Sa relation avec Didier Deschamps et Laurent Blanc et son omniprésence à l'OM font de Jean-Pierre Bernès l'un des hommes les plus influents du football français. Un phénomène qui inquiète aussi bien les agents que la FFF et qui n'est pas sans poser quelques problèmes de déontologie.

« Quand on attaque Jean-Pierre, c’est comme si on m’attaquait. C’est mon agent et mon ami. On parle beaucoup de football. Il aime beaucoup le club. Mais à aucun moment, il n’y a eu des interférences ou du business organisé. Il m’aide et me conseille » déclarait il y a peu Didier Deschamps au sujet de Jean-Pierre Bernès et sur son rôle exact à l'OM. Une prise de position étonnante de la part du champion du monde 98 peu habitué à réagir de la sorte et qui s'était montré jusque-là relativement discret vis-à-vis de l'ancien bras droit de Bernard Tapie.
Il faut dire que l'agent de joueur est considéré comme l'un des hommes les plus influents du football français depuis son retour aux affaires après la douloureuse affaire VA-OM où il a été l'un des principaux protagonistes. Mais après une longue traversée du désert, et la signature de son premier contrat (celui de Florian Maurice), Bernès construit brique par brique un empire qui pèse aujourd'hui près de 4,1 M€ de chiffre d'affaires pour 2,1 M€ de bénéfice (source Capital à paraître du mois de septembre 2010). Il faut dire que JPB récupère près de 10 % de la rémunération annuelle de ses protégés. Une affaire particulièrement florissante en somme.
Son omniprésence et sa gestion des plus grands joueurs et entraîneurs de L1 ne laisse pas indifférent l'ensemble de la profession. D'ailleurs, en gérant simultanément les intérêts du sélectionneur de l'équipe de France, Laurent Blanc et de l'entraîneur du club champion de France, Didier Deschamps il sait tout sur les arcanes du football français. Et quand on sait qu'il est l'agent de près d'un cinquième des Bleus (Ribery, Diarra, Nasri, Planus, Squillaci, Rami ou encore Briand), on comprend l'ampleur du phénomène. Mais certains s'inquiètent de son influence grandissante, évoquant notamment un problème de déontologie, notamment sur cette double casquette d'agent d'entraîneur et de joueur.
D'ailleurs, interrogé par Capital, Karim Aklil s'inquiète de sa main mise sur le football français. « Autant lui donner un bureau à la Fédération. Le vrai patron du foot français, c’est lui ! Quand Blanc sélectionne Rami, on se pose des questions. Et, à l’OM, Deschamps n’écoute que lui pour recruter » explique visiblement amer l'agent de Mamadou Niang et de Souleymane Diawara. Même son de cloche du côté de la FFF qui s'inquiète de cette situation, mais qui ne peut pas faire grand-chose. « On a essayé d’inclure dans la nouvelle disposition légale sur le métier d’agent une interdiction de mélanger les genres et les intérêts. Malheureusement, ça n’a pas été retenu. Après, c’est à chacun d’agir selon sa propre conscience et déontologie », rapportait il y a quelques mois Jean Lapeyre, juriste à la fédération dans les colonnes du JDD. Interrogé sur les critiques dont il fait l'objet, Bernès se contente de lâcher à notre confrère de Capital un très laconique « C'est que des jaloux, des aigris, des pisse-vinaigre. »
Mais son sulfureux passé pourrait le rattraper et il pourrait être prochainement interdit d'exercer. Bruno Heiderscheid, qui n'avait pas apprécié en 2007 que JPB lui subtilise Ribery, a porté plainte récemment pour exercice illégal de la fonction d'agent en s'appuyant sur une loi votée en juin qui exclut de la profession d'agent, toute personne soupçonnée de corruption. L'affaire VA-OM pourrait ainsi faire de nouveau du mal à Jean-Pierre Bernès, lui qui a déjà payé cher en passant notamment par la case prison. Mais JPB n'a pas dit son dernier mot et n'entend pas mettre en péril son nouveau statut d'incontournable du football français...
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