La multipropriété de clubs, réelle opportunité ou véritable menace ?

Par Josué Cassé
17 min.
Todd Boelhy, le propriétaire de Chelsea @Maxppp

Récemment racheté dans sa totalité par le consortium d’investisseurs américains BlueCo, le Racing Club de Strasbourg met en exergue la croissance exponentielle d’un phénomène : la multipropriété de clubs. À l’image de la formation alsacienne, de plus en plus de clubs français et européens sont ainsi détenus par des investisseurs qui en possèdent d’autres. Bien qu’entièrement légales, ces situations laissent cependant craindre des conflits d’intérêts, menaçant par ailleurs l’équité sportive et l’identité de certaines structures. Explications.

«On ne valse pas avec un géant, sans qu’il vous écrase un peu les pieds», se plaisait à dire Claude Lelouch, illustre réalisateur français, dans «Itinéraire d’un enfant très gâté». Embarqués dans cette danse infernale, de nombreux clubs français cèdent pourtant à la multipropriété de clubs, un phénomène en pleine expansion dans l’univers du football. À l’image du Abu Dhabi United Group for Development and Investment (ADUG), propriétaire du City Football Group qui détient Manchester City comme tête de gondole et onze autres clubs de différents types un peu partout sur la planète, le Paris Saint-Germain, l’Olympique Lyonnais, le Clermont Foot 63, l’OGC Nice, le Toulouse Football Club, le FC Lorient, l’AS Monaco, le FC Metz, le RC Lens et désormais le Racing Club de Strasbourg sont, aujourd’hui, détenus par des investisseurs possédant d’autres écuries. Après la tierce propriété de joueurs ou TPO (third party ownership), soit la cession à un ou plusieurs tiers (agent sportif, entreprise d’investissement ou autre) de droits économiques d’un joueur, le MCO, pour multi-club ownership, poursuit son ascension fulgurante.

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La Ligue 1 à l’heure de la multipropriété !

Dans la lignée du modèle proposé par le CFG (City Football Group), QSI, Ineos, Eagle Football, Redbird ou encore la société 777 Partners qui possède désormais six clubs avec le Genoa (Serie B), Vasco de Gama (D1 brésilienne), le Standard de Liège (D1 belge), Melbourne Victory, le Hertha Berlin (Bundesliga), le Red Star (National) et une participation (12 %) dans le Séville FC (Liga), tendent alors à révolutionner le football de compétition. Encore marginale dans l’Hexagone il y a quelques années, la multipropriété s’implante, aujourd’hui également, largement en Ligue 1 où neuf formations sont ainsi concernées par la tendance observée. À l’instar d’Eagle Football de John Textor, le nouveau propriétaire de l’OL qui possède aussi le RWD Molenbeek (D2 belge), Botafogo (D1 brésilienne) et 40 % de Crystal Palace (Premier League), d’autres clubs de l’élite du football français optent pour ce virage. Dernier exemple en date ? Le Racing Club de Strasbourg Alsace. Composé de Todd Boehly, déjà propriétaire de Chelsea, Hansjörg Wyss, investisseur suisse et Mark Walter, patron de Guggenheim Partners, BlueCo, consortium soutenu par le fond Clearlake, a ainsi récupéré 100% des parts de la formation alsacienne avec une offre impossible à refuser pour les anciens actionnaires du RCSA qui avaient porté le club aussi loin qu’ils le pouvaient économiquement parlant. Comment expliquer un tel essor ?

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«Ce modèle s’explique par le besoin de financement du sport et par l’opportunité pour des entreprises, des fonds de profiter de la croissance du football. Elle permet de répartir les coûts, d’avoir des économies d’échelle, des possibilités de synergies sur tous les postes de dépenses et de mutualiser les compétences. Elle a un intérêt financier et économique car elle permet de garder les joueurs et de les faire évoluer dans la galaxie, de les faire monter en valeur et de soi-même décider de la valeur et de l’exposition du joueur. Elle n’a finalement que des avantages si on se place du point de vue des groupes», nous précisait dans cette optique Jean-Baptiste Guégan, spécialiste de la géopolitique du sport et auteur dernièrement de Qatar, dominer par le sport, aux éditions Bréal. Si la multipropriété permet donc de créer des synergies de manière générale sur les différents services du club, elle entraîne parallèlement le passage de sociétés territorialisées à des sociétés qui sont détenues par des holdings (une société ayant pour vocation de regrouper des participations dans diverses sociétés et d’en assurer l’unité de direction, ndlr). Médiatisé ces dernières semaines, le mécanisme observé date pourtant des années 1990, avec notamment ENIC, un groupe qui possédait des parts dans l’AEK Athènes (70 %), le Slavia Prague (54 %), Vicence (75 %) et le FC Bâle (55 %) avant de racheter une partie de Tottenham en 2001. De quoi interroger sur le coup de projecteur «soudain» donné à la multipropriété…

