L’Apartheid fut abolie il y a une vingtaine d'années, mais l’Afrique du Sud a conservé l’un des principaux composants de la plus douloureuse des pages de son histoire : la violence. 47 meurtres par jour, l’un des taux de viols les plus élevés au monde, carjacking et cambriolages quotidiens… Les statistiques sont renversantes, plus rares sont les affaires à portée mondiale venant pointer le mal sud-africain. La mort de Senzo Meyiwa, ce dimanche, peut être considérée comme telle. Le gardien de but des Orlando Pirates et des Bafana Bafana est décédé à l’hôpital de Johannesburg, où il avait été transféré d’urgence après avoir été la victime d’une fusillade dans le township de Vosloorus, à vingt kilomètres de là.

Le joueur, profitant d’un jour de repos au lendemain d’une victoire de ses Pirates, s’était rendu au domicile de sa compagne pour une soirée entre amis. C’est à cette occasion que deux individus – accompagnés d’une tierce personne, qui attendait à l’extérieur – ont fait irruption dans la maison pour réclamer des objets de valeur. Devant un refus d’obtempérer et le début d’une altercation, ils ont ouvert le feu, laissant Meyiwa sur le flanc. Coutumière de ce genre de faits, l’Afrique du Sud est aujourd’hui dévastée. Personnalités, chef d’état, président de la fédération ou sélectionneur, tous ont pris la parole pour exprimer leur émotion face à la dramatique disparition. Aussi, parce que Meyiwa, 27 ans, était un footballeur et un homme apprécié.

Personnalité appréciée, footballeur en pleine ascension...

Comme pour rajouter du dramatique à ce qui l’est déjà, il convient en effet de signaler que le gardien de but était au top d'une carrière dont il devait encore écrire les plus belles pages. Ayant tapé ses premiers ballons comme attaquant dans son Durban natal, Meyiwa s'est rapidement converti en gardien pour les qualités qu’on lui reconnaissait aujourd’hui – il possédait une remarquable détente qui en faisait un dernier rempart performant en dépit de son petit mètre 75 – et a tapé dans l’œil de l’un des deux plus gros clubs du pays, à savoir les Orlando Pirates, à l’âge de 13 ans. Après y avoir fait ses gammes, il a débuté en pro en 2006, mais attendu six ans avant de s’octroyer une place de titulaire courant 2012.

La suite est une ascension fulgurante : sur la saison 2013, ses performances en Ligue des Champions africaine relèvent de l’impressionnant, alors qu’il se paye 7 clean-sheets en 16 rencontres, guidant ainsi les siens en finale. Des prestations qui le mènent à la sélection nationale : utilisé avec parcimonie dans un premier temps, il profite d’une indisponibilité de son concurrent Itumeleng Khune pour devenir le numéro un, et même le capitaine des Bafana Bafana avant les éliminatoires de la CAN 2015. Il n’encaissera aucun but sur ses quatre matches disputés entre septembre et octobre... Star montante du football sud-africain, Meyiwa était donc, vous l'aurez compris, promis à un bel avenir. Entre disparition dramatique et destin brisé, l'Afrique du Sud et le monde du football ont matière à pleurer...