Nice, Nantes, OL : 3 projets de formation pour viser les sommets

Par Khaled Karouri
6 min.
L'OL en connait un rayon en matière de formation @Maxppp

À l'heure où la formation s'est placée plus que jamais au centre des préoccupations parmi les clubs de Ligue 1, l'heure est venue de se pencher sur cette question parfois oubliée. Comment les clubs travaillent-ils ? Quels réseaux exploitent-ils ? Sur quelle filière appuyer ? Éléments de réponse.

La formation, voilà un thème que l'on entend aujourd'hui régulièrement sur la planète ballon rond. Si certains clubs ont longtemps délaissé leurs jeunes pour recruter des joueurs déjà confirmés, ne pas former apparaît aujourd'hui comme une hérésie. Entre un fair-play financier contraignant, et un contexte économique global qui ne permet plus les folies d'antan, la formation apparaît comme la solution idoine pour se développer sans dépenser des mille et des cents. La France n'échappe pas à la règle, elle qui a d'ailleurs été de tout temps louée pour la qualité de son système de formation, permettant à des jeunes pousses d'éclore avant d'inonder le marché européen. Mais, avec une concurrence toujours plus rude et des bras de fer parfois intenses pour recruter des jeunes talents, comment les clubs de l'Hexagone travaillent-ils pour dénicher la perle rare ?

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À Nantes, on s'y connaît en formation. Faisant partie des clubs de l'Hexagone à faire confiance à leur centre, les Canaris sont réputés pour la qualité de leur travail en matière de recrutement et de développement des jeunes. Ce n'est assurément pas Georges-Kévin Nkoudou qui dira le contraire lui qui, avec tout juste 34 matches de Ligue 1 au compteur, vient de rejoindre un club plus huppé, lui qui s'est engagé en faveur de l'Olympique de Marseille. Le natif de Versailles fait partie de ces espoirs que le FCN est allé récupérer hors des frontières locales, évoluant à l'AC Boulogne-Billancourt avant de poser ses valises au Pays de Loire. Un cas loin d'être isolé, comme nous l'explique Sébastien Oger, recruteur chez les Jaune-et-Vert :

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Nantes tisse sa toile partout en France

« On recrute sur la région nantaise tout d'abord, puis on étend notre regard sur toute la Bretagne, puis la région parisienne. Notre philosophie, c'est de recruter d'abord dans le coin, mais de viser aussi des top joueurs ailleurs, comme à Paris ou maintenant un peu plus dans la région Rhône-Alpes ». Une visite en terres rhônalpines logique pour celui qui était auparavant à l'AS Saint-Etienne : « J'ai échangé là-dessus avec le responsable du recrutement qui est Matthieu Bideau, mais aussi avec le responsable du centre de formation qui est Samuel Fenillat. Personnellement, je n'ai peur de rien, je suis déjà allé sur Paris, la région lilloise, vers Marseille, ou Nice. Là, j'ai pu faire le tour des clubs amateurs de la région Rhône-Alpes, comme le FC Lyon, Saint-Priest, etc. Ces clubs étaient surpris de me voir présent, mais l'image du club est intéressante partout en France, et dans cette région aussi ».

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Oger vient de recruter Bafounta et Homawoo dans la région lyonnaise

Une bonne image, pour un club qui refuse de céder au travail de masse. Loin de recruter à tout-va et de multiplier les détections et autres invitations, Nantes préfère cibler ses renforts, se contentant de groupes de 16 joueurs par génération : « On vise du top joueur sans viser dans la masse, on ne vend pas de rêve. On fait du travail individuel sur les jeunes, sans les presser, avec un projet de longue durée. Mais on voit que depuis quelques années on a de bons résultats », s’enthousiasme-t-il. Rien d'illogique si l'on en juge par les derniers résultats obtenus par les équipes de jeunes nantaises, entre des succès au tournoi de Montaigu (U16), au tournoi de Cahors (U12-U13), ou bien encore au tournoi de Dubaï (U16). Autant de résultats qui promettent, et qui peuvent potentiellement assurer la pérennité du club parmi l'élite, alors même que son équipe première se fonde déjà essentiellement sur des éléments formés à la Jonelière : « On a 50-60% de nos titulaires en Ligue 1 qui sont formés au club, et c'est notre ADN, on est un club formateur », se réjouit ainsi Oger.

