Crystal Palace : Patrick Vieira à la croisée des chemins

Par Maxime Barbaud
6 min.
Patrick Vieira du temps de l'OGC Nice @Maxppp

Ancienne gloire du championnat anglais, Patrick Vieira va retrouver la Premier League sur un banc de touche cette fois. Embauché par Crystal Palace, le champion du monde 1998 est attendu au tournant, lui qui sort d’une expérience en demi-teinte, pour ne pas dire ratée, à l’OGC Nice.

Le rêve de Patrick Vieira s’est enfin réalisé. À 45 ans, le champion du monde 1998 va entraîner en Premier League. Il a pris la tête de Crystal Palace ce dimanche, signant un contrat assez long puisqu’il est lié aux Eagles jusqu’en 2024. «Je suis vraiment ravi d’avoir cette opportunité de revenir en Premier League et de gérer ce grand club de football, alors que nous entamons un nouveau chapitre ensemble. C’est un projet qui m’attire vraiment, ayant beaucoup parlé avec le président et le directeur sportif de leurs ambitions et de leurs projets pour l’ensemble du club, y compris l’Académie. Le club a des fondations fantastiques en place après de nombreuses années en Premier League, et j’espère que nous pourrons apporter de nouvelles améliorations et continuer à faire avancer le club», expliquait-il dans le communiqué transmis par le club.

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Le choix Palace n’est pas dénué de sens, bien au contraire, mais il est surtout risqué. D’abord, il était loin d’être le premier choix du club anglais, qui espérait au départ Nuno Espirito Santo ou Rafael Benitez seulement, les deux hommes ont respectivement choisi Tottenham et Everton. Après le départ de l’expérimenté Roy Hodgson en fin de saison dernière, la direction cherchait avant tout un profil rompu aux joutes de Premier League. Pas vraiment le cas de Vieira. Des noms comme ceux de Frank Lampard, Eddie Howe, Steve Cooper ou encore Sean Dyche ont alors été évoqués, mais Palace s’est finalement rabattu sur un profil moins conventionnel et c’est Vieira qui a été choisi. Plus tôt dans l’été, ce dernier avait refusé le poste qui s’était libéré à Bournemouth en Championship.

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En réussite à New York City

Pour l’expérience du championnat anglais, Vieira est servi, cumulant 307 apparitions et trois titres remportés avec Arsenal (1996-2005) en tant que joueur. Pour ce qui est du banc de touche en revanche, c’est un novice. Il a dirigé 90 matches à la tête de New York City et 89 avec l’OGC Nice pour des résultats irréguliers (44% de victoires avec la franchise américaine, 39% avec le Gym). Pour sa première saison en MLS, il a hissé son équipe à la 2e place de la conférence est, après avoir mal démarré, pour s’incliner en demi-finale de conférence contre Toronto. Rebelote l’année suivante, avec une nouvelle place de dauphin à l’est et une élimination en demi-finale de conférence, par Colombus cette fois. Durant cette période américaine, il a pu coacher des stars sur le déclin comme Andrea Pirlo, David Villa et Frank Lampard, solidifiant un peu plus son CV, d’autant qu’il était apprécié.

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C’est à Nice qu’il pose ses valises pour une première expérience européenne à la tête d’un club professionnel. Fort de ses bons résultats en MLS, de son illustre passé de joueur et de formateur à l’académie de Manchester City, Patrick Vieira semblait être le profil idoine pour les Aiglons. Ces derniers sortaient de deux saisons très réussies avec Lucien Favre, qui a su mettre à profit le recrutement de Julien Fournier et son équipe, l’expérience de joueurs importants comme Balotelli et Jallet, et l’évolution de jeunes comme Sarr, Saint-Maximin ou Cyprien. Dans ce cadre pourtant idyllique, le nouvel entraîneur a du mal à trouver la bonne formule. Déjà, il doit régler le cas Balotelli avec qui il a été coéquipier à City. Après des semaines à essayer de lui faire retrouver le sourire, il finit par abdiquer et écarte l’Italien.

Des temps difficiles à Nice

Il n’est pas le seul responsable de ce premier échec. Avant lui, bon nombre de techniciens se sont arraché les cheveux avec le fantasque attaquant. Et puis la direction du club a voulu tenter de récupérer un chèque durant l’été, avant de rompre son contrat six mois plus tard. D’autres problèmes offensifs, Vieira va en connaître à Nice. Son équipe est prévisible, manque de dynamisme et d’inventivité. Et puis Myziane Maolida, son attaquant recruté au mercato, ne marque pas. Pour cette première saison, le club azuréen termine 7e de Ligue 1 avec la 2e meilleure défense du championnat ex aequo (35 buts encaissés), mais aussi la pire attaque (seulement 30 réalisations). L’entraîneur sait quel domaine travailler pour la saison suivante.

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Avec les renforts de Kasper Dolberg, Adam Ounas ou encore d’Alexis Claude-Maurice, Vieira est servi. Il faut dire que le l’OGC Nice vient d’être racheté par INEOS, aux moyens nettement plus élevés. Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier sont de retour aux affaires et mettent à plat leurs problèmes du passée avec le coach. Sur le terrain, les Aiglons galèrent avec 8 défaites lors de 16 premières journées. La solidité défensive a disparu, les trois recrues phares offensives ont beaucoup de mal et, plus que le bilan comptable, c’est le niveau de jeu qui inquiète. Au retour de la trêve pourtant, les choses commencent à s’améliorer timidement, mais la pandémie de covid-19 frappe déjà le monde et force le championnat à s’arrêter définitivement au soir de la 28e journée, après un succès sur Monaco. Nice n’a jamais été aussi bien classé, 5e, et se qualifie pour la Ligue Europa. Un vrai miracle.

Vieira attendu au tournant à Crystal Palace

Ce phénomène surnaturel ne se produira pas la saison suivante. Les choses se gâtent rapidement pour Vieira. Après un mauvais début de saison, notamment dans le jeu, et une terrible série de 5 revers consécutifs, il est démis de ses fonctions en décembre dernier. Éliminé prématurément de la Ligue Europa, Nice occupait la 11e place de Ligue 1. «Vous n’êtes jamais un vrai entraîneur tant que vous n’êtes pas viré», tentait de rassurer Arsène Wenger. L’ancien manager des Gunners n’a pas tort, mais le manque de progrès de l’OGC Nice en deux ans et demi interroge. Sous le mandat de Vieira, difficile de recenser un joueur ayant passé un cap. Ce sont pourtant ses qualités de formateurs qui ont fini de convaincre Crystal Palace, dont l’académie regorge de bons espoirs, selon la presse anglaise.

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«Ici, il y a la structure d’un grand club avec cette nouvelle installation, le nouveau centre de formation, vante Vieira durant son premier entretien aux médias des Eagles. Je pense que la fondation de ce club va me permettre de donner le meilleur de moi-même. J’ai passé quelques années à City, et travailler avec certains des meilleurs jeunes joueurs du pays m’a vraiment appris à comprendre ce dont vous avez besoin pour développer un jeune talent. Mais je pense que ce club a une très bonne réputation en la matière, quand vous voyez tous les joueurs passés par l’Académie avant l’équipe première.» Aussi, réussira-t-il à convaincre les courtisés Zaha et Eze de rester, alors que l’entame du championnat s’annonce compliquée (Chelsea, Brentford, West Ham, Tottenham et Liverpool pour commencer) ? Patrick Vieira se trouve déjà à la croisée des chemins et n’aura pas vraiment le droit à l’erreur s’il veut entrer dans une autre catégorie d’entraîneur.

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