Coupe d’Asie 2023 : la sacrée revanche du Qatar, un an après son fiasco en Coupe du monde

Par Aurélien Macedo
6 min.
Akram Afif avec le Qatar @Maxppp

Échouant lors de la Coupe du monde 2022 à remporter le moindre point, le Qatar avait déçu en était éliminé rapidement de cette compétition à domicile. Les Grenats ont néanmoins brillamment relevé la tête en remportant la Coupe d’Asie 2023 à domicile, quatre ans après leur premier sacre continental.

On avait quitté le Qatar sur un constat d’échec. Si la Coupe du monde 2022 organisée sur son sol avait été à la hauteur des attentes, cela n’avait pas été le cas d’Al-Annabi. La sélection du Qatar était totalement passée à côté de son sujet. Dans un groupe A où officiait également l’Équateur (2-0), le Sénégal (3-1) et les Pays-Bas (2-0), le pays hôte a enchaîné trois défaites sans réellement montrer grand-chose. Une issue très décevante quand cette même équipe avait surpris tout le monde trois ans plus tôt en allant remporter la Coupe d’Asie 2019 face au Japon (3-1) et en éliminant sur son parcours la Corée du Sud, l’Irak et les Émirats arabes unis. Loin d’avoir montré son meilleur visage lors de la Coupe du monde 2022, le Qatar voulait se rattraper un an après lors de la Coupe d’Asie 2023.

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Devenant pays hôte de la compétition suite au désistement de la Chine, le pays du Golfe Arabo-Persique voulait entamer un nouveau cycle. Félix Sanchez Bas n’était pas conservé suite à son échec lors du Mondial 2022 et Carlos Queiroz débarquait. Expérimenté en tant que sélectionneur (Portugal, Iran, Colombie et Égypte), le technicien portugais ne parvenait pas à relancer une dynamique. Demi-finaliste malheureux (défaite 2-1 contre l’Irak) de la Coupe du Golfe des Nations en janvier 2023, son Qatar enchaînait les performances décevantes avec des défaites contre la Nouvelle-Zélande (1-0), le Kenya (1-0) et surtout un cinglant 4-0 contre l’Iran en octobre dernier. Une défaite qui aura conduit à son départ deux mois plus tard. Son remplaçant Bartolomé "Tintin" Marquez Lopez - ex-Eupen, Saint-Trond et actuel coach Al-Wakrah - avait la lourde mission de rendre cette équipe compétitive à un mois d’une Coupe d’Asie à domicile.

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Akram Afif et Meshaal Barsham, les héros du Qatar

Venu dans une mission de pompier, le coach espagnol a eu la chance de débuter avec une phase de poules assez abordable pour le Qatar. En dominant le Liban (3-0), le Tadjikistan (1-0) et la Chine (1-0), le Qatar terminait facilement en tête de sa phase de poules. Loin d’être brillant dans le jeu, cette formation faisait preuve d’une solidité à toute épreuve et était portée par son meneur de jeu Akram Afif meilleur passeur de la dernière compétition avec 10 offrandes. Si son duo avec Almoez Ali avait étonné, cette fois, il a clairement été au-dessus du lot et venait apporter cette touche de magie qui manquait parfois au secteur offensif qatari. Retrouvant la Palestine en huitième de finale, le Qatar a encore fait dans la sobriété pour tenir son rang malgré l’ouverture du score adverse (2-1) et c’est le quart de finale contre l’Ouzbékistan qui faisait office de premier gros test.

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Bien aidé par une boulette d’Utkir Yusupov le gardien adverse, le Qatar était loin d’être souverain et Odiljon Khamrobekov arrachait l’égalisation. Un match nul 1-1 après 120 minutes et c’est là que l’autre grand homme du succès qatari Meshaal Barsham s’illustrait. Arrêtant trois tirs ouzbeks, il permettait à son équipe de s’imposer 3-2 dans cet exercice et de se qualifier dans un trou de souris. Opposé à l’Iran en demi-finale, le Qatar vivait un match fou contre la Team Melli. Vite mené au score sur un but fantastique de Sardar Azmoun, Al-Annabi renversait le score. Si Alireza Jahanbakhsh égalisait, Almoez Ali parvenait à aller chercher la qualification en fin de match (3-2). Bien aidé par les fiascos de ses principaux rivaux comme l’Arabie saoudite éliminés en huitième de finale, le Japon et l’Australie éliminée en quart de finale et la Corée du Sud sortie en demi-finale, c’est dans un costume de favori que le Qatar allait croiser le fer avec la surprenante Jordanie pour le titre.

