Comment joue le RB Leipzig de Julian Nagelsmann? @Maxppp

Comment joue le RB Leipzig de Julian Nagelsmann?

Par Frederic Yang - 17/08/2020 - 13:28

Adversaire du PSG en demi-finale de Ligue des champions ce mardi 18 août, le RB Leipzig est une équipe joueuse, très offensive et riche tactiquement. Cette équipe est à l’image de son entraîneur Julian Nagelsmann, qui est un adepte du jeu de position. Nous vous proposons de découvrir ce qui fait la particularité de cette équipe.

« Nagelsmann est avant tout un professeur du football. Il souhaite que ses joueurs apprennent en permanence, même quand ils sont plus âgés. Il les prépare à la Bundesliga d’une manière générale, mais aussi, de façon plus spécifique, à chaque match. Pour que cela fonctionne, il met en place un programme pour chaque jour d’entraînement et chaque exercice correspond à une idée précise. » Dans son livre “Big Data Foot”, le journaliste allemand Christoph Biermann dévoilait les méthodes d’entraînement du jeune entraîneur de 33 ans du RB Leipzig dont la vision du football est basée sur 31 principes.

Depuis son arrivée sur le banc de Leipzig en juillet 2019, Julian Nagelsmann a justement mis en pratique ces fameux principes qui ont rapidement transformé son équipe, qui a finalement terminé à la troisième place de Bundesliga après avoir été en tête du championnat à la mi-saison. Le PSG va affronter une équipe protagoniste et joueuse comme l’Atalanta Bergame et le Borussia Dortmund. Mais peut-être encore plus créative.

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Une équipe hybride

Le RB Leipzig de Nagelsmann ne se définit vraiment pas à travers un seul dispositif de jeu. Sa particularité est justement de pouvoir évoluer dans plusieurs schémas, qui changent d'ailleurs souvent au cours du même match. Cette saison, le RB Leipzig a évolué dans quasiment tous les systèmes de jeu existants passant allègrement du 3-1-5-1, comme face à l’Atletico de Madrid en quart de finale de C1, au 4-4-2 à plat ou en losange en passant par le 3-5-2 ou le 3-4-3 avec un faux 9. Cette équipe peut prendre toutes les formes comme les joueurs qui composent son effectif.

L’ancien parisien Christopher Nkunku a, par exemple, évolué à différents postes cette saison : attaquant gauche et droit dans une attaque à 3, ailier gauche, numéro 10, piston gauche, attaquant central dans une attaque à 2. Dani Olmo est constamment trimbalé entre le poste de faux 9, numéro 10 et ailier droit. Tyler Adams peut évoluer aussi bien en piston droit, que milieu défensif voire défenseur central. Konrad Laimer est actuellement positionné en piston droit alors qu’il a effectué la majorité de la saison au poste de milieu défensif tandis que Mukiele alterne entre le poste de piston droit et défenseur axial. D’ailleurs, les défenseurs centraux de l’équipe ont la particularité d’être grands (1,86m minimum) mais mobiles et très bons techniquement. Le RB Leipzig est donc une équipe qui aime brouiller les pistes et poser constamment de nouveaux problèmes à résoudre pour l’adversaire.

Des élèves du jeu de position

Ancien étudiant en école de commerce et entraîneur depuis ses 22 ans, Julian Nagelsmann est un adepte du jeu de position. Très populaire en Espagne, le jeu de position consiste à constamment générer des supériorités derrière chaque ligne défensive afin de progresser efficacement dans les 30 mètres adverses. Popularisé par le Barça de Pep Guardiola, qui fut une inspiration pour Nagelsmann, le jeu de position comprend certains principes immuables comme la recherche d’un homme libre, d’un troisième homme face au jeu (qui ne peut être trouvé directement mais seulement après un appui d’un autre joueur positionné souvent plus haut sur le terrain), une bonne occupation de tout l’espace du terrain à travers 5 zones bien définies avec idéalement un seul joueur par zone dans un petit périmètre et enfin fixer un adversaire par le dribble dans le but de libérer un espace pour un partenaire (le terme “conducción” est utilisé en Espagne pour définir cette action).

Les principes de ce jeu de position sont clairement visibles lors de chaque match du Leipzig de Nagelsmann avec une volonté de toujours construire ses actions au sol depuis le gardien de but (sauf exception) et de créer une supériorité numérique pour sortir le ballon. Contre l’Atletico de Madrid, cela s’est matérialisé par la constitution d’un losange entre les 3 défenseurs centraux et le milieu défensif (Kampl). Pourquoi un losange, qui peut faire penser à celui de l’Ajax de Van Gaal au début des années 1990, ? La réponse a peut-être été donnée par Christoph Biermann dans “Big Data Foot” : « il (Nagelsmann) demande aussi que les passes soient effectuées en diagonale, plutôt que sur le côté ou verticales. Cela permet d’atteindre plus d’angles et plus de profondeur. Il demande à ses joueurs de ne pas passer le ballon en première intention, car cela augmente le risque de mauvaises passes. »

Contre l’Atletico, on a aussi souvent vu Upamecano casser la première ligne défensive des Colchoneros, focalisée sur les défenseurs plus excentrés, en progressant balle aux pieds. Si le jeu le demande, le défenseur français peut s’insérer au milieu de terrain comme ses partenaires de la défense centrale que sont Halstenberg et Klostermann. Grâce au jeu de position, le RB Leipzig arrive facilement à progresser sur le terrain et à s’installer dans le camp adverse et dès qu’il parvient à trouver un décalage sur le côté, on peut assister à une projection de plusieurs joueurs dans la surface (minimum 4) qui occupe toute les zones de la surface de réparation, avec au moins deux joueurs en soutien à l’extérieur en cas de renvoi hasardeux de la défense ou de contre-attaque. Le premier but inscrit par Olmo contre l’Atletico est justement consécutif à une séquence de construction sublime de 51 secondes où chaque joueur de champ de Leipzig a touché le ballon, qui a navigué deux fois de gauche à droite du terrain (avec des appuis à l’intérieur du jeu) avant le décalage décisif vers Sabitzer, qui avait le choix entre 5 partenaires qui étaient dans la surface de réparation d’Oblak.

Pressing et contre-pressing

Comme il aime se projeter avec plusieurs joueurs en attaque, le RB Leipzig limite les risques contre-attaques éclair en mettant en place le fameux gegenpressing ou contre-pressing en français. Aussi adopté par le PSG de Tuchel et le Liverpool de Klopp (qui est d’ailleurs la référence actuelle dans ce registre), le contre-pressing consiste à récupérer le ballon dans les sept secondes qui suivent la perte de balle pour 1) surprendre l’adversaire au moment où il est désorganisé et donc plus vulnérable 2) empêcher l’adversaire de progresser sur le terrain et l’acculer devant son but pendant de longues minutes. Pour réussir un bon contre-pressing, il faut que les joueurs soient positionnés à une distance raisonnable lors des phases de construction de jeu avec ballon et que ceux-ci aient le réflexe de presser à la fois le porteur du ballon mais surtout de lui couper les lignes de passe vers ses coéquipiers afin qu’il dégage le ballon où qu’il le perde. «Le jeune entraîneur (Nagelsmann) préfère forcer l’adversaire à faire une mauvaise passe plutôt que de gagner le ballon lors d’un face-à-face dont l’issue est trop aléatoire à son goût», indique Biermann dans Big Data Foot tandis que Nagelsmann déclarait lui-même : « Notre but est toujours d’utiliser une interception pour avoir l’avantage du rythme face à un adversaire qui s’est éparpillé et se retrouve mal organisé. »

Sur défense placée (sur un six mètres adverse par exemple), l’équipe peut s’organiser de différentes façons et avec un bloc soit très haut soit médian. Contre l’Atletico de Madrid, le RB Leipzig a principalement défendu en 4-2-3-1 en bloc médian pour inciter la charnière adverse, pas très rapide, à sortir. L’équipe s’est par la suite organisée en 4-4-2 pour mieux bloquer les montées de Renan Lodi, un latéral très offensif.

Contre le Bayern Munich, en février dernier, l’équipe a pressé très haut en 4-3-3 pour forcer le Bayern a joué long. Comme indiqué en introduction, chaque match détient son plan de jeu et l’équipe a complètement intégré tous les schémas possibles et peut s’adapter à des changements en cours de match.

Les failles à exploiter pour le PSG

Comme toutes les équipes protagonistes, qui aiment aussi se projeter à plusieurs en attaque et qui n’hésitent pas à presser très haut l’adversaire, le RB Leipzig est vulnérable si son contre-pressing est raté ou s’il perd la balle dans les premiers mètres de sa phase de construction. Contre Dortmund, l’équipe s’est faite piéger de ces deux façons avec un exploit individuel de Hummels en défense pour se débarrasser de 3 joueurs par le dribble avant de lancer Brandt sur le premier but et une perte de balle au milieu de terrain sur le deuxième but. Même si Upamecano a la vitesse pour couvrir l’espace dans son dos, le RB Leipzig reste aussi vulnérable en profondeur et peut souffrir face à un Kylian Mbappé, qui est sans doute la menace ultime dans ce registre. Contre l’Atletico de Madrid, l’équipe a aussi souffert des dédoublements sur le côté de Lodi et a donc dû procéder à une réorganisation tactique (en passant en 4-4-2) pour mieux protéger ses flancs.

Quand Joao Felix a fait son entrée sur la pelouse pour l'Atletico, on a aussi vu à quel point Leipzig peut souffrir face à un joueur techniquement dominant. Le Portugais a effectué de nombreuses percées directement dans le cœur du jeu et a provoqué un penalty sur l’une de ces phases. Quand on voit le match de Neymar contre l’Atlanta, et les différences qu’il a faites justement dans cette partie du terrain, le RB Leipzig peut avoir du souci à se faire car même si l’équipe est collectivement impressionnante, elle a rarement été confrontée à des joueurs comme Neymar.

S’il a bien tenu le choc face au Bayern Munich, notamment grâce à un replacement en 5-4-1 quand le Bayern parvenait à s’installer dans son camp, le RB Leipzig va devoir gérer un casse-tête entre la capacité d’élimination et de création de Neymar et de Di Maria dans le cœur du jeu et la menace de Mbappé dans la profondeur. L’Atalanta, incapable de ressortir proprement le ballon en deuxième période en quart de finale, s’était aussi fait piéger à l’usure. Le match se jouera certainement dans cette faculté qu’aura Leipzig à pouvoir tenir le ballon juste après des séquences défensives mais aussi à limiter l’influence de joueurs qualitativement supérieurs aux siens.

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