Euro 2024 : le terrible fiasco qui met le feu à la Grèce

Par Valentin Feuillette - Dahbia Hattabi
5 min.
Fiasco total de la Grèce @Maxppp

La Grèce restera (encore) à quai pour le prochain Euro. Les hommes de Gustavo Poyet n’ont pas su venir à bout de la Géorgie de Willy Sagnol. Ce nouvel échec redistribue les cartes dans une fédération qui traverse déjà une importante crise…

L’Euro 2024 en Allemagne se fera sans la Grèce. En effet, le Bateau Pirate, comme la sélection est surnommée, a tangué avant de couler mardi soir contre la Géorgie, sur la pelouse du stade Boris-Paichadze de Tbilissi, en finale des barrages de qualification au championnat d’Europe de l’été prochain (14 juin - 14 juillet). Les Grecs n’ont jamais su faire trembler les filets de Giorgi Mamardashvili. Après 120 minutes de score vierge (0-0), Nika Kvekveskiri a offert le ticket pour l’Allemagne sur le dernier tir au but. Anastásios Bakasétas et Giórgos Giakoumákis avaient loupé leur tentative, mettant la Grèce en fâcheuse posture. Cette élimination fait très mal au football grec et à la sélection dirigée par Gustavo Poyet, arrivé sur le banc en février 2022 qui voit désormais son avenir en pointillé. Interrogé sur son futur, il n’a pas voulu donner plus d’éclaircissement, voulant d’abord revenir sur les derniers mois de son équipe et l’issue difficile à avaler.

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«C’est un énorme regret. Les joueurs sont dévastés. Nous n’avons pas eu de chance pendant deux ans. Nous n’avons pas eu de chance lors des tirages au sort, nous n’avons pas gagné un match par hasard. Les joueurs ont tout fait. Nous avons joué deux matchs, n’avons encaissé aucun but et nous ne serons pas à l’Euro. Nous leur avons demandé de tout donner et ils l’ont fait. Nous ne pouvions pas faire de changements pour aider l’équipe. Il y a eu des jaunes, des blessures, des crampes. Les quatre changements ont été effectués en raison de blessures», s’est lamenté le sélectionneur, Gustavo Poyet. Il est vrai que les dernières sorties de la sélection grecque étaient plutôt positives, du moins porteuses d’espoir pour la suite. Cela faisait longtemps que la Grèce n’affichait pas une si belle forme avec notamment un match nul contre la France, deux solides victoires contre l’Irlande et une défaite non sans batailler contre les Pays-Bas. Mais malheureusement pour les 10,6 millions de supporters grecs, hier la mayonnaise n’a pas pris du tout.

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Une élimination qui passe mal…

La Grèce n’a jamais su prendre trouver la faille contre la Géorgie de Willy Sagnol. Une déception évidente pour la sélection grecque qui sortait pourtant d’une large victoire et d’un festival offensif contre le Kazakhstan (5-0) en demi-finale des barrages de l’Euro 2024. Les armes offensives étaient toutes présentes, le groupe grec étant au complet pour cette trêve avec Fotis Ioannidis, Vangelis Pavlidis, Dimitrios Pelkas, Georgios Masouras mais aussi Anastásios Bakasétas. La gestion de Gustavo Poyet peut néanmoins être remise en question. «L’enjeu énorme sur un match sec a complètement paralysé la Grèce qui, je pense, était supérieure sur le papier. Très peu d’actions, peu de liant offensivement, un bloc bas géorgien impossible à percer ou contourner. Quelques choix discutables de Poyet comme laisser Tzolis hors du groupe, laisser Bakasetas pendant 120 minutes alors qu’il n’a rien réussi…», nous confie Martial Debeaux, journaliste spécialiste du football grec en France. La presse grecque parlait en effet du «match de la décennie» et la Fédération grecque avait fait un appel au rassemblement derrière la nation avant la rencontre. Tout le pays était à l’arrêt pour cette rencontre capitale pour une sélection absente aux deux derniers Euros et aux deux dernières Coupes du Monde.

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Alors que la Grèce avait réalisé de belles performances sur ces dernières trêves, marquées par cette promotion en Ligue B de la Ligue des Nations, qu’est-ce qu’il s’est passé pour encaisser ce nouvel échec ? Plusieurs fautifs peuvent être pointés du doigt. «Globalement, les leaders (Bakasetas et Tsimikas) n’ont pas répondu présent sur ce qui était le plus gros match de la Grèce depuis 2014. Donc il y a beaucoup de coupables, la fédération incluse, mais c’est sans doute Poyet qui va cristalliser toutes les critiques vu qu’il est en fin de contrat et qu’il était déjà sur la sellette avant», poursuit Debeaux pour Foot Mercato. L’idée est donc de trouver des solutions pour rebondir rapidement. Mais à l’heure où le football grec traverse une crise sportive, économique et administrative, difficile de voir l’avenir sans brouillard. «C’est dur à dire. Sans doute croire en la jeunesse qui émerge mais cela nécessite de trouver un sélectionneur adéquat et je ne vois pas qui la fédération peut trouver», se lamente Martial Debeaux. La presse en Grèce n’est pas tendre et risque de couper des têtes cette semaine.

La presse grecque réagit !

Si les journalistes appellent au calme et rappellent en majorité les deux dernières années prometteuses, ils ont néanmoins sorti leur brûlante plume pour tirer un constat criant. «La vérité est que c’est une grande opportunité manquée. J’ai raison, c’est une énorme opportunité manquée et cela ne fait aucun doute. Cet été, en Allemagne, aura lieu la phase finale et il y aura non seulement la Géorgie, mais aussi la Slovénie, la Hongrie et l’Albanie et la Roumanie et la Slovaquie et l’Autriche, des groupes de pays qui ne sont en aucun cas très éloignés du nôtre ou de notre football. Le fait que l’équipe nationale ait été exclue de la phase finale est certainement un sujet de critiques. Et cela doit être fait de manière dure, mais sans malédiction. Et cela devrait concerner tout le monde», dresse dans un édito de La Gazzetta.Gr le journaliste grec Michalis Tsochos. Sur les réseaux sociaux, les journalistes ont souligné «l’habituel cannibalisme grec» et la mémoire courte de certains supporters.

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Même si les joueurs sont les premiers déçus et dévastés de ce nouvel acte manqué, les médias grecs ne mâchent pas leurs mots. Ce sera bien la Géorgie, une équipe plus jeune qui fête sa première qualification historique, qui sera dans l’avion pour l’Allemagne afin d’y affronter le Portugal, la République tchèque et la Turquie. «Amertume. Il n’y a pas beaucoup de mots pour décrire les sentiments ressentis après avoir été éliminés par la Géorgie. Notre équipe nationale ne sera pas présente au grand rendez-vous en Allemagne et c’est un échec. Le résultat de cet effort du groupe représentatif ne peut être caractérisé différemment», signe le journaliste Yiannis Sapundzakis, en duplex de Tbilissi. Tristesse, colère, déception… La Grèce pleure après avoir été si proche d’un rêve attendu depuis 10 ans.

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