Entretien avec… François Modesto : « Je conseille la Grèce aux joueurs de L1 »

Par Aurélien Léger-Moëc
9 min.
L'OlympiakosModesto piste Modesto @Maxppp

Après six années passées à Monaco, François Modesto a dû donner une nouvelle orientation à sa carrière l’été dernier après que son contrat n’a pas été renouvelé. Il a rallié la Grèce et l’Olympiakos, un choix judicieux puisqu’il devrait pouvoir inscrire un premier titre de champion à son palmarès. Pour Foot Mercato, il raconte son adaptation à la Super League, bien plus réussie qu’il ne pouvait l’espérer, et évoque avec tristesse les grandes difficultés rencontrées par Monaco cette saison.

Footmercato : Tout d’abord, comment allez-vous ?

François Modesto : Ça va très bien. C’est une nouvelle aventure. Je me suis bien adapté.

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FM : Revenons sur le fameux match Olympiakos-Panathinaïkos de la semaine dernière.

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FM : Sur le plan sportif, ce fut une grande émotion. Il y a une ambiance terrible, une pression énorme. On a réussi à gagner la rencontre. C’est le match le plus important pour le club durant la saison. Le derby est très ressenti en Grèce, cela fait partie de la culture là-bas.

FM : Et par rapport aux nombreuses polémiques qui ont émaillé l’après-match ?

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FM : Sincèrement, je pense qu’il y a une erreur d’arbitrage sur le but refusé du Panathinaïkos. Maintenant, l’erreur est humaine. On s’aperçoit que dans les plus grands championnats, il y a toujours des erreurs. Sur une saison, cela s’équilibre. Nous, au match aller, on a perdu le match 2-1 sur une erreur d’arbitrage et on n’a pas fait polémique. Après je n’ai pas vu ce qu’il s’est passé. Je sais que nos supporters sont rentrés sur le terrain pour fêter la victoire. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé exactement avec les joueurs du Pana.

FM : Djibril Cissé a été pris à partie par des supporters de l’Olympiakos et a dû se défendre tout seul. Et il a décidé de quitter la Grèce à la fin de la saison.

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FM : S’il y a eu agression, c’est évidemment condamnable. Cela ne devrait jamais arriver. J’espère en tout cas que Djibril Cissé restera en Grèce la saison prochaine. Pour le championnat, c’est toujours mieux d’avoir des joueurs de cette qualité.

FM : Quand vous entendez vos coéquipiers vous décrire l’ambiance si particulière du derby, cela vous effraie ou au contraire vous attire ?

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FM : J’ai joué en Italie, et il y a aussi un public passionné là-bas. Mais là c’est la première année que je jouais un derby et ça été une très bonne expérience. C’est inoubliable pour un joueur, qu’il soit de l’Olympiakos ou du Pana. Les tribunes sont magnifiques, il y a du spectacle. C’est un public chaud. Il faut savoir aussi que le président de l’Olympiakos se bat depuis le début de son mandat contre les supporters trop violents. Nos supporters n’ont aussi jamais eu de problèmes lorsqu’il se sont déplacés pour nous suivre lors des matches à l’extérieur.

L'Olympiakos, un club ambitieux et familial

FM : Quel bilan personnel faites-vous de votre première année à l’Olympiakos ?

FM : J’ai été superbement accueilli. Je suis arrivé dans un club très bien organisé. On s’aperçoit vite que c’est vraiment un grand club. On n’a malheureusement pas cette image-là de l’extérieur. Petit à petit, je m’épanouis ici, avec ma famille. Et puis on joue pour le titre. Si tout se passe bien, on jouera la Ligue des Champions. Il y a un énorme engouement autour de ce club. Si jamais on remporte le titre cette saison, l’Olympiakos deviendra le club le plus titré de Grèce. C’est très appréciable de jouer pour un club comme ça, d’autant plus que ça reste très familial.

FM : Avez-vous été surpris justement par la qualité des infrastructures et de l’organisation de l’Olympiakos ?

