Paris FC, Moustapha Mbow : « des clubs nous ont détesté à cause du rachat »
Du haut de ses 25 ans, Moustapha Mbow a réalisé la meilleure saison de sa jeune carrière au Paris FC. Dans l’équipe type de Ligue 2 cette année, le petit frère de Pape Mbow (ex-OM) et Moussa Mbow (ex Nice) s’est confié pour Foot Mercato sur sa saison, le projet du Paris FC mais aussi ses ambitions d’être appelé avec le Sénégal prochainement.

Foot Mercato : le Paris FC est enfin en Ligue 1, raconte nous comment tu as vécu ce moment ?
Moustapha Mbow : on a assuré la montée avant la dernière journée. Le week-end dernier, on jouait même pour le titre. Mais le jour de la montée, ça ne s’oublie pas. Ça fait des années que le club cherche à monter. Là, c’est réussi donc franchement, c’est top. On monte lors du match contre Martigues. On jouait pour gagner, mais pendant la rencontre, en deuxième période, le coach nous dit de faire doucement, car Metz, notre concurrent, perd 3-1 dans le même temps. On ne s’est pas relâché, mais on a géré, car un nul suffisait même si Metz faisait nul. On était calme pour ne pas faire de bêtises.
FM : est-ce que tu as senti une forme de pression depuis le début de saison, car le PFC était annoncé favori…
MM : oui un peu, encore plus avec l’arrivée de la famille Arnault et Red Bull. Ça nous a mis un peu plus de pression. Mais pour nous, et le staff, ce n’était pas de la pression, mais une motivation supplémentaire pour aller chercher la Ligue 1.
FM : ces dernières années, le PFC a souvent craqué dans la dernière ligne droite. Qu’est-ce qui a fait la différence selon toi ?
MM : je pense que cette année, on a aussi plus de chance. Et notre effectif est différent. On a des meilleurs joueurs que la saison dernière, car l’année dernière, on avait énormément de blessés et on avait mal commencé le championnat. Cette année, on a mieux entamé la saison et on avait les joueurs pour aller chercher la Ligue 1. On n’a pas douté franchement.
FM : comment vous avez vécu les rumeurs autour du rachat du club par Red Bull et la famille Arnault ?
MM : tout le monde a commencé à parler de nous. Il y a des clubs qui nous ont détesté à cause de ça même. Pour moi, ça a tout changé, car on s’est dit qu’il fallait donner encore plus sur le terrain. Les clubs en face voulaient nous faire tomber à chaque fois. J’ai ressenti ça sur le terrain. Des fois, tu joues des joueurs et ils te parlent de ça en plein match. Ils te disent "tu te vois en Ligue 1 déjà" alors que ce n’est pas encore fait. Nous, on essayait de rester sérieux pour gagner. Et en face, on avait des adversaires qui parlaient de ça. Nous, dans le vestiaire, on parlait de la famille Arnault, des rumeurs etc, mais ça n’a jamais rien changé entre nous.
FM : le Paris FC devrait beaucoup recruter cet été, ça ne te fait pas peur ?
MM : moi, je n’ai pas peur de la concurrence. J’espère même qu’ils vont ramener des bons joueurs, car cela fait avancer. Il faut ramener des joueurs qui vont apporter un plus, mais on a déjà un bon effectif. Sinon, on ne serait pas monté.
FM : la saison prochaine, il y aura donc un derby de Paris face au PSG. C’est une rivalité pour vous ?
MM : je ne vais pas parler maintenant. Ce n’est pas encore le moment. En fait, ce n’est pas encore le même niveau. Il faut faire doucement. On ne peut pas rivaliser avec eux pour l’instant. Dans le vestiaire, on n’a pas trop parlé de ça, j’ai entendu surtout Marseille (rires) dans les clubs que les joueurs étaient contents d’affronter.
FM : à titre personnel, tu es dans l’équipe type de la L2 cette saison, c’est une récompense pour ta régularité…
MM : ça fait plaisir d’être dans cette équipe type. J’ai travaillé pour arriver à ce niveau et franchement ce n’était pas facile. Je suis présent, car j’ai travaillé et c’est grâce à l’équipe. Tout seul, je ne peux rien faire. Mes frères m’ont aidé, le staff et le coach aussi. Ils m’ont aidé pour que j’atteigne cet objectif. En début de saison, j’avais dit que je voulais terminer dans l’équipe type donc c’est bien. J’ai pris un coach personnel. En fait, il faut travailler plus. Si tu ne le fais pas, il y a des choses que tu ne peux pas atteindre.
FM : c’est ça la différence avec le Mbow de la saison dernière ?
MM : oui, c’est le travail. J’ai bien plus travaillé cette saison. L’année dernière, comme je venais d’arriver, je me suis relâché un peu. Mais comme j’ai dit, j’essaye d’évoluer chaque année. Et mes frères m’ont dit que je devais prendre un coach qui s’occupe de moi pour aller plus loin. Donc, je suis parti là-bas pour m’entraîner et travailler tous les aspects. Physiquement déjà, je suis différent. Cette année, j’ai gagné bien plus de duels que la saison dernière. Je me concentre plus sur moi-même.
FM : si tu devais citer un attaquant qui t’a posé des soucis cette saison, tu dirais qui ?
MM : hmm, cette année ? Éli Junior Kroupi. Lui, franchement, il était bon. Il a marqué au match retour contre nous. Il est très complet. Nkada ? Non, il ne m’a rien fait (rires). Je le connais très bien, car il jouait avec moi à Reims donc il n’a pas marqué ni au match aller, ni au match retour.
FM : de qui tu t’inspires en tant que défenseur central ?
MM : Thiago Silva, c’est quelqu’un que je regarde beaucoup. Je regarde les vidéos. Mais celui que je préfère, c’est David Luiz. Je l’aimais trop. Je regardais des vidéos, ou même Boateng et Koulibaly. Mais David Luiz, à Chelsea, il jouait à gauche de la défense, à droite de la défense, en 6, il avait les deux pieds. J’aimais trop. Avant, je me voyais 6, mais maintenant non (rires). C’est que défenseur central maintenant.
FM : cette saison, j’ai cru comprendre qu’un certain Maxime Lopez t’avais beaucoup aidé aussi
MM : oui, clairement. C’est un joueur que j’admire beaucoup. Humainement déjà. C’est quelqu’un qui aimait beaucoup parler avec nous, car il a joué dans des clubs qu’on n’a pas encore connus. Il parlait beaucoup avec moi, il me donnait des conseils pour avancer. Il essayait de me guider et je le remercie beaucoup. C’est un chambreur, un vrai Marseillais, il est tout le temps comme ça, mais il est trop gentil.
FM : tu as débuté ton expérience en France du côté de Reims en 2018, raconte nous un peu
MM : j’ai quitté le Sénégal pour des tests à Sochaux, Nîmes et Reims. Je suis arrivé en 2018, mais j’ai signé en 2019. J’avais fait des essais pendant 3 jours et ils m’ont dit de revenir pour me revoir en match amical. Je suis rentré au pays et je suis revenu pour un amical contre Auxerre. Et après le match, ils ont appelé mon agent pour me dire que c’était bon.
FM: tu as joué trois matches en pro là-bas et tu es parti, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné selon toi ?
MM : déjà, j’ai été blessé pendant longtemps. Je pense que ça m’a freiné pendant deux saisons. Ils ont ensuite ramené un autre coach entre temps et ce n’était plus pareil. Ils voulaient un autre projet et je ne me suis pas senti là-bas. On ne m’a fait jouer qu’un seul match, contre l’OM. Et après ce match, la direction me dit qu’elle veut me prêter à Nîmes, et je suis parti.
FM : tu arrives à seulement 18 ans en France, dans un autre pays. Comment on fait pour s’intégrer rapidement et réussir au mieux ?
MM : honnêtement, c’est difficile. Moi, au début, je suis arrivé, je ne connaissais personne. J’avais tout laissé au pays, mes potes et ma famille. Pour moi, si j’ai réussi un peu, c’est grâce à mes frères. Ce sont eux, lorsqu’ils étaient en France, qui m’expliquaient comment ça se passait ici, ils parlaient avec moi. C’est ce qui m’a aidé. Parfois, ils venaient à Reims pour voir si tout allait bien.
FM : aujourd’hui, tu as 25 ans, est-ce que tu t’attendais à éclore plus tôt sachant qu’après Reims, tu es passé par Nîmes puis Sereing en Belgique?
MM : je pensais que ça allait être un peu plus rapide que ça franchement. Mais il y a des choses qu’on ne peut pas prévoir. Je me suis blessé longtemps, c’est ce qui m’a freiné. Après par exemple, quand je joue contre l’OM, le coach (ndlr : Oscar Garcia) me prévient qu’il veut que j’aille à Nîmes pour jouer plus. Il me dit qu’il me voit comme un futur titulaire. Ils avaient trouvé un accord et moi j’ai dit ok pour pouvoir jouer plus.
FM : la suite pour toi, c’est donc de jouer en Ligue 1 avec le PFC ?
MM : c’est ça. Je rêvais de jouer en Ligue 1 depuis des années. J’ai la chance de monter avec le Paris FC pour voir comment ça va se passer en L1. Je n’ai pas parlé avec le club de comment allait se dérouler la suite cet été.
FM : il y aura aussi l’objectif du Sénégal avec une première convocation prochainement…
MM : j’attends (rires). Je ne peux pas trop parler sur ça, mais j’avais deux objectifs au début d’année : la montée et une convocation en équipe nationale. Je suis monté en Ligue 1, maintenant, j’attends de voir pour la convocation. Je n’ai pas eu de contacts avec eux pour l’instant.
FM : tu es à un poste où il y a de la concurrence…
MM : oui les autres ils sont bons. Si tu es en équipe nationale, ça veut dire que tu es bon de toute façon. Moi, je vais continuer à travailler. Je vais jouer en Ligue 1, je vais voir l’année prochaine donc. J’espère être appelé avant mais si ce n’est pas le cas, bah, je vais profiter de la Ligue 1 pour me montrer. Je vais tout faire pour aller à la CAN et la Coupe du monde. Ça passera par des bonnes performances en Ligue 1. Et si j’y arrive, j’espère que je pourrai être récompensé.
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