Coupe du Monde 2022, Japon : une nouvelle masterclass tactique face à la Croatie ?

Par Josué Cassé
4 min.
Junya Ito sous le maillot du Japon. @Maxppp

Premier du groupe E de la Coupe du Monde et qualifié, à la surprise générale, pour le tableau final, le Japon a rendez-vous avec son histoire. Éliminés en huitièmes de finale lors du dernier Mondial en Russie, les Samouraïs bleus - déjà sortis à ce stade en 2002 et 2010 - devront, pour cela, se défaire de la Croatie, vice-championne du monde. Portée par deux succès retentissants contre l’Allemagne puis l’Espagne en phase de poules, la sélection d’Hajime Moriyasu s'appuiera, notamment, sur un style de jeu bien précis.

Une surprise de taille. Un exploit retentissant. Une qualification surprenante, avant tout historique. Entrée de papier, certes, dithyrambique, mais ô combien justifiée au regard de la performance réalisée par les Samouraïs bleus en ce début de Coupe du monde 2022. Tombé dans un groupe où les deux premières places étaient promises à l’Espagne et à l’Allemagne, le Japon, bourreau de la Mannschaft (2-1), éliminée, et de la Roja (2-1), s'est, en effet, frayé un chemin jusqu'à la première place, et ce malgré un revers inattendu contre le Costa Rica (0-1) lors de la deuxième journée. Jamais dans son histoire, la sélection nippone n’avait ainsi enchaîné deux qualifications consécutives en 8e de finale d'un Mondial...

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Un dénouement heureux rappelant, dans une toute autre mesure, le scénario de 2018 où Sénégalais et Polonais s'étaient fait coiffer sur le poteau par des Japonais miraculés. D'ores et déjà convaincante lors de son parcours de qualification, la formation nippone est ainsi en train de conforter son statut de grande puissance du football asiatique. Sans véritable très grande star, le Japon dispose, cependant, d'un collectif équilibré avec plusieurs profils confirmés. Tactiquement bien en place, les hommes de Hajime Moriyasu ont ainsi montré leur rigueur tout au long de cette phase de groupes. Peu importe le système de jeu (un 4-4-2 face aux Allemands, un 4-2-3-1 contre les Costariciens avant d'opter pour un 5-3-2 face à la Roja), les coéquipiers de Takefusa Kubo parviennent à bâtir leur succès sur un modèle clairement identifiable.

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Le Japon, envers et contre tout !

Bien regroupé, compact collectivement avant d'exploser en contre-attaque, le Japon prône ainsi un football piégeux pour l'adversaire. Son efficacité est clinique. Symbole de ce modèle tactique travaillé et assumé par Hajime Moriyasu, les Samouraïs bleus n'ont quasiment jamais vu le ballon contre l'Allemagne et l'Espagne. Pourtant, malgré 269 petites passes et 26,1% de possession de balle contre la Mannschaft puis 228 transmissions et 17,7% de possession face à la Roja, les Nippons ont à chaque fois su attendre le moment opportun pour jaillir en contre-attaque. Le tout avec la même efficacité. Le tout avec le même résultat. Qu'importe ces séquences - quasi humiliantes - mettant l'accent sur une incapacité à contrôler le jeu face aux plus grandes nations ou ce second but contesté contre les Espagnols, le Japon se veut pragmatique et l'histoire de ce Mondial lui donne raison.

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Illustration parfaite de cet attentisme calculé, le deuxième but inscrit par Takuma Asano contre les hommes d'Hansi Flick où l'attaquant de Bochum profitait d'un long ballon du défenseur central, Ko Itakura, avant de conclure face à Nico Schlotterbeck et Manuel Neuer. Une action de sept secondes initiée par un coup franc de soixante mètres et terminée par une frappe pleine de sang-froid. Clinique. Au même titre que la prestation réalisée par ces mêmes Japonais contre l'Espagne. Avec 10 passes complétées dans le dernier tiers - 34 contre la Mannschaft, 67 contre le Costa Rica - les Samouraïs bleus illustraient parfaitement cette marque de fabrique : subir les événements avant de piquer. À ce titre, trois des quatre buts nippons dans ce Mondial ont d’ailleurs été inscrits par des remplaçants. Statistique encore plus parlante, face à la Roja, le Japon est devenu la sélection qui a remporté un match avec le plus faible taux de possession de balle de l’histoire d’un Mondial...

Le scalp des vice-champions du monde en ligne de mire

Symptomatique d'une formation préparée pour subir, le pays du Soleil Levant n'a jamais semblé autant en difficulté qu'à l'heure de faire le jeu contre le Costa Rica. Incapable de créer le déséquilibre face aux Ticos malgré une possession favorable (57%), les partenaires de Daichi Kamada ont ainsi fait preuve d'impuissance avant d'être surpris par Keysher Fuller sur une occasion anodine. Pris à leur propre jeu. Portée par son trio Brozovic-Modric-Kovacic et habituée à poser son empreinte sur la rencontre, la Croatie, future adversaire du Japon, est en tout cas prévenue. Reste désormais à savoir ce que décidera Zlatko Dalic dans sa mise en place tactique pour perturber au mieux les Samouraïs bleus. Dernier rappel pour la bande à Andrej Kramaric : une possible ouverture du score des Croates donnerait, certes, un avantage mais n'ouvrirait pas, encore, les portes des quarts de finale. Loin s'en faut. Jeudi dernier, le Japon est, à ce titre, devenu la troisième équipe dans l’histoire de la Coupe du Monde à gagner deux matches après avoir été menée à la mi-temps dans une seule édition. Les deux premières n’étaient autres que le Brésil de 1938 et l’Allemagne de 1970...

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