La fuite des talents qui menace la Liga et la Roja

Roberto Soldado, parti à Tottenham, est le dernier d’une longue liste d’Espagnols ayant choisi l’exode cet été. Parmi eux se trouvent de nombreux internationaux. Soldado donc, mais aussi Llorente, parti en Italie, Navas ou Negredo, envolés vers l’Angleterre. Tous font partie des joueurs les plus efficaces et les plus en vue ces dernières années de l’autre côté des Pyrénées. Un exil regrettable donc, mais surtout inévitable, puisque, hormis les géants barcelonais et madrilène, la situation financière délicate des clubs espagnols ne leur permet pas de concurrencer la Premier League ou la Bundesliga sur le marché estival.

Heureusement, la réputation des joueurs espagnols sur le plan mondial permet à leurs clubs de négocier leur départ au prix fort. Ainsi, Séville a récupéré 45M€ de Manchester City pour la paire Navas-Negredo, tandis que Valence vient d’obtenir 30M€ pour Soldado. Des sommes salutaires pour des clubs endettés, alors que le fair-play financier pointe le bout de son nez, mais probablement insuffisantes pour se renforcer en conséquence. Plus que jamais, la Liga devrait donc ressembler cette saison à un championnat à deux clubs et sa compétitivité sur la scène européenne pourrait pâtir du renouveau de la Serie A et des beaux mercatos réalisés par les clubs anglais et allemands qualifiés en Coupe d’Europe.

La nouvelle vague espagnole déferle sur l’Europe

Plus inquiétant encore, les départs des jeunes Barcelonais Thiago Alcantara et Gerard Deulofeu. Car il ne s’agit pas là de jokers en sélection, mais bel et bien de futures stars du ballon rond espagnol, qui semblaient destinées à guider le Barça de demain. Pourtant, tandis que Thiago, meilleur joueur du dernier Euro U21, s’est laissé séduire par le champion d’Europe munichois, Deulofeu a filé à Everton pour un prêt. Un choix de carrière qui peut sembler surprenant, mais qui représente bien la tendance des années à venir pour son agent, Ginès Carvajal. «Les joueurs espagnols sont des références partout dans le monde, car tout le monde veut jouer comme la sélection espagnole,» a-t-il déclaré à Marca. Selon lui, il est même possible que dans quelques temps la majorité de la sélection espagnole joue hors d’Espagne : «C’est très probable que ceux qui n’appartiennent pas au Real ou au Barça jouent hors du pays.»

Le football espagnol est donc en pleine mutation. Alors que la compétitivité de son championnat pourrait être mise à mal cette saison, la sélection semble se diriger vers une métamorphose et se rapprocher d'un modèle "à la Française", avec des joueurs partant chercher la reconnaissance internationale à l'étranger. Un comble pour la Roja, qui a basé son hégémonie sur son identité. Lors de la dernière Coupe des Confédérations déjà, 8 des 23 Espagnols évoluaient hors de leurs frontières contre 4 seulement lors du dernier Euro. Jouer au Barça ou au Real, ou s’exiler. Aujourd’hui, telles semblent être les options d’un joueur espagnol qui rêve de titres et de sélection. L’avenir nous dira si les choix de Navas, Soldado et compagnie s’avèrent payants.