Coupe du Monde 2026 : comment l’Ouzbékistan a obtenu sa qualification historique
Habitué à échouer régulièrement aux portes de la qualification pour la Coupe du Monde, l’Ouzbékistan va enfin découvrir cette compétition en 2026. Une juste récompense pour les Loups Blancs qui se sont imposés comme l’une des nouvelles puissances du football asiatique.

Est-ce qu’il n’y a plus grand loser en Asie que la sélection ouzbèke de football ? C’est une question que l’on peut se poser quand on voit les résultats des Loups Blancs depuis leur indépendance de l’Union Sovétique. Directement qualifié pour la Coupe d’Asie 1996 avec une élimination précoce, l’Ouzbékistan s’est vite fait une place dans les meilleures sélections de son continent. Atteignant à quatre reprises les quarts de finale (2004, 2007, 2015 et 2023) avec notamment un échec monstrueux contre le Qatar (1-1/3-2 aux tirs au but) lors de la dernière édition, l’équipe actuellement coachée par Timur Kapadze a pour meilleur résultat une quatrième place lors de la Coupe d’Asie 2011. Souvent éliminés de peu, les Ouzbeks ont toujours échoué dans les qualifications pour la Coupe du Monde. Échouant à un point des barrages en 2002, perdant en barrages continentaux sur les buts à l’extérieur contre Bahreïn (1-1/0-0) en 2006 ou sur des barrages continentaux aux tirs au but contre la Jordanie (1-1/1-1/9-8 aux Tab) en 2014, l’Ouzbékistan a souvent été dans le coup, mais n’a jamais confirmé le tir.
Cette régularité est logiquement liée à un bon travail au niveau de la formation. Champion asiatique U17 en 2012 et 2025, U20 2023 et U23 en 2018, l’Ouzbékistan est un pays fanion des catégories jeunes au niveau asiatique et même mondial. La sélection a été quart de finaliste de la dernière Coupe du Monde U17 en 2023 et a atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde U20 en 2013 et 2015. «Notre président et la Fédération ouzbèke de football s’efforcent chaque année de développer le football. Toutes les académies et écoles fonctionnent selon un système unique. Le pays regorge de talents. Si nous les développons correctement, notre football continuera de progresser. L’Ouzbékistan a toujours été un pays de héros et de gens courageux», a d’ailleurs rappelé le coach de l’équipe U17 Islam Ismailov après la victoire de ses poulains. Une récompense qui traduit le bon chemin pris par le football ouzbek. En 2018, le gouvernement avait annoncé un plan important d’ouvertures d’académies de football à travers le pays pour développer davantage ce sport. Le pays s’est d’ailleurs inspiré de ce qui se faisait en Croatie et au Japon, deux pays dont les sélections ont pris une grosse importance depuis plus de vingt ans, afin d’accélérer l’évolution du football local.
Des moyens importants et une volonté de réussir
Avec des équipements flambants neufs, de nouveaux terrains de l’argent mis dans l’arbitrage, les technologies modernes, la volonté d’attirer des experts étrangers pour le football ouzbek, c’est tout un pays qui a tiré vers le haut. Depuis 2023, environ 1,7 milliard d’euros annuels sont utilisés pour améliorer le football local. Un financement important, mais qui porte clairement ses fruits. Légende du football local avec 108 capes avec la sélection et notamment cette demi-finale en Coupe d’Asie 2011, Odil Akhmetov, ancien milieu de l’Anzhi Makhachkala et du FK Krasnodar a lui aussi ouvert une académie à Tachkent. Une volonté globale de progresser qui se ressent. Neuvième meilleur championnat d’Asie derrière l’Arabie saoudite, la Corée du Sud, le Japon, l’Iran, le Qatar, la Chine, les Émirats arabes unis et la Thaïlande, l’Ouzbékistan a pris de plein fouet la nouvelle réforme de la Ligue des Champions Asiatique en ayant qu’un seul participant. Cependant, l’année précédente, quatre clubs avaient atteint la phase de poules avec le Pakhtator Tachkent, le Nasaf Qarshi, le FK AGMK et le Navbahor Namangan. Aucun autre pays n’avait plus de représentants et les Ouzbeks faisaient aussi bien que l’Arabie saoudite, la Corée du Sud et le Japon.
Avec un championnat national qui progresse où le géant national du Pakhtakor Tachkent et ses 16 titres reçoit une concurrence plus importante d’équipes comme le Nasaf Qarshi, le FK AGMK et le Navbahor Namangan, mais aussi le Dinamo Samarqand et le Neftchi Fergana qui progressent, l’O’zbekiston Superligasi est un championnat qui prend de plus en plus de place sur la scène asiatique. Ancien coach de Bunyodkor et du Lokomotiv Tashkent, deux géants déchus du pays, Aleksandr Krestinin a témoigné pour Championat sur cette belle évolution : «je pense qu’il y a une réelle tendance au développement du football ouzbek. Si l’on prend en compte les équipes de jeunes, l’Ouzbékistan a remporté la Coupe d’Asie des moins de 20 ans. L’équipe a toujours atteint les quarts de finale et les demi-finales. Cela témoigne de la bonne organisation du travail dans les académies et les écoles. Et, bien sûr, de bons entraîneurs qui accompagnent efficacement les jeunes footballeurs.»
Une première qualification historique
Le football ouzbek a souvent sorti de grands talents comme Odil Akhmetov mentionné précédemment ou bien Maksim Shatskikh ancienne gloire du Dynamo Kiev entre 1999 et 2009 où il a disputé 328 matches pour 141 buts où il a pallié magnifiquement le départ du Ballon d’Or 2004 Andriy Shevchenko. Depuis quelques années, Eldor Shomurodov est devenu le fer de lance de cette équipe. Le buteur de 29 ans qui joue à l’AS Rome où il a gagné la Ligue Europa Conference en 2022 est un joueur fiable qui compte 41 buts en 78 capes. Et la nouvelle génération qui arrive est encore plus forte et prometteuse. Visage connu de notre Ligue 1 puisqu’il jouait à Lens avant d’être vendu en janvier dernier pour 40 millions d’euros à Manchester City, Abdukodir Khusanov (21 ans) est un véritable monstre. S’il ne joue pas encore assez avec le club anglais avec 9 apparitions à son compteur, il est le patron de la défense ouzbek et a été décisif avec son pays lors de la Coupe d’Asie 2023. Il a aussi été champion d’Asie U20 en 2023 avec Abbosbek Fayzullaev. Milieu offensif de 21 ans, le natif de Sirdaryo est l’autre pépite du pays.
Le joueur du CSKA Moscou qui a été sélectionné à 25 reprises avec son pays (8 buts) a, lui aussi, brillé lors de cette Coupe d’Asie 2023 et fait office de patron désormais dans ce groupe. D’autres talents tapent aussi à la porte avec Azizbek Tulkinbekov (18 ans) qui joue à Bunyodkor. Le défenseur central est surclassé en U21 et semble amener à devenir le pendant d’Abdukodir Khusanov à l’avenir. Il avait porté l’Ouzbékistan lors de la Coupe du Monde U17 2023. Une compétition où Lazizbek Mirzaev avait aussi brillé. Le milieu offensif de 18 ans a lui profité du dernier mercato pour signer en Espagne à Leganés. Un avenir brillant qui s’offre à l’Ouzbékistan et qui se caractérise par cette toute première qualification pour la Coupe du monde. Sortant facilement du deuxième tour avec 14 points dans le groupe E à égalité avec l’Iran, l’Ouzbékistan a ensuite été placé dans le groupe A. Outre le favori que représente l’Iran, le Qatar restait sur un titre en Coupe d’Asie et était attendu. Il fallait aussi négocier correctement les matches contre les Émirats arabes unis, le Kirghizistan et la Corée du Nord. Faisant carton plein contre ses trois équipes avec 5 succès en 5 matches tout en obtenant deux matches nuls contre l’Iran (0-0 et 2-2), l’Ouzbékistan qui avait perdu 3-2 contre le Qatar ne devait pas perdre ce jeudi contre les Émirats arabes unis pour se qualifier. Un match parfaitement négocié pour les Loups Blancs, dont le match nul (0-0) a suffi à mettre fin à des années de frustration pour enfin emmener en Coupe du Monde ce pays d’Asie centrale totalement mordu de football.
En savoir plus sur