Presnel Kimpembe, l’autre réussite de Thomas Tuchel

Par Augustin Delaporte
6 min.
Presnel Kimpembe face à l'Atalanta Bergame @Maxppp

Conforté par son entraîneur malgré quelques périodes de turbulences, Presnel Kimpembe arrive à son meilleur niveau au meilleur des moments.

Presko sommet de son art. En le voyant marcher serein au coup de sifflet final et glisser sous son bras la nuque de Nordi Mukiele, il y avait comme un faux air de Ligue 1 sur la pelouse de l’Estádio da Luz ce mardi 18 août. Presnel Kimpembe, avec une simplicité rare, venait pourtant de sortir l’une des prestations les plus abouties de sa carrière le soir d’une demi-finale de Ligue des champions. Pas vraiment anodin quand on sait qu’il n’était pas né la dernière fois que la Paris Saint-Germain avait atteint ce niveau de la compétition, il y a un quart de siècle.

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Dans le détail, outre ses 110 ballons touchés ce soir-là, le gaucher du Val-d'Oise a compilé les meilleurs totaux de son équipe dans quasiment tous les secteurs défensifs : passes réussies (90/91), dégagements défensifs (10), interceptions (3), ballons récupérés (9) et fautes concédées (4). Un petit chef d’œuvre qui lui avait valu un 7,5 dans nos colonnes et qui s’inscrit dans une certaine continuité. Comme celle annonçant une maturité nouvelle, à l’aube de sa vingt-cinquième année.

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Homme de base de Tuchel

Hormis un excès d’engagement aux abords de sa surface sur Dani Olmo (45e+3) - sanctionné d’un carton jaune et par un coup franc offert aux pieds experts de Marcel Sabitzer - et un contre défavorable devant Duván Zapata amenant l’ouverture du score de Mario Pasalic (1-0, 27e), Kimpembe n’a absolument rien laissé à ses opposants que cela soit en quart ou en demi-finale. Tout comme il avait fait passer une bien mauvaise soirée à Moussa Dembélé en finale de Coupe de la Ligue ou à Erling Braut Haaland en huitième de finale retour de Ligue des champions (2-0). Preuve de cette solidité, Paris est la meilleure défense de cette campagne européenne (avec seulement 5 buts encaissés). Sa supposée nonchalance - notamment pointée du doigt en février 2018 face au Real Madrid (défaite 3-1) - qui lui collait aux basques, semble loin.

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Une mue salvatrice à laquelle Thomas Tuchel est loin d’être étranger. Depuis son arrivée sur le banc parisien, c’est un fait, l’entraîneur allemand préfère confier son équipe à des individualités, plutôt que de s’appuyer sur un fond de jeu collectif ou des circuits préférentiels. Et, un peu à la manière d’un Ángel Di María devant (et des fameux quatre fantastiques), Tuchel a longtemps cherché une solution pour aligner ses trois centraux (Marquinhos, Thiago Silva, Presnel Kimpembe) en même temps.

D’abord en testant une défense à trois, avant de l’abandonner et de faire glisser Marquinhos dans le milieu. Kimpembe est donc passé d’un remplaçant aux éventuels forfaits en C1 à un titulaire en puissance. Avant Tuchel le titi n’avait disputé que 3 matches de Coupe d’Europe, depuis il en est à 28. A Paris, c'est même le huitième joueur le plus utilisé par Tuchel lors de son mandat, avec 63 apparitions en Rouge et Bleu sur cette période. D'ailleurs, le changement de statut du Français s'était déjà fait ressentir lors du huitième de finale aller de Ligue des champions l'an passé face à Manchester United (victoire 2-0), avant que son mouvement de bras synonyme de penalty fatal aux Franciliens (défaite 3-1) ne vienne occulter tout le reste au retour.

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Aiguiser comme une lame, chauffé comme un couteau

Mais si Presnel Kimpembe affiche une telle sérénité, c’est aussi parce qu’il a retrouvé une forme physique optimale. Laurent Bonadei, son ex-formateur au PSG, abonde : «Presko - un surnom dont il est d’ailleurs à l’origine -, avec sa morphologie, s’il a deux kilos en trop c’est des dixièmes de seconde sur des interventions de différence, des appuis peut être moins tranchants, il saute un peu moins haut.»

La décharge émotionnelle d’un titre de champion du monde derrière lui, tout comme les nombreux pépins physiques (claquage tendineux, pubalgie, problèmes à la cuisse, …), Kimpembe est aiguisé comme une lame depuis le restart. L’actuel adjoint d’Hervé Renard pour la sélection d’Arabie Saoudite (en course pour le mondial 2022), l’illustre : « quand je le vois tacler dans la surface pour sauver un ballon alors qu’il est déjà sous le coup d’un carton jaune (devant Poulsen, 75e), qu’il peut y avoir la double sanction (rouge plus penalty) et qu’il sort gagnant de son duel en fin de match, je me dis oui, effectivement, il est en forme.»

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Le Bayern, bosse finale... avant le sommet ?

Sauf qu’il en faudra plus face à l’armada offensive historique du Bayern Munich dimanche. Depuis le début de la compétition, la bande de Robert Lewandowski a planté 9 pions à Belgrade (3-0, 6-0), 10 à Tottenham (7-2, 3-1), 5 à l’Olympiakós (3-2, 2-0), 7 à Chelsea (3-0, 4-1), 8 à Barcelone et 3 à Lyon. Ce qui fait une moyenne de 4,2 buts par match, rien que ça. Symbole de cette machine à moudre les défenses : Lewandowski. Le Polonais est à deux petites unités du record absolu du nombre de buts inscrits sur une saison de C1 (17, détenu par Cristiano Ronaldo), alors qu’il a disputé trois matches de moins que le Portugais.

Au-delà des chiffres, l’impression est frappante : le Bayern enfonce les portes quand il ne peut pas passer par la fenêtre. Tous les joueurs (hormis peut-être Manuel Neuer) peuvent marquer et faire marquer, dans à peu près toutes les positions. Une attaque à tout va assumée et maîtrisée à laquelle Kimpembe va devoir se frotter. «Dans tout ce qui est rapport de force ou dualité, ça va. Là où il faudra qu’il soit vigilant, c’est sur les déplacements et sur la capacité de Lewandowski à jouer en une touche de balle et à remiser, prévient Bonadei. On a vu, sur deux trois situations contre Lyon, que les joueurs (du Bayern, ndlr) cherchent à s’appuyer sur Lewandowki et que lui, sur une touche de balle, a cette capacité à mettre ce petit ballon par-dessus ou dans l’intervalle pour un joueur lancé dans la surface. Il faudra apprécier au mieux les déplacements pour intervenir avant même qu’il ait la possibilité de faire cette remise ou bien, si ce n’est pas possible, anticiper dans la profondeur.» C'est peut être dans ces mots que résident les quelques mètres qui restent à gravir à Kimpembe pour atteindre le sommet, et la première Ligue des champions de l'histoire du PSG.

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