Espagne - Chili : les notes du match
Sensation au Maracana ! Cartonnée par les Pays-Bas, l'Espagne n'a pas su relever la tête et s'est inclinée face au Chili (0-2). Les champions du monde en titre sont éliminés du Mondial !

Battue, humiliée par les Pays-Bas (1-5) lors de son entrée en lice dans ce Mondial 2014, l’Espagne, tenante du titre, jouait déjà sa survie dans la compétition face au Chili. La Rojita, une sélection que la Furia Roja avait péniblement battu (2-1) lors des phases de poules quatre ans plus tôt en Afrique du Sud. Touché par la défaite inaugurale de son équipe, le sélectionneur Vicente del Bosque a procédé à deux changements. En défense, le Bavarois Javi Martinez a remplacé un Gerard Piqué mal en point physiquement, tandis qu’au milieu le Blaugrana Pedro a été préféré à un Xavi sans doute affecté par l’annonce de son départ du Barça.
Des changements qui n’ont été d’aucune efficacité. Dos au mur et sommés de réagir par la presse ibère, les hommes de del Bosque ont très rapidement été mis dans le bain bouillant d’un Maracana totalement acquis à la cause chilienne. Pris à la gorge par les partenaires d’Alexis Sanchez, les tenants du titre ont mis moins de deux minutes pour concéder une double occasion adverse signée Sanchez et Jara (1e). Privée de son maître à jouer (Xavi), l’Espagne peine à développer son jeu, a raté un grand nombre de passes et s'est faite bouger dans les duels. Seuls un duel entre Alonso et Bravo ainsi qu’un tir de Costa frôlant le poteau droit chilien (27e) ont fait se lever les supporters ibères (15e). Pour le reste, le gardien chilien n’a pas eu grand-chose à faire si ce n’est se détendre pour capter les quelques tentatives des champions du monde en titre sur coups de pied arrêtés.
L'Espagne, le 4e champion du monde en titre à être éliminé en phase de poules
En face, la vivacité chilienne a posé de nombreux problèmes. Durs sur l’homme, mais excellents dans leurs pressing, les hommes de « l’équipe de tous » (l’un des surnoms de la sélection chilienne) ont profité des moindres erreurs adverses pour faire mal en contre. C’est d’ailleurs sur un contre éclair suite à une mauvaise passe en retrait d’Alonso que Vargas profite d’un bel échange collectif pour se jouer de la défense et ouvrir le score (0-1, 20e). Toute l’Espagne attendait une réaction d’orgueil, c’est raté. Pire, le Chili a remis ça juste avant la pause. Peu en vue sur le premier but, Casillas a récidivé en repoussant plein axe un coup franc de Sanchez repris victorieusement par Aranguiz (0-2, 43e). Le coup de massue. A cet instant, l’Espagne est éliminée alors qu’il lui reste un match à disputer.
Au retour des vestiaires, on pensait alors assister à un dernier baroud d’honneur des tenants du titre. Il a bien eu lieu. Mais ce soir, il était écrit que rien ne sourirait à la Roja qui, en six minutes, a vendangé trois grosses occasions de but par Costa, Ramos et surtout Busquets (48e, 53e, 54e). Obligée de prendre tous les risques pour espérer ce que les médias locaux adorent appeler une « remontada », la bande à Ramos a fait le siège du but de Bravo. Insuffisant face à l’envie, parfois un peu trop agressive, de toute une sélection chilienne revenue dans sa moitié de terrain défendre. Le défi était trop difficile à relever pour une Seleccion impuissante et démotivée au fil des minutes. Toujours aussi actifs sur le terrain, les Chiliens auraient même pu corser l’addition par Isla (68e). Au coup de sifflet final, le Maracana a à nouveau été le théâtre d’un incroyable scénario. Après le « maracanazo » de 1950, l’antre brésilienne a donc assisté à l’élimination prématurée des champions du monde en titre. Le Chili rejoint les Pays-Bas en huitième de finale avant même la fin de la phase de poules (6 points chacun, 0 pour l'Espagne et l'Australie). La Seleccion, elle, rejoint la liste des champions du monde en titre sortis avant les matches à élimination directe après l’Italie (1950, 2010), le Brésil (1966), et la France (2002). Une triste fin pour une équipe qui domine la planète football depuis 2008 et qui va désormais se préparer à défendre son titre de double champion d’Europe. Une page s’est peut-être tournée.
Homme du match : Vargas (8) : auteur de son premier but dans la compétition au terme d’une magnifique action collective (20e), le buteur de 24 ans aura fait un match presque parfait. Décontenançant de par ses appels dans le dos de la défense espagnole, il a également su faire jouer ses partenaires et aura très souvent privilégié la solution collective. Avec plus de réussite, il aurait même pu inscrire un autre but. Appliqué, il n’a jamais oublié le repli défensif. Remplacé par Valdivia (84e).
Espagne :
Casillas (3) : pointé du doigt lors de la déroute face aux Hollandais, le capitaine espagnol n’a pas vraiment répondu présent. Fébrile derrière une défense qui a rapidement montré des signes de faiblesses face à la vivacité adverse, il a facilement été éliminé d’un crochet sur l’ouverture du score (19e). Fautif sur un coup franc renvoyé dans l’axe et qui a amené le second but chilien (43e). Une triste fin pour ce qui est sans doute sa dernière compétition internationale.
Azpilicueta (4) : en difficulté face aux virevoltants attaquants chiliens, il n’a jamais pu apporter offensivement. Souvent bousculé physiquement dans les duels, il a eu le mérite de ne jamais vraiment lâcher.
J. Martinez (3,5) : remplaçant attitré de Piqué suite à la noyade du Blaugrana contre les Oranjes, il n’a pas été plus rassurant pour autant. Impuissant en deux contre un sur l’ouverture du score (19e), il a souffert face au duo Vargas-Sanchez sur chaque incursion dans la surface. Un manque de rapidité criant.
Ramos (3,5) : épargné par del Bosque dans le remaniement effectué, le Madrilène n’a jamais su confirmer son statut de champion d’Europe. Rapidement éliminé sur l’ouverture du score (19e), il a certes eu une belle occasion de but sur coup franc, mais c’est tout. Dépassé de tous les côtés.
Alba (3,5) : à l’instar d’Azpilicueta, il n’a quasiment jamais pesé offensivement alors que son équipe ne parvenait pas à déstabiliser le bloc défensif adverse. Il a d’ailleurs fallu attendre la 50e minute pour le voir alerter Bravo pour la première fois du match. Mais c’était déjà trop tard.
Busquets (4) : comme à son habitude il a tenté de répondre au défi physique de l’adversaire. Mais ce soir, le collectif chilien a été trop fort pour lui. Il a surtout raté une énorme occasion de but (54e) sur une offrande de Costa qui aurait pu relancer les siens.
Alonso (2) : unique buteur espagnol face aux Pays-Bas, l’habituel maestro du Real et de la Roja est passé à côté de son match. Il a perdu un duel face à Bravo (15e) avant d’être à l’origine de l’action de l’ouverture du score suite à une mauvaise passe en retrait. Remplacé à la pause par Koke (45e). Le jeune talent de l’Atlético Madrid n’a pas spécialement pesé sur le jeu en seconde période.
Iniesta (4,5) : a tenté de prendre les choses en main après l’ouverture du score en multipliant les courses dans l’axe. Peu après le retour des vestiaires, il a offert une belle balle de but gâchée par Costa (48e). L’un des rares de son équipe à avoir trouvé les rares espaces laissés par les Chiliens pour créer des situations intéréssantes.
Pedro (4) : sur son aile droite, ses changements d’appui ont parfois déstabilisé la défense adverse, mais jamais il ne s’est montré dangereux face au but et n’a offert aucun ballon de but. Remplacé par Cazorla (76e).
Silva (4) : a distillé quelques ballons pour Costa, mais sans plus. Obligé d’aller au mastic pour conserver le ballon, il n’a pu faire étalage de son talent de passeur hors-pair. Il a beaucoup tenté, mais n’a quasiment jamais trouvé ses partenaires d’attaque.
Costa (4) : avec l’Atlético Madrid, il a vécu une saison de rêve (Liga, finale de LdC). Sous le maillot de la Roja, cette coupe du Monde fut un cauchemar. Une nouvelle fois hué par tout le stade, il s’est battu comme un chien face aux rugueux Chiliens. Il a même offert une énorme balle de but à Busquets (54e). Mais son terrible manque d’efficacité face aux cages de Bravo (15e, 27e, 48e) a fait mal à une Espagne qui aurait pu espérer revenir au score. Remplacé par Torres (64e).