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«On commence à s’en émouvoir depuis que Manchester United est sur le point d’être racheté par le cheikh Jassim ben Hamad Al Thani et donc le PSG qui est le fleuron du championnat de France, la locomotive de la Ligue 1 comme aime le rappeler Vincent Labrune est, peut être, en train de se vassaliser et potentiellement de passer second dans la hiérarchie d’une galaxie», analysait, de son côté, David Gluzman, banquier spécialisé en financement structure. Observable à l’échelle internationale, cette volonté de développer la marque d’un club par la création de formations franchisées dans des ligues étrangères croît donc de façon exponentielle en Ligue 1. Une tendance expliquée par le prisme de deux principaux facteurs. D’une part, la Ligue 1 reste «la Ligue de développement la plus intéressante», nous confiait Jean-Baptiste Guégan avant d’ajouter : «le marché français est le premier marché de producteurs de joueurs internationaux du monde. Il y avait plus de la moitié des joueurs de la dernière Coupe du Monde qui ont été formés en France. C’est un marché à conquérir. Avoir un club en L1, c’est se garantir l’accès au marché, sa connaissance, l’accès à l’extrême maillage du territoire qui fait la force du football français et a des compétences reconnues en formation qui ne s’expriment pas dans le palmarès des clubs mais qu’on va retrouver au niveau des potentiels à transférer et à valoriser». Outre le potentiel offert par le championnat de France, le coût d’entrée permet également de comprendre l’arrivée massive de ces investisseurs, prêts à se constituer un portefeuille composé de plusieurs clubs.

Un modèle au service de la mutualisation des compétences !

«Nos clubs ne sont pas armés et n’ont pas de soutien de grands groupes français qui sont internationaux. Nos clubs sont vulnérables. La L1 a besoin de financements, elle est fragile, elle n’est pas protégée contre ce type d’investissements alors que les clubs devraient être considérés comme stratégiques et donc ça en fait du point de vue sportif quelque chose d’intéressant et du côté économique, quelque chose de très accessible car c’est bien moins cher qu’un club de Premier League et c’est beaucoup mieux structuré donc intéressant en termes de compétences. En plus, la question de la multipropriété à l’UEFA n’est pas tranchée, elle est encore regardée de manière bienveillante, là où la multipropriété de joueurs avait été brocardée». Plus que les synergies rendues possibles - sans parler des enjeux économiques et capitalistiques qu’elle sous-tend - la multipropriété et l’inaction des instances vis à vis de cette dernière interroge. Véritable menace pour la souveraineté et la compétitivité du football français ? Une chose est sûre, des conflits d’intérêts éventuels à l’équité sportive en passant par la perte d’identité de certaines structures, le modèle du MCO présente de nombreuses dérives.

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Par le poids du passé, nous pouvons, dans un premier temps, reconnaître que ce système n’a pas forcément connu que des réussites. Il suffit, à ce titre, de prendre l’exemple de Troyes, relégué en Ligue 2, ou encore de l’échec cuisant de la stratégie individuelle menée par un investisseur saoudien, via United World, à Châteauroux. S’il convient, par ailleurs, de dissocier notre analyse en fonction de la position occupée dans la galaxie (le PSG avec Braga vs Strasbourg avec Chelsea), le modèle de la multipropriété pose une première limite concernant l’équité sportive via un système de valorisation artificielle des joueurs rendu possible. «Le fait que des joueurs deviennent des salles de marché et des ligues de développement sur le modèle de la G-League en NBA. Cela veut dire que les décisions ne sont plus sportives mais liées au potentiel développement du joueur, certes sportif, mais aussi économique. Ça peut donner lieu à des arbitrages qui sont défavorables au club qui les accueille. On le voit à Lorient dès que le rachat a eu lieu, on a vu deux des joueurs majeurs partir pour des raisons financières», illustrait, en ce sens, Jean-Baptiste Guégan. Et les exemples sont nombreux.

