Le projet ADN OL, des premiers couacs qui posent question

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Rayan Cherki et Maxence Caqueret @Maxppp

Cet été, les Gones ont souhaité revenir aux fondamentaux en mettant l'ADN OL au cœur de leur nouveau projet. Où en est-on aujourd'hui ?

La star académie. Réputé pour la qualité de son centre de formation, qui est le mieux classé de France en 2022 avec 4,55 étoiles sur 5, l'Olympique Lyonnais est un véritable fournisseur officiel de talents. Un vivier sur lequel l'écurie présidée par Jean-Michel Aulas veut plus que jamais s'appuyer. C'est en tout cas ce qu'a annoncé le patron de l'OL en mai dernier. «Il faut privilégier l’ADN OL par la mise en confiance d’un certain nombre de jeunes comme Malo Gusto, Castello Lukeba, Bradley Barcola. On a envie de faire de Maxence Caqueret le point de concentration d’un certain nombre d’énergie et d’ADN local. Avec la Gambardella, il y a eu aussi l’émergence de joueurs.»

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En effet, cette nouvelle génération emmenée par le capitaine Yannis Lagha (18 ans) et le très prometteur Mohamed El Arouch (18 ans) a remporté cette compétition en 2022. Les U19 ont également joué les play-offs, tout comme les U17. Une vraie fierté pour les pensionnaires du Groupama Stadium qui ont vu la jeunesse triompher pendant que l'effectif professionnel, lui, sombrait. Huitième en Ligue 1 et non-qualifié en Coupe d'Europe, l'OL de Peter Bosz n'a clairement pas été au niveau. Malgré tout, il y a eu quelques points positifs comme la prise de pouvoir de jeunes made in OL à l'image de Malo Gusto, Castello Lukeba et Maxence Caqueret, qui a confirmé au plus haut niveau. C'est sur cette base solide que les dirigeants ont souhaité s'appuyer.

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Qu'est-ce que l'ADN OL ?

Des éléments qui ont le fameux ADN OL. Comment le définir d'ailleurs ? Lors d'un entretien qu'il nous avait accordé en avril 2021, Jean-François Vulliez, directeur du centre de formation lyonnais, nous en avait justement parlé. «L'ADN OL s'est construit avec le temps. Il est en lien avec un territoire, l'agglomération lyonnaise. L'ADN OL correspond à l'histoire de Lyon qui est à la fois une histoire pleine d'ambitions et d'innovations. Le Lyonnais est un esthète, il a une culture du beau et ça se ressent sur le jeu qui doit être à la fois un jeu offensif et spectaculaire. Nous sommes à la croisée de trois éléments, c'est Rémi Garde qui le disait : le jeu offensif, le jeu spectacle et la formation des jeunes, qui doivent jouer dans cette équipe».

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Il avait ajouté : «il y a l'ADN qui est lié au territoire et à l'équipe professionnelle et ensuite il y a l'ADN qui est lié au club et sa formation. Tout cela doit être connecté et cohérent. Dans l'ADN de la formation, nous devons pouvoir capitaliser sur tout ce qui a été mis en place depuis longtemps en termes d'excellence, de contenu d'entraînement. Nous devons garder cet héritage, tout ce qui a fonctionné et qui fonctionne encore tout en faisant évoluer les éléments qui permettent aux joueurs de continuer à progresser». Lancé dans ce nouveau projet, l'OL a orienté son recrutement en conséquence. Ainsi, les dirigeants ont souhaité faire revenir des anciens de la maison, à savoir Rémy Riou, Corentin Tolisso et Alexandre Lacazette.

Lyon a blindé ses Gones

Tous formés à Lyon, ils ont l'amour du club et du maillot. Les faire revenir était donc une évidence pour les dirigeants qui ont mouillé le maillot pour convaincre Tolisso et Lacazette, qui étaient libres et auraient pu aller voir facilement ailleurs. Des arrivées qui ont donc enchanté de nombreux supporters. Ce qui a eu pour effet de booster les ventes de maillots et d'abonnements. Le premier succès de ce nouveau projet. Cet été, les Rhodaniens ont également enregistré les arrivées de Nicolas Tagliafico, Johann Lepenant, Saël Kumbedi, sans oublier Tetê. En parallèle, Lyon a bouclé les prolongations de contrat d'Anthony Lopes, Maxence Caqueret, Rayan Cherki et Mohamed El Arouch.

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Les jeunes Yannis Lagha ou Irvyn Lomami ont, eux, signé leur premier contrat pro. De quoi satisfaire l'OL, qui a donc blindé des purs produits du centre de formation. Dans le même temps, Peter Bosz, maintenu sur le banc malgré une année catastrophique, a fait appel à plusieurs jeunes durant la préparation estivale. L'occasion pour eux de se montrer et de gagner des points pour éventuellement intégrer le groupe professionnel. Certains ont d'ailleurs été bons comme Mohamed El Arouch (1 but, 1 assist en 3 matches amicaux). Buteurs comme lui, Irvyn Lomami, Sofiane Augarreau, Sekou Lega et Philippe Boueye, ont eu un peu de temps de jeu. Malgré cela, seul El Arouch a été intégré dans le groupe pro lors du premier match face à Ajaccio. Depuis, plus rien.

Les jeunes ont disparu

Hormis Mathieu Patouillet (18 ans), venu occuper le poste de gardien n°3 avec la suspension d'Anthony Lopes en début de saison, plus aucun jeune n'a été convoqué par le coach de l'OL. Certes, Lyon compte dans ses rangs plusieurs joueurs formés au club. Mais il s'agit d'éléments qui étaient déjà dans le groupe l'an dernier ou qui sont de retour. Lancer de nouveaux talents made in OL n'est visiblement pour le moment pas prioritaire. En tout cas, si on se fie aux choix de Bosz depuis le début de saison. Pourtant, les jeunes Gusto et Lukeba ont prouvé l'an dernier qu'ils étaient prêts. Leur valeur marchande a même grimpé en flèche. Johann Lepenant (19 ans), jeune joueur arrivé de Caen, est la meilleure recrue estivale. Rayan Cherki, lui, a fait de bonnes entrées mais reste un éternel remplaçant.

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Et que dire des jeunes envoyés en réserve alors qu'il ne serait pas choquant de les voir dans le groupe. Florent Da Silva (19 ans) est le meilleur exemple. Envoyé en prêt à Villefranche l'an dernier, il a réalisé un bel Euro U19. Plusieurs clubs se sont même penchés sur son cas cet été (Metz notamment) dont certains qui souhaitaient un prêt avec option d'achat. Une solution repoussée par Lyon. Dans une impasse, Da Silva, qui ne s'entraînait pas avec les pros, a demandé à résilier son contrat selon L'Equipe. Ce que nous pouvons vous confirmer. De son côté, l'OL, par la voix de Vincent Ponsot (Directeur du Football), a fermé la porte à un départ. Le joueur né en 2003 a fait son retour avec la réserve le week-end dernier. Mais il doit aspirer logiquement à mieux.

Une gestion des talents qui commence à agacer

Plusieurs éducateurs et dirigeants ne comprennent pas sa gestion et celle d'autres jeunes nous a-t-on fait savoir. Des jeunes qui pour beaucoup sont déçus, selon une source proche de l'OL, car on leur avait vendu un projet centré autour de l'ADN OL, mais au final il y a eu peu d'évolutions. Ce, alors que certains ont montré de bonnes choses et ont eu une bonne attitude lors de la préparation. Mais Bosz, qui est menacé selon nos informations, s'entête et ne leur fait pas de place. Une source proche d'un membre de l'équipe pro de l'OL est du même avis. «L'ADN OL est un faux projet. C'est pour les supporters, la communication et le marketing. On ne voit pas de changements par rapport à avant. Ils ont fait signer des contrats pros ou des prolongations à des jeunes, mais on ne les voit pas».

Ailleurs en France, d'autres clubs, eux, n'hésitent pas à faire jouer de jeunes pépites. C'est le cas du Stade Rennais, qui a vendu Mathys Tel, (17 ans) au Bayern Munich cet été et qui mise sur Désiré Doué (17 ans, né en 2005). Malgré un effectif cinq étoiles au PSG, Christophe Galtier a donné un peu de temps de jeu par exemple à Warren Zaïre-Emery (16 ans, né en 2006, 2 apparitions). Cela est aussi possible car Paris joue sur plusieurs tableaux, ce qui n'est pas le cas de Lyon. Mais avec des matches abordables en début de saison (Ajaccio, Troyes, Auxerre), certains jeunes, qui se sentent un peu trahis car les paroles ne sont pas suivies d'actes, auraient pu avoir leur chance d'être au moins dans le groupe voire d'avoir quelques minutes de jeu.

Les jeunes font les frais du dégraissage raté

Ils font les frais de la gestion de Peter Bosz mais également des récents mercatos et de la concurrence (recrutement de Faivre pour 18 millions d'euros qui est remplaçant par exemple). Mais le club olympien paye surtout son dégraissage raté. Plusieurs éléments (Aouar, Dembélé, Da Silva, Boateng) ne sont pas partis. Résultats : l'OL se retrouve avec un effectif quantitativement trop important qui ne lui permet pas d'offrir des possibilités aux jeunes. Toutefois, certains auraient pu avoir leur mot à dire. C'est le cas du polyvalent Irvyn Lomami, convoqué dans le groupe plusieurs fois l'an passé et qui aurait pu être la doublure de Gusto. Mais Bosz n'a visiblement pas été convaincu et Lyon a misé sur Saël Kumbedi (17 ans) pour occuper ce rôle. Ce dernier, envoyé avec la réserve, n'a pas encore été utilisé.

Si bien sûr nous ne sommes qu'au début de ce nouveau cycle et qu'il faut encore laisser du temps à tout le monde pour poser les bases, le projet ADN OL n'a pour le moment pas vraiment provoqué un réel changement à Lyon, où finalement la marque de fabrique de ces dernières années reste l'irrégularité et le manque d'un vrai style de jeu. La présence d'un directeur sportif, qui aurait eu l'autorité et les compétences pour assurer le bon fonctionnement du nouveau projet et l'introduction de nouveaux jeunes, manque aussi cruellement. En attendant, l'Olympique Lyonnais continue d'avancer et les Baby Gones, eux, patientent en coulisses. Le changement n'est pas encore pour maintenant !

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