Pourquoi le futsal devrait être indispensable durant la formation des jeunes joueurs ? @Maxppp

Pourquoi le futsal devrait être indispensable durant la formation des jeunes joueurs ?

Par Frederic Yang - ThomasCvrK - 25/01/2021 - 08:40

Autrefois marginalisé, le futsal prend de plus en plus d'importance en France. Mieux, son apport dans la formation des jeunes joueurs devrait même le rendre indispensable. Que ce soit au niveau de la technique, de la tactique, du physique ou même du comportement, de nombreuses qualités développées au futsal vont servir au football à onze. Enquête.

Créé en 1930 en Uruguay par Juan Carlos Ceriani Gravier juste après la première Coupe du monde, « le football de salon », son nom d'origine, a fait ses premiers pas en France en 1978. Dérivé du football, le futsal se joue à 5 contre 5 avec 4 joueurs de champ et 1 gardien. Ce sport se pratique en salle, donc, et sur une surface de jeu bien plus petite que le football (42 mètres sur 25 maximum en compétition officielle) avec un ballon plus petit qu'un ballon de foot traditionnel, et dont la surface est rugueuse afin de maximiser son adhérence au sol. Il faut aussi savoir que les ballons de futsal sont généralement remplis de ouate de rembourrage pour rebondir le moins possible pour que le jeu reste le plus souvent au sol. Les matchs se disputent en deux mi-temps de 20 minutes et les effectifs peuvent monter jusqu'à 12 joueurs, avec 7 remplaçants interchangeables à souhait. Les rentrées de touche s'effectuent au pied et non à la main comme au football.

Sid Belhaj, l’un des piliers de l’Equipe de France de futsal.

« Beaucoup de clubs pros commencent à comprendre l'importance du futsal », déclarait l'international de futsal français, Kevin Ramirez chez Mouv'. Après avoir pris du retard sur ses concurrents et notamment le Brésil ou l'Espagne, où les jeunes commencent leur formation par le futsal, la France développe de plus en plus cette discipline qui devrait aussi être un complément incontournable au football dans la formation des jeunes joueurs. Avec les moyens dont disposent les clubs professionnels, il ne devrait pas y avoir de football sans futsal en centre de formation tant l'apport de ce dernier est grand sur le foot à 11 et tant il produit de bien meilleurs joueurs sur le plan technique, tactique, physique et même comportemental.

Le développement cognitif, atout primordial du futsal

Parmi les qualités développées par le futsal, il y a d'abord la créativité. C'est même sans doute l'un des meilleurs atouts que le futsal peut apporter au football à 11 ! Comme sur grand terrain, la partie rationnelle et logique du cerveau est utilisée, ainsi que la partie émotionnelle et intuitive mais le peu d'espace et de temps entraînent les joueurs à faire preuve de beaucoup plus d'imagination et de créativité pour créer du danger sur le terrain ou se sortir d'une situation impérieuse via la passe ou le dribble. Le développement de ces parties du cerveau est très important et offre un avantage conséquent aux jeunes joueurs une fois sur grand terrain.

Le futsal développe aussi la confiance dans la mesure où les duels sont quasiment inévitables et que d'attaquer son adversaire en un-contre-un est une qualité qu'il faut savoir développer. Il n'y a qu'à voir l'aisance dans les petits espaces de joueurs comme Neymar, Ronaldinho ou encore Iniesta, qui sont tous passés par la case futsal dans leur formation, pour comprendre l'intérêt de cette pratique chez les plus jeunes. Au niveau de la passe, le futsal est une question d'angles et d'espaces mais aussi de vitesse. Les passes doivent être fortes et la prise d'information capitale. Il faut savoir quoi faire avant la réception du ballon tant les marquages individuels des adversaires sont stricts.

Olympique Lyonnais Maxence Caqueret

Au futsal, il faut donc réfléchir et décider encore plus vite qu'au foot à 11, ce qui améliore grandement le temps de réaction. « Ça m'apporte un vrai plus aujourd'hui. Je conseille le futsal à tous les jeunes footballeurs : on devient plus juste techniquement, plus rapide dans la prise de décision... Tout est bénéfique lorsqu'on arrive ensuite à onze. Bruno (Guimarães), par exemple, ça se voit qu'il en a fait au Brésil ! Je suis content que les jeunes à l'OL en fassent de plus en plus, ça va dans le bon sens. », expliquait Maxence Caqueret dans un entretien accordé à l'Équipe en septembre 2020. Fait de combinaisons et de une-deux, le futsal requiert une excellente vision de jeu et une fois le passage à onze, tout peut paraître plus simple puisqu'il y a plus de temps et d'espace. Le développement de l'aspect cognitif est vraiment une force du futsal.

Contrôle du ballon, de soi et de son environnement

Selon une étude de l'université de Liverpool, les joueurs de futsal touchent en moyenne 6 fois plus le ballon par minute que les joueurs de football à 11. Avec un jeu plus rapide fait de redoublements de passes - 70% des passes ont une vitesse comprise entre 14 et 38km/h -, le contrôle et le toucher de balle sont donc extrêmement importants, et ce, avec toutes les surfaces du pied. Connu pour son fameux « contrôle semelle », qui permet de prendre l'information la tête levée tout en gardant le contrôle du ballon sous le pied, le futsal développe aussi la capacité à protéger son ballon et à ne pas paniquer sous pression comme le faisait si bien Juan Roman Riquelme.

Le futsal permet donc le développement du jeu dos au but, en pivot, et les joueurs de futsal qui arrivent à contrôler et protéger parfaitement le ballon sous la pression vont finir par impacter tactiquement et mentalement les défenseurs adverses. Et cette capacité va facilement se transposer sur grand terrain car à force d'être dans des situations compliquées dans des espaces réduits, une sorte de « mémorisation » s'effectue et le joueur est prêt à affronter des situations de pressing naturellement même sur de plus grands espaces. Le jeu plus au sol permet aussi à des gabarits plus imposants ou plus petits d'avoir un réel impact sur le jeu.

« Du basket-ball avec les pieds »

« C'est très tactique, il y a beaucoup de combinaisons, de la création d'espaces pour le partenaire », indiquait Wissam Ben Yedder à France Football en 2017, l'un des rares internationaux français à avoir commencé par le futsal. En plus du côté technique, le futsal est un sport qui se joue beaucoup sans le ballon, donc le mouvement perpétuel et la compréhension tactique sont nécessaires pour que les attaques soient fluides. Ainsi, dès le plus jeune âge, les joueurs doivent apprendre à jouer sans le ballon et non pas juste quand ils l'ont dans les pieds. Il faut toujours faire l'effort pour créer des espaces, quitte parfois à ne pas être servi, puisque un mouvement pourra libérer un espace pour un coéquipier. C'est l'harmonisation des mouvements qui permet de se créer des occasions en futsal. Bien plus que les exploits individuels.

Défensivement, c'est pareil, personne ne peut se cacher. À 4 joueurs de champ, c'est impossible et chaque manquement sera pénalisé au plus haut niveau. Fini les « je suis attaquant, je ne défends pas », que l'on peut entendre ou voir à onze, dans le futsal, même les plus doués doivent participer aux efforts collectifs comme les autres joueurs sous peine de pénaliser directement et rapidement l'équipe. La discipline tactique est enseignée dès le plus jeune âge dans le futsal, là où à onze, il faut parfois du temps aux jeunes pour comprendre l'importance de cet aspect du jeu. Or, sur grand terrain, un joueur très doué intrinsèquement, qui est en plus extrêmement discipliné et à l'écoute des demandes de son entraîneur, sera prêt pour réussir au plus haut niveau.

« C'est du basket-ball avec les pieds », résumait Pierre Jacky, sélectionneur de l'équipe de France de futsal, dans le magazine Vestiaires. Sur chaque phase de jeu, une touche, un coup franc, un corner ou même une relance de gardien, il y a une tactique qui y est associée. Un peu à la façon du basket-ball, de nombreux systèmes préparés en amont peuvent être appelés à être utilisé en match sur une action bien précise. Cette capacité à s'adapter à de nombreuses tactiques au fil d'un match pour combiner avec ses coéquipiers se révèle précieuse lors du passage sur le gazon. La sortie de balle et différents circuits de passes peuvent également être travaillés puis automatisés dès le plus jeune âge. Tous ces besoins tactiques permettent de développer le fameux « QI football » en poussant les jeunes joueurs à réfléchir et à se souvenir de ce qu'ils travaillent à l'entraînement une fois en match.

Une découverte accélérée de plusieurs principes tactiques

Avec des joueurs qui peuvent être en perpétuelle rotation, tous les postes peuvent être joués en futsal. L'adaptabilité est prépondérante dans cette pratique, elle permet aux joueurs de voir le jeu sous différents angles et de devenir plus polyvalent. Presser à la perte du ballon, défendre en bloc haut, en bloc bas, en marquage individuel ou en zone sont autant de principes tactiques à travailler dès le plus jeune âge et qui faciliteront la compréhension du jeu sur grand terrain. Comme à onze, différents schémas de jeu - avec leurs avantages et leurs inconvénients - sont possibles.

Le 1-2-1, ou losange, permet de bien occuper le terrain et de récupérer le ballon haut mais laisse de grandes responsabilités au défenseur central en cas de contre-attaque.

Le 3-1 offre une assise défensive solide mais limite les bonnes opportunités de contre-attaque puisque trop de joueurs partent de derrière. Le rôle du pivot sera essentiel dans ce système pour permettre de faire remonter le bloc équipe.

Le 1-3 permet d'étouffer l'adversaire en l'empêchant de relancer proprement mais offre tout de même des espaces énormes dans le dos des attaquants. Le travail de construction du jeu repose essentiellement sur le défenseur qui devra limiter au maximum les erreurs techniques sous peine de sanction immédiate.

Le 2-1-1 est un système simple proposant une base défensive solide tout en offrant des possibilités à la relance, l'occupation de la largeur du terrain ainsi que le rôle très important du milieu qui doit tout faire sont les défauts du système.

Le 2-2 assure, en phase offensive, une utilisation idéale de la moitié de terrain de l'adversaire. C'est un système qui a l'avantage de contraindre l'adversaire à effectuer de nombreux déplacements et qui permet des projections efficaces des deux joueurs les plus reculés.

Tous ces systèmes peuvent se rapprocher de ceux du foot à onze, dont l'animation entre les 4 milieux de terrain peut se rapprocher d'une équipe de futsal. Ce qui permet aux jeunes milieux de terrain d'arriver sur grand terrain avec des repères et des bases tactiques solides.

25% de courses à haute intensité et une explosivité exacerbée

La qualité physique première que développe le futsal, c'est la capacité aérobie. Soit la capacité respiratoire ou plus précisément la capacité à renouveler et à utiliser l'oxygène. Mais c'est aussi un sport avec de nombreux efforts intermittents, dont une part importante à haute intensité. « Le futsal est un jeu de transition », disait Pierre Jacky, toujours dans Vestiaires. Avec seulement 4 joueurs de champ sur un terrain pas si petit que ça, les phases de transitions sont effectivement omniprésentes et la fatigue peut rapidement se faire ressentir sans une bonne condition physique, étant donné qu'il n'y a que très peu de temps morts. Dans les faits, 70% des temps de course ne dépassent pas 5 secondes et selon une étude de ScienceDirect, près de 25% de la distance parcourue par les joueurs professionnels de futsal lors d'un match se fait à haute intensité, à plus de 15km/h.

En comparaison avec le football à onze, le futsal demande plus au niveau cardiovasculaire. En moyenne, le nombre de pulsation/minute est supérieur de 10 unités chez le joueur de futsal par rapport au joueur de foot à 11. Au-delà de la performance physique en elle-même, là où le futsal est intéressant, c'est qu'il entraîne à rester lucide même après des efforts importants puisqu'avec des espaces restreints, le moindre écart technique dû à la fatigue se paye cash. Des caractéristiques qui se retranscrivent aussi dans le football à 11 moderne, où l'intensité est de plus en plus élevée en raison de l'amélioration de la préparation physique chez les joueurs. Le futsal prépare donc les jeunes joueurs à pouvoir répondre à l'intensité du haut niveau même si les caractéristiques physiques et énergétiques du football à 11 demeurent légèrement différentes.

Toujours d'un point de vue athlétique, le fait de jouer dans les petits espaces en futsal renforce le travail des appuis. Il faut être très agile pour pouvoir éliminer son adversaire par le dribble et changer de direction rapidement. Avec une durée des actions qui ne dépasse généralement pas les 3 secondes, les joueurs de futsal touchent souvent le ballon mais ne le gardent que très peu de temps. Ainsi, la quantité de sprints réalisés sans le ballon pour créer des déséquilibres dans la défense adverse fait travailler l'explosivité, et notamment sur le premier pas, qui est une qualité importante pour « déposer » son adversaire. Le futsal développe donc la puissance musculaire des jambes, qui est aussi une qualité très importante à onze, et ce à de nombreux postes.

Coopération et solidarité

« Au foot à 11, il peut parfois y avoir des clans, mais au futsal, tu n’as pas le droit à l’erreur, donc la cohésion est capitale. L’exploit individuel est très rare en futsal, où 60% des buts sont marqués sur des phases tactiques collectives. » expliquait Adriano Greco, directeur sportif et joueur de la Squadra Mouscron Futsal. Dans le futsal, il n'y a pas de « starification » comme il peut y en avoir à onze. Comme évoqué plus haut, tout le monde doit attaquer et tout le monde doit défendre.

Le futsal incite aussi à coopérer et combiner rapidement avec ses coéquipiers. Ce qui renforce par la même occasion les relations de confiance entre partenaires. Un mésentente entre deux partenaires affecte quasiment 50% de l'équipe donc il est important de savoir communiquer et d'apprendre à gérer ses émotions pour ne pas pénaliser directement l'équipe. La solidarité est donc l'une des clés du futsal et cela peut aider les jeunes joueurs à avoir une bonne attitude et à se fondre dans un groupe.

Les stars du futsal au menu du JT Foot Mercato

Pour toutes les raisons que l'on a évoquées, le futsal devrait être un complément indispensable voire obligatoire au football dans la formation des jeunes footballeurs. « La trajectoire idéale, aujourd'hui, pour un jeune footballeur, est celle d'un garçon ayant pratiqué le futsal de 6 à 13 ans, avant de rejoindre le foot à onze à 14 ans », avait expliqué Pierre Jacky, toujours dans le magazine Vestiaires, en prenant même pour exemple Andres Iniesta, qui n'a longtemps pratiqué que le futsal. Qui sait, le futur Andres Iniesta sera peut-être Français et aura peut-être aussi fait ses gammes dans le futsal ?

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité

Nos rubriques