La multipropriété, des dérives en tout genre !

Relancé sur la question, David Gluzman avançait, pour sa part, deux exemples à l’échelle nationale. «À Nancy, cette multipropriété a entraîné des choses totalement lunaires et les clubs de Ligue 2 auraient pu partir sur une action en justice. Il suffit de prendre l’exemple de Mickaël Biron, il a été acheté par Ostende, le club filiale de Nancy, pour 5 millions d’euros et prêté gracieusement dans la foulée à Nancy. 5 millions d’euros pour un club de Ligue 2 c’est énorme, c’est la moitié du budget de Pau donc c’est un sacré avantage concurrentiel. Troyes, de son côté, dépense 20 millions d’euros pour des raisons inconnues. Les dirigeants achètent Savinho en provenance de l’Atlético Mineiro et le prêtent directement au PSV Eindhoven qui ne fait même pas partie de la galaxie. L’année d’avant, tu mets plus de 5 millions d’euros sur Metinho qui n’a jamais joué avec Troyes et qui, aujourd’hui, s’épanouit apparemment à Lommel, en milieu de tableau de deuxième division belge. Et tu as Amar Fatah qui est également à Lommel, un club satellite du City Football Group, acheté 5 millions d’euros et qui a joué 96 minutes toutes compétitions confondues avec l’ESTAC. Pour les supporters, c’est scandaleux». Conséquence directe, de cette trop grande permissivité ? Le possiblement dérèglement du marché des transferts.

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En étant lié aux stratégies d’une holding, et non plus d’un club isolé, la construction de la valeur de marché d’un footballeur pourrait, en effet, totalement être biaisée, laissant place à de dangereux excès. Imaginons, à ce titre, un joueur lambda qui est dans le City Football Group. Sous les couleurs de Melbourne, ce jeune espoir australien est envoyé à Yokohama pour une saison où il va gagner en expérience en jouant tous les matchs. Il est par la suite transféré à Manchester City où il va jouer un ou deux matches. Il aura donc joué en Premier League et va ainsi prendre 30 % au niveau de sa valeur. Pourtant, il n’a jamais valu ce prix-là mais si vous arrivez derrière à le vendre parce que la fixation du prix d’un transfert reste très artificielle et non objective, on peut donc se retrouver avec un marché des transferts biaisé. «Il y a des intérêts comptables également avec des joueurs qui sont sur valorisés, des joueurs qui partent pour des sommes inconséquentes. C’est le cas actuellement avec les liens entre Chelsea et la Saudi Pro League. Un club ne va plus choisir pour lui mais pour son propriétaire et en fonction du club au centre de la galaxie, ça va forcément affecter les choix et restreindre les libertés», ajoutait Guégan.

Malgré l’existence d’une chambre de compensation à la FIFA visant à réguler le système des transferts, la multipropriété ouvre également la porte aux malversations, au contournement des règles du fair-play financier et à toutes autres manœuvres pernicieuses (des agents qui se servent sur un transfert d’un autre club), pouvant déséquilibrer l’écosystème. «La multiplicité des acteurs liée à cette multipropriété n’aide pas à la lisibilité, à la clarté et à la probité du football, encore moins au bien-être des joueurs. Il y a aussi un vrai impact sur de possibles blanchiments et détournements d’argent. Si un propriétaire ne peut plus payer, ce n’est pas un club qui tombe mais tous les clubs», précise, en ce sens, notre intervenant spécialisé en géopolitique avant de pointer du doigt les risques de conflits d’intérêts en s’appuyant sur l’exemple lyonnais. «N’ayant pas l’argent pour racheter le club, Textor vend le joyau avec l’OL Féminin et on n’est pas à l’abri de conflits d’intérêts majeurs. On est pas à l’abri de grandes catastrophes et je pense qu’on ne le mesure pas assez. On est pas à l’abri de voir des clubs disparaître à cause d’une mauvaise gestion des holdings. Il suffit de voir ce que certains acteurs étrangers ont fait dans certains clubs comme les Japonais à Grenoble même si on était pas dans un système de multipropriété mais la question se pose».

