Ligue 2 : Les Girondins de Bordeaux sont déjà au bord de la crise

Par Victor Garlan
6 min.
David Guion @Maxppp

Tenus en échec par Caen (1-1) en milieu de semaine, les Girondins de Bordeaux connaissent un début d’exercice aux antipodes des objectifs affichés cet été. La réception de Laval, leader incontesté du championnat, ce samedi sonne déjà comme un tournant dans la saison du club au scapulaire.

Bon dernier de Ligue 1 à l’issue de la saison 2021-22 et échappant de justesse à une rétrogradation administrative en National, Bordeaux est officiellement relégué à l’échelon inférieur le 27 juillet 2022. Dès lors, l’objectif est clair dans l’esprit de la direction bordelaise au sortir d’un été rocambolesque : remonter dans l’élite française. Sous les ordres de David Guion, les Marine et Blanc se hissent rapidement en tête du championnat avant de se stabiliser au troisième rang sur la seconde partie de saison. Mais tout bascule lors des deux dernières journées. Battu à Annecy (0-1), Bordeaux est dans l’obligation de s’imposer face à Rodez, candidat au maintien, et espère en parallèle que Metz s’incline contre Bastia pour coiffer la formation lorraine sur le fil. Or, la rencontre face au RAF tourne rapidement au vinaigre. Après l’ouverture du score de Lucas Buades à la 22e minute, l’attaquant ruthénois est victime d’une agression au moment de célébrer son but par un fan sorti du virage Sud, provoquant l’arrêt définitif de la rencontre. Le destin de Bordeaux est alors remis entre les mains de la Commission de discipline qui donne match perdu sur tapis vert aux Marine et Blanc.

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Un manque criant de résultats pour une équipe ambitieuse

Quelques mois plus tard, les prétentions des Girondins de Bordeaux restent les mêmes et la direction prend le pari de la continuité. À la surprise générale, David Guion, en poste depuis février 2022, est conforté dans ses fonctions. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Si d’entrée, Bordeaux est pénalisé d’un point, conséquence des incidents survenus au Matmut Atlantique en mai dernier, le club au scapulaire subit une lourde défaite inaugurale sur la pelouse de Pau (3-0). Alternant depuis le bon (une victoire à domicile contre Amiens) et le moins bon (une défaite à Auxerre, deux nuls face à Ajaccio et Guingamp), Bordeaux peine à faire preuve de régularité. À l’occasion de la 8e journée, le sextuple champion de France n’a pas fait le poids face à Grenoble (0-2) et s’est enfoncé un peu plus dans le ventre mou du classement. «Ce qui m’inquiète surtout, c’est qu’on doit être capable, vu notre première période, de sanctionner notre adversaire, de marquer des buts. Quand on voit qu’on fait 27 centres, ça veut dire qu’on a beaucoup attaqué, notamment en première période. Je me dois de réfléchir sur ça, sur le contenu, sur ces moyens dans la surface pour être beaucoup plus efficace. Il faut retourner ça. En plus, le gardien adverse était dans une très bonne soirée», a indiqué David Guion devant la presse à l’issue de la défaite face au GF38.

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Classé au 13e rang après neuf journées de Ligue 2, Bordeaux inquiète et demeure en quête d’une victoire depuis le 16 septembre dernier.«On peut parler d’une situation préoccupante au regard du nombre de points au compteur. Par rapport à l’objectif de départ qui est la remontée en Ligue 1, Bordeaux n’est pas du tout dans les temps de passage. Le club n’est pas au niveau où il devrait l’être. L’année dernière, le club a directement occupé les premières places avec une grande partie de son effectif qui découvrait la Ligue 2. Aujourd’hui, le contexte est différent et Bordeaux dispose, sur le papier, de la meilleure équipe du championnat. Logiquement, l’exigence est plus importante cette année donc les critiques sont fortes», nous confie Clément Carpentier, journaliste pour France Bleu Gironde qui évoque les prémices d’une crise sportive.

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David Guion est-il toujours l’homme de la situation ?

En vue des résultats décevants des Girondins de Bordeaux, l’étau s’est rapidement resserré autour de David Guion. Dans l’œil du cyclone, l’entraîneur bordelais a été la cible de vives critiques des supporters. Dimanche, les Ultramarines sont montés au créneau en demandant la démission du technicien de 56 ans via un communiqué pendant que la direction préfère rester en retrait. «C’est préoccupant car il y a des banderoles dans le virage Sud ainsi que dans le virage Nord qui demandent le départ de l’entraîneur, qui critiquent le travail du directeur sportif (Admar Lopes). Il y a une certaine passivité du club face à la situation car aucun membre de la direction ne s’est exprimé suite à la grogne des supporters. Aucune déclaration officielle n’a été communiquée. Cela peut aussi inquiéter de voir qu’aujourd’hui, il n’y a que David Guion qui s’exprime publiquement. Et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup», s’alarme Nicolas Pietrelli, journaliste pour WebGirondins.

Simple retard à l’allumage ? Le mal semble plus profond. Pourtant, Bordeaux s’est montré actif sur le mercato estival en dépit d’une situation financière délicate. Plusieurs joueurs ont quitté le navire à l’image de Dilane Bakwa et Junior Mwanga, tous deux transférés à Strasbourg tandis que Josh Maja a rallié l’Angleterre et West Bromwich. En contrepartie, David Guion et sa direction ont souhaité s’appuyer sur des joueurs expérimentés pour reconstruire leur effectif, à l’image des arrivées marquantes de Jérémy Livolant (Guingamp) ou encore de Gaëtan Weissbeck (Sochaux), plutôt que davantage compter sur les jeunes joueurs. Toutefois, les nouvelles recrues à vocation offensive sont aux abonnés absents en ce début de saison et si l’animation offensive était l’une des principales forces des Marine et Blanc la saison dernière, elle est désormais moins fringante (8 buts inscrits en 9 rencontres). «Quand les recrues ne sont pas à la hauteur des espérances, on ne peut pas dire que ce sont de bonnes recrues. On a le droit à l’erreur sur quelques rencontres mais au bout de dix journées, ça fait beaucoup. Le club a peut-être sous-estimé le départ de certains joueurs de l’effectif à l’image de Josh Maja (16 buts, 6 passes décisives en 36 matchs), Dilane Bakwa (5 buts, 7 passes décisives en 36 matchs) car l’équipe a actuellement des difficultés sur le plan offensif. Numériquement, ils ont été remplacés, mais pas au niveau des performances… Quand on opte aussi pour l’expérience, on perd le côté offensif insouciant ainsi que des joueurs qui avaient l’habitude de prendre des risques», poursuit Clément Carpentier qui estime que le passage à un jeu de possession a porté préjudice à David Guion, pourtant réputé pour son pragmatisme et son efficacité à travers un jeu de transition.

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Mais comme dit le proverbe, mieux vaut ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Certes, l’ex-coach du Stade de Reims s’est offert du sursis en accrochant le point du nul sur sa pelouse face à Caen (1-1). Mais David Guion joue peut-être son avenir contre Laval, solide leader avec 22 points et invaincu depuis le 12 août, car un revers compliquerait les affaires de Bordeaux, actuellement 13e avec 11 points au compteur. «La réception de Laval ? Un match capital. En cas de défaite face à une équipe qui reste quand même sur cinq victoires de rang, Bordeaux pointera à 14 unités et l’écart avec les relégables se réduirait drastiquement. Une défaite donnerait de nouveaux objectifs et un nouveau sens à la saison des Girondins de Bordeaux alors que ce n’était pas prévu à l’initiale. La victoire est primordiale pour Bordeaux pour réduire l’écart avec le wagon de tête et se donner de l’air afin de revenir avec de meilleures intentions au retour de la trêve internationale», a précisé Nicolas Pietrelli. Verdict donc au Matmut Atlantique ce samedi en ouverture de la 10e journée de Ligue 2.

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