Quand les clubs de Liga boycottent la sélection de Catalogne
Alors que la Catalogne va disputer un match amical face au Venezuela lundi prochain, les sélectionneurs catalans vont devoir composer sans plusieurs joueurs...

L'Espagne possède quelques traditions footballistiques bien particulières. Parmi elles, l'existence de sélections régionales, qui représentent les régions autonomes du pays. On a ainsi une sélection andalouse, avec des joueurs comme Suso ou Luis Alberto, ou la sélection des Asturies. Elles se contentent généralement de matchs amicaux, souvent organisés pendant la trêve hivernale. N'étant pas reconnues officiellement par la FIFA - elles le sont par la Fédération Espagnole - un joueur peut ainsi évoluer avec la sélection du pays et la sélection de sa région, qui n'ont généralement pas de portée ou de but politique. Sergio Ramos a ainsi représenté les couleurs de l'Andalousie, comme Xabi Alonso avait porté la tunique du Pays-Basque. Certaines sont plus actives que d'autres, à l'image de la sélection catalane, qui joue généralement un match par saison, pendant les fêtes de Noël.
Il faut dire qu'elle a fière allure, puisque lors du dernier match organisé par l'équipe catalane en décembre 2016, face à la Tunisie (victoire des Tunisiens aux TàB après un nul 3-3), on retrouvait des joueurs du calibre de Jordi Alba, Marc Bartra, Sergio Busquets, Sergi Roberto, Keita Baldé, Gerard Moreno, et par le passé, des joueurs comme Cesc Fabregas, Xavi Hernandez, Gerard Piqué ou Gerard Deulofeu ont aussi représenté la Catalogne au niveau "national". Cette année, la Fédération Catalane avait réussi à placer un match amical en période de rencontres FIFA - du jamais vu jusqu'ici - face au Venezuela. Seulement, Gerard Lopez et Sergio Gonzalez, coachs du Barça B et de Valladolid au quotidien mais sélectionneurs catalans une fois par an, vont devoir composer sans plusieurs joueurs...
« Je comprends leurs motivations et je les respecte »
Plusieurs clubs de Liga ont ainsi annoncé qu'ils ne laisseraient pas leurs éléments rejoindre la sélection catalane. C'est Valladolid, actuel seizième du championnat, qui a "frappé" en premier, annonçant que le coach Sergio Gonzalez ainsi que les joueurs Jordi Masip et Ruben Alcaraz ne seraient pas autorisés à jouer avec la Catalogne pendant la trêve. Huesca, la lanterne rouge, a suivi pour Enric Gallego et Àlex Gallar, et le Rayo Vallecano, dix-neuvième, en a fait de même pour Alberto Garcia et Alex Moreno. « Le Rayo Vallecano a décidé que les joueurs Alberto Garcia et Alex Moreno ne disputent pas la rencontre amical qui opposera, lundi prochain à Montilivi, les sélections catalanes et vénézuéliennes. On prend cette décision en respectant la Fédération Catalane de Football, mais nous devons éviter tout risque de blessure de nos joueurs à un moment aussi décisif de la compétition », a par exemple écrit le club de la capitale espagnole. Des décisions légitimes, les clubs n'ayant pas l'obligation de libérer leurs joueurs, la sélection catalane n'étant pas reconnue par la FIFA, et motivées par des raisons a priori sportives.
Gerard Lopez a d'ailleurs voulu calmer le jeu plus tôt dans la journée : « à ce moment de la saison, il y a des clubs qui ont beaucoup à jouer. Je comprends leurs motivations et je les respecte. Mais j'aurai aimé que ce soit fait en avance, pas comme Huesca qui nous a prévenu il y a cinq minutes ». Mais en Catalogne, surtout compte tenu du contexte politique actuel, on n'interprète pas forcément ça de la même façon. Le Real Valladolid a notamment reçu bon nombre d'insultes sur les réseaux sociaux, avec le jeu de mot "Fachadolid" (combinaison du mot fasciste et Valladolid) devenu Trending Topic de l'autre côté des Pyrénées. Beaucoup ont interprété la décision de ne pas laisser les joueurs jouer avec la Catalogne comme un choix politique. « A cause du moment politique que nous vivons, ce match englobe beaucoup d'aspects qui vont plus loin du côté purement sportif », confiait récemment Alex Granell, le joueur de Girona, où se disputera le match. Une ville connue pour être l'un des fiefs de l'indépendantisme, et d'où est originaire Carles Puigdemont, président exilé de la Catalogne. On peut donc s'attendre à bon nombre de revendications politiques en tribunes, et nul doute que les supporters qui seront présents au stade se souviendront de Huesca, Valladolid ou du Rayo...
La liste de la sélection catalane pour le match face au Venezuela
Gardiens : Edgar Badía (Elche) et Isaac Becerra (Nàstic).
Défenseurs : Gerard Piqué (Barça), Marc Muniesa (Girona), Marc Bartra (Betis), Dídac Vilà (Espanyol), Martín Montoya (Brighton), Marc Cucurella (Eibar) et Aleix Vidal (Séville).
Milieux de terrain : Víctor Sánchez (Espanyol), Óscar Melendo (Espanyol), Joan Jordán (Eibar), Oriol Romeu (Southampton), Xavi Hernández (Al-Sadd), Pere Pons (Girona), Aleix Garcia (Girona) et Àlex Granell (Girona).
Attaquants : Sergio García (Espanyol), Bojan Krkic (Stoke City) et Marc Cardona (Eibar).
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