La LFP met la L1 en garde contre la TPO

Par Alexis Pereira
4 min.
Thiriez et la LFP ne veulent pas de la TPO @Maxppp

La TPO (Third-Party Ownership, ou propriété par des tiers), pratique interdite par la FIFA depuis le mois de mai, fait peur en France. André Soulier, président de la commission juridique de la LFP, a découragé les clubs français d'y avoir recours dans les colonnes de France Football.

« Pour l’instant, ils (les clubs français) n’ont pas osé violer les règles, mais je peux vous assurer que j’investirai en France la saison prochaine. Faire appel à des fonds d’investissement comme Doyen Sports est le seul moyen pour les clubs français d’être compétitifs en Europe. Je suis désolé de les voir à la place qu’ils occupent actuellement… Ils ont besoin de financements alternatifs parce qu’il n’y a plus d’argent dans le football français. Si ça continue comme ça, l’écart entre la Ligue 1 et les grands championnats va continuer à se creuser. » En décembre 2014, Nelio Lucas, président de Doyen Sports annonçait son arrivée en Ligue 1 dans les colonnes de Challenges. L'homme d'affaires n'a pas menti puisqu'il est intervenu dans le mercato estival de l'Olympique de Marseille, comme il l'a raconté à Libération il y a quelques jours.

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« Cet été, j’ai contacté la Juventus, Porto, le Real Madrid, des clubs dont je suis l’ami. C’est ça que je fais, je facilite la vie ! Ils ont eu besoin du défenseur Rolando : en deux minutes, j’ai négocié ça avec Porto », a-t-il notamment indiqué, expliquant avoir également activement participé à la vente de Giannelli Imbula (23 ans) au FC Porto. Ces premiers pas de Doyen Sports en France inquiètent les instances. André Soulier, président de la commission juridique de la Ligue de Football Professionnel, s'est montré très méfiant à l'égard de la TPO dans les colonnes de France Football. «Pour que ce soit plus clair, il faudrait pouvoir déterminer l'origine de certains fonds, principalement étrangers. Il y a de plus en plus d'argent dans le football, c'est parce que les rendements sont impressionnants. Sans parler d'une certaine facilité à dissimuler des choses qui ne sont pas très propres. Il faut savoir d'où viennent ces millions pour que ces opérations, qui touchent notamment les transferts, ne soient pas des actions qui s'apparentent à du blanchiment d'argent et qui relèveraient donc du Code pénal. C'est-à-dire des sommes qui proviendraient de sources qui ne sont pas d'une pureté absolue», a-t-il confié.

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La LFP a une autre solution...

Pour cet avocat de métier, cette pratique est une manière détournée de faire ou de blanchir de l'argent. «La conséquence, c'est qu'il est aujourd'hui plus facile de faire de l'agent dans les zones troubles du football que d'aller braquer une banque ! Il est plus facile et moins risqué de se procurer des fonds dans le football pour mener des guérillas que d'aller attaquer un hypermarché ! Il est urgent de mettre en place des moyens forts de contrôle», a-t-il lancé, craignant pour l'équité sportive. «Au-delà de l'origine des fonds, de ces pratiques qui peuvent servir à dissimuler beaucoup de choses, ce système pourrait aussi avoir des conséquences sur la régularité des compétitions. Des groupements peuvent contrôler plusieurs joueurs dans des équipes opposées. À partir de là, on peut imaginer un tas de choses. Mais, surtout, le jackpot peut être à tous les niveaux. Je ne veux pas remettre en cause les joueurs qui peuvent être dans ce cas de figure. Mais il y a quand même peu de gens qui mordent la main de celui qui les fait manger. (...) Je veux savoir d'où vient cet argent, car c'est aussi un moyen de peser sur la carrière de ce joueur et sur les résultats qu'il est susceptible de donner», a-t-il indiqué.

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Il a ensuite lancé un avertissement de taille aux clubs de Ligue 1. «Nous sommes au début de l'histoire. On ne peut pas décupler les moyens financiers sans renforcer considérablement les moyens de contrôle. Il en va de l'équité sportive. Si les clubs français mettent le doigt dans l'engrenage, la main risque d'y passer», a-t-il lâché. Selon un rapport commandé par André Soulier lui-même, 73% des clubs professionnels français sont défavorables à la TPO. Toutefois, 38% de ceux ayant déjà été confrontés à cette pratique lors de transferts donnent un avis favorables... Pour les dissuader d'avoir recours à la TPO, Me Soulier a glissé une solution de repli. «Une banque peut parfaitement gérer ces financements. Contrairement à certains fonds opaques, elle est soumise à une série de contrôles, non seulement de la Banque de France, de la Banque centrale européenne, mais également des mécanismes de contrôle comme Tracfin (organisme d’État chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent). Mon petit doigt me dit d'ailleurs qu'on se préoccupe désormais de tout cela au ministère des Finances, mais également à celui de la Justice», a-t-il conclu. De quoi décourager Nelio Lucas et Doyen Sports ? Affaire à suivre.

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