Comment Mo Ali Heydarpour est devenu l’entraîneur “technique” préféré des joueurs pros @Maxppp

Comment Mo Ali Heydarpour est devenu l’entraîneur “technique” préféré des joueurs pros

Par Frederic Yang - 26/11/2019 - 15:02

En seulement trois ans, l’Irano-Canadien Mo Ali Heydarpour est devenu un entraîneur personnel qui a la cote auprès des footballeurs professionnels. Sa particularité : développer les joueurs sur le plan technique à travers différents exercices originaux puis diffuser ces sessions d’entraînement sur les réseaux sociaux. Coup d’oeil sur cet entraîneur personnel "nouvelle génération".

Mohammad Ali Heydarpour. Ce nom ne vous dit peut-être rien car il s’est surtout fait connaître sous le pseudo MoAliFC sur Instagram et Twitter. Mais qui peut bien être ce “Mo Ali” qui publie régulièrement des vidéos de ses sessions d’entraînement avec des joueuses et des joueurs professionnels comme Achraf Hakimi, Nabil Bentaleb, Adil Rami, Dominic Calvert-Lewin ou encore Eugénie Le Sommer ? « Je suis né en Iran en 1994. Lorsque j’avais 6 ans, j’ai déménagé avec mes parents au Canada et c’est là-bas que j’ai commencé à jouer au foot. À 17 ans, j’ai signé mon premier contrat pro avec le club du SC Waterloo Region qui évolue en Canadian Soccer League, la première division canadienne. En 2015, j’ai signé dans un club de première division slovaque, le FC Vion Zlate Moravce-Vrable mais je me suis blessé au bout de sept mois. J’ai donc décidé de m’installer à Boston, où mes parents ont déménagé et c’est là que j’ai eu l’idée de travailler individuellement avec les joueurs », raconte Mo Ali.

Sa première collaboration officielle demeure un pur coup du hasard. « Durant l’intersaison de MLS en 2016, j’ai fait un foot avec mes potes et l’un d’eux avait invité l’attaquant du Columbus Crew (club de MLS), Kei Kamara. À la fin du match, j’ai gardé le contact de Kei et je lui ai proposé un entraînement individuel et il a accepté. La séance s’est très bien passée et il m’a ensuite recommandé à d’autres joueurs de MLS. Mon activité était lancée », confie le footballeur retraité de 24 ans.

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569000 abonnés sur Instagram et plus de 3000 clients

La réussite de son activité, il la doit aussi aux réseaux sociaux qui ont fait sa renommée internationale. Il dévoile : « Dès le départ, je savais qu’il fallait que je diffuse le contenu de mes entraînements pour faire parler de moi et me faire connaître du plus grand nombre. Je suivais de nombreux comptes de personnes proposant des entraînements individuels donc je me suis inspiré de leurs méthodes. Plus j’attirais des clients, plus je pouvais poster des vidéos, et plus je gagnais des abonnés. C’est un cercle vertueux. » L’effet boule de neige que génère certains réseaux sociaux ont notamment permis à Mo Ali d’atteindre rapidement 569000 abonnés sur Instagram et ainsi jouir d’une vraie force de frappe. « De plus en plus de sponsors m’ont contacté pour faire des opérations dans les clubs de foot mais aussi auprès des équipes nationales. J’ai notamment travaillé avec l’équipe nationale de Thaïlande avant la Coupe d’Asie 2019 et collaboré avec des joueurs de l’Olympique de Marseille, de Manchester City, de Dortmund. De mon côté, j’ai aussi démarché certains joueurs en leur contactant par message privée sur les réseaux sociaux. En combinant le tout, j’ai réussi à élargir ma clientèle et aujourd’hui, je compte plus de 3000 clients dans le monde entier. » Parmi eux, on retrouve donc Adil Rami, Valère Germain, Hamza Mendyl, Eugénie Le Sommer, Achraf Hakimi, Christian Fuchs ou encore Pedro Rebocho.

« Le joueur qui m’a le plus impressionné c’est Gokhan Inler, l’international suisse et ancien joueur de Leicester. Il a beaucoup de facilité à exécuter les mouvements que je lui montre. Pied droit, pied gauche, il n’y a pas de différences pour lui. En plus, il met tellement d’intensité dans ses entraînements. C’est impressionnant », révèle Mo Ali.

