Ce 8 novembre, le Nigeria a remporté le Mondial U17, en venant à bout du Mexique (3-0). Mais ce titre de champion du monde constitue-t-il réellement un passeport pour la gloire ? Décryptage.

Connaissez-vous Kevin Debris, Julio Colombo, Gaël Maïa, ou bien encore Laurent Mohellebi ? Tous ces noms ne vous disent vraiment rien ? Et pourtant, en 2001, ces jeunes joueurs écrivaient une belle page de l’histoire du football français, en remportant la Coupe du monde U17. En compagnie de Jérémy Berthod, Jacques Faty, Florent Sinama-Pongolle, Mourad Meghni et Anthony Le Tallec pour ne citer qu’eux, ces footballeurs en herbe étaient sur le toit du monde. 12 ans plus tard, pourtant, difficile pour le grand public de se souvenir d’eux.
Une question se pose alors : être champion du monde U17 est-il vraiment un passeport pour l’avenir dans le milieu du ballon rond ? Contacté par nos soins, Chaouki Ben Saada, également membre de cette équipe de France en 2001, vous donne son point de vue : « Un tremplin ? Non, pas tant que ça. J’avais fait mes débuts avant ce titre. Ce titre n’a pas non plus été un poids, pas plus qu’il y a eu des attentes supplémentaires suite à ce sacre, car nos coaches respectifs savaient qu’on était tous encore jeunes ». Vous l’aurez donc compris, difficile de dire qu’un tel sacre, qui représente pourtant une belle ligne au palmarès à cet âge-là, a une quelconque influence sur la carrière d’un joueur.
Et il n’y a pas qu’en France qu’un titre de champion du monde U17 peut sembler anecdotique, puisque cette donne vaut également dans d’autres pays. Difficile de trouver des noms familiers aux fans de foot européen chez les Brésiliens champions en 1999 et 2003, si ce ne sont les Adriano (ex-Inter) ou Ederson (Lazio). Même chose chez le Mexique lauréat en 2005, où seul le duo Carlos Vela – Giovani dos Santos s’est fait un nom en Europe sans pour autant devenir incontournable en sélection. C’est également dans le pays aztèque que les champions du monde 2011 découvrent aujourd’hui la dure réalité du haut niveau. Contrairement aux Bleuets, ceux-ci prouvent qu’un tel sacre peut se traîner comme un fardeau.
Lendemains difficiles
Il y a deux ans, Julio Gomez devenait « El Niño heroe » (l’enfant héros) un soir de demi-finale de Coupe du monde U17, comme un point de départ glorieux pour une carrière prometteuse. Et pourtant, s’il a débuté en D1 mexicaine à seulement 16 ans, le joueur ne compte que 4 rencontres au compteur et n’a plus foulé les pelouses depuis plus d’un an. Une situation difficile à accepter pour le jeune joueur, qui réclame sans succès qu’on lui accorde sa chance. Au contraire, son coéquipier Carlos Fierro ne refuserait pas un peu de répis. Mis en lumière par le Mondial 2011, il est attendu comme l’un des sauveurs de son club formateur de Chivas, à la dérive depuis plusieurs mois. Une charge bien lourde à porter pour un attaquant de 18 ans.
Entre impatience, pression médiatique et attentes démesurées, les écueils sont donc nombreux pour ces jeunes talents promis à un avenir grandiose et lancés sous les feux des projecteurs dès leur plus jeune âge. Suffisamment de facteurs extérieurs pour griller une carrière. Et pourtant, les clubs se pressent au portillon pour arracher les meilleurs éléments dès leur sortie de l’œuf, espérant tous tomber sur la pépite qui confirmera les espoirs placés en lui. Car si assumer un titre de champion si jeune peut être difficile, le Mondial U17 n’en reste pas moins une inépuisable source de futurs grands. Ce ne sont pas Neymar, Mario Götze, Fabregas, David Silva ou encore Isco qui diront le contraire…
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