Entretien avec… Jean-Philippe Sabo : « À l’OM, j’aurais dû être moins gentil… »

Par Fabien Borne
7 min.
Olympique Marseille Jean-Philippe Sabo @Maxppp

Débarqué ce lundi dans l'anonymat le plus total à Strasbourg, Jean-Philippe Sabo (25 ans) est revenu pour Foot Mercato sur ses deux dernières saisons compliquées à l'OM ainsi que sur les six mois de chômage qui ont précédé son arrivée en Alsace.

Foot Mercato : Jean-Philippe, pouvez-vous nous raconter les coulisses de votre transfert à Strasbourg ?

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Jean-Philippe Sabo : J’ai un ami à Marseille qui avait appelé le président de Strasbourg pour lui parler de moi. Franck Passi, l’entraîneur adjoint d’Elie Baup, m’avait ensuite mis en relation avec l’un des actionnaires du club, qui m’a fait part de son envie de me recruter. Après ça, j’ai laissé passer un peu de temps pour voir si d’autres clubs allaient venir vers moi. Mais je n’ai rien eu de très concret. J’ai donc visité les installations la semaine dernière à Strasbourg. J’ai aussi pu discuter avec le président et l’entraîneur (Marc et François Keller, ndlr). C’est un club de CFA, un club sain. Je pense que c’est une bonne chose pour moi surtout que Strasbourg, ce n’est pas n’importe quel club, ils ont un beau projet, c’est intéressant.

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FM : Vous avez donc signé un contrat de six mois avec Strasbourg. Est-ce que vous vous êtes déjà accordé avec les dirigeants pour prolonger automatiquement l’aventure en fonction du nombre de matches joués par exemple ?

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JPS : Non, il n’y a rien du tout. C’est un contrat des plus basiques, un contrat amateur. Après, c’est sûr que si on monte en National, on se mettra autour d’une table avec les dirigeants pour discuter d'une éventuelle prolongation. Mais il faut d’abord que je fasse mes preuves sur le terrain. Car même si j’arrive avec l’étiquette de joueur passé par l’Olympique de Marseille, c’est sur le terrain qu’on doit faire ses preuves. Parler c’est une chose, être bon en est une autre. Ça fait six mois que je n’ai pas joué de match officiel. Je suis confiant, mais à moi de montrer ce que je sais faire, retrouver la forme et après on verra.

FM : Est-ce pour vous un soulagement d’être resté en France ?

JPS : Non, pas plus que ça car j’étais prêt à partir à l’étranger. Après je ne vais pas vous cacher que des pays comme la Roumanie et la Bulgarie m’ont été proposés. Je n’ai pas reçu d’offres concrètes, contrats à la clé, mais il y a eu des contacts. Des clubs m’ont appelé mais j’étais un peu réticent.

FM : S’agissait-il de clubs de première division ?

JPS : Oui, il y avait le deuxième du championnat roumain, le FC Astra. Et en Bulgarie, je ne peux même pas vous dire le nom du club car je ne m’en souviens plus… Mais ces pays-là, ça me semblait compliqué pour moi d’y aller sachant que je n’avais plus joué depuis six mois et que j’aurais eu besoin d’une période d’adaptation qui aurait sûrement été difficile. Après, si j’avais pu partir en Espagne, en Angleterre, en Belgique ou même en Suisse, il n’y aurait eu aucun souci.

«Si je dois revenir un jour à l'OM...»

FM : Et la piste Nottingham Forest (actuel 11e de Championship, ndlr) en Angleterre, c’était du concret ?

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JPS : Oui, car j’avais fait un essai là-bas en octobre dernier, mais je n’ai pas eu de réponse. Le coach (Sean O'Driscoll, licencié le 26 décembre dernier, ndlr) était sur la sellette et ne pouvait pas me donner de réponse tout de suite. Récemment, il m’avait demandé de revenir pour un nouvel essai, mais bon, est-ce que l’essai allait être concluant ? Ça allait faire une semaine de plus d’attente... Du coup, j’ai prévenu l’agent qui m’avait arrangé l’essai à Nottingham que j’allais à Strasbourg et qu’il pourrait venir me voir jouer car j’aurai des matches intéressants. On joue à la Meinau devant près de 13 000 personnes donc ce n’est pas n’importe quoi.

FM : À l’instar d’un Jérémy Berthod, qui a récemment confié qu’il avait pensé à arrêter sa carrière, avez-vous vous aussi pensé à raccrocher les crampons ?

