Temps Additionn’Elles : à la découverte de l’OM Féminin

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Gros plan sur l'OM Féminin @Maxppp

À Marseille, le football se conjugue à tous les genres. Bien moins médiatisée que l'équipe de Michel, la section féminine de l'OM trace sa route dans l'ombre en D2. Pourquoi le club phocéen n'évolue toujours pas au plus haut niveau ? Comment fait-il pour y parvenir ? Quel impact l'OM Féminin a-t-il dans la région ? Voici quelques éléments de réponses...

Paris-Lyon-Marseille. En Ligue 1, difficile de passer à côté du fameux axe PLM. En revanche du côté des Féminines, c'est une autre histoire. Bien plus que des kilomètres séparent aujourd'hui ces trois clubs. Cela ne se résume pour le moment qu'à un mano à mano entre PSG et l'OL Féminin, les deux mastodontes du football tricolores. Mais où est donc l'OM ? Dans une ville qui respire le football, le vit intensément, la section féminine ne connaît pas encore le même succès. Pourtant les femmes ont chaussé les crampons très tôt dans la cité phocéenne. En 1920, le club a fondé une section féminine, finalement dissoute en 86. Mais depuis 2010, l'OM a manifesté sa volonté farouche de se lancer sérieusement dans le foot féminin. Une fusion avec le Celtic de Marseille, devenu depuis le Football Association Marseille Féminin, avait même été évoquée. Mais elle n'a pas eu lieu. «Il y a pas mal de choses qui ont fait que ça ne pouvait pas être fait. Je pense que les deux clubs voulaient garder leur identité», nous explique Claude Cocchi, présidente du FAMF depuis trois ans.

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Et c'est finalement en 2011 que la section de l'OM a été lancée officiellement. Mais pourquoi avoir attendu autant de temps ? Quelles raisons ont motivé cette initiative ? À l'époque, le club olympien a expliqué cela dans un communiqué de presse. «Le projet était à l’étude depuis deux ans entre l’OM et la Ligue de Méditerranée. Devant la demande en constante augmentation de la part de jeunes marseillaises pratiquant aujourd’hui le foot, le club a décidé de transformer le projet de création de cette section féminine en réalité». Mais pour Claude Cocchi, ancienne joueuse passée par l'OM, la vérité est ailleurs: «Je pense que ça a été une obligation pour l'OM d'avoir une section féminine vis-à-vis des autres grands clubs français». Il est vrai que l'OL, le PSG ou encore l'ASSE ont tous lancé leurs sections féminines avec plus ou moins de succès. Marseille, le club le plus populaire de France, pouvait difficilement faire l'impasse.

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Des moyens importants

Pour mener son projet à bien, le club phocéen s'est appuyé sur un homme fort. Christophe Parra. Un entraîneur dont on ne parle pas pour ses conférences de presse lunaires à la Marcelo Bielsa. Discret mais efficace, il est à la tête de l'OM Féminin depuis son lancement il y a maintenant quatre ans. Si le travail était colossal, les résultats sont là. La formation olympienne a évolué pour atteindre la D2 Féminine. Tout proche de la D1 la saison dernière, le club a finalement échoué. Mais cette saison, l'OM a de l'ambition et a mené un mercato en conséquence. Onze joueuses sont parties, six sont arrivées dont Sandrine Brétigny, ancienne joueuse de l'OL et de Juvisy. La recrue phare du club nous explique son choix : «J'ai rejoint Marseille parce que le projet de monter en D1 m'intéressait. J'avais besoin de retrouver du temps de jeu. On m'a recruté surtout pour marquer des buts. Mon expérience compte aussi. Mais je ne prétends pas être numéro un ou quoi que ce soit. Il faut travailler à chaque entraînement. Il y a un bon groupe. On vit et on travaille bien ensemble».

