Lindsay Rose : « j’aimerais retrouver la Ligue 1 avant de terminer ma carrière »
Demain, l’île Maurice va affronter l’Afrique du Sud dans le cadre de la COSAFA Cup. Avec 17 capes au compteur, Lindsay Rose, qui a été élu homme du match lors du premier match face au Zimbabwe, est certainement le joueur le plus connu de cette sélection méconnue. À 33 ans, l’ancien joueur de Valenciennes et de l’OL transmet son expérience, mais aussi sa joie de vivre à un groupe qui grandit ensemble match après match. Pour Foot Mercato, le défenseur évoque son attachement à cette sélection. Il en a aussi profité pour évoquer son avenir à l’Aris Salonique, son mercato et son désir de revenir jouer en France. Entretien.

Foot Mercato : vous êtes actuellement avec la sélection de l’île Maurice. Comment ce rassemblement de juin se passe-t-il ?
Lindsay Rose : tout se passe super bien. Je suis actuellement en Afrique du Sud avec la sélection mauricienne afin de participer à la COSAFA Cup. On peut dire que c’est un peu la Coupe d’Afrique des Nations pour la partie sud de l’Afrique. Elle a lieu tous les ans et c’est la première fois que j’y participe. C’est plutôt une belle expérience.
FM : que représente à vos yeux cette sélection ?
L.R : la sélection représente beaucoup de choses pour moi. Du point de vue familial, du côté de mon père, j’ai des attaches mauriciennes qui sont très fortes. Chaque fois, je prends énormément de plaisir à aller là-bas, à apporter mon expérience et être au quotidien avec eux quand je le peux. J’essaye de leur apporter mon expérience et les outils, de les faire progresser pour, pourquoi pas, faire venir des joueurs mauriciens en Europe. Ça s’est déjà produit par deux fois.
FM : c’est une équipe nationale qui est un peu plus méconnue. Pouvez-vous nous en parler ?
L.R : c’est une petite île et une petite sélection qui n’a pas forcément beaucoup de moyens. Il n’y a pas beaucoup de joueurs mauriciens qui évoluent à l’étranger. On aimerait en avoir plus, mais c’est compliqué. On fait avec les moyens que l’on a. Il est vrai qu’il y a beaucoup de choses à développer dans cette fédération et ce football mauricien. C’est pour ça que je viens à chaque fois, afin d’apporter mon vécu. Mais c’est vraiment une expérience de vie incroyable. À chaque fois, j’apprends de nouvelles choses sur le quotidien des joueurs, sur ceux qui travaillent en même temps. Je prends une petite claque à chaque fois. Je relativise beaucoup quand je rentre de sélection.
Un parcours enrichissant à tous les niveaux
FM : vous essayez de transmettre votre expérience, vous qui êtes passé par Laval, Valenciennes, l’OL, Lorient et Bastia. Que retenez-vous de votre parcours en France ? Vos meilleurs et moins bons souvenirs ?
L.R: la France, c’est mon pays. J’y suis né. J’ai pris énormément de plaisir à évoluer en France. À un moment de ma carrière, il fallait que je parte à l’étranger. Je retiens le professionnalisme, la qualité des joueurs, la qualité des matches et des entraînements, la qualité des coaches. Aujourd’hui, la France me manque un peu du fait d’être parti longtemps à l’étranger. Mais c’est quand même une belle expérience de jouer à l’étranger (…) Le fait d’avoir pu évoluer en Champions League, d’avoir pu tutoyer le très haut niveau, c’était l’une des meilleures expériences que j’ai vécues. Dans chaque club, j’ai appris énormément. J’ai vécu des bons et des mauvais moments. Je me suis fait les croisés en France. Ce qui a été un mauvais moment. Mais le fait d’avoir tutoyé le très haut niveau avec de très grands joueurs, c’est ce qui m’a fait progresser et prendre de l’expérience très rapidement, étant jeune à ce moment-là. À chaque niveau, avec chaque coach, on apprend des choses.
FM : vous êtes notamment passé par Lyon. Quel regard portez-vous sur ce qu’il se passe au club ces dernières années depuis l’arrivée de John Textor ?
L.R: c’est un super club. La formation est exceptionnelle. C’est vrai que depuis que le président Jean-Michel Aulas est parti, on sent que le club a totalement changé de stratégie. En voyant ça un peu de loin, ça me fait un peu mal de voir ce club évoluer de la sorte. À présent, ça me paraît plus être un club business qu’un club avec une identité lyonnaise forte, qu’on aime ou qu’on n’aime pas. D’un point de vue extérieur, c’est assez étrange.
FM : revenons à vous, après la France, vous avez rejoint la Grèce et fait une petite escale en Pologne. Comment se sont passées vos expériences là-bas ?
