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Info FM, Khalid Boutaïb : « La Turquie c’est un autre monde »

Par Dahbia Hattabi
9 min.
Strasbourg Khalid Boutaïb @Maxppp

Auteur d'une belle saison à Strasbourg, Khalid Boutaïb a pris tout le monde à contre-pied en décidant de décliner la proposition du club alsacien pour prendre la direction du club turc de Yeni Malatyaspor. Son choix, ses premiers pas en Super Lig et ses ambitions : l'international marocain fait le point pour Foot Mercato. Entretien.

**Foot Mercato : Vous avez décidé de quitter Strasbourg après une très bonne saison. Pourquoi cette décision ?

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Khalid Boutaïb** : Comme j'ai déjà dit dans d'autres interviews, il est vrai que je gagnais bien ma vie par rapport à d'autres gens. Mais là, je la gagne beaucoup mieux. Je n'ai pas voulu partir n'importe où. Si je ne regardais uniquement que le côté financier, je serais allé en Chine. La Turquie, c'était le meilleur compromis. C'est un pays musulman. Il y a un bon niveau. Beaucoup de bons joueurs sont arrivés cette année. Il y a aussi une bonne qualité de vie.Tout est réuni dans ce challenge.

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**FM : Le RCSA vous avait pourtant proposé de rester...

KB** : Ils me l'ont proposé. Ils avaient fait une offre. Vu que je ne sais pas trop ce qu'il y a là-bas cette année (au niveau des salaires), je ne peux pas dire si cette proposition était correcte ou pas. Mais c'était une bonne offre selon moi. Comme j'avais des offres à l'étranger où je pouvais gagner le double, voir même un peu plus du double, j'ai demandé au club de faire un effort. Ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas. Eux savaient quelle était ma vision des choses. J'ai vu une interview du président qui disait que j'avais été honnête avec eux depuis le début, que j'avais signé une année pour avoir les cartes en mains. Lui savait à quoi s'attendre, moi aussi. Il n'y a eu aucun problème. On s'est quitté en bons termes.

**FM : Avez-vous hésité à partir à un moment donné ? Rester faisait-il partie de votre réflexion ?

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KB** : Oui, bien sûr. Quand vous voyez l'année que j'ai passé en Ligue 2 à Strasbourg...C'est une année qui m'a réussi. J'ai eu de bonnes statistiques (20 buts, 4 passes décisives en 34 matches de L2). Le club s'est toujours bien occupé de moi. C'est quand même quelque chose de jouer à La Meineau. C'est un gros club français. Donc oui j'ai hésité. J'avais fait une seule année en Ligue 1 avec le Gazélec Ajaccio. Je n'étais pas tout le temps titulaire. Là, avec Strasbourg, je partais pour l'être un peu plus. Je me suis dit que je pouvais faire encore une année en L1. J'ai pesé le pour et le contre. Je viens d'être papa d'un petit garçon. Je me suis dit que je n'avais pas assez gagné de l'argent pour mettre ma famille à l'abri du besoin. Je n'ai pas fait assez d'argent dans le foot. Il n'y a qu'à voir les clubs où je suis passé. C'était des clubs avec des petits budgets, en amateurs comme en pros. Je me suis dit qu'en allant en Turquie, j'avais l'occasion de pouvoir mettre de l'argent de côté. Donc j'ai saisi cette opportunité. Je ne regrette pas. Même si je dois avouer que j'ai pensé à rester à Strasbourg

**FM : C'est un discours qui est très honnête de votre part. La plupart des joueurs ne parlent pas forcément de leur motivation financière.

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KB* : Bien sûr. Mais tout ça, je l'ai dit à Strasbourg le jour où j'ai signé là-bas. Je voulais signer une année. Eux voulaient que je signe deux ans, puis ils m'ont proposé de m'engager un an + 1 an en option. Mais on ne s'est pas arrangé sur cette deuxième année. C'était en cas de montée en Ligue 1. J'ai demandé un salaire qu'ils m'avaient refusé. Au final, c'est le salaire qu'ils m'ont offert à la fin de la saison. Forcément, après avoir fait une bonne saison, j'ai demandé plus. C'était légitime que je demande un peu plus. Ce sont des détails. On ne s'est pas arrangé. Tout ça pour dire que quand j'ai signé pour un an, je leur avais dit qu'avant de signer chez eux je devais déjà aller en Turquie (en 2016) après mon année au Gazélec. Mais le club turc m'avait trop fait attendre et je n'ai pas voulu attendre donc j'ai rejoint Strasbourg en disant : "J'ai raté l'offre de Turquie cette année mais je veux me redonner une chance l'été prochain*". Et cet été, l'offre est arrivée.

Strasbourg, la meilleure saison de sa carrière

**FM : Malgré tout, est-ce un regret de ne pas jouer avec Strasbourg en Ligue 1 ?

KB** : Oui, car j'ai laissé de vrais amis. J'ai créé des liens forts là-bas. J'aurais pris encore du plaisir une année, c'est sûr. Mais la réalité est que dans quatre ou cinq ans, quand j'arrêterai le foot, je retournerai travailler. Donc je me suis dit qu'il fallait peut-être sacrifier un an de plaisir pour avoir plus d'argent de côté. Ma femme a fait beaucoup de sacrifices pour venir avec moi, elle m'a suivi de partout. Moi, je ne vois pas trop ma famille. Elle aussi. J'ai un enfant qui a un mois, je ne l'ai seulement vu un après-midi (sa famille va le rejoindre d'ici un mois). Ce sont des sacrifices. Je dois en passer par là.

