José Ángel Sánchez, l’homme qui contrôle vraiment le Real Madrid

Par Max Franco Sanchez
6 min.
José Angel Sanchez lors d'un évènement du Real Madrid @Maxppp

Peu connu du grand public, José Ángel Sánchez est pourtant l’homme le plus important à Madrid derrière Florentino Pérez, et l’un des (très) rares hommes de confiance du président madrilène.

Lorsque l’on évoque le Real Madrid, on pense directement à Florentino Pérez. Figure extrêmement importante et respectée de tous en Espagne comme dans le monde entier, l’homme d’affaires espagnol est unanimement reconnu comme un gestionnaire exceptionnel. Pourtant, Pérez ne passe pas ses journées à s’occuper de son club, loin de là. Bien occupé par ses autres business et son entreprise ACS, géant de la construction, l’Espagnol n’hésite pas - et il n’a pas forcément vraiment le choix - à déléguer. S’il y a un homme qui fait tourner la baraque, c’est José Ángel Sánchez, bras droit de Florentino et pourtant globalement peu connu du grand public. Il faut dire qu’il est extrêmement discret et que même beaucoup de supporters du Real Madrid seraient incapables de mettre un visage sur son nom. Et ce, alors qu’il est présent au club depuis plus de vingt ans. C’est en 2000, pour le premier mandat de Pérez à la tête du club, qu’il est arrivé pour gérer le secteur marketing du club, après des expériences dans le monde du jeux vidéo. Puis, peu à peu, il a pris du pouvoir et de l’importance dans le club, restant même lors des changements de présidence, jusqu’à prendre la casquette de directeur général.

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Le vrai boss ?

Souvent, lorsque l’on parle de rumeurs mercato concernant le Real Madrid, on peut lire des phrases comme "Florentino Pérez souhaite recruter untel" ou "l’offre de Florentino Pérez pour tel joueur". Mais dans les faits, Florentino Pérez ne s’implique que très peu dans le mercato de son club, et il n’entre en scène que pour gérer les dossiers galactiques, comme celui de Kylian Mbappé ou d’Eden Hazard et Cristiano Ronaldo. En revanche, c’est Sanchez qui s’occupe d’arrivées un peu moins médiatisées mais presque tout aussi importantes comme celles de Toni Kroos, Thibaut Courtois ou Fede Valverde. Souvent, bien aidé par Juni Calafat, le dénicheur de pépites du club au réseau monstrueux en Amérique du Sud. Il a une voix très importante en interne, dans un organigramme où il n’y a pas de directeur sportif à proprement parler, et si Sánchez estime que le club a besoin d’un joueur, il a le champ libre pour passer à l’action.

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Le quotidien pour le moins animé et tumultueux d’un club de cette ampleur, c’est JAS qui le gère, que l’on parle de mercato ou même d’autres problématiques liées à la gestion des contrats des joueurs, les relations institutionnelles ou la construction d’un staff technique et médical. S’il y a un homme qui fait la pluie et le beau temps à Madrid, c’est bien lui. C’est par exemple lui qui s’occupe des différentes réunions liées au projet de Super League européenne, qui négocie régulièrement avec la Liga pour des discussions concernant les droits TV ou de nouvelles règles à mettre en place, tout comme il a pris la responsabilité de rejeter le projet CVC de la Liga, et aurait même réussi à convaincre le Barça d’en faire autant. C’est dire à quel point son influence est énorme, dans son club mais même sur le football espagnol de façon générale.

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La même vision

C’est aussi Sánchez qui est à l’origine de la nouvelle politique de recrutement du club de la capitale espagnole entamée il y a bien des années maintenant, visant à recruter des jeunes joueurs à travers le monde plutôt que d’insister sur des stars. Et le Real Madrid récolte déjà les fruits de ce pari plus que réussi, avec des joueurs comme Vinicius Junior, Rodrygo ou Fede Valverde qui ont été décisifs dans les récents succès du club. Certains ont l’habitude de dire qu’un club de football ne peut pas être géré comme une multinationale, puisqu’il y a énormément de composantes propres à ce sport à prendre en compte. Ce n’est en revanche pas l’avis de José Ángel Sánchez, ni de Pérez. Si les deux hommes travaillent aussi bien main dans la main et que le deuxième a totale confiance en son adjoint, c’est parce qu’ils ont la même vision et la même folie des grandeurs, et comptent continuer de faire du Real Madrid une entreprise qui écrase tout sur le plan sportif, mais aussi en dehors. L’objectif commun est de continuer de faire du Real Madrid une machine à gagner des titres et à générer des revenus.

Les rares personnes qui le connaissent décrivent d’ailleurs un homme assez froid, plutôt friand de pouvoir et d’argent, et avec un sacré égo. Plutôt cohérent, compte tenu de ce qui est décrit plus haut. Quand il s’agit de football et d’affaires, JAS ne fait pas dans les sentiments. Si un joueur ne veut pas prolonger, pas question de s’agenouiller devant lui pour le convaincre. En 2018 par exemple, c’est lui qui a géré le départ de Cristiano Ronaldo, haussant le ton face à Jorge Mendes et réclamant une offre de 100 millions d’euros pour accepter de vendre la vedette lusitanienne. C’est aussi lui qui s’est occupé des dossiers tendus comme ceux d’Iker Casillas ou de Sergio Ramos, ne cédant pas à leurs exigences dans les discussions pour un nouveau contrat malgré leur statut de monument du club. Si le Real Madrid a la réputation de mal terminer ses histoires avec ses légendes, c’est en grande partie à cause de JAS.

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Des réussites, mais aussi des erreurs

Quand bien même le Real Madrid ait enquillé les trophées, sa direction a parfois fait bon nombre de bourdes. José Ángel Sánchez a ainsi été pointé du doigt par l’opinion publique madrilène à plusieurs reprises dans de nombreux cas. C’est lui qui avait poussé pour que Rafa Benitez prenne les commandes de l’équipe en juin 2015. Avec la réussite que l’on connaît, l’Espagnol ayant été démis de ses fonctions à la mi-saison, laissant place à Zinedine Zidane. Cet été là, il y avait aussi eu l’affaire du burofax et du transfert échoué de David de Gea à cause de documents pas envoyés à temps. Beaucoup l’ont aussi pointé du doigt lorsque la FIFA a interdit de recrutement le champion d’Europe en titre en 2016 suite à des irrégularités dans le transfert de joueurs mineurs. En 2016, il avait également été proche de perdre son poste à cause de l’affaire Bettoni. Ce dernier n’avait pas encore les diplômes pour exercer en tant qu’adjoint de Zidane, et le Real Madrid s’en est finalement sorti sans conséquence majeure.

L’ancien de chez SEGA a aussi été au coeur de certains scandales, au milieu des années 2010 notamment, quand certaines fuites soulignaient que Sanchez voulait en quelque sorte privatiser le club en mettant fin à ce fonctionnement de socios, où les dirigeants doivent rendre des comptes aux supporters. Et pouvoir ainsi gérer le club comme n’importe quelle multinationale, ne devant répondre qu’à des actionnaires. Il y a aussi eu une affaire de commissions obscures avec un ancien sponsor du club, le bookmaker Bwin, ce qui lui a valu bon nombre de critiques, à tel point que souvent, en interne, Pérez était un des rares hommes à responsabilité au club à le défendre. « C’est le meilleur dirigeant qu’il y a et qu’il y aura dans l’histoire du foot », résumait le propre Florentino Pérez dans un entretien accordé à El Chiringuito. Il faut aussi souligner qu’il n’y a jamais eu, du moins selon ce qui peut paraître dans la presse, de conflit ou de clash entre les deux hommes. Et vu les récents succès du club, on imagine que JAS risque d’avoir un bureau attitré dans les bureaux du Bernabéu pendant quelques temps encore…

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