La fabuleuse histoire du SC Combourg, Petit Poucet de la Coupe de France

Par Mathieu Rault
9 min.
Les Combourgeois à la fête après leur victoire au 4e tour de Coupe de France @Maxppp

L’histoire du Sporting Club Combourg a tout d’un conte de fées. Engagé au 5e tour de Coupe de France ce dimanche, le club de 4e division de district d’Ille-et-Vilaine, créé par une bande de copains au mois d’avril, est en quête d’un nouvel exploit. Spécialiste des tirs au but dans cette campagne, le gardien Antoine Monnier s’est confié à Foot Mercato.

Jérôme, Anthony, Julien, Régis et Boon. Une bande de copains qui s’étaient connus sur les pelouses de Bretagne, avant de vagabonder vers des horizons différents. Parti de la volonté de rejouer ensemble, le SC Combourg est né en avril dernier. Solidarité, convivialité, et surtout pas de prise de tête. L’ambiance « bande de potes » a porté ses fruits. Victoire (3-0) contre St Méloir (D1, trois divisions d'écart) pour le premier match de l’histoire du club, deux qualifications acquises contre des équipes de R3 aux 2e et 3e tours, puis l’exploit face à Chartres, qui évolue six divisions au-dessus. L’épopée est en marche.

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Le 5e tour de la Coupe de France, samedi 16 et dimanche 17 octobre, marque l'entrée en lice des dix-huit clubs de National. C’est aussi l’occasion pour le SC Combourg, devenu le Petit Poucet de l’édition 2021/2022, de créer un nouvel exploit face à Plancoet Arguenon, formation de Régional 2. Dans la bourgade de 5800 habitants, déposée sur la route qui relie Rennes à Saint-Malo, l’effervescence monte. Artisan des qualifications aux tirs au but des « Black Cats » lors des trois précédents tours, le gardien, Antoine Monnier, 31 ans, a pris le temps de nous raconter la naissance d’un club de copains et ses premiers exploits.

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Foot Mercato : Bonjour Antoine, comment vas-tu à la veille de disputer un 5e tour de Coupe de France contre une équipe qui évolue six divisions au-dessus ?

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Antoine Monnier : « Je ne suis pas stressé, ça va. J’étais peut-être un peu inquiet au 3e tour. L’objectif était de passer le premier tour, parce que c’était le tout premier match du club, qui venait d’être créé. Ensuite, on savait que si on remportait le 3e tour on pouvait gagner les maillots (la FFF envoie un jeu de maillots aux clubs qualifiés pour le 4e tour, ndlr). C’était beau pour le club, donc je me suis mis une petite pression. Beaucoup dans l’équipe, moi le premier, n’ont jamais joué de 5e tour de coupe, mais je ne suis pas inquiet. On n’est pas du tout favori, on doit avoir un pourcent de chance de passer mais on ne va pas se priver. Ce qu’on vit entre copains, c’est beau. »

FM : Dimanche, c’est dans votre stade du Moulin Madame que vous recevez Plancoet Arguenon, pour une place au 6e tour. Peux-tu nous décrire ce lieu ?

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AM : « Le stade où on joue à Combourg, c’est là où on a tous commencé. Il n’y avait qu’un stade au départ. Un autre complexe a été construit et c’est là que joue le deuxième club de Combourg. Quand les gars ont décidé de créer le club, ils ont demandé s’ils pouvaient utiliser l’ancien stade. C’est un stade avec des rambardes toutes proches de la pelouse. C’est un petit terrain. La pelouse est correcte, on ne va pas dire qu’elle est belle. »

FM : Quand on voit des équipes qui évoluent cinq divisions au-dessus arriver au stade, il arrive qu’on puisse faire un petit complexe d’infériorité ?

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AM : « On a de bons moyens, les gars font en sorte qu’on soit bien équipés pour travailler dans de bonnes conditions. Il y a des sponsors qui nous suivent. On est vraiment à l’aise. Il n’y a pas de complexe d’infériorité. Si on est là c’est qu’on l’a mérité. Et si on doit sortir, on sortira. De toute façon, on se doute que cela va arriver. Il y a peu de chance qu’on aille au Stade de France (rires). Mais sur un match, on sait que ça peut arriver. »

FM : Vos exploits ont dû créer un réel engouement dans la ville ? Pas trop difficile de sortir dans la rue ?

AM : « (Rires) Nous ne sommes pas devenus des stars, mais c’est vrai que quand le club a été créé en avril, cela a fait parler dans la ville parce qu’il n’y avait toujours eu qu’un club à Combourg (il évolue en Régional 2, ndlr). Là-même où la plupart des gars ont joué depuis petit. Ils ont leur projet et nous le nôtre, il n’y a pas de guerre. La Coupe de France, ça a créé un engouement. Les médias ont beaucoup parlé de nous. Au dernier match, contre Chartres (R1), il y avait au moins 500 personnes. Ça fait aussi parler de la ville, c’est positif. ».

FM : Comment préparez-vous ce rendez-vous ? Avez-vous changé vos habitudes au fil des tours ?

AM : « En D4 (plus petit échelon du football départemental), il y a beaucoup de forfaits. Là, on n’a pas joué depuis le dernier match de Coupe, il y a quinze jours. Mais ce sont les mêmes habitudes. On s’entraîne deux jours par semaine, le mercredi et le vendredi. Ce sont des joueurs, qui sont aussi à l’origine du club, qui s’occupent des entraînements. On travaille normalement, mais avec l’envie de bien faire qui est décuplée. On peut dire qu’on est un peu plus sérieux. »

FM : Vous venez tous d’horizons différents ?

AM : « Je suis électricien en bâtiment. On bosse tous. Le foot n’est qu’un loisir. Le coach est pêcheur, j’ai un coéquipier qui est dans l’évènementiel, il y en a un qui est électricien-plombier, il y a un qui bosse à l’hôpital, il y a des paysagistes, il y a de tout. Des mecs qui travaillent tous les jours. Parfois, les entraînements c’est compliqué. Mais là, vu l’enjeu, on n’a pas besoin de motivation. »

FM : Comment avez-vous réussi à créer une cohésion en si peu de temps ?

AM : « Beaucoup avaient raccroché les crampons. Moi ça faisait quatre ans que je ne jouais plus. Quand Anthony Mazelle et Jérôme Blaire m’ont proposé le projet, cela a été une évidence de dire oui. On doit être une quarantaine de licenciés (42). Ceux qui ont créé le Combourg SC, ils sont quatre ou cinq, ils ont étudié chaque profil avant de nous engager. Si on est là, c’est qu’on a été choisi pour faire partie du projet. Il y a pas mal de joueurs qui ont joué plus haut. En R1, DSR, DH, CFA2. Niveau Ligue minimum. On gagne le premier match et après c’est l’euphorie. Il ne faut pas être trop confiant, mais sur un match… on ne sait jamais. Au niveau du club, tout est transparent. Il s’agit d’une bande de potes d’enfance. »

FM : Une pause de quatre ans, peu de matches en D4, un match de Coupe il faut beaucoup de temps pour s'en remettre ?

AM : « Émotionnellement surtout, je dirais. Ça a été difficile. On est tous sur notre petit nuage. Déjà qu’on avait fait de beaux exploits avant, mais là on a sorti une R1. Six divisions d’écart avec nous. C’est beau. C’est dur à expliquer, il faut le vivre. Mais on garde la tête sur les épaules. »

FM : Le Combourg SC a franchi les trois derniers tours de Coupe de France après une séance de tirs au but. Peut-on dire que tu es le héros de cette épopée ?

AM : « Le héros, non. Le premier match qu’on gagne aux tirs au but, c’était contre la JA St Servan (R3, quatre divisions d’écart, 3-3, 4 t.a.b 2), au 2e tour. On menait 3-1 à dix minutes de la fin puis on se fait reprendre. C’était dur dans la tête. Pendant la séance, ils ratent deux fois, mais je ne fais aucun arrêt. J’étais frustré. Au troisième tour, contre Quediac (R3, quatre divisions d’écart, 0-0, 5 t.a.b 3), c’était un match fermé. Là, je sors un péno. C’est suffisant. Au quatrième tour contre l’Espérance Chartres de Bretagne (R1, six divisions d'écart, 1-1, 5 t.a.b 4), je fais deux ou trois arrêts importants pendant le match, mais c’est un travail d’équipe. Pendant la séance, j’arrête le premier tir, ce qui lance bien les gars. D’ailleurs, sur les trois séances de Coupe, on a marqué nos 15 tirs au but. »

FM : En tant que gardien, tu as un secret sur les penaltys ?

AM : « Chaque gardien a son intuition. Je fonctionne d’une façon particulière, mais c’est aussi beaucoup au feeling. Depuis le troisième tour, j’ai un truc. Ça m’a réussi, j’ai arrêté deux pénos comme ça. Les pénos, si tu n’en arrêtes aucun, même si ton équipe passe, tu es frustré. J’ai un côté, mais je te le dirai après le match (rires). L’adversaire voit beaucoup d’articles qui parlent de nous, on ne sait jamais. »

FM : Tu crois à l’espionnage industriel ?

AM : « On ne sait jamais, avec les réseaux sociaux… On peut tout voir. Par exemple, le tireur de la qualification pour le 4e tour, contre Quediac, comme la vidéo du tir au but de la victoire est passée en boucle sur les réseaux sociaux, il n’a pas eu le droit de tirer au tour suivant. Simplement pour ça. C’est tellement beau ce qu’on vit, qu’on veut maximiser nos chances. »

FM : Le poste de gardien, tu y arrivé parce que personne ne voulait aller au goal, ou bien c’est ton poste depuis toujours ?

AM : « En U13, j’ai décidé de prendre le poste de gardien parce que j’étais feignant. Je n’aimais pas courir. J’ai choisi ce poste, mais c’est loin d’être le plus simple. Quand tu fais un super match, c’est génial. Mais quand tu fais un mauvais match, tu prends un but casquette, tu te sens dans ta bulle, t’es tout seul. »

FM : Tu as un modèle à ce poste ?

AM : « Benoît Costil et Edouard Mendy. Je suis très fan du Stade Rennais. J’ai des amis qui jouent là-bas. Normalement, je fais les déplacements européens du Stade Rennais. J’étais des dernières épopées, avec deux joueurs du Sporting Club de Combourg. Il y a aussi des supporters de Paris au club. Donc on a tous raté le Rennes-PSG (2-0), parce que le 3 octobre on jouait notre 4e tour de Coupe de France contre Chartres. C’était un super week-end. »

FM : Quels sont les objectifs du jeune SC Combourg ?

AM : « Le club vient tout juste de voir le jour. On a qu’une seule équipe séniore. L’objectif c’est de monter en D3. De finir champion. Ensuite, c’est de faire un parcours en coupe, pour nous permettre de jouer. Parce qu’on est quand même une quarantaine de licenciés et il y a beaucoup de gars qui ne jouent pas tous les dimanches. Ils sont d’autant plus importants parce que c’est un peu notre kop. Ce sont eux qui nous poussent sur le bord du terrain. Heureusement qu’ils sont là. En fin de saison, le but c’est que tout le monde ait le même temps de jeu.

FM : Il paraît que vous avez reçu des messages de félicitations de la part de plusieurs pros et anciens pros. C’est grisant j’imagine…

AM : « Oui, on a Etienne Didot, Robert Pires, Vincent Demarconnay, Jérôme Rothen, Dimitri Bertaud, Ludovic Butelle, Gaël Danic, Alexandre Coeff… Par des gars qu’on connaît, qui connaissent quelqu’un qui connaît quelqu’un… Là, j’attends une surprise d’un joueur du Stade Rennais, un ami à moi. C’est le club phare proche de Combourg, donc c’est quelque chose qui marque. Et ça attire encore plus le regard des gens. »

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