L.R : ma première expérience grecque a été fantastique. J’ai découvert une nouvelle culture, un nouveau pays et une autre culture footballistique. J’avais besoin de ça dans ma carrière. J’ai trouvé ça exceptionnel en termes de temps de jeu. La qualité des matches était aussi intéressante. La Grèce m’a vraiment surprise d’un point de vue technique. Ensuite, j’ai été transféré au Legia Varsovie, qui est aussi un gros club où j’ai pu faire les qualifications pour la Ligue des Champions, l’Europa League et la Ligue Europa Conférence. Tout ça, ça a été de bonnes expériences. Encore une fois, j’ai pu découvrir une autre culture footballistique, avec un autre style de jeu. C’était très enrichissant, même d’un point de vue familial. Ma famille et moi avons pu apprendre différentes langues. Je ne regrette pas du tout. Ensuite, pour des raisons familiales, j’ai dû rentrer en Grèce. Cette période a aussi été intéressante. Là, je me sens bien. Mais je sens aussi qu’il y a un besoin de pourquoi pas revenir en France pour apporter cette expérience étrangère en France.
Il arrive à un tournant cet été
FM : actuellement, vous êtes à l’Aris Salonique. Quel regard portez-vous sur votre saison ?
L.R : il y a eu des petits problèmes en interne que je ne peux pas dévoiler et des décisions des coaches et du président qui ont fait que je n’ai pas pu jouer autant que je le souhaitais. Mais voilà, j’étais en bonne santé. Je pouvais aller jouer en sélection pour garder du rythme. Ce qui me permettait de rester positif puisque j’étais bien cette saison et que ce n’était pas forcément un choix lié à la performance qui faisait que je ne jouais pas. Je suis un peu déçu de cette saison. Mais comme je le répète souvent, on apprend chaque saison. Cette saison a été un apprentissage malgré mes 33 ans.
FM : vous arrivez à un tournant de votre aventure en Grèce puisque vous serez en fin de contrat dans un an, en juin 2026. L’idée est a priori de changer d’air.
L.R : oui, c’est sûr que je suis toujours ouvert à certains projets, notamment à un retour en France. Mais je n’écarte pas l’étranger. Je sais que j’ai des propositions pour aller jouer en Inde, à Chypre mais aussi pour rester en Grèce. J’ai toujours des portes de sortie. Malgré le peu de matches que j’ai joués, une dizaine, j’ai pu montrer des choses et que je suis encore là. Donc ça me permet de rester positif pour le futur. Mais comme vous l’avez dit, ça va être une période un peu transitoire pour moi. Soit il va falloir que je trouve un nouveau projet qui me permette d’exploiter mon potentiel et d’apporter mon expérience aux jeunes; soit je vais rester dans mon club et aborder la saison de la meilleure des façons. On est qualifiés pour la Ligue Europa Conférence donc on a beaucoup de matches et de compétitions à jouer.
FM : vous en avez un peu parlé, quels projets peuvent vous séduire ? La Ligue 1 ? la Ligue 2 ?
L.R : je reste une personne assez lucide. Je sais que ça reste un peu compliqué pour moi de rejoindre un top 10 de L1. Mais en même temps, je suis un gros compétiteur et je ne me fixe pas de limites. J’ai quand même cette expérience qui me permettrait de pouvoir apporter aux jeunes quelque chose de différent dans un groupe. Je penserai plutôt à la Ligue 2 avec un projet de montée en Ligue 1 ou un projet basé sur la jeunesse dans lequel je pourrais, encore une fois, apporter mon expérience. J’aimerais retrouver la Ligue 1 avant de terminer ma carrière. Donc ça passerait par une signature directe dans un club de L1 ou en signant dans un club de L2 qui vise une montée. Je ne suis pas fermé.
FM : vous avez dit que vous souhaitez retrouver la L1 avant de raccrocher les crampons. Pensez-vous déjà à votre reconversion ?
L.R : c’est simple. Le foot, c’est ma vie. Je vis football, je respire football. C’est sûr qu’après le football professionnel, il faut que je puisse rester là-dedans. Je ne sais pas encore où, mais aujourd’hui j’aime vraiment être à l’écoute des jeunes. J’écoute les signes, ce qui va m’être proposé dans l’avenir. De toute façon, c’est toujours comme ça dans la vie les choses arrivent naturellement. Aujourd’hui, je suis dans le comité directeur de l’UNFP donc je reste au contact aussi des joueurs, du syndicat. Mais je pense au football après le football.
FM : on a l’impression à vous écouter que vous finirez sur un banc ou en tant que dirigeant.
L.R : pourquoi pas. Honnêtement, j’ai cette fibre-là. On m’a même proposé de récupérer la sélection plus tard. Mais je compte encore jouer un maximum d’années. Je suis "jeune". Je ne peux pas dire ou me projeter en disant sur les deux prochaines années en disant je vais arrêter ma carrière. Mais maintenant, il faut aussi penser à l’avenir.
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