Hamza Sakhi (Auxerre) : "c’est notre devoir de donner du plaisir aux supporters"

Par Hanif Ben Berkane
7 min.
Hamza Sakhi avec l'AJ Auxerre @Maxppp

Meilleur passeur de Ligue 2, Hamza Sakhi incarne le football séduisant que prône Jean-Marc Furlan à la tête de l’AJ Auxerre. Sous ses ordres, le milieu de 24 ans s’est métamorphosé sur le terrain et dans la tête. Il revient pour Footmercato sur son évolution à Auxerre avec Furlan, sa bonne saison et sur ses envies de Ligue 1 notamment, avant de rencontrer l'OM en Coupe de France mercredi.

FM : cette saison, on sent une équipe d’Auxerre en confiance, c’est le cas ?

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Hamza Sakhi : on est très bien. On est sur une bonne dynamique donc forcément que c’est une bonne saison pour nous. Maintenant, on doit continuer sur cette lancée pour espérer plus en fin de championnat.

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FM : espérer plus, c’est jouer la montée en fin de saison ?

HZ : oui bien sûr. Notre objectif, c’est de monter en Ligue 1. C’est même logique, mais voilà, c’est à nous de faire notre possible pour faire monter le club dans l’élite. C’est sur le terrain que ça se joue.

FM : sur le terrain, vous êtes d’ailleurs le meilleur passeur de Ligue 2… (ndlr: 9 passes décisives en 22 matches)

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HZ : c’est l’une de mes meilleures saisons en Ligue 2 même en professionnel d’ailleurs si ce n'est la meilleure. Pour l’instant, je me sens bien et j’espère que je vais continuer. Je suis enfin décisif et c’était très important pour moi de l’être, c'était ce qui me manquait. Quand on marque ou fait marquer, on est forcément plus mis en avant, donc c’est toujours bien.

FM : un Hamza Sakhi décisif, c’est un joueur différent ?

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HZ : bien sûr, j’ai changé un peu. Je n’ai plus le même style qu’avant. Je pense qu’avec le temps, je me suis transformé. J’ai beaucoup travaillé et j’ai aussi fait pas mal d’erreurs (rires). Forcément, à un moment, on apprend de ses erreurs. Là, je suis bien parce que je me sens en confiance dans le club et avec le coach surtout.

FM : justement, l’entraîneur Jean-Marc Furlan a une vision du football qui semble vous correspondre non ?

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HZ : tout à fait. C’est un entraîneur qui a l’envie de faire jouer au football ses équipes. Je ne dirais pas que c’est rare pour un coach, mais voilà… C’est un homme qui aime ce sport et qui aime surtout voir ses joueurs prendre du plaisir sur le terrain. Moi, je me sens mieux et je sais où me situer. J’aime toucher le ballon, combiner avec mes partenaires donc c’est plaisant.

« Je repense souvent à ces moments où j’ai galéré, où c’était difficile »

FM : qu’est-ce qu’il vous a apporté à vous personnellement ?

HZ : déjà, techniquement, j’ai progressé. J’ai appris à jouer plus simple. J’étais quelqu’un qui gardait beaucoup le ballon. Avec lui, j’ai simplifié mon jeu, jouer à une touche, regarder, comprendre et voir plus vite le jeu, il m’a beaucoup aidé là-dessus. Il a réussi à développer des qualités que je ne montrais pas. Il a aussi développé ma capacité à me remettre en question. Avant, après chaque match, je me prenais un peu trop la tête. Sur le terrain, dans un rôle de 8, je me sens beaucoup mieux. Mais mentalement, il m’a changé. Je ne fais plus les mêmes erreurs et j’apprends tous les jours avec lui. Il m’a fait grandir sur le terrain. Il m’a fait comprendre que se servir de sa tête, de son cerveau en fonction des situations, c’était le plus important dans le football.

FM : les erreurs du passé, ce sont des choses sur lesquelles vous insistez beaucoup…

HZ : bien sûr, parce que j’ai fait beaucoup d’erreurs. Enfaite, je ne sais même pas si ce sont des erreurs. Mais c’est une carrière de footballeur, donc il y a des hauts et des bas. Je repense souvent à ces moments où j’ai galéré, où c’était difficile. Je ne veux pas refaire la même chose et revivre ça. C’est là où j’ai changé.

FM : la passion et le plaisir, ce sont des termes au centre de son discours. Quand on est un dribbleur, on se reconnaît dans cette définition du football, non ?