Nice mise sur le bassin méditerranéen

Et si Nantes tisse un peu sa toile bien au-delà des frontières du grand ouest, d'autres clubs misent eux plus que jamais sur le cru. Une politique différente, mais qui porte aussi ses fruits, comme semble en tout cas le penser l'OGC Nice. En effet, les Aiglons ont plus que jamais resserré leurs griffes sur les jeunes pousses évoluant le long du bassin méditerranéen : « Nous avons pour ambition de devenir le centre de formation référence du bassin méditerranéen. Aujourd'hui, les jeunes joueurs issus de toute la région font le choix du Gym. Ce n'est pas anodin. Nous continuons à rechercher l'excellence à travers la structuration de toute la filière formation. Pour, à terme, devenir une valeur sûre de ce domaine à l'échelon national », expliquait ainsi récemment le président Jean-Pierre Rivère dans les colonnes de Nice Matin.

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Ainsi, pour parvenir à ses fins, le club azuréen sort le grand jeu, avec un nouveau centre de formation et un nouveau centre d'entraînement qui devraient être à disposition à l'hiver 2016. L'objectif est donc, à terme, de faire de l'OGCN le choix numéro un pour toutes les pépites évoluant dans le coin. Une stratégie sur plusieurs années vous l'aurez compris, mais qui commence d'ores et déjà à porter ses fruits, si l'on en juge par l'importance prise par les jeunes du centre de formation au sein de l'équipe première. Neal Maupay, Albert Rafetraniaina, Fabien Dao Castellana, Lucas Rougeaux, Mouez Hassen, Jordan Amavi, Luca Véronèse, Franck Honorat, Bryan Constant, Saïd Benrahma, Anthony Mandrea, Paulin Puel, Vincent Koziello, Sada Thioub, Olivier Boscagli... Ils sont ainsi pas moins de 15 espoirs formés au club à avoir été lancés en Ligue 1 par Claude Puel au cours des trois dernières saisons, preuve d'un réel renouveau en terres niçoises.

L'OL explore l'Europe

C'est à un véritable ancrage local, ou plutôt régional, que se livre l'OGCN, allant jusqu'aux villes de Menton, Avignon, ou bien encore Valence, sans chercher plus loin plus que de raison. Un choix parfaitement assumé et une politique étudiée, le club ayant constaté qu'un déracinement trop important pouvait constituer un facteur d'échec clair pour la réussite d'un jeune joueur dans son nouveau club. C'est donc délibérément que Nice oriente sa stratégie sur le bassin méditerranéen, s'inspirant d'une certaine manière du modèle lyonnais, également connu pour faire de son ancrage local sa principale force de frappe : « Former des jeunes du cru a toujours été une priorité, priorité qui s'est accentuée lorsque Rémi Garde est devenu le directeur du centre de formation (2010). Car la réussite d'un jeune se fait aussi grâce à la proximité familiale, un environnement proche de lui », nous résume ainsi le recruteur de l'OL Gérard Bonneau, en écho au constat fait à Nice.

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Mais les Gones gardent un œil attentif à ce qui se fait au-delà du coin, eux qui ont ces dernières années enrôlé des talents dans le reste de l'Hexagone, mais aussi un peu partout en Europe : « On peut résumer en disant que nos groupes se résument à 70% de jeunes issus de la région Rhône-Alpes, et 30% de jeunes venus d'ailleurs, comme les petits Ankoué (Jeanne d'Arc Drancy) et Escarpit (Aviron Bayonnais FC) qui nous ont rejoint. On regarde aussi un peu à l'étranger, avec les arrivées de Martins Pereira (Luxembourg), Yttergård Jenssen et Salte (Norvège), Frick et Pagliuca (Suisse). Si on sent qu'on n'a pas trouvé ce qu'il nous fallait à un poste en Rhône-Alpes tout d'abord, puis en France, on regarde s'il y a quelque chose d'intéressant sur ce qu'on voit sur notre travail à l'étranger », conclut ainsi Bonneau. Que ce soit en misant sur le cru, l'ensemble du territoire français, ou toute l'Europe, les clubs français auront vous l'aurez compris opté pour des stratégies différentes pour atteindre pourtant un but commun, celui d'un centre de formation performant et alimentant leur équipe première en talent.

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