Odsonne Edouard : « l’Équipe de France ? C’est un très grand objectif pour moi »

Par Sebastien Denis
11 min.
Odsonne Edouard en action en Premier League avec Crystal Palace @Maxppp

A 25 ans, Odsonne Edouard est aujourd’hui un homme et un buteur accompli. Performant en Premier League après l’avoir été en Écosse du côté du Celtic Glasgow, le titi parisien, très rare dans les médias, s’est longuement confié à Foot Mercato. De ses débuts au PSG, à ses performances incroyables en Équipe de France U17 et avec les Espoirs (17 buts en 14 matches), à ses débuts en pro au TFC en passant le Celtic Glasgow ou plus récemment Crystal Palace, l’attaquant parisien qui rêve de l’Équipe de France n’élude aucun sujet…

Foot Mercato : quand on vous voit sur le terrain à 25 ans avec le maillot de Crystal Palace, on vous sent épanoui, apaisé, un nouveau Odsonne Edouard en quelque sorte.

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Odsonne Edouard : il n’y a pas de nouveau Odsonne (rires). C’est le même avec plus de maturité je dirais. La maturité vient avec le chemin que j’ai emprunté. Je suis parti très tôt de France, j’ai dû m’adapter rapidement à ce nouvel environnement. Forcément en étant à l’étranger, ce n’était pas facile. Mais j’ai petit à petit réussi à gagner en maturité et aujourd’hui on voit un Odsonne plus mature.

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FM : dans votre quotidien aussi forcément il y a des choses qui vous ont permis de franchir un palier…

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OE : Forcément c’est différent. Déjà au niveau de la nutrition qui est beaucoup plus suivie. Maintenant j’ai un chef, un nutritionniste, un préparateur physique personnel. Ce sont des choses qui sont nécessaires pour le haut niveau. Des choses pour lesquelles j’ai dû m’adapter avec le temps, des trucs que je ne faisais pas forcément avant quand j’étais jeune, mais que je fais maintenant et qui sont indispensables pour performer au plus haut niveau. Et on voit vraiment la différence que ça soit au quotidien, pendant les matches ou durant les séances, on sent qu’il y a une vraie différence quand on est bien encadré.

FM : aujourd’hui, on voit en effet que vous avez tout ce qu’il faut pour performer à Crystal Palace dans un club qui vous fait confiance et au sein duquel vous performez (6 buts en 13 matches) cette saison, vous qui êtes arrivés au club en 2021 en provenance du Celtic Glasgow.

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OE : oui, après il m’a fallu un temps d’adaptation, parce que c’était un nouveau championnat et une nouvelle vie pour moi. Ça va plus vite, il y a les meilleures équipes, les meilleurs joueurs. Aujourd’hui, je me suis bien adapté à la Premier League, à mon équipe aussi parce que c’est important et c’est ce qui m’aide à performer tous les week-ends.

«à partir du moment où l’on signe son premier contrat pro, on reprend tout à zéro»

FM : vous avez connu une trajectoire pour le moins sinueuse pour en arriver là alors que tout avait si bien commencé pour vous au PSG. Ce plan de carrière n’était pas celui esquissé dès le départ on imagine…

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OE : c’est une question très difficile parce qu’une carrière est faite de hauts et de bas, on ne sait jamais de quoi est fait l’avenir. En étant formé à Paris, il y a des attentes un peu plus hautes de certaines personnes. Personnellement, je suis satisfait où j’en suis aujourd’hui parce que je suis quand même en Premier League. Après c’est clair qu’en tant que joueur, notre objectif est de toujours aspirer à mieux et de jouer dans les meilleurs clubs européens. Je ne m’inquiète pas pour ça, c’est quelque chose qui va venir avec le temps, avec le travail et les performances que je vais fournir.

FM : rembobinons un peu votre carrière. Nous sommes en 2015, vous remportez l’Euro U17 avec 8 buts en 5 matches dont un triplé en finale contre l’Allemagne. Quelques mois plus tard, vous signez pro avec le PSG. Avez-vous eu le sentiment, à ce moment-là, que votre carrière était lancée ?

OE : Il faut savoir qu’il y a un monde d’écart entre le football chez les jeunes et le monde professionnel. C’est-à-dire qu’une fois arrivé dans le monde professionnel, tout ce qu’on a fait dans les catégories de jeune est oublié. C’est une nouvelle carrière qui commence. À partir du moment où on a 18 ans et qu’on signe son premier contrat professionnel, on reprend tout à zéro. Il faut faire ses preuves et cette barrière à franchir est assez compliquée pour tous les jeunes. Moi, ça m’a pris un peu plus de temps pour la franchir, mais voilà aujourd’hui j’y suis et c’est le plus important.

FM : quand on est jeune et quand on survole à ce point-là les catégories de jeunes en club ou en sélection, est-ce qu’on est suffisamment préparé à ce fossé entre les équipes de jeunes et les équipes pros ?

OE : franchement pour ma part, je n’étais pas du tout préparé. Le monde pro, c’est quelque chose qu’on découvre, qu’on ne connaît pas forcément même si on en entend parler par les plus anciens, les coaches, etc. Mais tant qu’on n’a pas fait l’expérience, on ne peut pas vraiment savoir ce que c’est et à quoi s’attendre. Dès la première saison où j’étais prêté à Toulouse, je n’étais pas préparé. Du coup, j’ai eu quelques difficultés à m’intégrer dans le monde professionnel. Mais je pense que ça m’a aussi aidé, parce que c’était la première fois que je quittais Paris, ma ville d’origine. J’ai quitté le centre de formation, j’étais un peu loin de ma famille. Au départ, c’était difficile, mais ça m’a bien aidé par la suite. Je pense que sans cette expérience, je ne sais pas si j’aurais pu aspirer à une carrière professionnelle.

FM : ce choix d’être prêté à Toulouse à 18 ans, c’était un choix du PSG ou le vôtre ?

OE : c’était un choix personnel. J’avais fait le tour en équipe de jeunes, j’avais marqué beaucoup de buts, j’avais fait beaucoup de choses. Je ne voulais plus jouer avec les jeunes et je savais bien que ça serait difficile d’avoir du temps de jeu avec les pros. Je voulais vraiment découvrir le monde professionnel et le TFC est venu toquer à la porte et j’ai profité de l’opportunité.

«Je garde de superbes souvenirs du PSG»

FM : après le TFC, vous revenez au PSG mais vous n’avez pas plus d’opportunité de jouer que la saison précédente, surtout avec les recrutements de Neymar et de Kylian Mbappé.

OE : à Paris c’était compliqué parce qu’il y avait des joueurs de classe mondiale à mon poste. Pour moi, le plus important c’était d’être sur le terrain, de jouer et de prendre du plaisir. Forcément, quand je suis revenu de Toulouse, je savais qu’il faudrait que je trouve une autre porte de sortie, un environnement stable pour pouvoir jouer, m’éclater et m’imposer.

FM : il reste quand même du positif de votre passage chez les pros au PSG, rien de pouvoir côtoyer les stars de l’époque, on doit forcément apprendre de tels joueurs…

OE : bien sûr, je garde de superbes souvenirs du PSG. C’est mon club formateur, c’est le club où j’ai passé le plus de temps, c’est là où j’ai découvert le monde professionnel. Je m’entraînais très régulièrement avec eux, j’ai côtoyé de grands joueurs qui m’ont donné beaucoup de conseils surtout les attaquants. À ce moment-là, il y avait Edinson Cavani qui aimait bien partager son expérience et qui aimait donner beaucoup de conseils aux jeunes. Forcément, ça aide dans le développement. C’est quelque chose, jusqu’à aujourd’hui, que je n’ai pas oublié. Ses conseils me servent encore…

FM : après le PSG, direction l’Écosse où vous arrivez en prêt avant de vous engager définitivement en 2018. Et là-bas, on a rapidement retrouvé le vrai Odsonne, celui qui enfilait les buts comme les perles en équipe de jeunes.

OE : l’Écosse comparée au PSG c’était différent. C’est un grand club qui avait besoin à ce moment-là d’un attaquant. Ils m’ont donné la chance de pouvoir m’exprimer, d’avoir du temps de jeu. Forcément quand on a du temps de jeu, on peut montrer ses qualités, montrer ce qu’on sait faire. Et ça m’a plutôt bien réussi puisque j’ai réussi à enfiler but sur but, à enchaîner les matches et de retrouver une certaine stabilité. C’est ce qui m’a permis de pouvoir exprimer mon talent et de marquer des buts.

«J’ai toujours cru en moi»

FM : est-ce que tous les buts marqués avec le Celtic (84 buts en 173 matches TTC) vous ont conforté dans vos qualités ou avez-vous douté à un moment donné, cela serait humain finalement…

OE : je n’ai jamais douté de mes qualités même dans les moments difficiles. J’ai toujours cru en moi. Je savais que, tôt ou tard, j’aurais ma chance et que je saurais la saisir. C’est ce que j’ai fait. Je ne laisse pas de place au doute. Une carrière de footballeur ça va vite, on n’a pas le temps de laisser le doute s’installer. Il faut toujours rester dans le travail, toujours rester dans ses objectifs et croire en soi.

