La Gambardella, rarement gage de réussite pour les finalistes…

Par Jordan Pardon
4 min.
Saint-Etienne lors de sa victoire en Gambardella en 2019 @Maxppp

45 ans après sa seule victoire dans la compétition, l’OM aura l’occasion de remporter la Coupe Gambardella ce samedi, à Lille, contre Nancy (17h15). Une belle récompense pour cette génération 2007 tractée par Enzo Sternal, mais qui n’est pas gage de réussite, bien au contraire.

Le cursus d’un jeune footballeur peut s’articuler autour de deux étapes charnières : d’abord celle du passage sur grand terrain aux alentours de 13 ans, déjà difficile à digérer chez certains profils, puis celle de se confronter à de véritables adultes, en général vers 18 ans en équipe réserve, et qui laisse bon nombre de rêveurs sur le bord de la route. Vous-même, peut-être, prédisiez monts et merveilles à un ex-international français en jeunes, facile en U17 Nationaux, peut-être même surclassé, mais finalement rattrapé par la réalité et l’exigence du football de vieux briscards. Les rescapés existent, à l’image de Jonathan Clauss, non-conservé par Strasbourg à l’âge de 18 ans et devenu international français 11 ans plus tard, mais ils sont rares.

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En inspectant les feuilles de match des dernières finales de Coupe Gambardella, on réalise d’ailleurs que les coups du sort sont bien plus nombreux que les coups de génie. Depuis 2016 et le sacre de l’AS Monaco de Kylian Mbappé contre Lens (3-0), 110 joueurs ont été titularisés au Stade de France (il n’y a pas eu d’édition en 2020 et 2021 en raison du COVID). Dans ce contingent, plus de 30 sont aujourd’hui sans club ou ont arrêté le football, et autant évoluent désormais en National 2, National 3, voire même parfois dans les catégories régionales, animés par d’autres motivations. Pour les plus belles trajectoires de ces dernières années, on pourra toutefois citer les noms de Boubacar Kamara, Wesley Fofana, Bryan Mbeumo, Bafoudé Diakité, Amine Adli ou encore Manu Koné, mais il faut le dire : elles se raréfient.

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Saint-Étienne, le grand vide

Du côté des Verts, vainqueurs de l’épreuve en 2019 face au TFC d’Amine Adli, on prédisait à l’époque un avenir doré à Charles Abi, Marvin Tshibuabua ou au capitaine Kenny Rocha Dos Santos. Le premier s’est perdu en Suisse, le second évolue en deuxième division belge, alors que le dernier, lancé en professionnel à 16 ans, s’est exilé à Chypre. Bilal Benkhedim, ancien international français en jeunes et buteur lors de cette finale, est lui au placard à Laussane Ouchy. Quant à Stefan Bajic, gardien prometteur à l’époque et lancé chez les professionnels l’année suivant ce sacre, il est aujourd’hui remplaçant du côté de Bristol, en Championship. Cette saison, l’ancien international espoir français n’a participé qu’à une seule rencontre de CUP.

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Néanmoins, une grande réussite est à mettre en lumière dans cet effectif stéphanois, et elle est à mettre au crédit de Wesley Fofana, devenu le défenseur le plus cher de la planète après son transfert de Leicester à Chelsea en 2022 (82,5 millions d’euros plus 6 de bonus). Toulouse, battu par l’ASSE en finale de Gambardella, est en revanche tombé sur un bon cru avec sa génération 2000/2001. Depuis 2016, aucun finaliste ne peut se vanter d’avoir sorti autant de gros noms : Bafoudé Diakité est titulaire au LOSC et aux portes des Bleus, Amine Adli évolue à Leverkusen et est international marocain, Manu Koné devrait s’envoler pour un top club européen prochainement, tandis qu’Anthony Roualt, Nathan N’Goumou, Moussa Diarra ou Killian Corredor, poursuivent leur progression à des échelles différentes.

Kamara représente l’OM, El Arouch au fond du seau

En remontant le fil à 2017, cru qui nous avait livré un duel entre l’OM de Boubacar Kamara et le Montpellier de Nicolas Cozza (Montpellier s’était imposé aux tirs au but), on se rend compte que de nombreux finalistes sont devenus laissés-pour-compte. 5 ex-Marseillais sont aujourd’hui sans club, à l’image de Rocchia ou Chabrolle, quand d’autres évoluent en quatrième ou cinquième division. Outre Kamara, les réussites se nomment Lucas Perrin ou Yusuf Sari, devenu international turc. Chez les Héraultais, Cozza et Bertaud ont su creuser leur sillon en Ligue 1, mais le reste, à l’instar de l’ancien espoir Yanis Ammour, végète dans les divisions inférieures. Même son de cloche chez les Tourangeaux, finalistes défaits contre le Troyes de Bryan Mbeumo et Yehvann Diouf en 2019. Hormis Grégoire Coudert, doublure de Marco Bizot à Brest, et Sambou Sissoko, passé par Reims et aujourd’hui en Ukraine, les 9 autres titulaires de l’époque sont aujourd’hui sans club ou amateurs.

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L’OL, vainqueur de l’épreuve en 2022, n’a donné sa chance qu’au jeune défenseur Mamadou Sarr, utilisé 7 minutes en Ligue 1 cette saison, puis prêté au club satellite d’Eagle Football, Molenbeek. Appelé à devenir la nouvelle coqueluche du public rhodanien, le major de promo Mohamed El Arouch est lui passé par des épreuves très douloureuses ces derniers mois. Le jeune Lyonnais a connu une période de dépression et tente de remonter la pente avec le soutien de Pierre Sage, entre autres. Le gardien Mathieu Patouillet pourrait de nouveau être prêté, avant de peut-être retrouver l’OL un jour. Chez les Caennais de 2022, Tidiam Gomis et Norman Bassette ont encore tout à prouver, mais semblent avoir le bagage pour réussir. On laissera en revanche un peu plus de temps aux Monégasques et Clermontois, finalistes de l’an passé et toujours en période d’apprentissage. Mais ils sont prévenus : il faudra du cran pour faire déjouer les statistiques et épouser la carrière dont ils rêvent. Identiquement pour Enzo Sternal, Darryl Bakola et Yanis Sellami, absents pour la finale d’aujourd’hui en raison de l’Euro U17, mais à qui on souhaite la même réussite, voire mieux, que leur prédécesseur Boubacar Kamara.

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