’écrivait de temps en temps quand j’étais à l’étranger. Quand je suis revenu en France, il voyait tous les matchs que je jouais. On s’écrivait plus souvent. Il me disait « ça, je pense que tu peux mieux faire », etc. Il m’a toujours donné des conseils. La relation qu’on a, c’est une relation de… je le considère comme mon grand frère. Après, aujourd’hui, je suis obligé de savoir faire la part des choses, mais c’est comme mon grand frère. Je l’ai toujours appelé frérot, je vais désormais faire attention de ne pas l’appeler comme ça, il y a les coéquipiers, etc.. mais c’est naturel. Je sais qu’il me respecte beaucoup et moi aussi, je le respecte beaucoup. Tout est réuni pour qu’on fasse une très bonne saison. En tout cas, on va très bien bosser. Là, ça a très bien commencé et ça ne va faire qu’aller vers le haut. Il me connaît par cœur, il sait quand il faudra me pousser dans mes retranchements. Il sait quand il faudra calmer, tout ça dans le but précis d’être le meilleur possible, le plus performant possible.

FM : outre Nicolas Douchez, Lionel Mpasi est également Havrais, vous l’avez côtoyé à Rodez la saison dernière, la concurrence est-elle plus facile à appréhender avec ce passé commun même si vous arrivez dans la peau de numéro 1 ?

MD : Lionel aussi, c’est mon frère. On est formé ensemble à Paris. Ça fait plus de dix ans que je le connais maintenant. Pareil, on se connaît par cœur. On a beaucoup de respect l’un pour l’autre. Il dort avec moi dans la chambre (le HAC est actuellement en stage à Arzon, en Bretagne, ndlr). On a des chambres par deux et il est avec moi durant ce stage. On est des frères. Je sais que si je suis moins performant, lui, il sera toujours là derrière pour pousser, mais toujours dans le respect. On a un but précis : être le plus performant, mais le poste de gardien de but, ça ne sera pas un problème au Havre.

(Présent aux côtés de Mory Diaw lors de cette interview, Lionel Mpasi nous a d’ailleurs accordé quelques mots)

Lionel Mpasi : Mory, ça fait longtemps qu’on se côtoie. On a débuté notre carrière dans le monde pro ensemble au centre de formation à Paris. C’est vraiment devenu un frère. On a continué de se suivre même après Paris. On a des trajectoires un peu similaires parce qu’on est passé par des moments de galère. Aujourd’hui, c’est incroyable, c’est le destin qui fait qu’on se retrouve ici. Je suis super content d’être avec lui ici et on va se tirer vers le haut pour le bien du club.

FM : Nicolas Douchez, Lionel Mpasi, ce sont des points de repère qui vont également faciliter votre intégration au club…

MD : oui forcément, pour l’anecdote, on a fait notre bizutage ensemble avec Lionel, on a chanté ensemble « Finis-les » d’Alonzo (rires)

FM : plus globalement, vous avez fait vos premiers pas avec vos nouveaux coéquipiers, pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le groupe ?

MD : tout se passe très bien. J’ai découvert une famille dans laquelle il y a des joueurs qui sont ensemble depuis pas mal d’années. Franchement, c’est top. Maintenant, c’est une famille, mais je suis plus vieux qu’eux, ça veut dire que j’arrive aussi en tant que grand frère pour les plus jeunes. C’est un rôle que j’apprécie. Si je peux les conseiller sur certaines choses ou aider sur d’autres, je vais le faire avec plaisir.

«Je vais faire en sorte de les pousser à fond, d’apporter mon expérience»

FM : Rassoul (Ndiaye), Issa (Soumaré), Arouna (Sangante), Aliou (Thiaré)… il y a déjà plusieurs Sénégalais au club, c’est un élément qui peut également faciliter votre intégration…

MD : oui c’est sûr, après, si je peux les aider à être plus performants qu’ils l’ont été par le passé pour atteindre leurs objectifs, je vais tout faire pour. Le but quand on est sénégalais, c’est de rejoindre la sélection. Je vais faire en sorte de les pousser à fond, d’être derrière eux tout le temps pour les faire monter en exigence et qu’ils atteignent la sélection.

FM : avez-vous déjà pu échanger avec Didier Digard ? Comment s’est passé le premier contact ?

MD : on a échangé un peu oui. C’est quelqu’un qui est vraiment proche de son groupe. Maintenant, je le découvre encore, mais ça se voit que c’est une très bonne personne, il est animé par le football et j’espère qu’on va très bien travailler tous ensemble.

