Ligue des Champions

PSG : João Neves dévoile les dessous de la méthode très particulière de Luis Enrique

João Neves a été l’une des recrues les plus désirées par Luis Enrique l’été dernier. Aujourd’hui, le milieu portugais de 20 ans fait partie des titulaires indiscutables du club de la capitale et il raconte comment il a su s’adapter au style si exigent de son coach espagnol.

Par Matthieu Margueritte
6 min.
Luis Enrique et João Neves @Maxppp

Avec le départ de Kylian Mbappé, le Paris Saint-Germain a changé de cap. Ne disposant plus de stars planétaires, le club de la capitale s’est redirigé vers un projet basé davantage sur le collectif. De quoi susciter plusieurs interrogations en début de saison. Paris peut-il vraiment être plus fort sans ses stars mondiales ? Huit mois plus tard, la réponse est sans appel. Les Rouge et Bleu, sacré champions de France, ont marché sur la Ligue 1 et tous ses adversaires ont été unanimes : ce Paris-là est bien plus fort. Il attaque, presse comme jamais et surtout défend à l’unisson. Un constat radicalement opposé à celui dressé ces dernières années, notamment en Ligue des Champions. Résultat : Luis Enrique est en train de signer une deuxième saison aussi, voire mieux, réussie que sa première.

La suite après cette publicité

«Cette partie du jeu, beaucoup de gens et de joueurs ne la considèrent pas comme importante»

Le PSG a remporté la L1, jouera la finale de la Coupe de France (contre Reims) et dispute une deuxième demi-finale consécutive de Ligue des Champions (face à Arsenal). De quoi donner un crédit XXL à un coach si critiqué et remis en question en début de saison, lorsque son PSG dominait, mais ne savait pas concrétiser ses actions. Un entraîneur qui avait toutefois expliqué maintes et maintes fois ses objectifs pour son Paris, à savoir une équipe qui attaque et défend ensemble et qui peut s’appuyer sur plusieurs buteurs différents. À 20 ans, João Neves est l’un des symboles de ce PSG nouveau. Recruté l’été dernier en échange de 70 M€, le milieu de terrain incarne tout ce que veut Luis Enrique. Milieu polyvalent, l’ancien pensionnaire de Benfica peut évoluer dans l’entrejeu, mais aussi au poste de latéral. Véritable couteau suisse, l’international lusitanien est également décisif puisqu’il compte 5 buts et 9 passes décisives en 46 matches. Ardemment désiré par son coach, Neves est l’incarnation du joueur façonnable à souhait par Luis Enrique. Le Portugais a d’ailleurs accepté d’expliquer la méthode de l’Ibère dans un entretien accordé à The Athletic. À commencer par l’intégration de la notion d’effort pour les replis défensifs. Un aspect du jeu qui a si souvent fait défaut au PSG.

« Beaucoup de joueurs ne le comprennent pas, mais le sentiment est le suivant : « nous n’avons pas le ballon, nous devons donc le récupérer ». Même lorsque vous attaquez, vous devez penser : « si nous perdons le ballon, que puis-je faire ? » Cette partie du jeu, beaucoup de gens et de joueurs ne la considèrent pas comme importante, mais si vous voulez passer plus de temps à attaquer, vous devez récupérer le ballon si vous le perdez. Dans les cinq à dix secondes où vous perdez le ballon, vous devez vous donner à 100 ou 120 %, car c’est le meilleur moyen d’attaquer à nouveau. Pour l’équipe contre laquelle nous jouons, il est très difficile de récupérer le ballon et de le perdre ensuite. Cette partie du jeu est donc très satisfaisante. (…) Luis Enrique veut une équipe qui se donne à 100 % en attaque et à 120 % en défense. C’est pour cela que je suis ici et que je me régale », a-t-il déclaré, avant d’expliquer que son coach l’avait d’ailleurs séduit avec son concept dès l’été dernier, lorsqu’il l’avait appelé pour le convaincre de signer au PSG. « Il m’a dit qu’il voulait une équipe qui défende et attaque avec 11 joueurs. J’ai adoré ce qu’il m’a dit. »

La suite après cette publicité

«Aujourd’hui, je peux jouer défenseur central, ailier, latéral, milieu de terrain, attaquant»

Entre João Neves et Luis Enrique, le courant est immédiatement passé. Et à l’heure où certains joueurs rechignent à évoluer à un autre poste que le leur, le Portugais a expliqué en quoi le désir de son entraîneur d’avoir des joueurs capables d’évoluer à différents postes lui a beaucoup apporté. « Il me donne beaucoup d’informations. (…) Aujourd’hui, je peux jouer défenseur central, ailier, latéral, milieu de terrain, attaquant et on ne sent pas la différence parce que chaque joueur sait ce que font les autres postes. À l’entraînement, nous changeons souvent de position sur le terrain. Parfois, je joue comme arrière latéral et je passe au milieu de terrain. Cela peut sembler anodin, mais c’est très important. Ce sont de petites choses, mais en fin de compte, c’est beaucoup. (…) Nous avons beaucoup de possession de balle à chaque match, donc je peux être aligné comme arrière latéral, mais je finis plus comme ailier ou milieu de terrain. La seule chose qui me préoccupe est de savoir comment défendre, mais Marquinhos est juste à côté de moi pour me dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut mieux faire. (…) Parfois, l’entraîneur m’appelle dans son bureau pour me montrer des images - ce que j’ai mal fait, ce que j’ai bien fait. Il sait que ce n’est pas mon premier poste, mais il est très compréhensif et j’aime sa façon de faire. »

Résultat : la plupart des joueurs parisiens sont aujourd’hui capables d’appliquer certaines consignes complexes de leur coach sans se casser la tête pour les comprendre. « Il suffit de jouer avec ses coéquipiers, de voir ce qu’ils font, ce que nous devons faire. Nous avons des endroits sur le terrain où il doit toujours y avoir quelqu’un. Et s’il n’y a personne, vous pouvez être la personne la plus proche pour jouer ce rôle. (…) Au début, c’est un peu bizarre parce que parfois, vous êtes près du ballon et vous donnez une ligne de passe, mais ce n’est pas pour vous, alors vous devez vous éloigner et trouver un autre espace. En fin de compte, c’est agréable parce que vous jouez en relation avec vos coéquipiers. (…) Parfois, nous marquons un but, mais vous n’êtes pas impliqué dans le but. Il peut y avoir cinq passes avant le but et vous n’en jouez aucune, mais si vous ne faites pas ce que vous êtes censé faire, cela n’arrive pas. Parfois, les supporters voient un but et ne voient pas votre implication, mais vous avez un rôle important à jouer dans ce but. » Deux ans après son arrivée Porte d’Auteuil, Luis Enrique a réussi à transformer un PSG clinquant aux pieds d’argile en une véritable machine de guerre collective. Reste maintenant à savoir s’il arrivera à réaliser enfin le rêve de QSI, à savoir remporter cette tant attendue Ligue des Champions.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier