Caen, Gravelaine : «Parlons d’abord des 43 points, après on pourra rêver»

Le constat est saisissant. Il y a un an, à la même époque, le Stade Malherbe de Caen se battait pour sa survie en Ligue 1. Alors bon dernier du championnat, le club bas-normand a depuis redressé la barre, et de manière spectaculaire. Quatrième du classement à la trêve, le SMC vit un exercice 2015/2016 de rêve avec, notamment des victoires sur l'Olympique de Marseille (1-0), Saint-Étienne (1-0) ou Bordeaux (4-1). Un bilan que ne boude pas le manager général caennais Xavier Gravelaine au micro de Foot Mercato. « Je crois que c’est un réel exploit, mais qui n’est pas dû au hasard. C’est dû au travail, les efforts ont payé et les décisions stratégiques ont eu du poids. C’est du rarement vu on va dire. » Pourtant, le SMC en a bavé avant d'en arriver là entre l'affaire du match Caen-Nîmes et les tensions supposées entre Patrice Garande et ses joueurs.

« Ce sont les journalistes qui ont parlé de ça. C’est normal, quand on voit les clubs qui sont mal classés, automatiquement les bruits circulent. Pour nous, ça a toujours été clair : il y avait trop d’aléas. Entre cette affaire (Caen-Nîmes) qu’on nous a collée sur la tête, le fait qu’on n’ait pas eu le stade (en raison des Mondiaux équestres, le SMC avait dû jouer à la MMArena, ndlr), et ce qui se disait sur les joueurs… J’étais, avec Alain Caveglia (le directeur sportif, ndlr) et Patrice (Garande), proche d’eux. Il n’y avait pas de rupture. Pour moi, on était parti sur un plan de travail de cinq ans. Patrice Garande n’était pas un obstacle pour les objectifs du club. Il était hors de question de se séparer de Patrice. » Une confiance maintenue qui porte aujourd'hui ses fruits avec cette belle quatrième place en championnat. Une Ligue 1 au niveau resserré (onze points entre le 3e et le 18e alors que le PSG en compte 19 d'avance sur son dauphin) qui est loin d'être un handicap pour Caen.

Objectif maintien

« C’est un plus pour tout le monde. Malheureusement, il y a un décroché qui est Troyes avec 8 points. Nous, on a vu combien c’était difficile l’an passé avec quinze points. On avait neuf chances sur dix que ça bascule vers la relégation. On est passé parce qu’on a pu redresser. Ensuite vous avez le PSG. Ce n’est pas méchant de le dire pour Troyes, mais c’est quasiment un championnat à dix-huit. Quand vous loupez un début de saison, c’est très dur de revenir avec huit points. Franchement, je trouve que le championnat est plus relevé pour quatorze ou quinze équipes. On risque d’avoir des surprises pour les descentes cette année, c’est sûr. Entre la troisième place et la quatorzième, il n’y a pas quinze points. Il suffit d’une mauvaise série de trois, quatre matches. On peut avoir fait six mois super et se retrouver à la douzième place en un mois. La Ligue 1 est compacte hormis un PSG qui est un extraterrestre. Mais il ne faut pas oublier que Marseille, Lyon, Saint-Étienne, Bordeaux ont une dizaine de matches de plus dans les jambes. Il y a des aléas de blessés, de changement de groupe. Ils seront là à la sortie parce que, à un moment donné, la logique des budgets et des effectifs font qu’on les retrouve. Après il y aura peut-être une ou deux surprises. Il n’y a pas encore de bilan à tirer. On est juste à la mi-temps du championnat. Ce qui est valable les six premiers mois ne le sera peut-être pas lors des six prochains. Surtout pour les gros. »

Davantage habitué à lutter pour sa survie parmi l'élite qu'à se mêler à la course à l'Europe, le SMC la joue donc prudent, même s'il ne se refuse pas de rêver. « L’objectif est simple et pour plusieurs années. Le club n’a pas l’habitude de rester plus de deux ans de suite en Ligue 1, l’objectif c’est d’avoir 43 points et d’être en L1 l’année prochaine. Il y a des années où vous êtes en retard, comme c’était le cas l’an passé à la trêve. Et parfois vous êtes en avance. Il sera grand temps de parler d’autre chose quand on sera capables d’avoir les 43 points. Mais aucun club, sauf les gros, n’est capable de dire en décembre à quelle place il finira en mai. On n’est pas assez habitués à la Ligue 1. Parlons d’abord des 43 points, après on pourra rêver. Il faut rester ambitieux, même l’objectif est le maintien. On se maintient en L1 en faisant du jeu. On s’en est sorti en faisant du jeu. La philosophie de Patrice Garande est celle-ci depuis plusieurs années. C’est dans les gènes du club, quel que soit l’entraîneur. Grâce à cette qualité de jeu qu’on a accentuée cette année avec le recrutement de joueurs plus expérimentés, font que c’est une marque de fabrique qui doit rester pendant plusieurs années. » C'est tout le mal qu'il faut souhaiter au SMC.