Ligue des Champions : comment le Borussia Dortmund a mis fin au rêve européen du PSG

Par Josué Cassé
6 min.
La joie des joueurs du Borussia Dortmund après la qualification face au PSG. @Maxppp

Après avoir triomphé (1-0) au Signal Iduna Park mercredi dernier, le Borussia Dortmund a une nouvelle fois imposé sa loi au Parc des Princes (1-0) pour se hisser en finale de la Ligue des Champions. En attendant de connaître leur futur adversaire - le Bayern Munich ou le Real Madrid - les Marsupiaux peuvent se targeur d’avoir appliquer leur plan à la perfection…

Oui, les tirs sur les poteaux de Warren Zaïre-Emery (47e), de Nuno Mendes (61e), puis ceux sur la barre de Kylian Mbappé (86e) et de Vitinha (88e) auraient pu changer la face de l’Europe, qui plus est après les deux montants touchés, la semaine passée, au Signal Iduna Park. Pourtant, quelques heures après l’élimination du Paris Saint-Germain face au Borussia Dortmund aux portes de la finale (0-2 sur la double confrontation), le dénouement final de ce duel européen ne peut être attribué qu’au simple fait d’une maladresse parisienne aux abords de la surface adverse. «Pas besoin de dénigrer l’adversaire. Mais à mon humble avis, je pense qu’ils ont été supérieurs dans les deux surfaces. Après chacun fera ses analyses, mais la vérité, c’est qu’ils sont venus une ou deux fois chez nous et ont marqué, nous, on est souvent venus dans leur surface, sans réussir à marquer. C’est un constat implacable. Je n’aime pas trop parler de malchance, quand tu es bon, ça ne tape pas le poteau, ça va dedans. Aujourd’hui (mardi, ndlr) on n’a pas été assez bons dans un secteur où on nous attendait, nous les offensifs», analysait, à ce titre, Kylian Mbappé, critiqué pour sa nouvelle prestation insipide.

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Le BVB a provoqué sa chance…

Un constat lucide résumant, à lui seul ou presque, la vérité de ce choc au sommet. Réaliste aussi bien défensivement qu’offensivement, l’actuel 5e de Bundesliga est ainsi venu à bout du champion de France en titre, et ce malgré la confiance affichée par les ouailles de Luis Enrique à l’aube de cette demi-finale retour. Surpris par une réalisation de Niclas Füllkrug en terres allemandes et trop peu inspirés face au but (3 tirs cadrés malgré 14 tentatives…), les Rouge et Bleu ont finalement offert un triste bis repetita sous les yeux de leur public (5 tirs cadrés sur 30 tentatives), cédant sur une réalisation de l’immortel Mats Hummels (35 ans). «C’est presque surréaliste mais on a réussi à le faire. Nous avons mérité d’atteindre cette finale. On a réussi à gagner face à une équipe qui développe une telle force. Et on l’a fait sur deux matches. On a provoqué aussi un peu de chance. Je suis très fier de mon équipe et de tout le club (…) J’ai beaucoup de joie, c’est ce qui domine. Même si on aurait espéré avoir plus de succès en Bundesliga», se félicitait alors Edin Terzic, lui qui a commencé sa carrière d’entraîneur il y a à peine trois ans et demi.

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Comment alors expliquer une telle issue ? Plus que le manque de réalisme offensif affiché par les Parisiens (44 tirs sur l’ensemble des deux rencontres, 6 poteaux touchés, 0 but inscrit), le mérite revient avant tout au Borussia Dortmund. Dans cette optique, il convient de souligner le rendement défensif des Marsupiaux. Dans le sillage d’un Mats Hummels impérial dans son duel face à Kylian Mbappé et d’un Nico Schlotterbeck, décisif à l’aller et une nouvelle fois irrésistible au Parc des Princes, les joueurs du BVB n’auront jamais failli face à l’armada offensive francilienne. Rigoureux et unis, bien que souvent chanceux, les coéquipiers de Julian Brandt ont constamment trouvé la réponse adéquate face aux initiatives franciliennes. De Ian Maatsen à Julian Ryerson, les deux latéraux omniprésents de l’écurie allemande, en passant par un Gregor Kobel, inspiré dans ses interventions, ou encore Emre Can, précieux lors de ces demi-finales, le BVB a brillé par sa cohérence collective. Organisé en 4-3-3, le club de la Ruhr n’a ainsi jamais baissé la garde. Malgré un bloc bas et une pression constante du PSG, chaque homme constituant le système tactique dessiné par Edin Terzic s’est alors efforcé de remplir, avec passion, sa tâche.