FM : à titre individuel et pour ceux qui vous connaissent moins, quel type de gardien êtes-vous ?

MD : ce n’est pas forcément une question simple ça, c’est aux autres de me juger plus qu’à moi. Après, je suis un gardien assez tranquille. Je ne ressens pas trop la pression. J’aime bien jouer au pied. J’aime bien être haut sur le terrain, aider ma défense. J’aime bien soulager dans les airs. Concernant mes axes d’amélioration ou mes défauts, je ne peux pas le dire sinon les attaquants vont le savoir (rires)

FM : vous avez une solide expérience de la Ligue 1 avec 67 matches disputés, quelles sont les difficultés de ce championnat pour un gardien ?

MD : tout va plus vite ! Tout va vraiment plus vite. Il faut redoubler de vigilance et constamment être prêt. Dans notre placement, nos anticipations, on doit être plus précis sur des micro-détails au poste de gardien. En Ligue 1, si tu es mal placé d’un petit mètre, tu peux te faire avoir directement alors qu’en Ligue 2, tu peux réagir. T’as un petit temps de réaction pour corriger potentiellement le retard. Le temps de réaction que tu peux avoir en Ligue 2, tu ne l’as pas en Ligue 1. Si tu n’es pas bien placé, ça fait but.

«Je veux aider l’équipe à obtenir ce maintien le plus rapidement possible»

FM : Le Havre s’est maintenu de justesse la saison dernière et évoluera en L1 pour la troisième année de suite, quels vont être les objectifs du club cette saison ? Et vous à titre personnel ?

MD : c’est assez simple. L’objectif collectif, c’est le maintien. C’est le maintien, c’est clair et net. Après sur le plan personnel, je me suis bien relancé, je sors d’une expérience de six mois réussie et je veux aider l’équipe à obtenir ce maintien le plus rapidement possible. Je vais me concentrer et bosser pour enchaîner de très bonnes performances.

FM : il y a également eu un gros changement institutionnel avec un changement de propriétaire et l’arrivée de Blue Crow, quel regard portez-vous sur cette nouvelle étape ?

MD : je vais être très honnête, ma partie c’est le terrain. Je ne mets pas ma tête dans tout ça. Ce que je peux faire sur le terrain, je le fais, mais ça, c’est hors de mes cordes. Franchement, ça ne me regarde pas.

FM : en décembre prochain, la CAN va débuter, le Sénégal (éliminé en 8es lors de la précédente édition, ndlr) est dans le groupe D avec la RD Congo, le Bénin et le Botswana, comment jugez-vous cette poule ?

MD : quand on est une nation comme le Sénégal, c’est clair que quand on commence une compétition, c’est pour la gagner. Maintenant, le niveau en Afrique est élevé. Il n’y a plus de petites nations. Surtout là, on sera au Maroc où il y a des bons terrains, des bonnes infrastructures pour tout le monde. Ça veut dire qu’il n’y a plus de petites équipes. On va prendre match après match pour faire bien. Quand on est sortis en 8es de finale face à la Côte d’Ivoire, ça nous a tous fait mal et on l’a tous encore en travers de la gorge.

«En sélection, ton égo, tu le mets de côté !»

FM : vous êtes 2e dans la hiérarchie derrière Edouard Mendy, cette situation n’est pas frustrante ?

MD : en sélection, ton égo, tu le mets de côté. Tu es là pour servir une nation. Edouard, c’est un gardien qui a gagné la CAN, qui a beaucoup fait pour la sélection. Je ne peux pas venir aujourd’hui et dire que je veux être numéro un. Il y a une hiérarchie et il faut la respecter. Tout ce que je fais, c’est pour la nation.

FM : revenons au HAC, vous allez découvrir le stade Océane, avez-vous un message à faire passer aux supporters ?

MD : d’abord, je veux dire merci beaucoup. J’ai reçu pas mal de messages sur les réseaux sociaux, beaucoup de messages de soutien. Sachez que ça me fait plaisir d’être là et que je vais tout donner pour atteindre les objectifs du club.

FM : pour conclure, vous l’auriez arrêté le pénalty d’Abdoulaye Touré (le milieu havrais avait offert le maintien au HAC lors de la dernière journée grâce à une panenka tentée et réussie à la dernière minute face à Strasbourg, ndlr) ?

MD : (rires) on n’en a pas encore parlé, mais je ne sais pas s’il aurait eu les « cojones » (rires)

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier