Trophées UNFP 2025 : l’arbitrage français règle ses comptes et fait de grandes annonces !
Alors que la saison 2024-2025 de Ligue 1 restera dans les mémoires pour ses polémiques arbitrales en cascade, plusieurs figures de l’arbitrage français, dont Jérôme Brisard, Yannick Boutry, Olivier Thual et Stéphane Panont, ont pris la parole lors de la cérémonie des Trophées UNFP 2025. Face aux critiques virulentes, aux accusations de partialité et aux tensions croissantes entre clubs et corps arbitral, les principaux acteurs de l’arbitrage ont dressé un bilan lucide d’une saison éprouvante. S’ils ont reconnu certaines erreurs et appelé à plus de pédagogie, ils ont aussi défendu la légitimité de leur mission et esquissé les grandes lignes des réformes à venir pour restaurer la confiance autour du sifflet français.
La saison 2024-2025 de Ligue 1 a été marquée par une défiance croissante envers l’arbitrage, au cœur de plusieurs polémiques majeures qui ont terni l’image du championnat. L’événement le plus marquant reste sans doute l’explosion verbale de Pablo Longoria, président de l’Olympique de Marseille, qui a qualifié la Ligue 1 de «championnat de merde» après une défaite contre Auxerre, dénonçant une «corruption totale» du corps arbitral. Cette déclaration, faite à chaud en zone mixte, a provoqué un tollé dans le monde du football français, incitant le syndicat des arbitres (SAFE) à menacer de droit de retrait si de telles accusations continuaient. Bien que Longoria ait tenté de nuancer ses propos par la suite, expliquant qu’il visait des dysfonctionnements structurels plus que les arbitres eux-mêmes, la fracture entre les clubs et le corps arbitral a été flagrante. Plusieurs entraîneurs ont également exprimé publiquement leur frustration face à des décisions controversées du VAR, accusé d’inconstance et de partialité selon les clubs et les matchs. Par ailleurs, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a été accusée de favoritisme envers le Paris Saint-Germain après avoir approuvé le report du match contre Nantes, permettant au club parisien de mieux préparer son quart de finale de Ligue des champions contre Aston Villa. Cette décision a été perçue comme injuste par le FC Nantes, engagé dans la lutte pour le maintien, qui s’est retrouvé avec un calendrier surchargé. D’autres matchs ont été émaillés de polémiques similaires, comme un OM-OL où des cartons rouges avaient été donnés sans clarté dans les explications officielles, ou un Lens-LOSC marqué par un penalty accordé après cinq minutes d’interruption, suscitant des réactions outrées.
Le climat s’est alourdi au fil des semaines, notamment avec l’affaire Paulo Fonseca, entraîneur de l’Olympique Lyonnais, suspendu neuf mois par la commission de discipline après un affrontement verbal virulent avec l’arbitre Benoît Millot à la suite d’un match sous haute tension face à Brest. Fonseca avait critiqué une série de décisions jugées incohérentes et défavorables, rejoignant d’autres techniciens de Ligue 1 qui dénoncent un arbitrage de plus en plus opaque. La colère s’est également amplifiée autour de la gestion du temps additionnel, des fautes non sifflées dans la surface, et d’un VAR perçu comme manipulant le déroulement des rencontres au lieu de corriger les erreurs manifestes. Certaines décisions litigieuses, notamment dans la course au maintien et à l’Europe, ont déclenché des protestations officielles de clubs estimant avoir été lésés par des interprétations incohérentes du règlement. L’arbitrage français se retrouve ainsi au cœur d’une crise de confiance majeure, obligeant la LFP à envisager des réformes structurelles et une meilleure transparence dans les décisions prises en cours de match. Plusieurs clubs de bas de tableau, en lutte pour le maintien, ont également crié à l’injustice, certains dirigeants allant jusqu’à dénoncer «un arbitrage à deux vitesses» favorisant les clubs engagés en compétitions européennes. Face à cette crise de confiance, la LFP a été contrainte de convoquer une réunion exceptionnelle avec la Direction Technique de l’Arbitrage (DTA), promettant une réforme de la formation, un recours accru à la transparence, et une réflexion sur la professionnalisation complète des arbitres.
Polémiques et sonorisation !
Alors que Jérôme Brisard, Yannick Boutry, Olivier Thual et Stéphane Panont ont été désignés meilleurs arbitres de France cette saison, les quatre hommes, présents en conférence de presse au Pavillon Gabriel où a eu lieu la cérémonie des Trophées UNFP, ont répondu à toutes les questions des journalistes à l’aube d’une campagne très mouvementée pour les arbitres français : «c’est un immense honneur, on est finalement élu par nos pairs, donc c’est un témoignage de nos qualités et du travail qui a été fait. C’est presque une double récompense finalement pour nous. Quant à la saison écoulée, effectivement, dans toutes les saisons, il y a des incidents malheureusement. On est des sportifs de haut niveau, des sportifs professionnels, on doit vivre avec, comprendre pourquoi on fait ces erreurs pour ne plus les reproduire évidemment. Mais quelque part, on est la 19ème équipe aujourd’hui du championnat, donc on arrive à vivre avec et à s’entraider les uns des autres, avoir vraiment un état d’esprit très collectif. C’est à ce niveau-là, parce qu’on sait très bien que l’arbitrage, il faut l’aborder avec beaucoup d’humilité. Hier, c’est peut-être votre collègue qui a fait une faute, et demain peut-être que ce sera vous malheureusement, donc c’est comme ça, à mon sens, qu’il faut aborder les choses», a expliqué en introduction Jérôme Brisard. La sonorisation des arbitres est l’une des clefs de progression unanimement demandée par les joueurs, les clubs et les supporters depuis plusieurs années. Un premier pas sera fait lors de la finale de la Coupe de France entre Reims et Paris.
«Ça change que finalement aujourd’hui, le spectateur et le téléspectateur peuvent mettre des mots sur ce qui se passe sur un terrain, comprendre pourquoi on a pris telle ou telle décision, ça permet de souligner les arguments, en tout cas les considérations, qu’on a au moment de prendre une décision donc cette transparence pour moi aujourd’hui est très importante à ce niveau-là et vous me l’apprenez pour la finale de la Coupe de France, mais je pense que voilà dans les mois à venir c’est quelque chose qui se fera de plus en plus régulièrement à mes yeux», a poursuivi Jérôme Brisard, avant que son homologue Yannick Boutry ne parle de la préparation mentale d’un arbitre : «il va de chacun de pouvoir justement prendre un prestataire coach mental. J’ai mes façons de travailler, mais chacun a sa façon de travailler. Après tout ce qui est en lien avec les réseaux sociaux et les prises de décision, je pense qu’aujourd’hui notre objectif premier, c’est de pouvoir être performant pour prendre des décisions au-delà de ce qui se passe à l’extérieur, donc il est extrêmement important pour nous que l’on puisse techniquement travailler avec la direction de l’arbitrage, pour pouvoir prendre des décisions. Il y a aussi des prépas mentales et psychologues qui nous accompagnent avec la fédération. C’est une flèche en plus à notre arc pour aller toujours encore plus loin et encore être meilleur sur les terrains et mettre en avant la performance»
Alors que dans plusieurs sports, les arbitres sont sonorisés et communiquent très largement dans les médias, l’arbitrage du football français a souvent été pointé du doigt pour son silence radio. Un point que souhaitent modifier certains hommes en noir : «c’est important, on parle d’ouverture de l’arbitrage, donc on progresse là-dessus. Cela fait partie de la pédagogie que l’on souhaite mettre en place, donc automatiquement en s’ouvrant, on explique nos décisions, on va vers le public pour avoir de moins en moins de polémiques. Après, il y a des décisions qui sont populaires et d’autres qui le sont moins, mais en tout état de cause, on souhaite vraiment s’ouvrir. D’une part pour tout le public qui puisse comprendre nos décisions, puis aussi de pouvoir faire en sorte de susciter des vocations pour nos jeunes générations. D’autre part, ça sera extrêmement important pour le football amateur, parce qu’aujourd’hui, la Ligue 1 et la Ligue 2 sont des vitrines. C’est télévisuel, il y a des gens qui suivent nos décisions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, il ne faut pas que ça se percute dans le football amateur, il faut que justement que nos jeunes arbitres puissent être accompagnés, puissent être formés, et surtout, il faut qu’on fasse partie réellement de la même équipe, quelle que soit la division», a détaillé Yannick Boutry. Alors que la tempête médiatique semble se dissiper, il est temps pour tous les acteurs du football français de renouer avec le dialogue, de faire preuve de sérénité et de croire en un avenir arbitral plus juste, plus clair et plus respecté.