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Des individualités marquantes, un collectif huilé

Une animation défensive parfaitement huilée, des prises à deux efficientes, une communication de tous les instants et un sens du sacrifice logiquement couronné de succès. À l’instar de Jadon Sancho et Karim Adeyemi, aussi bien focalisés sur leur rendement offensif que leurs obligations défensives (10 ballons récupérés et 2 interceptions à eux deux lors du match retour), le Borussia Dortmund s’est alors distingué par un collectif soudé, prêt à tout pour rallier Wembley. Dans la continuité de leurs performances réalisées lors de cette campagne européenne, les Allemands, par un pied, une tête, un tacle in-extremis, dégoutaient finalement les Rouge et Bleu. Outre un secteur défensif à la hauteur du rendez-vous, le BVB aura également fait preuve d’une simplicité offensive payante. Par un jeu vertical, rapide et sans fioriture, le club fondé en 1909 a, en effet, causé un grand tort au PSG, piquant sur la moindre opportunité. Lors du match aller, le BVB a d’ailleurs trouvé l’ouverture sur un long ballon envoyé dans le dos de la défense parisienne. Au retour, la faille est, quant à elle, venue d’un coup de pied arrêté, domaine dans lequel excelle cette formation.

«On y croyait. Après le huitième contre Eindhoven, on s’est dit que la route pour Wembley était plutôt courte. On le voit à la joie, mais on va prendre un peu de temps pour réaliser. On avait espéré la saison passée vivre de tels moments (Dortmund a perdu le titre de champion d’Allemagne à domicile lors de la dernière journée, ndlr) dans notre stade. Nos supporters étaient là pour nous soutenir après le match. On y est parvenu tous ensemble ! C’est de la pure gratitude, de la pure joie, et une extrême fierté», confiait d’ailleurs le technicien croate du BVB, forcément comblé d’avoir trouvé les clés tactiques face aux hommes de Luis Enrique. Et pour cause. Si le BVB a pu compter sur certaines individualités au-dessus de la moyenne (Mats Hummels, Jadon Sancho, Emre Can…), la symbiose exprimée sur le plan collectif restera l’un des principaux facteurs explicatifs de cette qualification. Une alchimie permettant alors aux Marsupiaux de bénéficier de ce petit brin de réussite supplémentaire. «On a tiré six fois sur le poteau (deux poteaux et deux barres), on a tiré 31 fois aujourd’hui (mardi) et on n’a pas marqué. C’est curieux le football mais il récompense celui qui marque et non celui qui tire sur les poteaux. Il faut féliciter l’équipe qui va jouer la finale», concédait, en ce sens, le technicien parisien.

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De l’ambiance incandescente du Signal Iduna Park mercredi dernier aux 2000 fans allemands présents dans l’enceinte parisienne, mardi soir, le BVB - sûr de ses forces - aura, enfin, pu compter sur le soutien inconditionnel de son public. Un apport là-aussi souligné par Terzic, grand architecte de cette qualification. «Après le match, c’est un moment avec beaucoup d’émotion. On a pu rendre tout ce que les supporters nous apportent. On espère ramener cette coupe maintenant à Dortmund. On n’a rien de prévu encore, mais la nuit va être très courte car on vit beaucoup d’émotions. Tout le monde fait la fête, je rate un peu ça car je suis en conférence de presse mais je suis sûr qu’on va vivre une très belle nuit. Je ne peux pas dire que le PSG avait trop de confiance. On sentait qu’ils étaient prêts à mettre beaucoup de force offensive. On savait qu’ils allaient être confiants, mais nous aussi on l’était. C’est ce qui compte pour nous. Peut-être que si on avait joué ce match dix fois, on ne l’aurait pas gagné dix fois, mais ce sont ces petits détails qui nous permettent d’être en finale». Des petits détails qui échappent encore aujourd’hui au PSG…

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