Le règne du doute est engagé !

Dernière digue de la financiarisation de ce sport, la multipropriété, par la constitution de conglomérats mondiaux, renforce ainsi la dimension inégalitaire du football européen, qui nécessite des moyens économiques de plus en plus colossaux pour rester compétitif. «Le risque est que le football devienne une compétition de holdings. Les stratégies à l’intérieur ne sont plus des stratégies sportives mais pilotées par d’autres raisons et je ne suis pas sûr que le sport en sorte grandit», avouait Guégan avant de présenter le risque géopolitique autour de ce modèle : «c’est aussi la porte ouverte à des actifs qui viennent de pays qui peuvent ne pas être des alliés, qui peuvent ne pas avoir les mêmes valeurs. Qu’est ce qui se serait passé si la Russie avait détenu des parts dans des clubs français ? Dans des holdings de la sorte ? C’est une question… On voit ça aussi avec le Qatar, l’Arabie saoudite». Outre les dérives comptables, les conflits d’intérêts et la possible dérégulation du marché des transferts, cette multipropriété pose également le problème d’une équité sportive bafouée. «On touche à l’éthique et à l’attractivité du jeu avec cette multipropriété. Demain, si on a un PSG-Manchester United en demi-finale de Ligue des Champions, qui va croire à la sincérité du résultat ?» résumait, simplement, David Gluzman, chroniqueur dans le Comex, émission d’11e Art.

Définissant la multipropriété comme «le règne du doute sur la sincérité des transferts, sur les résultats et les politiques sportives», ce banquier spécialisé en financement s’alarmait, par ailleurs, de la perte d’identité des clubs embarqués dans cette multipropriété. Et pour cause. Force est de constater que cette progression contraste avec la perte d’identité progressive de ces entités sportives. Dans cette optique, une partie des supporters déplore d’ailleurs la disparition des valeurs de leur club au profit d’une puissance financière supérieure, quand d’autres, placé du côté des «locomotives» de la galaxie, aimeraient voir l’argent davantage investi dans leur équipe, plutôt que dans les clubs satellites. «Aujourd’hui, quand j’entends les supporters strasbourgeois qui me disent que ce n’est pas pareil que Troyes, que le RCSA a une histoire. Si c’est pareil. C’est le même argument que Gary Neville dans son interview avec Alexander Ceferin qui avance que Manchester United est un club du peuple et que ça le préservera de toutes les dérives. Le PSG n’avait pas d’histoire avant l’arrivée du Qatar ? Manchester City n’avait pas d’histoire avant de se faire racheter par Abu Dhabi ? Bien sûr que si».

Brighton avec l’Union Saint Gilloise, le RB Leipzig avec Salzbourg, bienfaits à la marge !

Pour autant et afin de contrebalancer le tableau noir dressé autour de cette multipropriété, multipliée par 18 en 10 ans, David Gluzman avançait deux exemples «heureux» sur les 180 cas faisant partie d’une galaxie multi-clubs : «Brighton et l’Union Saint Gilloise avec des synergies évidentes et Leipzig avec Salzbourg. Derrière Red Bull, il y a des hommes avec Dietrich Mateschitz qui est malheureusement depuis décédé. Derrière Brighton, il y a aussi un homme avec Tony Bloom. Il y a une vision, un investisseur local qui sait ce que veut dire la notion de communauté et qui respecte ça. Le développement où l’identité est respectée est une bonne chose. QSI, le City Football Group qu’est ce qu’ils en savent de cette identité de club ? Il y a la multipropriété humaine et la multipropriété déshumanisée, il faut donc dissocier cela». Malgré tout, l’inquiétude est de mise : «pour l’exemple de Strasbourg, si je m’étais fait racheter par Tony Bloom j’aurais été rassuré mais là en cédant 100 % des parts au fonds d’investissement, je suis inquiet. Marc Keller n’aura plus aucun poids dans le club. Les seuls gagnants dans cette histoire, ce sont les actionnaires qui vendent et prennent leur argent. Ce n’est pas sportif mais purement financier. Ce mécanisme d’un fonds d’investissement qui vient racheter Strasbourg alors qu’il a déjà Chelsea, ça permet de supprimer le risque intermédiaire. J’achète beaucoup de joueurs, je les prête à Portimonense pour les moins bons et à Strasbourg pour ceux qui sont un peu au-dessus, si certains explosent, je les récupère et pour les autres, je laisse les choses se faire. C’est un système où l’un règne et les autres clubs de la galaxie sont totalement vassalisés».