« Les joueurs pros manquent de qualité technique »

Mais pourquoi des joueurs professionnels, censés être déjà bons techniquement, font appel à un entraîneur particulier de « skills » ? Mo Ali donne sa version : « En club, pendant les entraînements, les joueurs sont formatés à des situations précises de match où ils sont incités à faire presque uniquement du contrôle/passe. C’est évidemment essentiel mais d’un autre côté, les joueurs n’évoluent plus techniquement car on ne les pousse plus à travailler cet aspect du jeu. Je peux vous dire que beaucoup de joueurs pros manquent de qualité technique individuelle. Vous savez, la majorité des joueurs et joueuses avec qui j’ai eu le plaisir de travailler ont des difficultés à exécuter les exercices que je propose. Certains s’y reprennent à 30 fois avant de réussir un exercice ou un geste technique spécifique. Donc selon moi, oui, il y a un manque général de qualité technique chez les joueurs pros et c’est pourquoi ils font appel à moi et aiment ce que je leur propose. » Une séance traditionnelle avec Mo Ali dure entre 1h30 et 2h maximum et commence par un court entretien pour cibler la demande et les besoins précis du joueur. S’en suit un échauffement d’une dizaine de minutes avec ballon puis 7 à 8 exercices variées s’enchaînent. Parmi ces exercices, on retrouve généralement du travail de coordination, de rapidité, de jongles ainsi que des challenges type slalom entre des plots suivi d’une reprise de volée sur un petit but puis sur un grand but. Mais Mo ne s’interdit pas certaines folies comme des morpions sur le terrain voire un jeu de fléchettes géantes avec des ballons de foot.

« Je suis ma propre source d’inspiration. J’essaye d’être toujours plus créatif afin d’éviter la routine pour les joueurs. Ils ont constamment besoin d’être stimulés et challengés », explique Mo Ali qui ne donne pas de programmes spécifiques après ses sessions avec les joueurs. Il précise : « Avec certains joueurs, je fais du “one shot” mais avec d’autres, je peux les voir tous les mois ou tous les 2 mois. »

Un job pas encore bien encadré mais qui tend à se développer

À seulement 24 ans, Mohammad Ali Heydarpour a déjà trouvé une reconversion professionnelle après une très courte carrière de joueur pro. Son nouveau job lui permet de voyager dans le monde entier et aussi de vivre plus confortablement que lorsqu’il était joueur professionnel. « Je ne souhaite pas vous dévoiler combien je facture mes séances d’entraînement et combien je gagne exactement mais tout ce que je peux dire c’est que je suis vraiment heureux aujourd’hui car je me sens complètement libre. Quand j’étais footballeur pro, j’avais énormément de contraintes. Je devais faire attention à tout et j’avais des journées très cadrées. Aujourd’hui, je suis mon propre patron et je décide entièrement de mon emploi du temps. C’est une chance et j’en ai pleinement conscience », lâche Mo Ali qui conserve tout de même le léger regret de ne pas avoir pu jouer à un meilleur niveau. La prochaine étape pour lui serait de travailler avec toujours plus de joueurs et notamment ceux du gratin mondial. « Mon rêve serait d’entraîner Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo. Ce sont les meilleurs joueurs du monde donc forcément, travailler avec eux serait un honneur. Mais je suis aussi curieux de voir s’ils seraient aussi à l’aise avec les exercices que je propose. Il pourrait y avoir des surprises », indique ce fan inconditionnel de Ronaldinho, dont il a étudié tous les gestes dans sa jeunesse.

Reste à élucider un mystère. Mo Ali a-t-il obtenu un diplôme particulier pour exercer sa profession ? « Je n’ai pas de diplôme d’entraîneur ou de coach personnel », admet-il. Avant d’ajouter : « J’aimerais en avoir un, un jour, mais aujourd’hui je n’en ai pas vraiment besoin pour faire ce job. Vous savez, les diplômes sont évidemment très importants mais rien ne remplace l’expérience du terrain et j’ai justement accumulé beaucoup d’expériences ces dernières années. Si ce que je proposais n’était pas de qualité, mes clients ne me recommanderaient pas à d’autres joueurs. Ils valident mes méthodes et c’est tout ce qui m’importe. » On en revient au fameux problème de la « mode des nouveaux coachs » qui inondent les réseaux sociaux : comment dissocier les compétents des charlatans sachant qu’aucun diplôme ne peut certifier la qualité de leurs services ? Difficile voire impossible de le savoir avec certitude pourtant, ces nouveaux coachs personnels risquent de se multiplier dans les années à venir. « On voit de plus en plus d’entraîneurs personnels au basket donc pourquoi pas au foot ? C’est vrai qu’il n’y a pas encore cette culture de l’entraînement individuel dans le foot mais je suis sûr qu’on verra de plus en plus d’entraîneurs individuels dans les années à venir. Surtout qu’il y a un vrai besoin derrière et que les réseaux sociaux permettent de toucher plus facilement du monde », conclut Mo Ali. Si ce phénomène se concrétise, les fédérations de football dont la FIFA pourraient et devraient sans doute se pencher sur la question afin d’encadrer et de professionnaliser ce nouveau métier. En attendant, Heydarpour peut continuer de rêver plus grand et devenir le véritable fer de lance de cette nouvelle génération d’entraîneurs individuels. Ce qui serait le cas s’il arrivait à atteindre Messi ou Ronaldo. Affaire à suivre… sur les réseaux sociaux.

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