Liga Portugal

Boavista : l’attitude scandaleuse de Gérard Lopez agace au Portugal !

Boavista traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire récente. En pleine tempête judiciaire, le club de Porto se retrouve mêlé à une affaire de fraude fiscale et de blanchiment d’argent, tandis que sa situation sportive s’effondre avec une relégation administrative. Au cœur de la tourmente, un homme brille par son absence : Gérard Lopez, propriétaire de la SAD, dont le silence agace autant qu’il inquiète au Portugal. Entre incertitudes institutionnelles et colère des supporters, le club à damier est au bord de l’implosion.

Par Valentin Feuillette
4 min.
Gérard Lopez, nouvel actionnaire des Girondins de Bordeaux @Maxppp

Boavista se retrouve plongé dans une tourmente judiciaire de grande ampleur, après une vaste opération de la Police Judiciaire portugaise qui a mené à des perquisitions musclées, notamment au stade du Bessa. Bien que la PJ n’ait pas formellement nommé le club au départ, il a été rapidement établi que Boavista FC, sa société sportive Boavista SAD, ainsi que son ancien président Vítor Murta figuraient parmi les six entités accusées dans une affaire de fraude fiscale, crédits bancaires frauduleux et blanchiment d’argent. Selon les autorités, ces délits auraient permis la génération de profits illicites estimés à près de 10 millions d’euros entre 2023 et la fin 2024, à travers un schéma impliquant des dirigeants, des cabinets d’expertise comptable, d’avocats et de commissaires aux comptes. La brutalité de l’intervention – avec une porte du stade défoncée pour exécuter le mandat de perquisition – illustre la gravité des soupçons pesant sur l’institution, autrefois championne du Portugal en 2001.

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Face à l’onde de choc provoquée par les révélations judiciaires, Boavista FC et sa SAD ont rapidement publié un communiqué conjoint pour minimiser leur implication et rassurer les supporters. Ils y affirment ne pas être « visés » par la procédure en tant que défendeurs, mais plutôt en tant que « partie lésée présumée ». La direction actuelle insiste sur sa « totale sérénité » et sur sa volonté de coopérer pleinement avec les autorités, dans un « esprit de transparence et de responsabilité institutionnelle ». Mais ces déclarations n’ont pas suffi à éteindre les doutes. L’ombre de Vítor Murta, président jusqu’à récemment et désormais dans la ligne de mire de la justice, continue de planer sur un club dont les structures juridiques – entre club associatif et SAD – restent floues et fragilisées. Cette distinction, souvent source de confusion au Portugal, complique la communication publique de Boavista, tiraillé entre vouloir protéger son image et éviter toute reconnaissance indirecte de culpabilité.

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Un silence-radio qui interroge

Sur le plan sportif, la situation de Boavista est tout aussi préoccupante. Après avoir échoué à s’inscrire en Liga 3, Boavista SAD a été rétrogradé administrativement et intégré à la Liga Pro, la première division du district de l’AF Porto – bien loin des fastes de la Primeira Liga où évolue traditionnellement l’équipe. Cette rétrogradation a été validée par l’AF Porto après consultation de son Conseil de Justice, malgré une tentative initiale de conditionnalité. Parallèlement, Marco 09 remplacera Boavista SAD en troisième division. Mercredi, le président du club, Rui Garrido Pereira, a adressé une lettre ouverte aux supporters dans laquelle il évoque la volonté de la direction de rompre tout lien avec la SAD. Une décision lourde de conséquences : en cas de séparation, Boavista FC serait contraint de repartir en quatrième et dernière division régionale, à moins qu’un accord ne soit trouvé avec la SAD, qui détient les droits sportifs des équipes seniors. Pour beaucoup d’observateurs, c’est désormais une course contre-la-montre pour sauver ce qu’il reste d’un club historique, pris en étau entre les procédures judiciaires, les tensions institutionnelles et le gouffre sportif. Dans cette crise profonde qui secoue Boavista, un nom revient sans cesse dans les conversations des supporters et dans la presse portugaise : Gérard Lopez.

Pourtant, l’homme d’affaires luxembourgeois, officiellement propriétaire majoritaire de Boavista SAD et figure centrale du montage juridique qui lie le club au secteur professionnel, brille par son silence. Aucune déclaration, aucune prise de position publique depuis le début des perquisitions et des révélations judiciaires : Gérard Lopez est aux abonnés absents. Cette absence prolongée est d’autant plus frappante que son rôle dans la gestion récente du club est incontournable. Après avoir racheté la majorité des parts de la SAD en 2020, il avait promis de stabiliser et de relancer sportivement et économiquement Boavista. Or, les critiques à son égard s’accumulent aujourd’hui au Portugal, où il est perçu comme le grand responsable de la dérive financière et de l’opacité administrative de la SAD. Certains chroniqueurs sportifs portugais n’hésitent plus à qualifier son passage au club de "désastreux", pointant du doigt une stratégie d’investissements à court terme, des dettes non honorées et une structure financière floue, très proche du modèle qu’il avait déjà appliqué – sans succès durable – au LOSC ou à Bordeaux. En restant silencieux face à la gravité de la situation, Gérard Lopez alimente la colère des supporters, et laisse la direction actuelle du club affronter seule une crise dont beaucoup estiment qu’il est, sinon l’architecte, au moins le catalyseur.

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