Euro 2024 : ce qu’il faut savoir de la Suisse

Par Maxime Barbaud
6 min.
Yakin, Shaqiri et Ndoye guideront la Suisse à l'Euro @Maxppp

Qualifiée sans briller pour l’Euro, la Suisse débarque en Allemagne avec un cruel manque de confiance. Critiqué par une partie du vestiaire, le sélectionneur Murat Yakin a même failli rendre son tablier après la qualification mais a finalement tenu bon. Sans certitude ou presque, il doit composer une équipe où les incertitudes autour de Breel Embolo et Denis Zakaria n’arrangent rien.

Le parcours de qualification et le groupe

En novembre dernier, la Suisse a validé sa qualification pour l’Euro en habituée. Longtemps exclue des grandes compétitions internationale, la sélection a corrigé le tir à la fin du siècle dernier. Depuis 1996, elle n’a manqué que deux fois la grande messe du foot continentale (2004 et 2012). Pour cette édition allemande, le parcours de la Nati aura été compliqué, validant son ticket à l’avant-dernière journée, à la faveur d’une défaite d’Israël, son concurrent direct. C’est la Roumanie qui a endossé le rôle d’épouvantail dans ce groupe I (6 victoires, 4 nuls) avec 5 points d’avance sur la Confédération helvétique. Cette dernière a d’ailleurs fini cette campagne avec une défaite contre les Roumains (1-0). Avant cela, il y avait déjà quelques contre-performances comme cette victoire difficile en Andorre (2-1), deux nuls face au Kosovo (2-2 et 1-1), un 1-1 en Israël et surtout cet inquiétant 3-3 à domicile face au Belarus. De quoi nourrir quelques interrogations. «Nous nous sommes qualifiés, c’est ça le plus important ce soir (le 18 novembre dernier). Je suis content pour l’équipe et pour tous les fans. Je ne comprends pas pourquoi nous ne sommes pas plus heureux d’être qualifiés», confiait Xherdan Shaqiri le soir de la qualification. Murat Yakin le sélectionneur a même été remis en question.

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Les qualités et faiblesses

Régulièrement conviée aux grandes compétitions, la Suisse est toujours confrontée à un plafond de verre. Elle parvient rarement à créer l’exploit si on fait de sa qualification contre la France à l’Euro 2020 une exception. Ce quart de finale perdu face à l’Espagne aux tirs au but constitue son meilleur résultat à l’Euro. Pour le rendez-vous à venir, c’est un peu le flou. Après cette compagne de qualification décevante où l’essentiel a été assuré, la Nati s’est un peu rassurée lors des matchs amicaux au Danemark (0-0) et en Irlande (victoire 1-0) mais les doutes persistent. Le jeu de l’équipe a trop souvent été brouillon ces derniers mois. En l’absence de Breel Embolo longuement blessé, le secteur offensif a affiché ses limites. Les observateurs ont déploré un manque d’idée, de créativité et de vitesse. La Suisse ne parvient pas non plus à varier son jeu.

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Ses défauts ont d’autant plus été mis en évidence que la concurrence n’était pas très relevée durant cette campagne de qualifications. Sans identité ou à sa recherche, Murat Yakin doit également résoudre un problème en interne. Depuis septembre dernier, la crise est ouverte. Les cadres de l’équipe, Granit Xhaka en tête, ont critiqué leur sélectionneur pour la qualité des entraînements et le manque de réaction de certains joueurs. Le cas Gregor Kobel (26 ans) est une autre épine dans le pied. Brillant à Dortmund, le portier reste l’éternel doublure de Yann Sommer (35 ans) et le supporte de moins en moins. Le sélectionneur évoque sa fragilité physique et l’expérience du gardien de l’Inter pour se défendre. Il y a tout de même du positif comme le potentiel de cette équipe, qui arrive à maturité. De nombreux éléments présents évoluent dans de très bons clubs européens et réalisent une belle saison (Sommer, Kobel, Xhaka, Akandji). Les incertitudes physiques concernant les Monégasques Zakaria et Embolo, deux cadres, sont un point noir.

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Le sélectionneur : Murat Yakin

Les temps ont changé pour l’ancien défenseur international (49 sélections). Successeur de Vladimir Petkovic, longtemps resté en poste, Yakin avait fait souffler un agréable vent de fraîcheur sur la Nati. Il est parvenu à qualifier les siens au Mondial au Qatar en terminant devant l’Italie championne d’Europe en titre, avant d’atteindre les 8es de finale, puis les a maintenus en ligue A de Ligue des Nations. Forcément, ces succès amènent plus d’exigences de la part du public et des supporters. Autrefois dominatrice, la Suisse est devenue une équipe désorganisée et en proie au doute. L’ancien entraîneur du FC Schaffhausen (en 2e division) en a forcément pâti. Les appels à sa démission, et les critiques de ses propres joueurs n’ont pas suffi. Il a été maintenu pour l’Euro.

La star : Xherdan Shaqiri

C’est un signe qui peut sembler inquiétant. À 32 ans, le milieu offensif est toujours le facteur X de la sélection. Son départ pour la MLS à Chicago en février 2022 n’a rien changé à son statut. Toujours indiscutable aux yeux de Murat Yakin, l’ancien Lyonnais affiche son importance sur le terrain. En neuf sélections depuis le Mondial 2022, il est à l’origine de 3 buts et 3 passes décisives. Il sera encore une fois l’un des fers de lance de la Nati, malgré une saison en MLS moribonde. C’est d’ailleurs la principale inconnue : son état de forme. Il ne peut plus cacher ses kilos et va manquer de rythme, lui qui a été blessé une bonne partie de ce début de printemps. Néanmoins, son coup-franc inscrit en Irlande en mars rappelle à toute la jeune génération qu’il faudra compter sur lui.

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L’attraction : Dan Ndoye

Les suiveurs de la Ligue 1 ont probablement oublié que l’ailier est passé par l’OGC Nice. Il faut dire que lors de son unique saison en France (2020/2021), Ndoye n’a pas marqué les esprits (37 apparitions au total, 3 buts et 2 passes). Le temps a passé et le joueur désormais âgé de 23 ans a gagné en maturité et en régularité. Après le Gym, c’est à Bâle qu’il hausse le ton (97 matchs, 12 buts et 15 offrandes) le temps de deux saisons avant son transfert à Bologne pour 9 M€ l’été dernier. Sous les ordres de Thiago Motta, le longiligne droitier d’1m84 enchante la Serie A où il atteint la 3e place (à deux journées de la fin), assurant une qualification en Ligue des Champions. Il débarque à l’Euro le plein de confiance, fort de son premier but (enfin) à Naples le 11 mai dernier.

Le calendrier de la Suisse :

  • Hongrie - Suisse : samedi 15 juin à 15h au RheinEnergieSTADION de Cologne

  • Écosse - Suisse : mercredi 19 juin à 21h au RheinEnergieSTADION de Cologne

  • Suisse - Allemagne : dimanche 23 juin à 21h au Deutsche Bank Park de Francfort

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La liste provisoire de 38 joueurs :

Gardiens : Gregor Kobel (Borussia Dortmund), Yann Sommer (Inter Milan), Pascal Loretz (Lucerne), Yvon Mvogo (FC Lorient) et Marvin Keller (Winterthur)

Défenseurs : Manuel Akanji (Manchester City), Fabian Schär (Newcastle), Nico Elvedi (Borussia Mönchengladbach), Aurèle Amenda (Young Boys de Berne), Cédric Zesiger (Wolfsbourg), Becir Omeragic (Montpellier), Ricardo Rodriguez (Torino), Albian Hajdari (Lugano), Leonidas Stergiou (Stuttgart), Bryan Okoh (Red Bull Salzbourg), Ulisses Garcia (Olympique de Marseille), Silvan Widmer (Mayence) et Kevin Mbabu (Augsbourg)

Milieux : Denis Zakaria (AS Monaco), Granit Xhaka (Bayer Leverkusen), Ardon Jashari (Lucerne), Remo Freuler (Bologne), Michel Aebischer (Bologne), Vincent Sierro (Toulouse), Uran Bislimi (Lugano), Joël Monteiro (Young Boys de Berne), Filip Ugrinic (Young Boys de Berne), Fabian Rieder (Stade Rennais) et Xherdan Shaqiri (Chicago Fire)

Attaquants : Steven Zuber (AEK Athènes), Dan Ndoye (Bologne), Ruben Vargas (Augsbourg), Renato Steffen (Lugano), Noah Okafor (AC Milan), Zeki Amdouni (Burnley), Breel Embolo (AS Monaco), Andi Zeqiri (Genk) et Kwadwo Duah (Ludogorets Razgrad)

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