Real Madrid : silence, la réserve coule…

Par Fabien Borne
6 min.
Real Madrid CF @Maxppp

Dans l’ombre de l’équipe première du Real Madrid, la Castilla tente d’exister tant bien que mal. Mais après être remontée en seconde division espagnole la saison dernière, la réserve madrilène est actuellement lanterne rouge de Liga Adelante avec sept petits points glanés sur 42 possibles. Une situation qui fait tache et qui reflète surtout le manque de compétitivité de la Fábrica madrilène.

« Il y a des clubs comme Arsenal qui recrutent des joueurs à 16-17 ans. D'autres comme le Barça qui font monter leurs jeunes en équipe première. Et d'autres encore comme le Real qui forment des joueurs, les prêtent à d'autres clubs pour les aguerrir puis les font revenir s'ils décèlent de vraies capacités comme ce fut le cas pour De La Red, Arbeloa ou Callejón ». Cette analyse d’Alberto Giráldez, coordinateur des équipes de jeunes du Real de 2000 à 2006 et de 2009 à 2012, date d’il y a un an, mais n’a jamais semblé aussi appropriée qu'aujourd'hui, après notamment le retour estival au Real Madrid de Dani Carvajal, une saison seulement après son départ au Bayer Leverkusen. Souvent comparé à la célèbre Masia barcelonaise, qui alimente depuis de nombreuses années l’équipe première du Barça, le centre de formation du Real Madrid, surnommé La Fábrica, ne peut se targuer d’une telle réussite. Si de nombreux joueurs professionnels ont été "fabriqués" au Real Madrid, rares sont ceux qui ont explosé au sein de la Maison Blanche ces dernières années. La faute à une politique de stars, mais aussi à un centre de formation qui n’arrive plus à sortir des joueurs capables de s’imposer au milieu des stars étrangères ou nationales. Symbole de cette Fábrica en déclin, la Castilla, l’équipe réserve du Real Madrid.

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La fuite des talents

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Remontée en Liga Adelante il y a un peu plus d’un an, la Castilla a bouclé l’exercice 2012-2013 à une encourageante et honorable 8e place. Une trajectoire aux antipodes de l’exercice actuel, qui voit la Castilla occuper une alarmante 22e place après 14 journées. Dimanche dernier la Castilla a même touché le fond en s’inclinant 6-0 sur le terrain d’Eibar, 6e du championnat. Profitant jusque-là du soutien de ses supérieurs, Alberto Toril a été remercié hier soir par ses dirigeants, lui, l'homme de la remontée. Un constat d’échec qui s’explique en partie par la qualité intrinsèque de l’effectif mis à sa disposition. Cet été, quatre anciens tauliers de son équipe ont en effet été promus en équipe première : Jesé Rodriguez, Alvaro Morata, Nacho et Casemiro (qui avait rejoint son groupe en janvier dernier, en provenance de São Paulo). Saluées à l'époque par tout le madridismo, ces promotions interrogent aujourd’hui au vu du faible temps de jeu dont disposent ces quatre éléments depuis leur intégration au groupe de Carlo Ancelotti (trois titularisations à eux quatre depuis le début de saison). Quitte à ne pas les faire jouer, pourquoi ne pas les laisser s’exprimer avec la réserve ? Une partie de la réponse est dans la question. Au terme de leur belle campagne 2012/2013, de nombreux joueurs de la Castilla ont suscité l’intérêt d’écuries de Liga ou de clubs étrangers de première division, et ont donc préféré voir si l’herbe était plus verte ailleurs. S’ils n’avaient pas été promus en équipe première cet été, nul doute que Jesé Rodriguez, Morata, Nacho et Casemiro auraient abandonné le Real Madrid. C’est le choix qu’a fait par exemple l’international russe Denís Chéryshev, auteur de 11 buts la saison passée avec la Castilla, qui a été prêté au FC Séville cette saison où il n’a d’ailleurs disputé que 15 minutes depuis son arrivée, la faute à une blessure musculaire lors de sa première apparition sous le maillot sévillan. Ne pouvant espérer se faire une place en équipe première, des garçons comme Alex Fernández, Juanfran ou encore Pedro Mosquera ont eux répondu aux avances de l’Espanyol Barcelone, du Betis Séville et de Getafe. Enfin, on ne saurait oublier de mentionner un certain Fabinho, qui était prêté la saison dernière par Rio Ave et qui n’a pas vu son option d’achat levée par le club madrilène, lui qui a explosé depuis à l’AS Monaco.