FM : Oui, ça a été une surprise, je vais dire la vérité. Même si j’avais joué contre l’Olympiakos quand je portais les couleurs de Monaco, je ne pensais pas trouver de telles installations et découvrir un club si bien géré. Il y a tout pour s’épanouir. Encore plus dans une ville comme Athènes, avec du beau temps et des gens très agréables.

FM : Vous avez 10 points d’avance sur le Pana, et 26 sur le 3e au classement. Comment jugez-vous le niveau du championnat grec ?

FM : L’Olympiakos et le Pana dominent quasiment chaque année le championnat. Il y a beaucoup d’écart avec les autres équipes c’est vrai. Mais ce n’est pas pour autant que c’est facile d’affronter les autres adversaires. Ça me fait penser à de la Coupe de France, où l’on peut affronter des équipes plus faibles, mais extrêmement motivées. Il faut se méfier tout le temps et respecter son adversaire.

La Grèce, une destination plus qu'appréciable

FM : La Grèce est à la mode en ce moment, avec beaucoup de joueurs de L1 qui ont suivi les traces de Cissé et des joueurs de Kavala. Est-ce une destination que vous conseilleriez aux joueurs de L1 ?

FM : Maintenant que je connais la réalité grecque et que j’ai composé avec ma propre expérience, bien sûr. Si j’avais su que cela se passait comme ça, je serais venu plus tôt à l’Olympiakos. J’avais été contacté en 2007 notamment. Mais je pense qu’à l’avenir de plus en plus de joueurs vont venir en Grèce, français et étrangers. Le championnat va s’améliorer d’année en année.

FM : Un petit mot sur l’un de vos coéquipiers en pleine bourre, Kevin Mirallas.

FM : À Lille, il était très bien. Il est parti à Saint-Etienne, où ça s’est mal passé. Vous savez, quand un joueur n’est pas en confiance et qu’il n’est pas aligné à son meilleur poste… Ici, il joue dans l’axe, l’entraîneur lui fait confiance. C’est presque sa pièce maîtresse au niveau de l’attaque. Un joueur en confiance donne trois fois plus et tout lui réussit. C’est un garçon qui travaille beaucoup à l’entraînement, très sérieux.

FM : Vous croisez beaucoup d’anciens joueurs de L1 aussi bien à l’Olympiakos que dans les autres clubs.

FM : Oui, quand on s’affronte, on se parle avant et après les rencontres. Rien qu’à l’Olympiakos, on a Djebbour, Zaïri, Mirallas. Il y en a à Kavala, au Pana.

La perte d'identité de Monaco

FM : Vous continuez à suivre l’actualité de la Ligue 1 ?

FM : Tout le temps oui.

FM : Forcément, vous devez être attristé par la situation de l’AS Monaco.

FM : Ça me fait très mal au cœur de voir le club dans cette situation et l’équipe au fond de tableau. C’est un club qui a toujours eu des bons résultats, formé de très bons jeunes. C’est désolant de le voir comme ça. J’y ai évolué six ans, porté le brassard et connu plein de bons moments. J’espère que Lolo Banide va encore une fois sauver le club. Un club comme Monaco doit rester en Ligue 1. Il faudra regarder qui a commis des erreurs, qui a fait chuter le club depuis 3-4 ans. C’est trop facile de jeter la pierre aux entraîneurs et aux joueurs.

FM : Quelle est votre analyse de la situation ?