Chili :
Bravo (7,5) : peu sollicité en première période hormis sur une parade exceptionnelle devant Alonso, le portier de la Real Socidead a brillé grâce à des sorties aériennes promptes et efficaces. Peu à l’aise dans son jeu au pied, il s’est montré décisif en fin de rencontre devant Cazorla (81e, 89e) et Iniesta (85e). Très précieux, il a tout bonnement été impeccable ce soir.
Jara (7) : pas forcément attendu à ce niveau, le défenseur de Nottingham Forest a tout bonnement été excellent. Mis sur de bons rails par une bonne occasion de la tête dès le début du match (2e), le natif de Santiago a ensuite été intraitable en défense, s’occupant bien des débordements de Pedro. Bonne qualité de relance également.
Silva (6) : moins technique que ses partenaires de la défense, l’habituel milieu défensif a su rester concentré pour contrer les offensives adverses. Pas toujours victorieux dans les duels, il a bien soulagé les siens par des dégagements bien sentis. Sérieux.
Medel (7,5) : relégué avec Cardiff cette saison, Medel se console avec un début de Coupe du Monde excellent. Ce soir, il a totalement éteint les créateurs de la Roja, s’occupant parfaitement d’Iniesta et de Diego Costa notamment, et aura fait preuve d’une finesse rare dans la relance. Omniprésent défensivement, il a multiplié les interventions salvatrices. Une excellente prestation.
Mena (7) : dans la lignée de son premier match, le latéral de Santos a une nouvelle fois livré une très belle partie. Impassable sur son couloir, il a fait vivre un calvaire à ses adversaires et se sera montré très précis dans la relance. Le natif de Viña del Mar a également proposé plusieurs mouvements très intéressants vers l’avant.
Aránguiz (7) : énorme prestation de la part du milieu de terrain de 25 ans. Agressif au pressing sur le porteur de ballon, il a fait montre d’une conduite de balle remarquable, faisant bien circuler le ballon. Capable de fulgurances techniques pour bien sortir le ballon, il est l’auteur du second but des siens d’un joli pointu (43e) après une frappe mal repoussée par Casillas. Remplacé par Gutierrez (64e).
Díaz (7) : quelle activité dans l’entrejeu ! Ce soir, le milieu de terrain du FC Bâle a fourni un très gros travail à la récupération, appliquant un pressing de tous les instants sur le porteur du ballon adverse. Agressif dans les duels, c’est lui qui a dicté sa loi au milieu de terrain.
Isla (6,5) : le très polyvalent chilien de la Juventus Turin n’a cessé de proposer des débordements intéressants depuis son côté. L’un deux, ponctué d’un superbe une-deux avec Sanchez, est d’ailleurs à l’origine de l’ouverture du score du Chili. Défensivement, il a également été très précieux, s’offrant même un sauvetage devant Diego Costa au retour des vestiaires (48e).
Vidal (7) : positionné plus haut que ce dont il a l’habitude en club, en meneur de jeu, il a parfaitement assumé son rôle de métronome de son équipe, lançant parfaitement ses partenaires vers l’avant grâce à des passes lumineuses. Doté d’une conduite de balle déconcertante, il a fait souffrir ses adversaires et c’est lui qui initie l’action de l’ouverture du score (20e). Seul point noir de son match : son carton jaune évitable (26e). Remplacé par Carmona (88e).
Vargas (8) : voir ci-dessus.
Alexis Sanchez (8) : forcément très attendu, l’attaquant du FC Barcelone n’a pas déçu et a livré un match étincelant face aux Champions du monde en titre. Très mobile dans la défense adverse, il a fait vivre un véritable enfer à ses vis-à-vis grâce à une technique très maîtrisée et une vision de jeu excellente. Passeur décisif sur l’ouverture du score de Vargas (20e), sa frappe puissante, mal repoussée par Casillas, est également à l’origine du second but (43e). Redoutable balle au pied, il aura harcelé les défenseurs adverses jusqu’à la fin de la rencontre.
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