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JPS : Arrêter ma carrière, non. Après c’est sûr que ça fait relativiser et réfléchir sur pleins de choses. Mes six derniers mois m’ont surtout fait prendre conscience qu’il fallait réfléchir très tôt à l’après-carrière et préparer les choses pendant qu’on a la chance de jouer au foot. Car c’est vrai que six mois à ne rien faire, à être au chômage et à recevoir des indemnités de Pôle Emploi, c’est compliqué.

FM : Avez-vous été surpris que personne ne vous contacte à la fin de votre contrat avec l’OM ?

JPS : Oui, car j’avais eu des présidents de clubs au téléphone qui m’avaient dit : «Ne t’inquiètes pas, on te veut, on te rappellera». J’attends toujours leur coup de fil… C’est aussi ça qui m’a fait relativiser sur le monde du football, les gens ne tiennent pas toujours leur parole. Après, comme je n’avais pas beaucoup joué durant ces deux dernières années, j’avais conscience que j’allais avoir un peu de mal à retrouver un club. Mais de là à rester six mois au chômage, non je ne m’étais pas vraiment préparé à ça.

FM : Avez-vous été déçu que les dirigeants de l'OM ne vous proposent pas quelque chose, surtout quand on voit que Lucas Mendes joue souvent dans l’axe cette saison et que Morel n’a pas vraiment de doublure ?

JPS : Oui ça aurait pu être une possibilité, après, en avaient-ils vraiment envie ? C’est à eux qu’il faut poser la question. Je n’en veux à personne, même si je garde une petite amertume envers l’entraîneur de l’année dernière (Didier Deschamps, ndlr). Il y a certaines choses que j’aurais dû faire et que je n’ai pas faites ces deux dernières années. J’aurais dû par exemple ouvrir ma gueule un petit peu plus et être moins gentil. Mais c’est comme ça, ça fait apprendre et c’est dans la difficulté qu’on apprend le plus. J’espère que ça me servira pour la suite.

FM : En tant que joueur formé à l’OM, gardez-vous comme objectif de revenir un jour au club ?

JPS : J’ai des objectifs, ça c’est sûr. Après, revenir à l’OM, ce n’est pas mon premier objectif pour l’instant. C’est un club que j’apprécie énormément et qui restera à jamais gravé dans ma tête. J’ai été formé là-bas, ça faisait 11 ans que j’étais au club même si j’ai été prêté quelques années (à Montpellier lors de la saison 2008/2009 et à Ajaccio lors de la saison 2009/2010, ndlr). Maintenant, si je dois revenir un jour à l’OM, je reviendrai avec un grand sourire, avec une grande fierté, mais je reviendrai pour jouer, pas pour faire de la figuration.

FM : Êtes-vous d’ailleurs surpris de voir si peu de jeunes réussir à s’imposer à l’OM ?

JPS : C’est vrai que c’est difficile pour les jeunes au club, même si cette année ils ont eu un petit peu plus de temps et jeu et qu’on a beaucoup parlé d’eux. Mais à l’Olympique de Marseille, c’est dur de sortir des jeunes. Certains ont pourtant beaucoup de qualités et je pense que si on les mettait sur le terrain, ils ne seraient pas ridicules. Maintenant, il faut surtout les lancer dans le grand bain, à petite dose peut-être c’est vrai, car certains sont très jeunes. Mais si on veut faire progresser un jeune du club, ou un joueur en général, il faut le faire jouer, pas le laisser sur le banc.

FM : Pour finir, que peut-on vous souhaiter pour 2013 sur le plan personnel et collectif ?

JPS : L’ambition du club est de remonter le plus vite possible en Ligue 2. Ça passe donc par une remontée en National le plus rapidement possible. Sur le plan personnel, j’espère faire de bons matches, sans pépins physiques. Il reste 19 rencontres à jouer, à moi de réaliser 19 belles prestations. Médiatiquement, Strasbourg est un club qui est regardé par des clubs de Ligue 1, de Ligue 2 et de National. On m'a aussi dit que des clubs d’Allemagne suivaient les prestations du club comme ce n’est pas loin, donc c’est intéressant.

FM : On vous souhaite donc de rebondir au Bayern Munich l’été prochain…

JPS : Oui, pourquoi pas ! Même si je crois savoir que leur latéral gauche, David Alaba, n’est pas trop mal (rires).

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