Benjamin Pavard, toujours plus haut

Par Frederic Yang
5 min.
Au Bayern Munich, Pavard continue son ascension @Maxppp

Champion d’Allemagne avec le Bayern Munich, Benjamin Pavard a réussi son pari de devenir titulaire indiscutable au sein de l’équipe munichoise malgré le scepticisme de certains observateurs en début de saison. À tout juste 24 ans, le natif de Maubeuge poursuit son ascension fulgurante qui pourrait le mener encore plus loin.

« J’ai fait une bonne saison. Je ne suis pas latéral droit de métier. En deux ans, je trouve que j’ai fait énormément de progrès. Certaines personnes vont dire qu’il n’y a pas d’arrière droit, qu’ils ont mis Kimmich au milieu de terrain... Mais si je n’étais pas bon à ce poste, je pense qu’ils auraient trouvé une solution pour me mettre sur le banc. Ça veut dire que je suis performant, que j’ai la confiance du club, du coach. » Mi-mai, Benjamin Pavard évaluait sa saison au micro de Christophe Dugarry sur RMC et en profitait pour répondre aux sceptiques qui le voyaient échouer au Bayern Munich. Quasiment un an après son arrivée en Bavière, Pavard a effectivement des faits qui plaident en sa faveur.

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Avec 30 titularisations en 32 matches de championnat et 2672 minutes passés sur le terrain, Benjamin Pavard est le troisième joueur de l’effectif munichois à avoir joué le plus en Bundesliga derrière Neuer et Kimmich. D’ailleurs, le Français avait commencé la saison en jouant au poste de défenseur central avant de s’imposer définitivement au poste de latéral droit, en ayant toujours la confiance de ses entraîneurs, Niko Kovac, jusqu’en novembre, puis Hansi Flick.

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Une cible facile pour les critiques ?

Malgré son intégration ultra-rapide et l’enchaînement de prestations solides avec le Bayern, Pavard reste pourtant toujours sujet aux critiques et au scepticisme de certains observateurs. « Quand tu regardes jouer Benjamin, tu ne vas pas forcément crier “waouh”, comme tu peux le faire avec Alphonso Davies. Mais son palmarès et son parcours à seulement 24 ans, c’est très fort. Vous en connaissez beaucoup qui ont été titulaires dans une Coupe du monde gagnée à 22 ans puis titulaires dans l’une des meilleurs équipes du monde à 24 ans ? C’est un garçon brillant et déterminé qui ne laisse rien au hasard dans son jeu, et il faut rendre hommage à son agent, Joseph Mohan, pour ça. Mentalement, stratégiquement, il est chirurgical. D’ailleurs, il fait l’unanimité partout où il se passe. Critiquer Benjamin Pavard comme certains le font est un manque de connaissance du football », nous indique Serge Costa, entraîneur spécialisé dans le développement des joueurs qui a travaillé avec Benjamin Pavard.

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Ses airs de gentil garçon, ses bouclettes, sa simplicité et sa discrétion contribuent peut-être à ce que certains s’en prennent plus facilement à lui qu’à d’autres. Par ailleurs, il est devenu, malgré lui, une sorte de mascotte des Français après sa demi-volée contre l’Argentine lors du Mondial 2018 et le chant à son nom qui l’ont rendu célèbre, alors qu’une large partie du public ne l’avait jamais vraiment vu jouer avant. Peut-être que certains s’attendaient à ce que le joueur marque plus souvent et contribue davantage au jeu offensif de ses équipes et qu’il ne soit pas en difficulté face à des joueurs comme Eden Hazard ? « La critique, c'est le jeu. Le seul problème que j'ai, c'est avec ceux qui jugent sans regarder les matchs. Après, oui, je peux mieux faire, mais je sais aussi que je suis performant. (...) Certaines personnes pensent que j'ai fait ma carrière sur un but mais je ne fais pas ma carrière là-dessus. Si j'ai signé au Bayern, c'est parce qu'ils me suivaient depuis un certain temps et que j'étais performant », avait d’ailleurs déclaré l'intéressé à l'Équipe en novembre 2019.

Un vrai professionnel dur au mal

Ce qui fait la réussite de Benjamin Pavard, c’est son entourage et son envie constante de progresser. Depuis ses 16 ans, l’international français est drivé par l’agent Joseph Mohan, qui a toujours mis tout en oeuvre pour lui permettre de réussir, tout comme ses parents. « Il travaille dur et il en veut toujours plus. Avec moi, il pratique des exercices qui complètent ses entraînements au Bayern : on fait de la prévention de blessure et un travail d’explosivité, pour qu’il devienne plus rapide », avait indiqué son préparateur physique personnel, Christian Belise, au journal allemand Bild.

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Vivant seul, Benjamin Pavard avait profité du confinement pour faire du travail supplémentaire et être au top physiquement comme il l’avait raconté sur le site du Bayern Munich. Cette mentalité de dur au mal, Benjamin la cultive depuis tout jeune. À 11 ans, il a quitté le cocon familial et a été placé en famille d'accueil pour se rapprocher du centre de formation du LOSC. À 20 ans, mécontent de son statut de remplaçant à Lille, et du manque de confiance que lui accordait son entraîneur Frédéric Antonetti, il a décidé de rejoindre Stuttgart en deuxième division allemande pour avoir du temps de jeu. « Benjamin peut paraître arrogant mais il a surtout vachement confiance en lui. Il était impatient, persuadé d’avoir sa place. », racontait Jean-Michel Vandamme, le responsable du centre de formation lillois dans Libération. C’est cette force de caractère qui lui a notamment permis de s’imposer si rapidement en équipe de France et au Bayern Munich.

Quelle est sa limite ?

Alors qu’il a fêté ses 24 ans le 28 mars dernier, Benjamin Pavard a encore une longue carrière qui l'attend devant lui. Après avoir été trimballé entre deux postes au début de sa carrière, il semblerait qu’il se soit définitivement installé au poste d’arrière droit tant en club qu’en sélection. De quoi lui permettre d’être encore meilleur à un poste qui n’est pas celui où il a été formé ? « Je pense être meilleur au poste de défenseur central mais je suis polyvalent donc je peux m’adapter sans problème quand je joue arrière droit. Tant que je suis sur le terrain je me donne à 100% », avait lâché Benjamin Pavard sur la chaîne Youtube Unisport en novembre 2019.

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Ses statistiques individuelles cette saison sont d’ailleurs encourageantes puisqu’il a inscrit 4 buts et donné 6 passes décisives toutes compétitions confondues, son meilleur total en carrière alors qu’il lui reste 2 matches de championnat à disputer, une finale de Coupe d’Allemagne et sans doute une poignée de matches en Ligue des champions. À ce rythme, Benjamin Pavard pourrait-il prochainement devenir une vraie référence en tant qu’arrière droit, qui n’est pas le poste le mieux fourni en talent actuellement ? Seul l’avenir nous le dira mais ce ne sera pas la première fois que Benjamin Pavard déjouerait les pronostics.

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