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Pourtant, l'influence de l'internationale tricolore s'est vite fait ressentir. Elle est la meilleure buteuse de l'OM avec 13 réalisations en 7 rencontres. Le genre de joueuse qui vous permet de passer un cap. Et c'est bien là le but de Marseille, leader du groupe C avec 6 victoires et un nul en 7 journées. «L'objectif numéro un est de monter en D1. Ça va être compliqué. Tout le monde veut battre Marseille. Chaque match va être difficile. Pour l'instant, on est bien. On a juste fait un match nul. Il ne faut pas se relâcher, se remettre en question chaque week-end. Si on continue à bien travailler, on ne devrait pas être loin de monter». Pour atteindre son but, l'OM a aussi mis les moyens. «On bénéficie des mêmes conditions d'entraînement que les U19 ou la CFA, précise Sandrine Brétigny. On a une salle de musculation, un plateau complet avec prépa physique, kinés, ostéopathes. On a de belles installations. On peut se rapprocher d'un mode professionnel». Ce n'était pas forcément le cas auparavant. Ancienne joueuse passée par l'OM, Claude Cocchi raconte : «À mon époque, on avait le service médical. Maintenant elles ont tout sur place. On sent une vraie évolution dans les moyens mis en place. C'est comme si c'était des professionnelles».

Une locomotive pour la région

Mais ce n'est pas encore le cas. Une montée en D1 aidera le club à progresser et gagner en visibilité. «Tout le monde sait que l'OM est un grand club. Donc forcément ça attire du monde et beaucoup de personnes s'intéressent au club de l'OM, déclare Sandrine Brétigny. À nous de faire des résultats et d'essayer de monter en D1 pour qu'on parle un peu plus des filles». Malgré tout, l'OM représente un vecteur important pour le développement du football féminin et impacte positivement sur la vie des autres clubs féminins de la région. Pour exemple, en 2011 la FAMF comptait 120 licenciées. Aujourd'hui, 140 joueuses sont sociétaires du club (une équipe U9, 3 en U10, U14, U17, et deux équipes seniors). La création de l'OM Féminin n'est pas étrangère à cela comme l'atteste Claude Cocchi :«C'est une bonne locomotive qui nous permet d'évoluer par ricochet. Pour vous donner un exemple, moi au FAMF quand je fais une détection, j'ai peut-être 4 ou 5 filles maximum. Quand l'OM fait une détection, je ne vous dis pas le nombre de joueuses qu'il y a. Quand ils ont créé la section, il y avait de tout. Mais il y avait des filles. C'est très bien pour les autres clubs». Cela peut aussi permettre aux meilleures joueuses du coin de continuer leur progression à l'OM. «On entretient de très bonnes relations avec le staff de l'OM. Certaines de nos joueuses sont parties là-bas. Pour les plus jeunes, c'est comme pour les garçons, tout le monde rêve de jouer dans le club de sa ville. Et le club de la ville de Marseille, c'est l'OM».

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Mais Claude Cocchi espère que la relation marchera dans l'autre sens à l'avenir. «Comme je dis souvent à Christophe Parra, vivement que vous montiez en D1. Le club va devoir prendre de nouvelles joueuses. Nous on récupérera pas mal de ses filles (sourire)». Si le football féminin connaît un nouveau coup de fouet avec le développement de l'OM, le public lui aussi commence à adhérer. Une montée en élite permettrait là encore à Marseille d'attirer un public plus large avoue Sandrine Brétigny : «Comme dans chaque club, on a des supporters. Lors de notre dernier match face à Grenoble, il y avait 1000 personnes. Pour un match de D2, c'est déjà pas mal. Je pense que le jour où l'OM sera en D1, ce sera encore mieux. On aura encore plus de monde au bord des terrains». La perspective de voir des matches contre l'OL Féminin, l'ASSE, Montpellier ou encore le PSG a de quoi plaire. Un Classico au féminin qui motive Sandrine Brétigny : «Ce serait génial. Pour mieux faire connaître le foot féminin, des affiches comme celle-là c'est parfait. Peut-être que ça attirera plus de monde dans les tribunes et les médias». Avant cela, l'OM a du chemin à parcourir pour atteindre son but.

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