**FM : Quel souvenir gardez-vous de votre passage là-bas ?

KB** : Je n'en garde que de bons souvenirs comme partout où je suis passé. De ce côté-là, j'ai rarement regretté mes choix, même si parfois ça se finit mal comme avec le Gazélec où on est descendu en Ligue 2 ou Luzenac où le club a coulé. Malgré tout cela, j'ai créé des liens forts avec plusieurs joueurs. Avec les clubs, j'ai toujours bien réfléchi à mes choix de carrière. J'ai toujours passé de bonnes années partout. En tant que professionnel, par rapport la réussite que j'ai eue et tout ce que ça m'a apporté au niveau du club comme de la sélection, mon année à Strasbourg a été la meilleure de ma carrière. Même si j'ai vécu beaucoup de choses, c'était la meilleure.

**FM : Vous avez rejoint la Turquie. On en avait déjà parlé ensemble. Mais c'est un championnat qui vous a toujours intéressé.

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KB** : Oui, c'est le championnat qui regroupe tout ce que je veux. La Turquie est un pays musulman, une belle destination. Au niveau financier, je peux bien gagner ma vie. Et puis surtout le niveau du foot est bon. Pour moi, en tant que joueur de foot musulman, c'est le compromis parfait.

**FM : Pourquoi avez-vous opté pour le Yeni Malatyaspor ?

KB** : C'est le club qui m'a vraiment montré le plus d'intérêt. L'agent qui m'a placé ici m'a dit aussi que Sivasspor lui avait parlé de moi et qu'ils étaient intéressés cet été. Même si Sivasspor me voulait, le club ne m'a pas montré le même intérêt que Malatyaspor. Ils ont fait de gros efforts pour moi. Par exemple, quand je suis venu signer mon contrat, comme ma femme ne pouvait pas venir, ils ont fait venir ma mère avec ma tante et mon oncle pour la rassurer. Ces petits détails ont compté.

Des débuts de rêve à Malatyaspor

**FM : Vous avez marqué 3 buts en 3 matches. On peut dire que vos débuts se passent plutôt très bien.

KB** : Ils m'ont même refusé un but pour une faute imaginaire contre Sivasspor. Franchement, il n'y a rien à dire. Tout se passe vraiment très bien. Je n'ai pas fait une grande préparation. Je n'avais pas trop marqué, seulement un doublé dans un match. Depuis que le championnat a commencé, j'ai joué tous les matches en entier, j'ai marqué trois buts. J'ai été encore appelé en sélection du Maroc où j'ai joué les deux matches. Même en dehors du terrain ça se passe bien. On m'avait dit que la ville n'était pas super. Au final, je suis arrivé ici et la ville était mieux que ce que je pensais. J'ai été surpris dans le bon sens (....) Franchement, en dehors, ça se passe très bien. Je ne suis pas une personne difficile de toute façon. Je suis encore à l'hôtel. J'ai récupéré mon appartement il y a deux semaines. Mais comme je suis allé en sélection, je n'ai pas eu le temps de m'en occuper. Je vais m'en occuper maintenant. Je suis à l'hôtel pour le moment. Le club fait tout pour que je me sente bien ici.

**FM : Quels sont vos objectifs cette année ?

KB** : Comme d'habitude, je pense d'abord à l'objectif collectif avant de penser au mien. Il me semble que cela faisait 13 ans que le club n'était pas monté en première division. On va essayer de le maintenir le plus rapidement possible pour pouvoir préparer l'an prochain. Je vais tenter de marquer le plus de buts possible pour aider le club à se maintenir. Comme je l'ai dit, c'est le maintien qui est le plus important à mes yeux.

**FM : Beaucoup d'anciens de Ligue 1 et des stars ont rejoint la Turquie. J'imagine que ça vous motive...

KB** : Oui. J'ai été l'un des premiers de toute cette vague à signer en Turquie. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. J'ai été le premier étranger à signer à Malatyaspor. Au final, plusieurs joueurs étrangers sont venus. Je les connais pratiquement tous donc ça facilite l'intégration. Il y a des joueurs qui viennent parfois ici et qui ont le mal du pays. Moi, je suis arrivé ici, on est six ou sept étrangers. Ça fait plaisir aussi de voir qu'à chaque fois que l'on joue contre une équipe, il y a un, deux ou trois Français en face. Tu es tout le temps en train de rencontrer des gens que tu connais un petit peu. J'ai joué face à Adrien Regattin (Ankaraspor) que j'ai connu à Toulouse, lorsque moi je jouais à Luzenac. J'ai croisé aussi Samir Nasri (Antalyaspor). Ce week-end, je vais jouer contre Syam Ben Youssef (Kasimpasa) qui est un ami. C'est le top ici. La Turquie c'est un autre monde.

**FM : Que pensez-vous de l'ambiance dans les stades turcs ?

KB** : C'est vraiment pas mal. Le premier match, on a joué à huis clos chez nous. Ensuite, que ce soit le match à Sivasspor ou notre deuxième match à domicile, j'ai pu voir que les supporters étaient de vrais passionnés. Pour l'instant, je n'ai pas encore eu l'occasion de jouer dans les gros stades. Mais ça promet. J'aime bien l'engouement qu'il y a ici.

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