HZ : c’est exactement ça. Quand je suis sur le terrain mon objectif à moi, c’est de prendre du plaisir et de réussir à le transmettre par la suite aux supporters. C’est comme ça que ça marche. Son discours, c’est le même. Le public, c’est important. Ce sont eux qui regardent les matches, ce sont eux qui soutiennent. Dans cette période, ils ne peuvent pas venir. Ils nous suivent à la télé ou à la radio. C’est notre devoir de leur donner du plaisir et leur ramener des victoires.

FM : c’est aussi grâce à Furlan que vous prolongez l’été dernier…

HZ : je l’avais eu au téléphone. Il m’a dit qu’il allait me faire changer, qu’il voulait que je reste parce qu’il pouvait me faire progresser. Après, Auxerre est un grand club. Je ne voyais pas l’utilité de partir dans un autre club pour avoir un discours différent. Ici, j’ai la confiance du coach, c’est ce qui compte.

FM : vous n’avez pas caché votre envie d’un jour évoluer en Ligue 1, vous en rêvez ?

HZ : Ce serait mentir que de dire que ce n’est pas un objectif d’évoluer au plus haut niveau. J’aimerais réellement passer ce palier. Je sais qu’il faut passer par du travail, de la régularité et de la concentration sur toute une année, pas seulement sur une courte période. C’est ce que je suis en train de faire.

«J’essaye de lui transmettre mon expérience parce que j’en sais un peu plus que lui»

FM : si vous montez en Ligue 1, vous allez quitter votre frère (ndlr : Ilyass Chouaref qui évolue à Chateauroux). Ça fait quoi d’être dans une famille de footballeur (le grand frère est aussi un footballeur au niveau régional à Mantes-la-Jolie) ?

HZ : (rires) honnêtement, c’est top. On partage tous la même passion et ça, c’est magnifique. On se parle beaucoup et forcement parfois, on se chambre, on réagit à nos matches. J’ai toujours conseillé mon petit frère sur ses choix sur ou en dehors du terrain. J’essaye de lui transmettre mon expérience parce que j’en sais un peu plus que lui.

FM : vous avez 24 ans, vous faites partie de la seule génération U17 qui est allé à la Coupe du monde avec le Maroc…

HZ : j’y repense là, c’est que des bons souvenirs (rires). Cette génération était très douée. On a joué la Coupe d’Afrique, la Coupe du monde. J’ai joué avec des joueurs très talentueux. Certains sont au plus haut niveau. C’était la première fois que je représentais le Maroc. Tu ne réalises pas trop à 17-18 ans. Mais j’ai déjà une Coupe du monde, voilà. C’est le cœur qui parle dans ces moments.

FM : comment expliquez-vous que sur une des générations les plus talentueuses, il y ait aussi peu de joueurs qui ont eu une carrière honorable (ndlr : seul Sofyan Amrabat aujourd’hui à la Fiorentina a véritablement explosé) ?

HZ : c’est vrai qu’il y a très peu de joueurs qui ont réussi. Tu sais, c’est le football. Beaucoup d’entre eux ont dû basculer du mauvais côté. Après, je pense aussi que les clubs ou les agents qu’ils ont eu n’y sont pas pour rien.

FM : vous avez connu la sélection U17, mais jamais les A, ça aussi, c’est un objectif ?

HZ : j’y ai toujours pensé. Je l’ai toujours dit, je n'y pense pas tout le temps, mais c’est dans un coin de ma tête. Je me dis que si je continue de performer sur le terrain, on fera forcément appel à moi. Je n'ai eu aucun contact, rien du tout avec la Fédération marocaine ou Vahid Halilhodzic. Peut-être qu’avec cette période et la Covid-19, ce n’est pas le bon moment.

FM : c’est ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite de votre carrière alors ?

HZ : oui, goûter à la sélection, c’est mon plus grand souhait. J’aimerais aussi monter en Ligue 1, que ce soit avec Auxerre ou personnellement. Je n'ai pas l’objectif de partir forcément. Je sais qu’il y a certains clubs qui me suivent, mais je n’y pense pas.

FM : au-delà de la Ligue 1, l’étranger vous attire ?

HZ : bien sûr. Moi, j’aimerais partir à l’étranger. Le football espagnol et allemand, c’est ce qui me correspondrait le plus. Mais j’ai toujours dit que je resterais concentré jusqu’à la fin de saison pour aider le club à atteindre ses objectifs.

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