FM : en 2021 et après 4 saisons passées en Écosse, la Premier League frappe à la porte. La suite logique à votre carrière ?

OE : à partir du moment où j’ai signé en Écosse, mon objectif final était la Premier League. J’ai travaillé très dur tout en essayant de performer le plus possible pour, un jour, atteindre mon rêve qui était la Premier League. En 2021, j’ai eu l’opportunité de rejoindre Crystal Palace et j’ai sauté sur l’occasion.

FM : là aussi, il a fallu quelques mois pour trouver ta place dans ce championnat et dans cet effectif…

OE : oui il a fallu composer avec une nouvelle équipe, un nouveau championnat et un nouvel environnement. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé de la concurrence en attaque. Au début, ce n’est pas évident, mais je me suis accroché, je me suis battu et je n’ai jamais rien lâché à l’entraînement en attendant d’avoir ma place pour saisir ma chance.

FM : et là, le moins que l’on puisse dire c’est que cette saison la machine Odsonne est lancée avec 7 buts marqués en 14 matches toutes compétitions confondues, et une place dans le top 10 des meilleurs buteurs de Premier League.

OE : quand on regarde bien au fil de ma carrière, c’est un peu comme ça que cela a fonctionné. Il me faut toujours ce petit temps d’adaptation. Après aujourd’hui, je pense que j’ai atteint une forme de maturité et c’est ce parcours qui a fait que j’en suis là à présent et que j’arrive à performer en Premier League.

FM : formé au PSG, vous performez au Celtic Glasgow puis à Crystal Palace, c’est quoi la suite désormais ?

OE : déjà, mon but, c’est de terminer la saison avec le maximum de buts en Premier League. Je veux marquer tous les week-ends avant de pourquoi pas espérer un nouveau challenge en tapant aux portes des plus grands clubs européens.

«L’objectif idéal est de rester en Premier League»

FM : à ce propos, vous vous êtes fixé un objectif précis pour votre avenir ?

OE : pour le moment, je suis en Premier League, j’aime bien la vie en Angleterre, j’aime bien le championnat. L’objectif idéal est de rester en Premier League. Mais je suis quelqu’un d’ouvert. J’ai déjà pas mal bougé depuis le début de ma carrière. Après, mon but, c’est vraiment de toucher les plus gros clubs européens. Et ça passe par le fait de marquer beaucoup de buts et de performer tous les week-ends. Réaliser de bonnes performances avec Crystal Palace en somme.

FM : au micro de Téléfoot il y a quelques semaines, vous faisiez part de votre rêve d’évoluer en Equipe de France. Mais là aussi, la concurrence est féroce…

OE : c’est clair, il y a beaucoup de monde. Après c’est comme partout, il y a une forte concurrence dans le monde du football. C’est un objectif qui reste dans un coin de ma tête. C’est en faisant de grandes performances que l’Equipe de France va suivre derrière, mais c’est un très grand objectif pour moi. Il y a beaucoup de joueurs de ma génération, beaucoup de joueurs avec qui j’ai joué et que j’ai côtoyé. Des joueurs avec qui j’ai toujours des contacts, avec qui on parle régulièrement. Et quand je les vois là-bas, porter ce maillot, ça me donne forcément envie d’y être. Maintenant, c’est à moi de faire mon boulot de mon côté pour pouvoir y parvenir.

FM : vous qui êtes formés au PSG, on ne peut pas passer à côté d’une question sur le phénomène Warren Zaïre-Emery. Etes-vous surpris de son explosion à Paris ?

OE : surpris ? Je dirais non parce qu’il a démontré qu’il avait les qualités et le caractère pour s’imposer dans cette équipe. De voir un titi parisien de cet âge s’imposer et devenir un titulaire indiscutable tous les matches au club, forcément c’est quelque chose de beau pour tous les titis qui sont passés par là ou qui suivent derrière au centre de formation. Je ne lui souhaite que le meilleur et de continuer ainsi.

FM : est-ce que cela aurait été possible à votre époque de voir un tel joueur performer aussi vite et se rendre si vite indispensable à Paris ?

OE : je pense que c’est une question de timing. Il est sorti à un moment où il y avait de la place à son poste, il a eu sa chance et il a su la saisir.

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