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Le fabuleux périple de Lutz Pfannenstiel, l’homme aux 6 continents, 13 pays et 25 clubs

Par La Rédaction FM
4 min.
Lutz Pfannenstiel, voyageur du football @Maxppp

Il est le seul à avoir joué sur les six continents déterminés par la FIFA. Lutz Pfannenstiel, gardien allemand aujourd’hui retraité, a avalé des kilomètres et des clubs tout au long de sa carrière. Forcément, il a des choses à raconter. Entre prison, négociations flingue sur table, poursuite de cambrioleurs, un pingouin et des moustiques, retour sur son incroyable aventure, remise au goût du jour à l'occasion de la sortie de son autobiographie outre-Manche.

Le football impose à ses principaux acteurs de faire régulièrement leurs valises. La majorité est motivée par le sportif ou l’économique, le nerf de la guerre dans le microcosme du ballon rond. On en oublierait presque que quelques joueurs ont simplement le goût du voyage. Le désir de découvrir de nouvelles cultures, multiplier les rencontres, accumuler d’inestimables souvenirs. Si on devait imaginer un leader à cette petite troupe, tout désignerait Lutz Pfannenstiel. Pour la simple et bonne raison que l’ancien portier est le seul footballeur à avoir officiellement joué sur tous les continents de la planète. Au-delà de la perf’, le globe-trotter a accumulé 25 clubs, et découvert 13 pays. Alors autant dire qu’en matière de souvenirs et d’anecdotes, l’Allemand est loin, très loin devant ses pairs.

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Puisque tout voyage a une source, celle de Pfannenstiel se nomme Bavière. Natif de Zwiesel, il est un portier doué de ses mains dans ses jeunes années, au point de glaner quelques sélections chez les U17 allemands. La progression est limpide, et l’amène à une proposition du grand Bayern. C’est là, alors qu’il a 19 ans, que le joueur est confronté au choix qui conditionnera toute sa carrière : le club bavarois lui offre un contrat amateur, Pfannenstiel rêve de professionnalisme et dans ce but, s’en va signer en Malaisie, en faveur du Penang FC. Son ambition d’alors est d’accumuler les minutes pour retourner au Vieux continent et plus particulièrement à la Premier League dont il rêve, et il y parvient. Après six mois en Asie, le voilà qui débarque au sein du Crazy Gang de Wimbledon, en 1994. Seulement voilà, son rang de doublure autant que sa première expérience lointaine aboutie le poussent à cultiver son goût du voyage. Après une autre pige sans lendemain à Nottingham Forest, il décide ainsi de prendre la route. Et de ne jamais s’arrêter.

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De fait, le gardien multiplie dès lors les contrats de courte, voire très courte durée. Après la Belgique et Malte, le voilà qui atterrit sur un nouveau continent, l'Afrique. Il joue quelques matches avec les Orlando Pirates, collectionne sa première grande anecdote en constatant qu’il fait bon d’être footballeur pour échapper à la brutalité des gangs. S’en suit l’exode nordique, en Finlande, où il fait cette fois-ci l’expérience des matches dans des conditions extrêmes et subit l’attaque d’un essaim de moustiques sur une pelouse. Des broutilles, en comparaison à ce qui l’attend à Singapour, sa destination suivante : alors qu’il dispute son meilleur football – il jouera une quarantaine de matches avec le Geylang United, son plus grand total au sein d’un même club –, et est considéré comme une star, on l'accuse de corruption. Il effectuera une triste escale de 101 jours en prison avant d'être innocenté, et avouera plus tard avoir pensé au suicide durant cette « période la plus dure » de sa vie.

Projet Antarctique, regret zéro

Une fois l’étape Singapour digérée, le gardien découvre l’Océanie via le club néo-zélandais de Dunedin Technical AFC. Si Pfannenstiel aspire à la tranquillité, c’est raté : la découverte d’un pingouin dans ses gants un beau matin est sympathique, celle de ses cambrioleurs en pleine rue – reconnus via leur tenue vestimentaire – débouche sur autre chose qu’un sourire. Et que dire de son retour européen à Bradford, une troisième division anglaise : victime de trois arrêts cardiaques suite à un choc avec un adversaire, il passe cette fois tout près de la mort. Une peur dont il n’a pas eu conscience sur ce coup, peut-être davantage plus tard en Albanie, à l’heure de négociations glock sur table, ou au Brésil, face à la virulence de supporters lui balançant des sacs d’excréments.

C’est au Brésil, justement, court passage qu’il effectua en 2008 après avoir également arpenté le Canada, que Pfannenstiel établira son record continental. Il achèvera sa carrière trois ans plus tard en Namibie, à l’orée des 40 printemps, avec le sentiment du devoir accompli. Aujourd’hui scout pour Hoffenheim et commentateur occasionnel pour la TV allemande, le jeune retraité, qui n’a rien abandonné de son esprit routard et prévoit d’organiser en mars un match de sensibilisation au réchauffement climatique en Antarctique, n’affiche guère de regrets. Celui de n’avoir pu disputer un match de Bundesliga, et d’avoir échappé au championnat iranien, dont la ferveur, goûtée au gré d’un match de LdC asiatique, « dépasse l’entendement » selon ses propres dires. Les titres, l’argent ? L’ancien gardien n’en a cure. « Si j’avais accepté le contrat du Bayern, ma vie aurait été complètement différente. J’aurais été numéro 2 derrière Oliver Kahn. Pendant cinq, six ans, j’aurais gagné de l’argent. Je serais allé dans un autre club. J’aurais fini ma carrière en troisième division, j’aurais eu une femme allemande, une maison allemande, j’aurais été entraîneur des gardiens ou entraîneur quelque part. Est-ce que j’échangerais ça avec mes expériences à travers le monde ? Non, absolument pas », avouait-il récemment à l’Independent. Aux palmarès et dollars, Pfannenstiel préfère les souvenirs amassés durant ses 20 années d’errance. Qu’y-a-t-il de mieux, à choisir ? C’est à l’appréciation de chacun. Mais si le voyage est synonyme d’accomplissement personnel, comme les grands penseurs l’ont assuré à travers les âges, Pfannenstiel possède une richesse inégalable. On l'appellera liberté.

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