Un avenir brillant à façonner

Un match assez maîtrisé par le Qatar. Bien en place, les locaux allaient vite obtenir un penalty transformé par Akram Afif (22e). Si au retour des vestiaires, la Jordanie poussait et parvenait à égaliser via Yazan Al-Naimat (67e), mais le Qatar allait remettre un coup d’accélérateur en obtenant deux nouveaux penalties qu’Akram Afif a transformé (73e et 90e +5). Auteur de 8 buts et 3 offrandes, le joueur d’Al-Sadd terminait ainsi meilleur buteur, meilleur passeur et meilleur joueur d’une compétition qu’il aura marquée de son empreinte. Moins flamboyant et moins solide que lors de son premier sacre (14 buts marqués, 5 buts encaissés en 2023 contre 17 buts marqués pour 1 seul encaissé en 2019), le Qatar n’en restait pas moins une équipe cohérente qui aura su rester régulière et bien plus compétitive que ses rivaux pour aller au bout.

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S’il sait que tout n’a pas été parfait, le coach "Tintin" Marquez Lopez tenait avant tout à retenir ce deuxième sacre d’affilée qui conforte la domination du Qatar sur le continent asiatique : «je suis extrêmement heureux et je félicite le peuple qatari et les joueurs. Nous sommes tellement heureux d’avoir gagné le match. La tension était forte. Peut-être que ce n’était pas du beau football, mais tout le monde se souvient du vainqueur et je suis fier de mes joueurs et de leurs exploits.» Homme de la compétition, Akram Afif (27 ans) partageait cette joie tout en évoquant le futur : «je voudrais remercier tous les Qataris. Félicitations à l’entraîneur et aux supporters. Je ne peux pas vraiment exprimer ce que nous ressentons, mais l’entraîneur a travaillé très dur pour nous Cependant, je veux dire aux fans qu’il y a plus à venir de notre part. Je voudrais également remercier mes coéquipiers d’avoir eu confiance en moi pour tirer les penaltys. Cela m’a donné beaucoup de confiance pour les trois penaltys. Je pense nous méritions la victoire ce soir.»

Si certains joueurs stars de la sélection comme Akram Afif, Almoez Ali, Meshaal Barsham, Mohammed Waad, Tarek Salman ou Homam Al-Amin sont encore jeune et ont au maximum 27 ans, certains cadres comme Pedro Miguel, Ismaael Mohammed, Boualem Khoukhi, Lucas Mendez et le capitaine Hasan Al-Haydos ont tous 33 ans et ne vont pas tous aller jusqu’à la Coupe du monde 2026 où le Qatar entend se qualifier, ni même la prochaine Coupe d’Asie en 2027. Un nouveau cycle devra se lancer pour le Qatar qui tentera de maintenir ce cercle vertueux. En outre, l’avenir de "Tintin" Marquez Lopez n’est pas encore tranché. Si ce titre a de fortes chances de pousser la fédération à le conserver, le technicien espagnol de 62 ans est pour le moment parti pour retrouver son club d’Al-Wakrah, actuel deuxième du championnat du Qatar : «j’ai travaillé au Qatar et je connais bien les joueurs. Il a été facile de travailler avec eux et ils ont mis en œuvre efficacement nos idées sur le terrain. Pour l’instant, je vais retourner travailler avec Al Wakrah. Je ne suis pas sûr de ce qui va se passer, mais nous allons profiter du moment pour le moment.» Loin d’être un feu de paille, la Coupe d’Asie 2019 remportée par le Qatar vient de trouver un écho.

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