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Une réserve trop inexpérimentée

Privée de ses meilleurs éléments, la Castilla a recruté cet été, notamment au Barça, avec l’arrivée de Kiko Femenía (22 ans), ancienne perle d’Hércules, ou encore à l’Atlético avec le recrutement du défenseur Jorge Pulido (22 ans), 17 matches de Liga au compteur. Mais surtout, alors qu’il s’appuyait l’an dernier sur un mélange de jeunes joueurs prometteurs et d’éléments plus confirmés, le Real Madrid Castilla a décidé cet été de faire monter 6 éléments du Real Madrid C, la troisième équipe du club madrilène. Un pari risqué qui, après 14 journées, ne porte pas ses fruits, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec une moyenne d’âge de 21,2 ans, la Castilla traîne son manque de maturité comme un boulet au sein d’une seconde division espagnole qui n’a jamais semblé aussi compétitive et expérimentée, le Recreativo Huelva, leader du championnat, présentant par exemple une moyenne d’âge de 27,9 ans. Victime, comme la Castilla, de la perte de nombreux éléments promus cet été à l’étage supérieur, comment se comporte d’ailleurs le Real Madrid C cette saison ? Victorieuse ce week-end de Peña Sport, l’équipe dirigée jusque-là par José Manuel Díaz (il a été nommé hier soir nouvel entraîneur de la Castilla) est remontée à la 12e place du groupe 2 de Segunda B (le troisième niveau du football espagnol), mais reste encore bien loin de sa respectable 5e place de l’exercice précédent. Si la Castilla, qui compte neuf points de retard sur le premier non relégable (le Barça B) venait à descendre en troisième division, cela entraînerait automatiquement la relégation du RMC en Tercera, la quatrième division espagnole.

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L'espoir vient des plus jeunes

L'état de santé préoccupant du Real Madrid Castilla et du Real Madrid C ne doit toutefois pas occulter les bons résultats des équipes de jeunes du Real Madrid. Les U19 d'Enzo Zidane sont en effet en tête de leur groupe en Youth League (la Ligue des Champions des U19) et leaders de leur championnat après 11 journées (División de Honor - groupe 5) devant le rival colchonero. Et si la France suit avec attention l'évolution de la progéniture de Zizou, les techniciens de la Fábrica misent beaucoup sur le Colombien Juan José Narváez (18 ans) alias Juanjo, auteur de 5 buts en 4 matches de Youth League et de 10 réalisations en 6 matches de championnat joués cette saison. Dirigés par Fernando Morientes (pressenti d'ailleurs pour remplacer José Manuel Díaz à la tête du RMC), les Juvenil B (joueurs nés en 1996 ou plus) du Real Madrid sont eux deuxièmes de leur championnat juste derrière le Rayo Vallecano. Luca Fernández, l'autre fils de Zidane (qui a également deux autres garçons qui jouent au Real Madrid, Theo en Alevín A et Eliaz, en Benjamín B), évolue lui au poste de gardien de but en Cadete A (joueurs nés en 1998 ou plus) sous les ordres de Rubén de la Red. Et là encore, les merengue répondent présents puisqu'ils pointent à la deuxième place de leur championnat, derrière le rival colchonero.

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Toujours très éloquente lorsqu’il s’agit de conter les exploits des jeunes joueurs formés au club, comme ce fut notamment le cas l’an dernier lorsque le prometteur José Rodriguez (18 ans) fit la Une des gazettes après avoir enchaîné trois apparitions en équipe première sous la houlette de Jose Mourinho, la presse madrilène ne disserte pas aujourd’hui sur l’alarmante situation de la Castilla. Une omerta (volontaire ?) partagée par Florentino Pérez, qui a dépensé cet été 60 M€ pour recruter les jeunes Isco (21 ans) et Illarramendi (23 ans). Ceci explique peut-être cela.

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