Ligue 1 : comment Le Havre traverse sa première zone de turbulences

Par Josué Cassé
8 min.
Arouna Sangante sous les couleurs du HAC. @Maxppp

Défait par le Stade de Reims (1-2) dans les ultimes secondes lors de la 23e journée de Ligue 1, Le Havre traverse sa première grosse crise de résultats depuis le début de la saison. Quatorzième du championnat de France avec deux petits points d’avance sur la place de barragiste actuellement occupée par le FC Lorient, le club normand va désormais devoir relever la tête au plus vite. Une chose est sûre, l’opération maintien est officiellement engagée pour les Ciel et Marine. Interrogé par nos soins, Mathieu Bodmer, directeur sportif du HAC, est revenu sur cette période délicate.

«L’opération maintien commence vraiment avec la réception de Reims et l’instinct de survie doit nous permettre de dépasser ce cadre qui s’est installé et nous permettre d’aller chercher beaucoup plus de choses et d’atteindre nos objectifs». Voici ce que déclarait Luka Elsner quelques instants après la lourde défaite (0-3) concédée par Le Havre le 17 février dernier. Malheureusement pour le coach slovène, cette quête a bien mal débuté. Ce dimanche, au Stade Océane et pour le compte de la 23e journée de Ligue 1, les ouailles de l’ancien technicien d’Amiens ont rendu les armes à la dernière seconde, enchaînant par la même occasion un quatrième revers de rang toutes compétitions confondues. Une défaite (1-2) frustrante face à des Rémois miraculés et un nouvel échec confirmant la spirale négative actuellement vécue par les Normands. Accrocheur jusqu’à la pause, le club doyen a d’abord craqué sur un superbe enchaînement de Mohammed Daramy (64e).

La suite après cette publicité

Le Havre marque le pas !

Sonnés mais loin d’être résignés, les Ciel et Marine ont, par la suite, profité du carton rouge reçu par Thomas Foket pour revenir dans cette rencontre. En supériorité numérique, les Havrais égalisaient sur un penalty d’Abdoulaye Touré après un pied jugé trop haut du jeune Thérence Koudou sur Christopher Opéri (74e). Oui mais voilà, si le destin tournait, jusqu’alors, régulièrement en faveur du promu normand, le scénario de la rencontre a, cette fois-ci, frustré les coéquipiers d’Arouna Sanganté. Fautif dans sa propre surface, le défenseur sénégalais et capitaine du HAC offrait une balle de match à la formation champenoise. Si Mathieu Gorgelin sortait le grand jeu sur la frappe de Junya Ito, Florent Batta, l’officiel du jour, donnait une seconde chance aux Rémois, le portier havrais n’ayant pas au moins un pied sur sa ligne au moment de son arrêt. Sans trembler, Mohammed Daramy ne se faisait alors pas prier pour plonger, un peu plus, les locaux dans le doute (90+6e). Un dénouement terrible plaçant désormais le HAC à la 14e place de Ligue 1, à deux petits points seulement de Lorient, barragiste.

À lire PSG - Le Havre : les compositions probables

Interrogé en conférence de presse après ce nouveau revers, Luka Elsner faisait logiquement part de sa frustration. «Il y a une bonne partie où on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Ça nous pendait au nez. Cette fragilité fait mal. Cela nécessite de l’analyse mais à froid. À chaud, j’ai du mal à voir clair dans le brouillard. On a conscience de notre situation, des difficultés de notre effectif aujourd’hui. On doit démontrer cette hargne. On va être testés et on verra qui est un grand compétiteur», assurait ainsi le technicien normand avant d’affirmer que la situation actuelle du club n’était pas non plus alarmante au regard de la concurrence et du budget aujourd’hui alloué au champion de France en titre de Ligue 2. «Je me souviens de matchs où si on ne battait pas Lyon, si on ne battait pas Nice, on se serait retrouvé très proche des zones dangereuses. Notre situation est relativement normale pour un promu». Pour autant, le constat est sans équivoque. Ces dernières semaines, le HAC marque clairement le pas. À ce titre, rappelons que les partenaires de Daler Kuzyaev, récemment interrogé par nos soins et actuellement suspendu, n’ont plus gagné depuis le 21 janvier dernier.

La suite après cette publicité

L’opération maintien est lancée…

Avec quatre défaites et deux nuls lors des six derniers matches, une élimination en Coupe de France contre le Racing Club de Strasbourg et une fragilité grandissante, notamment sur le plan défensif, l’inquiétude est donc légitime. «On est constamment en apprentissage. Depuis la reprise, on l’a vu à Lorient, il nous manque ce petit quelque chose, on encaisse des buts plus facilement. Il manque ce nettoyage autour de notre surface, ce pied qui traîne pour repousser, on l’a vu en début de saison, en Ligue 2 l’année dernière, c’est un état d’esprit à retrouver et il est urgent de le retrouver», avait d’ailleurs analysé le coach normand après le revers concédé face au LOSC. Symbole de la pression actuellement ressentie dans les travées du Stade Océane ? Cet accrochage entre Mohamed Bayo et un supporter, finalement expulsé de l’enceinte havraise. Auteur d’un match insipide contre Reims et sifflé par une partie du public, l’attaquant du HAC s’est, en effet, fait apostropher par un spectateur proche du banc. Piqué, le Guinéen n’a d’ailleurs pas hésité à lui répondre avant d’être calmé et raccompagné au vestiaire par Loïc Nego. Un événement sur lequel Luka Elsner est également revenu en conférence de presse.

Le classement de la Ligue 1

# Équipe Pts J DIF G N D BP BC
14 Nantes Nantes 31 30 -20 9 4 17 28 48
15 Metz Metz 29 30 -18 8 5 17 31 49
16 Le Havre Le Havre 28 30 -11 6 10 14 27 38
17 Lorient Lorient 26 30 -23 6 8 16 36 59
18 Clermont Clermont 22 30 -28 4 10 16 21 49
Voir le classement complet

«Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, c’est le problème d’avoir des bancs dans la tribune. Si des supporters ne sont pas très heureux de la performance, ils peuvent s’exprimer. C’est là que je dis qu’on doit garder beaucoup de calme. C’est un compétiteur, il a envie de répondre, il est déçu comme tout le monde. Mais on doit être capables de gérer ça. S’il y a des idiots qui ouvrent un peu la voie à des difficultés, il ne faut pas en tenir compte et rester dans le projet. Je voudrais surtout parler de tous les autres supporters qui sont exceptionnels à chaque fois, qui nous soutiennent, on doit garder leur enthousiasme», notait le Slovène de 41 ans. Déterminé à l’idée de garder son groupe impliqué et mobilisé jusqu’au bout, le natif de Ljubljana va, quoi qu’il en soit, devoir trouver les mots justes et les ajustements efficients pour relancer la machine normande. Convaincant lors de la première partie de saison et fort de quelques résultats prestigieux (deux nuls accrochés contre l’AS Monaco, un nul et une victoire glanés face à l’OL, un succès mérité contre l’OGC Nice ou encore un point récupéré face au RC Lens…), le HAC s’apprête désormais à jouer sa survie dans l’élite du football français.

La suite après cette publicité

«On est dans les clous, on est là où on doit être et on doit désormais se battre !»

Sous pression malgré une situation comptable encore loin d’être épouvantable - le HAC n’est qu’à quatre petites longueurs de l’OL, dixième - la formation normande se retrouve, malgré tout, dans l’obligation de prendre des points. Un impératif peu évident au regard du calendrier à venir des Ciel et Marine. Lors de la prochaine journée, Le Havre se déplacera, en effet, sur la pelouse du Stade Brestois, dauphin du PSG et inarrêtable ces dernières semaines. La suite ? Trois confrontations face à des concurrents directs au maintien avec la réception de Toulouse, un déplacement à Clermont ô combien important et une affiche face au Montpellier HSC, elle aussi, très importante. Interrogé par nos soins, Mathieu Bodmer, directeur sportif de l’écurie normande, tempérait malgré tout sur la période délicate aujourd’hui traversée par le HAC. «C’était aussi prévu avec ce mois de février où on avait beaucoup de matches pas simples avec Lille Monaco, Rennes au milieu en février et un déplacement à Brest à venir maintenant mais quand tu regardes la phase aller et en la comparant au début de cette phase retour, nous n’avons finalement qu’un point de moins sur les mêmes confrontations directes. Il y a un calendrier différent avec pas le même sens dans les confrontations mais il n’y a rien d’alarmant», indiquait notamment l’ancien milieu de terrain du PSG.

Relancé sur les causes de cette période moins faste, Bodmer rappelait, en revanche, la nécessité de retrouver une efficacité sur le plan offensif et de faire globalement preuve d’une détermination plus importante. «Ce qui est embêtant, c’est de perdre des points dans les dernières minutes. Contre Reims, contre Strasbourg, contre Monaco à l’aller aussi où on rate ce penalty dans les arrêts de jeu. Après, sur le contenu c’est logique contre Reims, ils ont eu plusieurs situations mais, nous, on a une période où on a moins de réussite, c’est aussi de la détermination à retrouver, il faut vouloir plus, notamment dans les 25 derniers mètres. Hier (dimanche, ndlr), défensivement, tu as le retour de Gauthier Lloris qui nous aide mais offensivement on n’a pas ce supplément d’âme et quand tu te reposes que sur ta défense, c’est compliqué surtout en Ligue 1 face à des équipes qui peuvent te dépasser sur une action. Il faut retrouver cette efficacité offensive, il faut se créer des situations et ranger le ballon comme on dit. Dernièrement, face à Nice et Lyon, nous avons été très très efficaces et on gagne ces matches. Depuis, on a une tendance à ne pas mettre la première situation, que ce soit contre Rennes ou face à Reims, il faut corriger ça. Il faut en faire plus, être plus déterminé, plus tueur, il faut avoir cette envie».

La suite après cette publicité

Malgré ce constat, le dirigeant normand refuse de tomber dans le fatalisme confiant, à ce titre, que la situation comptable du club reste globalement en adéquation avec les ambitions du club, à savoir le maintien. «Il n’y a pas d’inquiétudes dans le groupe, si des gens pensaient que l’objectif n’était pas le maintien, ils se sont trompés, des équipes sont revenus. Aujourd’hui, sept ou huit équipes se battent pour le maintien et on en fait partie, c’est normal. On avait pris un peu de points d’avance avec une belle phase aller mais depuis les choses se sont resserrées avec des équipes qui ont aussi profité de la trêve pour se relever. Il ne faut pas oublier, non plus, que nous avons sept points d’avance sur la descente directe. Certes deux points seulement nous séparent de la place de barragiste mais nous avons aussi beaucoup de confrontations directes chez nous à venir. Il faut mériter le maintien, aller le chercher, mais le calendrier reste plutôt favorable». Et de conclure : «on est dans les clous, on est là où on doit être et on doit désormais se battre». Après avoir empoché un seul petit point au cours du mois de février, le HAC se prépare donc à un mois de mars décisif dans la course au maintien. Reste désormais à savoir si André Ayew et ses partenaires auront les épaules assez larges et les reins assez solides pour sortir vainqueur de cette lutte acharnée.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité