Bordeaux, Andy Carroll : «je ne faisais que m’effondrer et prendre les mauvaises décisions»
Arrivé cet été à la surprise générale du côté des Girondins de Bordeaux en National 2, Andy Carroll n’a pas mis longtemps avant de briller avec sa nouvelle équipe. L’international anglais, star des années 2010 en Premier League après son transfert record à Liverpool, mène désormais une vie bien plus simple en Gironde. Pour Foot Mercato, il a accepté de se confier sur sa nouvelle vie et sur les raisons qui l’ont poussé à savourer chaque instant sur un terrain de football.
Foot Mercato : deux matches, quatre buts, on peut dire que ce sont des débuts réussis pour vous ?
Andy Carroll : oui, c’est très bien. C’est une réussite pour un joueur de marquer tout de suite et d’être directement sur la feuille de match quand vous êtes dans un nouveau club. Et, évidemment, le résultat du week-end nous a permis de prendre trois points importants et c’est quelque chose dont nous avions besoin sur ce début de saison.
FM : comment vous vous sentez depuis le début de saison justement ?
AC : je me sens bien. Évidemment, j’ai commencé la saison avec Amiens (il a disputé 4 rencontres). J’ai eu la chance de venir ici, de jouer rapidement et de tenter ma chance, et j’aime ça. Je m’amuse beaucoup ici.
FM : pouvez-vous nous parler de votre été et de la façon dont vous avez signé à Bordeaux ?
AC : j’ai eu l’occasion de le faire. J’ai eu la chance de parler avec le coach. J’aime l’idée de ce projet de remonter jusqu’en Ligue 1 et c’est quelque chose que je voulais faire. Quand j’ai parlé au coach, j’étais très confiant de ce que nous pouvions réaliser ici à Bordeaux. C’est probablement la principale raison pour laquelle j’ai signé ici cet été. Bien sûr, c’est aussi un très grand club avec une immense base de supporters, de grandes installations et c’est quelque chose dont je veux faire partie.
FM : donc c’est le discours du coach qui vous a convaincu ?
AC : je ne pense pas avoir eu besoin d’être convaincu honnêtement. Bordeaux est un très grand club et dès que j’ai eu l’occasion de signer ici, je l’ai fait. J’étais enthousiaste à l’idée d’essayer de venir jouer ici, je suis content, même heureux, de l’avoir fait.
«Plusieurs anciens joueurs m’ont demandé ce que je faisais en 4e division à Bordeaux »
FM : vous avez aussi l’air d’apprécier le style de vie en France…
AC : oui, ici, c’est bien plus calme qu’en Angleterre. Rien que le fait de se promener tranquillement dans les rues et de se détendre dans un restaurant, c’est beaucoup. Ici, je profite pleinement et simplement de ma vie et de mon football. C’est plus facile.
FM : passer du monde professionnel au monde amateur, de gros clubs anglais comme Liverpool ou West Ham à un club en 4e division, cela nous vous a pas fait peur ?
AC : pas du tout. Ce n’est que du football. Peu importe le niveau où tu évolues, cela reste du football. Et c’est quelque chose que je veux faire. Il y a quelques années, quand j’étais sans contrat et que je n’avais aucun club, je jouais chaque semaine avec mes amis. On faisait des matches à 11 contre 11 le jeudi soir. Et jouer au foot, c’est quelque chose que je vais continuer à faire autant que possible.
FM : comment vos amis et votre famille ont-ils réagi lorsqu’ils ont appris la nouvelle de votre signature à Bordeaux ?
AC : ils étaient tous contents pour moi. Ils voulaient juste que je sois heureux et que je prenne du plaisir à jouer au football. Et quand je leur ai dit que j’étais intéressé par Bordeaux, ils m’ont dit de signer tout de suite, car c’était la bonne décision. Vous savez, Bordeaux est un grand club et je crois fort en ce projet pour rapidement remonter. Donc c’était une évidence pour tous mes amis et ma famille.
FM : pourtant, nous avons entendu que certains anciens coéquipiers ne comprenaient pas pourquoi vous jouiez encore au football en 4e division…
AC : (rires) oui, il y a plusieurs joueurs qui m’ont demandé ce que je faisais là-bas et pourquoi. Mais je sais pourquoi j’ai signé ici et je sais que c’était la bonne décision. C’est un grand club et je l’ai déjà dit, mais je veux faire partie de cette aventure. Et quand j’ai parlé au coach, tout s’est déroulé exactement comme je le souhaitais.
FM : en National 2, vous allez connaitre des conditions très différentes de celle du monde professionnel avec des déplacements compliqués, des pelouses abimées. Même ça, ça ne vous effraie pas ?
AC : : pas du tout. Le foot reste du foot. Je veux dire, il y a évidemment des terrains différents, mais en fin de compte, ça reste du football. J’ai joué sur de nombreux terrains dans ma carrière et c’est vrai que ce n’est pas génial quand les terrains ne sont pas de bonne qualité. Mais je ne me suis pas plaint depuis que je suis ici. On a un terrain d’entraînement fantastique. La pelouse du stade est incroyable. On a joué à l’extérieur aussi et c’était un terrain décent. Je ne suis pas à plaindre du tout.
«J’étais au fond du trou, tout était sombre»
FM : vous répétez que jouer au football est la chose la plus importante. Comprenez-vous qu’il est très rare d’entendre des joueurs dire cela de nos jours ? Beaucoup d’entre eux pensent d’abord à l’argent…
AC : oui, mais je veux dire, je suis payé pour jouer au football. Je suis payé pour faire ce que j’aime. Et si je n’étais pas footballeur professionnel, j’aurais joué au football dans tous les cas et je n’aurais pas été payé. Je suis reconnaissant de l’argent que j’ai gagné par le passé et encore aujourd’hui, ça me permet de continuer de jouer au football. C’est précisément ce que je voulais pour moi. Je veux juste jouer. J’ai eu beaucoup de blessures dans ma carrière, j’ai été sur le banc et j’ai été parfois un petit joueur sur et en dehors des terrains. En ne jouant que les dix dernières minutes. Je veux juste finir ma carrière en jouant le plus possible. Et ce n’est pas une question d’argent. Il s’agit simplement de profiter de ma vie.
FM : quelle est votre définition du football ? Vous avez l’air d’aimer ce sport sans jamais évoquer de « côtés négatifs »…
AC : j’aime le football. Ce sport… c’est seulement du plaisir. Je pense que dès que tu rentres sur le terrain, il y a tout ce qu’il faut pour être heureux. Vous avez vos amis autour de vous, vous avez vos coéquipiers et vous avez aussi des milliers de supporters qui chantent votre nom et vous encouragent. C’est un sentiment formidable d’être soutenu par tout le monde. Qui ne rêverait pas de ça ?
FM : votre vision du football a aussi peut-être changé après votre passage à West Ham qui a été très compliqué (ndlr : il a connu de nombreuses blessures)…
AC : oui, c’était une période très difficile de ma vie, vraiment. C’était une période stressante pour moi. J’étais au fond du trou, tout était sombre. C’était difficile de remonter la pente. Je ne faisais que m’effondrer et prendre des mauvaises décisions, de mauvais traitements et de mauvaises choses. C’était juste très difficile. Vous savez, en tant que joueur, vous voulez juste être sur les terrains et jouer. Mais parfois, vous entendez des histoires, des gens qui disent "oh, il est toujours blessé", "il devrait prendre sa retraite" et des choses comme ça qui ne sont pas agréables. À ce moment-là, vous êtes dans un gouffre, dans votre coquille et vous essayez juste d’en sortir, car ça peut être dangereux. Heureusement, j’ai réussi à m’en sortir et j’ai connu une fin plus positive. Donc maintenant, j’adore juste jouer au foot.
FM : dans ces moments, on a l’impression d’être seul non ?
AC : c’est clair. Je pense que lorsque vous regardez le reste de l’équipe sur le terrain, qui prend plaisir à jouer au football, à faire ce que vous voulez faire, mais que vous ne pouvez pas faire physiquement… c’est un endroit où l’on se sent seul forcément.
FM : et en plus de cela, vous n’avez pas été épargnés par la presse non plus
AC : oui, il y a eu beaucoup de choses dans la presse sur mes blessures et d’autres choses, et ce n’est pas utile. Ceux qui me connaissent savent que je ne voulais pas être blessé et je veux être sur le terrain pour aider l’équipe. Mais la presse avait été très négative avec moi en disant que je ne voulais pas être sur le terrain et que je devrais quitter le club. Mais pour moi, j’ai toujours été motivé par l’idée de jouer et d’être sur les terrains. Et peut-être que parfois, j’ai été trop motivé, je me suis forcé alors que je n’étais probablement pas à 100%. Je me suis effondré. Ça fait partie des choses que l’on doit vivre pour apprendre. Mais je me sens très bien maintenant.
FM : vous arrivez à Bordeaux dans la peau d’un joueur expérimenté qui a de loin la plus grosse carrière. Comment avez-vous été accueilli par vos coéquipiers et quel est votre rôle dans le vestiaire ?
AC : j’ai été très bien accueilli ici. Je me suis rapidement installé et j’aime ma vie. Il y a un super groupe de gars ici. Je m’amuse vraiment. Ma vision, c’est qu’il est important dans une équipe que chacun ait son mot à dire et que vous mettiez vos idées en commun plutôt qu’un individu ne dise qu’une chose et que tout le monde l’écoute. Je pense qu’il est important pour une équipe de progresser ensemble. Je pense que dans cette équipe, c’est ce que nous faisons. Le coach pose des questions, et tout le monde n’a pas forcément raison aussi. Mais si vous mettez vos idées en commun, vous pouvez réussir.
FM : vous dites que Bordeaux est ambitieux, mais l’équipe pointe à la 14e place sur 16 (avec deux matches en retard) et n’a gagné qu’un seul match. Vous pensez que cette équipe peut monter dès cette saison ?
AC : oui, on a une équipe fantastique et des entraîneurs fantastiques aussi. On est ici cette saison pour monter et on veut être promu. Je pense que c’est l’objectif de tout le monde dans le club actuellement.
FM : vous avez marqué déjà 4 buts en 2 matches, est-ce que vous vous êtes fixés un objectif de buts à atteindre ?
AC : (rires) Non, je ne me mets pas vraiment d’objectifs de buts en début de saison. Je veux juste gagner des matches, peu importe qui marque les buts. Je sais que je suis attaquant et que je suis sur le terrain pour marquer des buts, mais si on gagne un match et que je ne marque pas, ce n’est pas grave. Ça ne m’affecte pas du tout.
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