FM : Je pense que chaque année, les choix n’ont pas été bons au niveau du club au général. Le plus dangereux, c’est de perdre son identité. Celle de Monaco a toujours été de sortir de très bons jeunes du centre de formation, de posséder deux trois joueurs étrangers qui font la différence, avec des joueurs de L1 d’expérience pour encadrer tout ça. Monaco a perdu ça. Depuis 4-5 ans, les choix effectués n’ont pas été bons, il faut être réaliste. Moi je suis arrivé en 2004 et lors de chaque intersaison, on a perdu des leaders importants. A un moment donné, on arrive à des situations comme celle que vit l’ASM aujourd’hui. Cela me fait penser un peu à Nantes. Ils avaient perdu leur identité et sont finalement tombés en L2 avant de faire l’ascenseur. J’espère que cela n’arrivera pas à Monaco. Moi, j’ai laissé beaucoup d’amis, je me suis marié là-bas, j’y ai eu mes deux enfants. J’espère que des joueurs comme Ruffier, ou Diarra que je ne connais pas, vont réussir à ressouder le groupe, avec Laurent Banide. Cela serait catastrophique que Monaco soit relégué.

FM : Le recrutement effectué cet hiver a-t-il été judicieux ? Énormément de joueurs ont débarqué sur le Rocher.

FM : Ça, on verra à la fin de la saison, si le club est sauvé ou non. Maintenant, il fallait bouger, faire quelque chose. En voyant de l’extérieur, je pense qu’un garçon comme Diarra pourra évidemment apporter beaucoup grâce à son expérience. On voit déjà sur le terrain qu’il est important. Les autres, je ne les connais pas trop. Feindouno, je pense qu’il peut sauver le club, il a un talent fou. Il peut débloquer un match.

FM : Vous reprochez au club de s’être séparé de ses leaders peu à peu. Vous aussi vous en faisiez partie.

FM : Oui. Je ne vais pas m’en cacher, cela a été un départ difficile. J’étais très bien à Monaco. C’était mon club. Je me suis beaucoup investi, j’ai porté le brassard. Quand vous aimez un club, c’est comme ça, il n’y a pas d’explication. On m’a fait comprendre que je n’étais plus important pour Monaco, qu’il fallait que je parte et on s’est tournés vers d’autres joueurs. J’aurais préféré que les gens qui m’ont parlé à l’époque soient plus francs et corrects. J’aurais préféré qu’on me dise : voilà c’est pas grave, on te remercie pour les six années que tu as passées et on se serre la main. Cela a été fait un peu maladroitement. Mais bon, il n’y avait pas que moi, des joueurs comme Perez, Givet, Roma, Bernardi étaient très importants pour le groupe. Et ils sont tous partis. Certaines personnes ont pensé que c’était mieux de changer.

FM : Un autre de vos anciens clubs a une actualité plus positive puisque Bastia est bien parti pour retrouver la Ligue 2.

FM : Regardez ce que fait Bastia : ils ont perdu leur identité, et sont descendus à National. Bastia, il y avait toujours trois-quatre corses dans l’équipe qui donnaient l’exemple et c’était toujours dur de venir gagner là-bas. Maintenant, ils ont remis en place ça, avec un entraîneur qui fait un travail remarquable.

Un dernier challenge ou une fin de carrière à l'Olympiakos

FM : Revenons-en à vous : lorsqu’on vous annonce que votre contrat ne sera pas renouvelé, quelles ont été vos différentes pistes avant de vous engager à l’Olympiakos ? On a un temps parlé de l’OM.

FM : La réalité est que je n’ai eu aucun contact avec Marseille, même si l’entraîneur (Didier Deschamps) m’a toujours apprécié et que moi je l’apprécie. J’ai eu des contacts avec Saint-Etienne, j’ai eu la possibilité d’aller là-bas. J’avais parlé les dirigeants et l’entraîneur. Et puis l’Olympiakos est arrivé et j’ai été séduit par le discours du président. J’aurai l’opportunité de revenir en L1 un jour. Je voulais connaître une expérience à l’étranger.

FM : Votre contrat s’achève en 2012. Comment envisagez-vous l’avenir ?

FM : On verra. J’ai 32 ans, je vais essayer de gagner des titres ici, de profiter au maximum. Après, je suis un garçon qui marche à l’affectif. J’aime qu’on me dise la vérité en face. Je marche beaucoup au feeling. Si cela marche encore à l’Olympiakos, je pense que je resterai et que je finirai ma carrière là-bas. Je suis très bien là où je suis maintenant.

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