Une vassalisation desservant, par ailleurs, le spectacle proposé aux amoureux du football où cette multipropriété aura alors tendance à «concentrer les talents au même endroit et à piloter les carrières des joueurs non pas en fonction de leurs intérêts propres, ni en fonction des clubs mais des holdings», remarquait Jean-Baptiste Guégan. De quoi poser la question de son encadrement… «C’est un système qui mérite beaucoup plus d’encadrement. Il y a une trop grande permissivité, on est sur la même tendance que la TPO et la tierce propriété des droits économiques des footballeurs, ça a mis du temps à se réguler et on a vu les conséquences et les dégâts que ça a pu causer notamment avec Carlos Tevez (la tierce propriété devint très médiatique en Angleterre en 2006 lorsque Carlos Tevez et Javier Mascherano furent transférés à West Ham United en provenance du club brésilien des Corinthians. Le club anglais fut accusé de violer les articles U6 et U18 proscrivant la détention par une tierce partie des droits d’un joueur et fut condamné en 2007 par la FA à une amende de 5,5 millions de livres, ndlr). Ça devient un sujet politique et aujourd’hui il n’est pas tranché, ni par les instances du football, ni par les instances politiques européennes».

L’inaction des instances inquiète !

Récemment interrogé sur le système de multipropriété, le patron slovène de l’UEFA, Aleksander Ceferin, laissait même la porte ouverte à une plus grande tolérance. «Nous devons parler de ces réglementations et voir ce qu’il faut faire à ce sujet. Il y a de plus en plus d’intérêt pour cette multipropriété. Nous ne devrions pas simplement dire non aux investissements pour la propriété de plusieurs clubs, mais voir quel type de règles nous fixons dans ce cas, car les règlements doivent être stricts». Si l’instance - engagée dans un bras de fer avec le Real Madrid, le FC Barcelone et la Juventus Turin, trois clubs qui essaient encore de lancer une Superligue européenne dissidente - n’a pas forcément l’intention d’assouplir sa réglementation, comme indiqué par L’Equipe, aucune mesure de restriction n’est en revanche avancée. Une inaction dangereuse selon Jean-Baptiste Guégan : «les instances n’ont pas pris en compte tous les risques systémiques que ça peut poser. Elles regardent plutôt le bilan financier et l’opportunité de croissance mais elles omettent le risque stratégique et géopolitique. On le voit notamment avec le PSG et le risque fou des supporters marseillais qui espèrent être repris par des Saoudiens avec le danger d’une instrumentalisation géopolitique».

À l’heure où l’essor de la multipropriété interroge la LFP et son président Vincent Labrune qui assurait que «des problèmes en matière de compétitivité, de spectacle et de performances européennes» pourraient intervenir si «tous les clubs de L1 devenaient des filiales de clubs anglais», David Gluzman propose, alors, des solutions envisageables. «Les clubs assurent que ce n’est pas pour une logique d’ajustement comptable ou pour contourner le fair-play financier mais simplement pour échanger des méthodes de travail. Pourquoi l’UEFA n’interdit pas dans ce cas-là les mouvement intra-clubs ? Si c’est simplement pour faire des économies d’échelle, pas besoin d’échanger des joueurs entre les clubs d’une même galaxie ? Et là on verrait la réaction des multipropriétaires. La solution évidente - qui n’empêche pas de faire perdurer la multipropriété - serait donc d’interdire les transferts entre deux clubs disposant du même actionnaire et de graver dans le marbre que deux clubs d’une même galaxie ne peuvent pas disputer la même compétition européenne (exemple de Toulouse et l’AC Milan, détenus par le même actionnaire et qualifiés pour la Ligue Europa, ndlr). Plus encore, si les instance souhaitent autoriser les échanges entre deux clubs d’une même galaxie, alors il faudrait que ces mouvements ne soient pas comptabiliser dans le calcul du fair-play financier». Reste désormais à voir si les instances se saisiront réellement de la problématique, au risque de voir l’équilibre du football mondial - et de son spectacle - remis en cause.

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